Vendredi 22 février 2008 à 11:39

- Combien les araignées ont-elles de pattes ?

Voilà la question de Séverine, 
la raison pour laquelle elle ne mange que du riz et la plus grande interrogation de sa vie - et quelle vie !
Mais c'est étrange, car j'y pensais récemment.
Et il se trouve...

Que j'ai explikation !

- Incroyable !!
- Nan, schérieux ?
- Cocococoacocomment fait-il ! Je n'ai jamais rien vu de pareil ! Incredible, c'est incroyable !! So doc, you have the, the, the, answer at Severine's question, it's amazing, c'est un labyrinthe !

- En effet, mes chers amis, Freidrich, Latex, et vous Nelson. Je sais de façon ineffable et indubitable d'où les araignées tirent leur pattes. Les araignées ont été inventées par le premier italien du monde, Giovanni Panzani. La recette lui sera réclamée par Barilla quelques années plus tard, mais Giovanni gagnera le procès en faisant appel à sa famille sicilienne, qui prouvera par a più b que des ballerines ne savant pas cuisiner.
Mais là n'est pas la question, et je digresse, et en disant graisse, vous ne me suivez plus, et vous vous perdez.
Premièrement, les araignées n'ont pas 6 pattes, mais 7, et pas 8, comme on a souvent été tenté de le croire, les lasagnes étant un plat à part entière.
Cependant, la famille de Giovanni Panzani recense sept pattes différentes, que les araignées comprennent parfaitement.

1. Les spaghetti
2. Les torti
3. Les penne rigate
4. Les coquillettes
5. Les coquilles d'huître
6. Les tagliatelles
7. La surprise du chef.

Les sept pattes de l'araignée ont chacune une fonction bien définie dans le microcosme interne de l'araignée.

Les spaghetti lui permettent de coller aux murs quand ils sont al dente, ce qui permet à notre amie des positions des plus farfelues, qui lui permettent de régner au pieu.

Les torti lui permettent de comprendre le monde qui l'entoure, afin de savoir qui elle est, où elle va, et éventuellement, dans quelle étagère.

Les penne rigate ne servent absolument à rien. Ce ne sont que des roues de secours et un clin d'oeil phallique discutable.

Les coquillettes font sans doute écho aux penne, cependant elles sont utiles au métabolisme de l'araignée car sans elles, l'araignée ferait plein de fautes d'orthographe ou oublierait des mots partout. Hé oui, les coquilles, ça arrive, même quand on a pas Alzheimer.

Les coquilles d'huîtres serviront à l'auteur pour se protéger des différents coups qu'il pourrait se manger si cet article ne plaisait pas au consommateur.
Und effet, Friedrich, rien qu'à voir les "blogs du moi" qui fleurissent comme des radasses au printemps, l'idée m'habite qu'il faut se conformer. Mais, bordel de scheisse, je ne veux pas vivre dans un uniforme, mich !

Les tagliatelles servent à couper la parole. Comme ça, d'un coup. "Tagliato !" disent les jeunes italiens quand ils coupent court aux élans humoristiques ou gaulois de leurs amis romains.
Fort pratique pour l'araignée, ça lui permet aussi d'avoir la classe, sans pour autant manger de steak haché.

Et pour finir, la surprise du chef est une sorte de morale, car il en faut une, mes chers amis !

Quand on vous pose une question à laquelle vous n'avez pas la réponse
Rien ne vous empêche de feindre l'érudition
Aucun de nous n'est dupe, l'ignorance nous partageons
Même si cet article est à me foutre dans les ronces

En vérité je vous le dis
l'explikation est inutile
A part peut-être à vous arracher
Un petit sourire peu mérité

Mesdemoiselles messieurs, bonne soirée !



Vendredi 22 février 2008 à 11:52

J'arrive pas à voir ce qui vous fait tous bander à écrire super gros.


Peut-être pour vous sentir importants, vivants, bandants, rayez la mention inutile.

Y'a aussi cette manie de foutre des couleurs partout qui m'échappe. Etre différent des autres parce qu'on leur ressemble différemment.

Et puis y'a aussi une somme de détails qui font que je balance des mots dans le vent, dans un endroit hantée de pubs de prostitué(e)s sociaux.

Il y a longtemps, une prof m'avait dit que si je ratais mon bac, je pourrais devenir gigolo...


C'est vrai qu'c'est un beau métier !

Docteur, vous vous trompez !!

Bref. J'emmène ma Lenne chez Prima dans l'aprèm, on aura toutes la soirée pour nos retrouvailles
J'espère juste trouver une pédale à son pied... et au mien aussi ^^


Mais je comprends toujours pas ce qui fait bander les gens au point d'écrire super gros.

Mercredi 27 février 2008 à 15:33

"Si nous on est  cinglés, toi t'es puériculteur"
Le messie, Eloge de la folie.

"-T'as pas un fusil à pompe ?
- Si, mais, là, il se repose."
Une citation qu'on aurait pu entendre hier, à propos de la meilleure manière de se débarasser des mômes qui foutaient le bordel à 10 mètres de là où on tournait.

"- Vous voulez un Whisky ?
- Juste un doigt.
- Vous voulez pas un Whisky d'abord ?"
Entendu dans un film qui se passe dans une cité qui fait peur.

"Ah, ce Jean-Pascal, quel artiste !"
Pierre Arène, best actor studio ever. Dans un film qui se passe dans un monde qui fait peur.

"Pour la première fois, j'ai envie d'être avec toi."
Double sens à placer absolument un jour, n'importe où, mais de préférence avec les LIDS.

"Je pense donc j'essuie."
Jay Descartes, à propos de ce qu'il consent à faire à la table si jamais Patrick Brouette a une meilleure main que lui.








Jeudi 28 février 2008 à 17:50

Où on fait la connaissance d'un antihéros décalé et de son monde bien à lui.
Où on apprendra qu'il faut parler aux gens, même dans la rue.

Avec du suspense, des questions existentielles (au moins !) et surtout, surtout, une recette de cuisine pour épater tous vos amis, avant de finir en beauté avec une scène torride et un Chuck Norris Fact !

_____________________________________________________________________


- Ça commence.

- Hein ? Qu'est-ce que tu dis ?

- T'inquiète pas.

J'avais mis cinq bonnes minutes avant de réaliser ce qui se passait là.
C'est pas tous les jours qu'un inconnu m'accoste dans la rue, mais quand c'est un gamin d'à peine dix ans qui m'aborde et qui me parle avec une voix calme et posée, j'ai plutôt tendance à trouver ça franchement bizarre.

Le gamin était là, un petit Noir aux yeux brillants, au regard triste mais au sourire enjoué.
Il m'a fait un clin d'oeil et il a disparu.

C'est pas tous les jours que je vois ça. Ce gamin m'a dit un truc, je l'ai entendu, je lui ai répondu, et il a disparu. Putain. J'ai pas réussi à me sortir cette histoire de la tête. Et évidemment, y'avait personne dans la rue. Ouais, trop facile. Allez, démerde-toi, Dannie...

Dannie, comme le jeune fils de Jack Nicholson dans Shining. J'aime pas les films d'horreur, mais j'aime par contre beaucoup Kubrick.
Vraiment.

Allez, réveille-toi, Dannie. Qu'est-ce que tu fous là ? Reste pas les bras ballants à rêvasser, tu me fais pitié. J'ai pris le chemin de l'appart. Inutile de parler à qui que ce soit du début de mon histoire, personne m'aurait cru. Et sûrement pas à mes parents. J'ai donc pris sur moi et le téléphone et j'ai passé un coup de fil à mon psy.

- Docteur, j'ai une question à vous poser...
- Allez-y, je vous écoute.
- Voilà, ça va vous sembler bizarre, mais... j'ai vu un gamin qui n'existe pas.
- Vous pouvez étayer ?

Un truc qui m'énerve avec les gens trop intelligents, c'est qu'ils sont tout le temps en train de le montrer. Etayer, ça veut dire expliquer. Moi non plus je suis pas parfait, mais je vois un psy pour ça. Pas lui.
Cherchez pas à me comprendre, écoutez juste mon histoire.

- J'ai croisé un gamin dans la rue, il m'a parlé et il a... Non, c'est pas possible, un truc pareil...
- Qu'est-ce qui n'est pas possible ?
- Il a disparu.
- Vous sortez à quelle heure demain ?
- 18h...
- Vous pourriez passer à 18h30 ?

Il en a de bonnes, lui...

- Ouais... je vais voir ce que je peux faire. Je serai pas en avance, hein...
- Vous serez là.
- Hein ?

Les plombs ont sauté, l'alarme s'est déclenchée, la communication s'est coupée, je me suis gratté le nez.
J'ai allumé un briquet et j'ai avancé à tâtons vers l'entrée, histoire de remettre les plombs en place. J'ai mis une bonne heure avant de remarquer ce que le doc m'avait dit avant que la lumière se barre.

J'ai réfléchi à ça alors que j'avais la bouche pleine de spaghetti bolonara. C'est pas banal, mais c'est ma spécialité. J'adore la carbona et la bolognaise, et comme je suis incapable de décider laquelle des deux je veux faire, je les mélange et ça donne ça. Je venais de passer une journée franchement bizarre, et le simple fait de manger une bolonara me réconfortait dans l'idée que tout n'était pas si tordu.

 

Le téléphone a sonné. Je l'ai attrapé d'une main tout en enfournant une bonne grosse fourchette de bolonara dans ma bouche.

- Chalut.
- Encore une carbolognaise ?


C'était Solenne, ma copine. Un truc que j'adore chez cette fille, c'est qu'elle fait rien comme tout le monde. Un truc que je reproche à cette fille, c'est son père.


- Ouais, ch'avais faim, et vu que t'étais pas là, je me chuis dit soyons fous...
- Dis, t'as changé tes cordes ?


Putaindmerde. J'avais complètement oublié.


- Euh, non...
- Tant mieux, je t'en ai trouvé des Sharp, tu m'en diras des nouvelles !


Un truc que j'adore chez cette fille, c'est qu'elle a un talent monstrueux pour la musique .
Un truc que je reproche à cette fille, c'est qu'elle est vraiment imprévisible.


- Ah, merchi...
- Au fait, mon père m'a dit que tu l'avais appelé.


L'enculé.


- Ah, ouais... mais c'est rien, tu sais...
- Il m'a dit que ça le préocuppait.


Incroyable. Ma main au feu que ce mec n'a pas éprouvé de sentiments depuis la Terminale.


- Tu sais, si t'as un problème, tu peux m'en parler...
- Shosho, j'appréchie ton aide, mais tu comprends, ch'est ashez bijarre.


Elle s'est mise à rire. Je crois que la seule raison pour laquelle une fille aussi géniale est avec moi, c'est parce que je parle souvent la bouche pleine.


- Bon, alors à demain soir ! Tu me diras comment ça s'est passé ! Je t'amène les cordes ! Bisous !


*SHCLIC*


Au moins, on a pas perdu deux heures à déterminer qui raccrocherait le premier, ça change.


En posant le téléphone, j'ai remarqué un drôle de détail :
quelqu'un avait écrit DEUS EX MACHINA dessus.
Faut que j'arrête d'inviter Kaz à la maison, la prochaine fois c'est ma basse qu'il va me pourrir.


D'ailleurs, elle est où, cette coquine ? Derrière le lit, non ?


"Incroyable, Patrick, Dan se lève, il fait un pas, puis deux, puis trois, il saute en l'air en faisant un quadruple axel, Rose, hahaha, quelle blague mon cher Patrick, et il attrape sa guitare !"


C'est pas une guitare, c'est une basse. D'ailleurs les cordes sont moisies, vivement demain soir que je les change. Et faut vraiment que j'arrête de délirer avec Nelson et Axl Rose. Les Guns c'est fini, et c'était déjà le cas avant  Chinese Democracy. Tiens, allez, je vais m'envoyer un p'tit Burn My Tree, j'aime bien jouer ce truc. J'ai écrit le texte y'a quelques années, et la musique l'année dernière, mais ça, lecteur tu t'en fous pas mal.


Au moment de ranger ma basse, j'ai remarqué un autre drôle de détail.

Un gros L sur le dos de l'instrument. Décidément, le rouge est à l'honneur, ce soir.

Mon téléphone sonne, je viens de recevoir un SMS de Kepa qui me dit que le Rouge avance. J'ai pas très bien compris pourquoi tout le monde faisant une fixation là-dessus.


Le lendemain, en cours, j'ai croisé Kepa, qui eut la bonne idée de m'expliquer ce qu'était le Rouge.


- C'est un festival du film qui a lieu tous les ans. Ca s'adresse aux lycéens et aux étudiants, et à chaque fois, il y a une contrainte différente.
- Et cette année c'est le rouge.
- Vous êtes vraiments trop forts en fac. C'est la classe...


Ok, voilà qui est net dans ma tête.


Le soir venu, je suis allé chez mon (futur) beau-père.


- Salut, doc !
- Salut, jeune fou ! Alors, qu'est-ce qui t'arrive ?


Venant de lui, j'ai connu pire comme entrée en matière. Toi, t'as quelque chose à me demander...


- Je vous l'ai dit au téléphone, doc. J'ai vu un gamin qui n'existe pas.
- Est-ce que c'est parce qu'il a disparu que tu penses qu'il n'existe pas ?
- Ben oui, un peu. Vous existez, vous. Vous ne disparaîssez pas.
- Avais-tu bu, fumé, ou quoi que ce soit avant de le voir ?
- Non...
- Avais-tu eu une relation sexuelle trop longue la veille ?

Autrement dit, Solenne était aussi fatiguée que moi hier. Mais de là à me le sortir comme ça, il y allait un peu fort.


- J'ai pas vu Solenne depuis trois jours.
- TU ABUSES DE SA CONFIANCE ?!
- Non ! Non.


T'ain, ce type abuse des pilules... Si j'étais pas amoureux de sa fille, je lui expliquerais ma façon de penser.


- Heu.. calmez-vous, doc.
- Quelque chose est en train de se produire, mais je ne sais pas exactement quoi.
- Vous avez quelque chose contre ça ?
- Si t'insistes, je peux te donner des médicaments, mais j'ai pas envie de bousiller si tôt la jolie cervelle de mon futur gendre. Et de toute façon, Solenne me le pardonnerait jamais.


Ma parole, ce mec vit que pour sa fille...


- Le mieux à faire, c'est de continuer comme ça. Ca finira bien par te mener quelque part. Tu connais le proverbe : "Evryssing apens for eu rison".
- Everything happens for a reason, vous voulez dire ?
- Arrête de t'la péter ! C'est pas parce que tu parles mieux anglais que moi que t'es obligé de me le faire remarquer !


Ben voyons... N'importe quel autre docteur m'aurait envoyé à l'hosto (réponse A), bourré de médicaments (réponse B), interdit d'approcher sa fille (réponse C), ou les trois à la fois (réponse D).


Lui, non. A croire qu'il s'en fout.


A y réfléchir cinq minutes, ma journée avait plutôt été normale jusque là. J'avais sûrement cru voir le petit Noir, c'était juste la fatigue... Tout ça c'est normal, hein.


Ou pas.


- Evidemment... Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je suis venu te prévenir.

- Me quoi ?

- Ca commence. N'aie pas peur.

- Ca fait longtemps que j'ai plus peur du noir, tu sais...


Le gamin s'est mis à rigoler. Il a dû croire que je me la jouais macho-super-héros. Le genre qui n'a peur de rien et qui fait rêver les ménagères... Mais non.


- Tout le monde a ses démons, tu sais... Que ce soit la mort, l'abandon, la tristesse, ou même la peur elle-même. Tout ce qui a rapport avec la solitude, en fait.

- Peut-être, ouais... mais pas seulement, non ?

- Tu te sens seul ?

- Non, non.

- Tant mieux. Chacun sa peur, chacun son fardeau.

Je me suis assis sur une murette, lâchant un soupir et espérant que ça suffirait à me remettre les idées en place. Bien sûr.

- Je suis fou, c'est ça ?

- Non.

- Alors dans ce cas, tu existes ?

- Pas autant que toi, mais j'existe.

- A ta façon ?

- C'est ça, à ma façon.

- D'où tu viens ?

- De toi.

- Comment ça ?

- Je suis une partie de toi.

- Pourquoi t'es là, alors ?

- Tu devrais pas tarder à comprendre. Tu en sauras plus ce soir.



Le gamin disparut. J'avais sacrément mal au bide. Ca s'est arrangé quand je suis rentré chez moi. Une tornade brune m'a sauté dessus.


- Tu sais que t'es en retard !
- Dis ça à ton père...
- Je m'en fous ! Depuis quand tu fais attendre les jolies filles, hein ?


Les lèvres de Solenne ont un avant-goût de paradis. Et le reste aussi.
Bon. Je lui dis ou pas ?


- Soso, faut que je te dise un truc.


Elle sortit sa main de mon pantalon et me regarda avec des yeux ronds.


- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- J'ai vu un gamin hier. Il m'a parlé et il a disparu.
- Moi aussi.


Ah ben ça, c'est fort.


- Comment ça, toi aussi ?
- Je l'ai vu. Un petit garçon Noir. Il m'a parlé de la fin du monde.


Et ça la laisse froide. Enfin, ça la refroidit pas, plutôt.


- Qu'est-ce qu'il a dit d'autre ?
- Qu'il était une partie de moi. Que je devrais pas chercher à comprendre, parce que les réponses viendront. Je trouve ça plutôt cool, moi...


...


La vache, faudrait qu'on m'explique. Si je trouve le mec qui écrit mon scénario,
dans l'envers du décor, je lui casse les dents.


- Qu'est-ce qu'il t'a dit, à toi ?
-  Un peu pareil... il a dit qu'il était une partie de moi. Mais il a pas parlé de fin du monde.


- Peut-être que vous avez mal écouté !


On s'est retournés tous les deux en même temps. Solenne était blottie contre moi, et quand je me suis levé pour m'appuyer contre la porte, mon pantalon est tombé. Dommage que vous ayez pas été là, c'était assez marrant à voir. Ce qui était moins marrant, c'est qu'un type d' 1m90 se tenait juste devant nous. Il était habillé comme Hugo Weaving dans V pour Vendetta, sauf qu'il ne portait pas de masque. Il jeta un regard amusé à mon fute.


- Désolé de troubler de si charmantes retrouvailles, les amis, cependant il est de mon devoir de vous informer d'une chose primordiale qui revêt donc de quelque importance, si vous me suivez.


On l'a regardé sans parler. J'ai serré le poignet de Solenne dans ma main en espérant qu'elle n'ait pas la bonne idée de lui mettre un direct dans la tronche. Quoiqu'il le mériterait. Il sortit une lettre de sa poche, l'ouvrit et nous la lut :


- Mademoiselle, Monsieur. Par la présente, je vous informe que la fin du monde est proche.


Le type se transforma en lapin et sauta par la fenêtre.


- T'as vu ça ?
- C'est génial, non ? Tout le monde va disparaître, sauf nous ! Du coup on va pouvoir baiser comme des bêtes jusqu'à la fin du monde ! Enfin débarrassés de ces cons ! T'imagines, on va repeupler la terre !
- Solenne...
- Mais c'est génial, attends, tu te rends pas compte ! On sera plus obligés d'aller à la fac pour se trouver un boulot de merde ! On pourra rester à la maison ou voyager, on pourra enfin être libres ! On sera bientôt libres, tu te rends compte ? Libres de vivre, libres de baiser, libres de voyager, libres d'être enfin nous-mêmes, tu comprends ?! C'est génial, c'est génial, c'est génial !!!
- Solenne ?

Elle arrêta de sauter partout et m'adressa un regard faussement innocent.

- Oui ?
- Tu devrais voir un psy.


J'étais complètement dépassé par la situation, et elle, elle ne pensait qu'au sexe. Incroyable...


Enfin, elle a mis son idée à exécution, et ça m'a permis d'oublier un peu tous ces trucs. Plus tard dans la soirée, elle m'a avoué qu'elle avait peur. Plus tard dans la nuit, je lui ai dit que c'était normal, que n'importe qui aurait eu peur devant ce mec, même Chuck Norris.

 

 


Jeudi 28 février 2008 à 22:36

Où on apprend que les réveils difficiles sont pour tout le monde pareil, où on se demande pourquoi le scénariste s'amuse autant, où on trouve des clins d'oeil un peu partout, où le scénario se mindfuckise, où le personnage féminin se fend d'une caricature grossière et où on déforme volontairement la langue française pour des besoins humoristiques.
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- Pour la première fois, j'ai envie d'être avec toi.

C'est par ces mots que je me suis réveillé, le lendemain, en fort charmante compagnie, je dois dire.

- Kesguitarive ? Pourguoi tu dis chaaaaa ?

Je baîllais pendant qu'elle riait, j'en avais presque oublié l'histoire de la veille. Ca devait être un rêve. Ils sont de plus en plus réalistes, maintenant.


- Je veux dire, qu'avant, j'avais besoin d'être avec toi.
- Et ? Tu m'aimes plus comme avant ou quoi ?
- C'est pas ça... Juste que ce qui s'est passé hier, c'était pas un rêve.
- C'était quoi, alors ? Kepa qui s'est déguisé pour nous faire marrer ?
- Kepa sait pas aussi bien s'habiller.
- Hé ! Parles pas de mon meilleur pote comme ça !


Je me suis jeté sur elle, à moitié endormi, on a roulé dans la couette, innocents.

- Je te ferais remarquer que ton meilleur pote s'est encore jamais transformé en lapin devant toi.
- T'as raison. Tu sais ce qui nous attend ?
- La fin du monde...

Elle avait dit ça avec une voix de grand méchant flou façon Keyser Söse. Je fonds...

Je me suis levé, j'ai tendu la main vers mon fute. Réflexe primaire ?

- Tu devrais regarder par la fenêtre.

Et effectivement, c'était assez inspiré.

Dehors, tout était gris. Le ciel, et même la ville. D'énormes nuages s'étiraient partout au-dehors.

- Sale temps.
- Tu l'as dit mon Dannie...

J'ai chassé le sommeil de mes yeux. Ca me fait marrer de faire ça. Comme je suis myope, je vois le monde en déformé, et parfois ma vue me joue de drôles de tours... C'est assez marrant de voir des ondes un peu partout s'échapper des gens.

- Des ondes, hein ?

La même voix grave qu'hier. Grave et cynique. J'ai l'impression de parler à un mix de Sébastien Beuzard de Lazy et du chanteur de Machine Head. Un grand type en noir avec un chapeau sur la tête. Un chapeau avec une fleur dessus.
Bizarre, vous avez dit...

- Bizarre ?

Là, j'ai sacrément flippé. J'étais toujours dans ma chambre, mais toute l'ambiance avait changé, et Solenne avait disparu.

- On est où ?
- Dans une autre strate. Un autre sphère, si tu veux.
- Je sais pas ce que c'est. (*baille*)
- Imagine que dans le monde que tu connais, il y ait des portes. Suffit d'ouvrir une de ces portes pour changer la façon dont le monde apparaît, et comment le temps s'écoule.

- Je rêve ou quoi ?
- Non. Mais quand tu rêves, c'est un peu le même principe. Imagine que ton inconscient voyage et ouvre ces portes. Là, c'est un peu pareil. Tu vois, ici, tu ne peux pas voir Solenne. En fait tu ne peux même pas savoir si elle est là ou pas. Tu ne peux pas, parce que tu n'es pas assez fort pour ça. Et de toute façon, Solenne n'est pas encore assez forte pour venir ici non plus.

- Forte ? Comment ça ? Hé, on n'est pas dans un jeu vidéo !
- Qui te parle de jeux vidéo ? De toute façon ils n'ont rien inventé. Bref.
- Ouais, c'est ça, bref. Au fait, comment tu t'appelles ?
- J'ai pas de prénom. J'existe, mais on ne m'appelle pas.
- C'est triste...
- Peut-être. Mais on est pas là pour parler de moi.
- Tu rigoles ? T'arrives comme ça, tu débarques de je sais pas où et je suis censé d'écouter sans poser de question ? Tu veux m'embarquer dans ton délire, et je dois obéir sans réfléchir ?
- Dis-toi que tu auras toutes les réponses en temps utile. Les hommes sont marrants... Ils veulent tout, tout de suite. Si je répondais à toutes tes questions maintenant, ça te servirait plus à rien de vivre...

Je l'ai regardé sans respirer.

- Calme-toi et écoute-moi. La fin de ce monde est proche.
- Ouais... on va tous crever, quoi... ai-je soupiré.

J'ai senti à nouveau l'air me brûler les poumons.

- Ha... hahaha... C'est la fin de ce monde, donc c'est la fin de tout ! Haha... les hommes sont drôles, finalement ! Tu connais la Gaussienne ? La vie est une spirale, mon pote...

J'étais incapable de parler. J'étais dans un autre monde, à écouter un drôle de type me dire que le monde que je connaissais allait disparaître.
Tout baigne...

- Ecoute, a-t-il repris. Ce monde est plein de portes de sortie. Certaines personnes pourront les voir le moment venu. Ce monde va disparaître, mais il va aussitôt être remplacé par un nouveau. Disons, pour faire plus simple, qu'une nouvelle version de ce monde va prendre sa place.

Devant mon silence, il reprit doucement :

- Le monde existe par interpositions. Il est composé de plusieurs strates. A la fin du monde, toutes ces strates vont se transposer ailleurs.

- Et moi je vais devoir les traverser en ramassant des anneaux et en mangeant des champignons ? C'est Super Mario, ton délire !

- Non. Pas du tout. Mais la comparaison est bonne. Quand tu enlèves tes lunettes, tu vois des ondes, parmi lesquelles quelques esprits, des fantômes, et les auras des gens. Tu peux interagir avec tout ça. Ces trucs-là ne sont normalement visibles que dans certaines strates précises. Certaines personnes peuvent les voir d'une manière ou d'une autre. Ce sont surtout des personnes comme ça que tu retrouveras après la fin du monde.

- Les autres vont mourir ? Tout le monde va mourir ?

- Je ne sais pas... Je n'ai jamais vu la fin du monde...

- Ca arrive souvent ?

- Toutes les secondes, une étoile meurt dans l'Univers. Et la Terre est une étoile comme les autres... Avec le sort qui va avec.

- ...

- Je pense que vous trouverez un moyen.

- Est-ce qu'on a le choix ?

- Oui. J'ai eu le choix, moi aussi.

- Quel choix ?

- Haha... Je t'expliquerai plus tard... Quand on se reverra ! Mais quand tu seras un peu plus fort, aussi.


Le type bizarre a disparu.


J'y vois vraiment rien sans lunettes. Je les porte marchinalement, sans presque me rendre compte que je les ai. Comme une partie de moi, d'ailleurs.
Et là, je ne voyais rien de précis. Seulement des lignes et des boules qui flottaient autour de moi. C'était un endroit somme toute reposant...

J'ai fermé les yeux. Que du calme autour de moi. Rien d'autre.

Quand je les ai ouverts à nouveau, les lignes dansaient autour de moi. Elles tournoyaient dans tous le sens, bleues, blanches, noires, rouges. Elles m'entouraient, me caressaient, me guidaient.

La pièce est devenue blanche. Le monde est devenu blanc. Il y avait une porte noire au fond. Je l'ai ouverte et je suis entré dans la pièce où j'étais déjà.
Il y avait une grosse sphère de lumière. J'ai approché mes mains...

[Réveille-moi.]


J'ai touché la sphère et j'ai basculé dans la réalité.

- Hum, tu m'avais pas habituée à ça...

Et où j'avais posé les mains pour me réveiller, j'te le donne en mille ?
Ben oui, sur les seins de Solenne. Joli réveil.

- Euh, je suis désolé, je...
- T'as revu le Psycho, hein...
- Ouais, c'est ça. Ca fait trop Hitchcock...
- Je trouve aussi.
- J'enlève mes mains ?
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Ben...

Je lui ai fait le topo de la manière la plus claire possible.

- C'est marrant. On accepte ?
- On n'a pas le choix, Solenne. On va faire partie des seuls suirvivants à la fin du monde.
- Ah, c'est pour ça que je vois des fantômes alors ?

Je me serais pris un coup de poing dans l'estomac, j'aurais pu plus parler que ça.

- Depuis que je suis toute petite, je vois des fantômes. Ca me fait pas peur, parce que je sais qu'ils peuvent rien me faire. Juste me voir... mais là, j'ai peur que ce soit plus pareil. Je voulais pas t'en parler, mais après avoir vu le gamin bizarre, ben.. j'ai vu des fantômes de gens qui n'étaient pas morts. C'est peut-être leurs âmes ou quelque chose comme ça ? Putain, c'est flippant...

Elle commença a grelotter. Je l'ai enlacée et j'ai essayé de la réconforter du mieux que je pouvais.

- Quand la fin du monde arrivera, je te promets d'être là. Je te laisserai pas tomber.

Elle m'a embrassé, et j'ai senti revenir toute une partie de moi. Si on avait été dans un film épique avec des bons sentiments à l'américaine, j'aurais dit que j'étais enfin prêt à affronter mon destin.

J'avais pas idée à quel point j'aurais eu raison.



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