Dimanche 1er août 2010 à 20:20

Un chapitre qui a failli s'appeller Lester à terre, mais je vous ai épargné ça. Assez court, au potentiel humoristique bancal, voire douteux.
Mais je suis sûr que vous saurez apprécier et que vous trouverez qu'au fond, c'est vachement stylé. J'espère que c'est le cas.

EDIT : Nous rappellons (oui, je suis ouvertement multizophrène) à nos lecteurs que les points de vue exprimés dans SIKO ne reflètent pas forcément les idées de son auteur.

Et heureusement, parce que sinon je serais bien emmerdé.


Orjan.
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Fraca
s. Eclats de verre. Dos au sol. Aïe. Je me relève tant bien que mal après avoir matté le plafond 5 minutes. Leur dernière compo est mortelle et je l'ai encore dans la tête. Je regarde autour de moi. Apparemment je suis dans une armurerie.


Bordel mais qu'est-ce que je fous dans le repaire primaire d'un facho ?


Ouais, facho, comme tous les mecs qui aiment les armes. Ca me fait penser à Léo Férré et à la magnifique reprise par Noir Désir de son texte "Des Armes".


Je sais ce que vous pensez. C'est ironique qu'un mec violent comme moi trouve que les vendeurs d'armes sont d'extrême-droite alors que je n'ai pas de preuve que le moindre d'entre eux n'ait de scupules à désosser un pote qui leur propose sa came.


Mais à leur différence, j'ai des principes, mademoiselle, monsieur. Absolument.


Je suis pas blessé. Bizarre, j'ai pourtant été projeté à travers cette vitrine. Je ne sais pas par quoi, et c'est ça le plus flippant. En tous cas, il a dû y aller fort; après examen, c'est du double vitrage. Je devrais avoir le dos en miettes, au lieu de ça j'ai juste un peu mal.


Un grognement. Des pas pesants et rapides. Je me suis fait défoncer la gueule. Génial, maintenant j'ai vraiment mal. Je me relève. Ca fait ma taille à peu près, tout noir avec des points blancs et rouges en pointillés sur son corps. Deux yeux jaunes et lumineux.
Mix improbablement réussi entre l'homme et la bête.

Je me prends un coup de queue dans la gueule. Ca m'apprendra, j'en ai tellement donné. Je vole sur le fond du magasin. Violent. Ma hanche peut témoigner. Je contiens la peur comme je peux. Si je tiens jusqu'à ce qu'elle se transforme en colère, j'ai peut-être une chance infime de m'en sortir. Dans le cas contraire, elle me paralysera, et mon esprit me vaincra, à me poser toutes ces questions sur la nature de ce monstre. Les abdos contractés au max pour éviter que mon estomac me trahisse.


Il m'attrape par le col et me soulève.


- Bonjour monsieur...


Parce que ça parle, en plus. La voix est gutturale, mais sonne plutôt humaine.


- Salut toi, ai-je sorti en étirant un sourire, certain de me faire tuer sans avoir eu le temps de rien comprendre.


Le streumon m'a reposé et s'est reculé. Il a rouvert la bouche. Ou la gueule. Je sais pas trop comment on dit. En tous cas il a parlé.


- Dualité. Des questions pour des réponses. Le chemin pour ces réponses. Allez !


Il a couru vers moi et j'ai à peine eu le temps d'attraper un truc au hasard pour lui faire face. Un parapluie. Merde. Je lui ai cassé sur la tronche et il m'a pété la mienne. Je me suis relevé. Il chargeait. Putain. J'ai bondi au-dessus de lui en espérant de toutes mes forces que mes intestins décident pas de gentiment me lâcher, me suis accroché à un lustre qui s'est effondré sous mon poids pendant que je me balançais. A ce ryhtme là, je vais finir par me tuer tout seul. J'ai encore attrapé le premier truc qui m'est tombé sous la main. Un fourreau. Y'a du mieux, mais il m'a encore envoyé dans le décor.


Le dos au mur et le cul par terre, je lève la tête et les yeux pour apercevoir un sabre au-dessus de moi. On dirait que je vais pouvoir m'en sortir. Il fonce droit sur moi, je lui envoie mon pied dans la gueule aussi fort que je peux, il fait un bruit de tigre électrocuté à 220 V, je me relève, tire le sabre de son présentoir, et je fais face.


C'est là que c'est devenu marrant.




Lundi 2 août 2010 à 15:06

Un chapitre très court qui aurait dû être la dernière partie du 28. Pour des raisons percussives, j'ai préféré mettre ce 29ème chapitre à part, mais j'avoue que je suis pas fier de son contenu. Une avancée dans la réflexion des personnages, mais pas encore d'action concrète. N'ayez crainte, ça arrive, et malgré tout, ce chapitre n'est pas non plus à vide. Ou en tous cas pas complètement.
J'ai un peu galéré pour le titre, mais au final, il colle très bien. Vous verrez.


Orjan.


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On marchait un peu. Sonia avait toujours son air perturbé.


- C'est parce que j'ai dit que Dieu existe que t'es dans cet état ?

- J'ai toujours eu du mal avec le concept du vieux barbu... J'y peux rien.

- Et si c'était plutôt un champ de forces, un truc énergétique qui circule entre tout le monde ?

- Ca te vient d'où, cette idée ?


J'ai enlevé mes lunettes sans rien dire. J'ai vu un halo autour de Sonia, et un autre autour de moi quand j'ai regardé mes mains. Incolores, mais présents, amplifiés par ma myopie. Les ondes étaient là aussi. J'ai remis mes lunettes.

- Je sais pas, je disais ça comme ça. Ca fait plus sens qu'un barbu musclé qui a envoyé son fils y'a plus de 2000 ans pour expier tous les péchés des hommes... Dettes karmiques ?

- Aucune idée, en tous cas il devait avoir un peu trop confiance en l'humain, sinon il aurait attendu plus longtemps avant d'envoyer son fils.


Bizarre qu'elle ait pas été trash sur ce coup-là. Elle aurait pu rajouter "se faire trucider par les élans de la bêtise humaine", ou je sais pas quoi. Elle a peur de la possibilité que Dieu existe ?

Des idées se liaient dans ma tête. Le "clown" en noir et blanc avait parlé de Karma. Faut qu'on mette la main sur ce type. J'en ai fait part à Sonia.


- Faudrait déjà savoir où il est. Ou alors attendre qu'il nous tombe dessus.

- En espérant qu'en fait ce soit un gamin de 4 ans qui a peur du feu.


Ca l'a fait rire. L'ambiance s'est détendue.


- Tous seuls, on y arrivera pas.

- Je sais. C'est pour ça que je veux retrouver les autres.


Je me souviens pas de l'avoir déjà mentionné, d'ailleurs. Je devais être trop obsédé par mon désir de retrouver Solenne pour penser à vous dire que je cherchais aussi mes amis.


- Quels autres ?

Je suis resté un moment la bouche ouverte, sans rien dire, probablement l'air con.

Je lui ai résumé les évènements entre l'arrêt du temps qui a marqué la fin du monde, peu après la fin de notre set [J'ai d'ailleurs toujours pas compris pourquoi les Pink Babies ont attendu bien gentiment la fin de notre dernière chanson pour venir foutre la merde.] et le moment où Sonia m'est tombé dessus à la cafet. Que mes meilleurs amis, les personnes qui comptaient le plus pour moi étaient pour la plupart sur scène ou dans la salle. Que je me sentais coupable de tout ça, sans pouvoir expliquer pourquoi. Que j'avais encore cette foutue peur imprimée en moi de passer à côté d'éléments capitaux pour comprendre tout ça. Si on retrouve Kepa et qu'il a toujours la cassette du concert et sa caméra avec lui, on pourrait peut-être apprendre des trucs, ou au moins trouver des indices.


- Pourquoi t'essaies pas d'appeller ton pote ? a lâché Sonia en regardant son portable. Me demande pas pourquoi, mais y'a l'air d'avoir du réseau ici.


- Pas bête.


J'avais même pas pensé à demander à Solenne où elle était, quand elle m'a envoyé le message. Bon, c'était juste avant que Sonia arrive, mais quand même. La peur rend con.





Mardi 3 août 2010 à 19:07

Ouais, elle me manque. Même si les signes sont là, ça change rien.

Quoi ? Présenter le chapitre du jour. Ouais, c'est vrai. Bon, ben voilà le chapitre 30, hein.

Comment ça, en dire plus ? Putain, t'es chié, toi. Rappelle-moi pourquoi je te paye ? Exactement, pour me motiver à faire de bons paratextes. Et là, tu m'emmerdes plus qu'autre chose. Je vois d'ici ce que les gens vont se dire direct. Ah, il est malheureux, c'est un artiste incompris, blablabla, assorti de toutes les merdes préconcues qu'on sort dans ce genre de cas. Du jugement, rien d'autre.
Et j'en ai rien à foutre, de tout ça. Surtout quand ça vient de personnes qui comprennent pas que le goût du bonheur s'apprécie vraiment que quand on connaît le malheur sur le bout des doigts; et que le pire, en fait, c'est d'être précisément pile entre les deux, dans cet état presque neutre, insensible, hors de tout, éloigné au-delà de tout cadastre.


Alors vous comprendrez qu'aujourd'hui, j'ai pas envie de faire de paratexte sympa, joli, ou tout simplement supportable et lisible. Passage à vide, rien d'autre, j'attends juste avec plus ou moins d'impatience le prochain accord, la prochaine note, la prochaine pêche, le prochain miracle, tout ça, tout ça. Et non, je ne pleure pas tout seul dans mon lit comme une personne respectable.


Ne laissez jamais un(e) ange s'éloigner de vous.


Bonne lecture.

Orjan.

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"Bonsoir et bienvenue dans le service réseau de l'Entremonde. Vous ne pouvez pas joindre votre correspondante pour le moment. Progressez et réessayez."


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Et le prix Nobel du répondeur téléphonique le plus bizarre est décerné ààà... DAAAAAAAN LEEEEEEEEDOOOOOOO !!! Bravo, bravo, TOUTES nos félicitations !! Discours ?


Assemblée qui se lève et qui siffle, applaudissements assourdissants, cris, hurlements à base de "whooohoooo !!"


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J'ai rangé le portable, mis deux clopes dans ma bouche, les ai allumées avec deux doigts et en ai tendu une à Sonia.


- Apparemment, on chie dans la colle, a-t-elle asserté après une bouffée.


Le lecteur attentif notera la subtilité caractéristique du personnage, censée cacher toute sensibilité énervée par la situation présente.


- Peut-être seulement pour l'instant. C'est pas ça qui m'énerve.


- Alors c'est quoi ? Pour que tu foutes le feu à une poubelle innocente après avoir raccroché ?


Oups. J'vous l'avais pas dit, ça ?


- Ce répondeur, c'est du foutage de gueule. On est dominés par quelque chose ou quelqu'un, et qui nous le montre.


- Dieu cynique ?


- Possible.


- Ou comme tu l'as dit, quelqu'un qui se fait passer pour Dieu.


- Possible aussi. Peut-être les deux. Le clown a dit beaucoup de choses, mais on sait pas où trouver Karma, si c'est bien une personne ou une entité visible avec laquelle on peut interagir. On sait même pas s'il est trouvable...


- Arrête. Tu penses trop et tes pavés emmerdent les lecteurs. Fais plus sobre.


Je me suis donc transformé en feu (Sonia est terrible quand elle râle) et j'ai brûlé dans l'air, de plus en plus haut. C'est une forme étrange, une expérience étrange, une sensation étrange. Bref, c'est du concentré de zarbe brut. Avec de vrais morceaux de fun dedans. Je me sens étonnamment puissant. Au bout d'un moment, j'ai les oreilles qui sifflent. Je reste donc intrinsèquement humain, malgré mon apparence de feu de cheminée restylé à coups de distorsion dans l'oxygène. Bonne nouvelle. La bête n'apparaît qu'avec la rage. Normal, et gérable. Un être humain en exacerbé. C'est probablement ce qu'on est tous depuis la fin du monde.


Vu du ciel, on dirait pas que c'est le cas, d'ailleurs. Je veux dire la fin du monde. Je me doutais pas que l'apocalypse serait si étrangement cool. Même si c'est pas facile d'être ici en compagnie de questions plus que d'autres gens.


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Et qu'est-ce qu'elle a dit, Sonia ?

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Ouais, bon, ça va hein. C'est compréhensible, ce que je raconte.


D'ailleurs, des gens, y'en a. Tout bas, dans les rues, un peu plus loin, à même pas un kilomètre. Pas de voitures. Pas de monstres non plus.


Je suis redescendu.


- Rien d'inhabituel.


Je lui ai fait le topo vite fait. D'après ce que j'ai vu, pas le moindre bâtiment suffisament gigantesque pour ranger un dieu. Pas de structure du genre blindée d'un halo de lumière violette et autres effets spéciaux suffisants pour attirer n'importe quel mouton dans la salle de cinéma la plus proche pour payer un prix hallucinant caché derrière l'argument "film en 3D". Le pire c'est que ça fait plus de 15 ans que ça dure.


En même temps, un dieu dans un building, même au dernier étage, faut avouer que ce serait pas banal.



- T'avais vraiment besoin de faire ça ?


- Ouais. Questions de limites. Les connaître pour pouvoir les repousser.


J'ai pensé qu'elle ferait bien d'en faire autant. Qui sait ce qui peut se passer si je me retrouve une fois de plus incapable de la protéger ?
Même si je suis devenu plus fort, ça change rien, je suis sûr.


- Arrête de te prendre la tête.


Putain comment elle fait ?


- J'ai pas lu dans ta tête, juste dans tes yeux. Je te connais, petit frère.


- J'vois ça...


J'ai ramassé ma basse et lui ai fait un signe de tête en direction du groupe de personnes que j'avais vus d'en haut.


- Y'a des gens, pas loin.


Sonia a gardé le silence. Je me suis approché d'elle en ravalant le "Hey, ça va ?" qui me taquinait les cordes vocales. Elle s'est assise par terre et à commencé à pleurer, alors que le ciel se couvrait et que les premières gouttes de pluie noircissaient le bitume illuminé par les premiers éclairs.







Mercredi 4 août 2010 à 19:33

Dans lequel je réécrit à ma façon un conte de Paulo Coelho.
Dans lequel on change à nouveau de personnage.
Dans lequel les éclairs sont des liens.


Bonne lecture.

Orjan.



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La créature saigne pas. J'ai beau frapper de toutes mes forces, elle saigne pas. Moi non plus. Elle tape fort et je sais pas combien de temps je vais tenir. La fatigue est plus morale ou mentale que physique.
De temps en temps, le streum répète les mêmes choses à base de dualité, de réponses, de chemin, avec "Allez !" à la fin. Généralement, après ça, il charge. Je maîtrise ma peur comme je peux. J'ai l'impression étrange d'être dans une ville fantôme d'un autre monde, même si j'ai pas encore vu ce qu'il y'avait à l'extérieur de l'armurerie. Je me rappelle qu'à la fin du concert tout s'est figé alors que j'essayais d'atteindre la scène. Je me force à pas (trop) penser aux raisons de ma présence ce soir-là.


Je me prends une baffe, ça m'apprendra à me prendre la tête quand c'est l'heure de me sauver le cul plutôt que le coeur. Je vole et atterris dans la rue. Maintenant je peux confirmer l'impression "ville fantôme". Je cours retourner dans le magasin d'armes en passant par le trou que le monstre a fait dans le mur à son arrivée, et j'envoie ma lame dans les dents de la bête.


Une musique commence à se lever à mesure que le combat progresse. Vachement bizarre, mais là, j'suis plus à un détail près. Je peux battre cette merde, en tous cas j'essaie de m'en convaincre.


Progressivement, je sens mes mouvements plus rapides, plus précis. Je tape plus fort, aussi, et la fatigue disparaît petit à petit au profit d'un sourire victorieux. Je frappe sa queue, il crie comme un hamster dévoré par un lion. Ou un lion qui mange un hamster et se l'accroche à la gencive. J'évite un coup de patte, tape dedans, puis dans sa tête, un dernier coup latéral au niveau des yeux (où la garde a plus touché que la lame, mais bon). Il tombe par terre. Mort ? Seulement assommé ?


Seul l'avenir le dira, même si j'avoue que je me pisse dessus s'il se relève. En tous cas, tout tremblant, l'adrénaline retombe, je m'allonge par terre et je m'endors.


J'ai fait un rêve étrange. D'un monde où tout était parfait. Ca a duré si longtemps que je finissais par sacrément me faire chier. J'ai ouvert la porte marquée " SURPRISE !!", j'ai vu des pièces, des éléments impalpables mais visibles s'assembler, s'imbriquer, former une espèce de tableau, de puzzle, je sais pas. Le plus dérangeant, c'est que cest éléments avaient tous un sens, tous une importance qui allait bien au-delà de ce que je pouvais en imaginer; et qu'ils s'imbriquaient en fonction de ce que je voulais au plus profond de moi-même, alors que dans le rêve, ma volonté semblait m'avoir totalement échappé, comme dépendante du rêve, justement. Non, en fait c'est ça le plus dérangeant.


Je te laisse imaginer dans quel état j'étais en me relevant. Yeux hagards, bouche sèche, gorge qui râle pour un verre d'eau, poings en sueur qui seraient capables de tuer pour donner à la gorge ce qu'elle demande, jambes lourdes, dos qui craque.


Ah il est beau, le Neto.


J'ai fait quelques étirements avec la sale impression d'avoir le double de mon âge. Le monstre avait disparu. Rassurant ou flippant ? Aucune idée. Ramasser le sabre, piquer deux longues dagues qui traînent près de moi, les accrocher à ma ceinture, me bénir d'avoir un peu maigri, partir d'ici sans se retourner.


Dans la rue brumeuse, même combat. Sauf que cette fois-ci, la bestiole a des ailes, un cou allongé, etc etc.


Putain... Je viens d'arriver ici et ça me soûle déjà. Le mec qui écrit cette histoire doit avoir un sacré problème d'inspiration.


Je vous ferai donc grâce du début du combat. Imaginez-le tous seuls si vous voulez. Je me déplace de plus en plus vite, tout ça tout ça. J'ai dû cocher la case "super-pouvoirs" sans le savoir, sur la liste des invités à la fête du rêve de tout à l'heure.


L'auteur prend sa revanche. J'offre mes services à la première lectrice qui aura compris la phrase précédente. Et je deviens complètement dingue. C'est pas une putain d'histoire qu'on peut ranger entre deux tranches de vie normale. C'est réel, putain, réel comme toi et moi. Réel comme le battement du sang dans mes veines via mon coeur qui s'emballe.


Apparemment, avoir des super pouvoirs ne fait pas tout dans la vie. Je sors donc ma grande gueule et hurle à celle du monstre.


- Hey, y'a pas moyen d'être tranquille 5 minutes !? Je voudrais profiter du paysage, merde !!


Rebelotte. Les effets lumineux noirs et blancs quand je tape, ça le fait grave. Un peu flippant, mais bon. Ah, et je saute super haut aussi. C'est le kif.


A un moment, la bestiole s'est figée. Toute brillante, glacée, elle tombe par terre et s'éclate en mille morceaux. C'est moi qui ai fait ça ?



La brume a disparu et j'ai vu une fille. Grands yeux bleus, poitrine appétissante, reste normal. Elle me sourit.


La fille du concert.


Merde.


- Salut Neto.


Essayer de rester le plus neutre possible. Cette fille me paraît pas nette.


- Salut.


- Tu me remercies pas ?


- De m'avoir fait gagner 5 minutes ? Tu déconnes, je pourrai pas en profiter pour faire les courses. Y'a pas le moindre supermarché dans le coin.


Elle rit doucement et s'approcha de moi, toute lascive. Je me suis éloigné.


- Je cherche quelqu'un, ai-je lâché, comme pour me justifier. Si c'est pas mignon...


Elle est restée un moment silencieuse, puis a ouvert la bouche.


- Je vais t'aider.


- Et comment ?


- J'ai un pouvoir excellent.


Quand je disais qu'elle est pas nette. Ca lui fait rien de s'etre rendu compte qu'elle avait totalement changé, que le monde lui-même n'était plus ce qu'il était.


Dans quelle merde je me suis encore fourré, moi ?


Elle s'est transformée en brume. Impressionnant. J'en lève un sourcil.


- J'ai vu 6 personnes, dont 4 sont très proches d'ici, a-t-elle déclaré en reprenant forme humaine.


Attention, rester prudent. Pas trop en dire, me souffle ma conscience.


- C'est un mec que je cherche. Lunettes, blond /brun, hirsute, de la barbe, pas de moustache.


J'ai beau l'avoir regardé que deux minutes en tout, dont une dans le feu de l'action, je suis sûr de sa description.

Il s'est mis à pleuvoir. Des éclairs ont déchiré les nuages qui couvraient le ciel.



- Vu. Il est avec une fille, à 500 m d'ici.



A ma grande surprise, elle a pris son apparence.


Jackpot.







Vendredi 6 août 2010 à 15:01

http://www.myspace.com/zukrpostmusic

BVI2. Pour rendre la fin du chapitre (encore ?) plus percussive.Voire carrément tout le chapitre, à vous de voir.

Soda énonce de nouveau à Kepa ce qui semble apparaître comme des vérités concernant le fonctionnement de l'autre côté. Un peu de philo / métaphysique /épistémo s'est gentiment caché dans ce chapitre. Rien de très violent pour le moment.

Bonne lecture !
Orjan.

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- Trop bon, une pizza !! Bien chaude, en plus !


Ce type a rien dans la tête ou quoi ? Il passe du sérieux au désinvolte en deux secondes.


Depuis l'annonce de notre rapport de force, on a marché que 10 minutes en silence. Après il s'est remis à déconner. On est tombés sur une pizzeria, il a poussé la porte tout content, et nous voilà.


Plus improbable, tu meurs en direct sur toutes les chaînes du câble. Un démon rouge sombre avec des stries noires sur tout le corps, torse poil mais imberbe, avec un grand sourire et des oreilles en forme de cornes. On dirait un costume d'Halloween. Et moi en face, partagé entre le blasage et l'énervement, je me sentais paradoxalement bien, en sécurité, apaisé.

Apaisé de la fin du monde, si jamais une telle sensation est possible.


L'éternel retour du même.


Cette phrase s'impose à moi, naturellement et inexplicablement. Comme si une partie de moi disait à une autre partie : "Arrête de faire ton blasé, si tu crèves ici et maintenant, t'auras l'air malin."

Conclusion : J'ai une partie de mon cerveau dédiée uniquement à la philo, et cette partie n'a absolument rien à branler de la fin du monde. Toute sensation de bien-être disparaît d'un coup.

Mes nerfs en bulle vont exploser. L'autre imbécile heureux comme un gamin de 4 ans devant sa première pizza n'arrange rien.


- Bon, c'est quoi ce merdier ?? Tu m'expliques ??

- En faitch'est assez shimpl. Maichaipasl'droitd'endireplusch.

- Finis de bouffer, je comprends rien ! T'es con ou quoi ??


Il m'a regardé strictement. Presqu'avec l'air déçu.


- Voilà, t'as ta réponse. Et je t'en ai déjà parlé. La seule solution pour mettre fin à l'incapacité des humains à communiquer, se comprendre et s'aimer, c'était de les obliger à faire face à leur nature profonde.

- Pas besoin de fin du monde pour ça. L'humain est violent et bestial de nature. Motivé par la peur. La haine.

- C'est plus profond que ça. Si tu creuses davantage, tu verras que l'humain est aussi bon de nature. Le paradoxe est là. D'anciennes bêtes en état et des sages en puissance à la fois. C'est pour ça qu'on vous a donné le pouvoir de choisir. Ca implique des responsabilités. On avait confiance en vous, mais vous nous avez trahis. On vous a pourtant donné plein de choses pour vous en sortir... Certains l'ont compris, la plupart non. D'où la fin du monde.
Maintenant laisse-moi finir de manger, ça va refroidir.


J'ai réfléchi assez longuement en le regardant. Avant le concert, j'étais pas comme ça. Plutôt le contraire, même. J'étais un mec sympa qui allait voir des amis jouer. Mais là, maintenant... je peux pas dire qu'il ait tort.


Il s'est mis à pleuvoir dehors.


- Génial, maintenant on est coincés ici pour un moment...


- Vois ça comme une occasion de discuter avec quelqu'un dont tu ne sais rien, a répondu Soda avec un de ces grands sourires de môme sage qu'il a tendance à afficher un peu trop souvent.

- J'ai pas le temps de t'écouter. Ni l'envie.

Je me suis levé, la pluie pouvait pas être plus chiante que lui. Même s'il a pas tort dans son grand discours. C'est cher à admettre, mais c'est un fait.

- Alors viens pas me demander pourquoi on a fait tout ça.


- T'es très drôle. Tu viens de me l'expliquer. Inhumanité irréprochable et part de pizza sur lit de paroles sybillines. J'ai compris le truc. Mais pourquoi nous détruire de cette façon-là ? A la prépa, t'as dit que j'étais peut-être mort. Pourtant moi je me sens vivant.


- Je croyais que t'avais pas envie de parler ?


Quel enfoiré.


- Réponds bordel ! crai-je en tapant du poing sur la table, me retrouvant d'un coup penché sur lui.

Il y a eu un éclair dehors.

- Premièrement, ton joli cure-dent démesuré apparaît pas encore à la demande, donc j'ai aucune raison de te craindre, jeune homme, a dit calmement Soda. Deuxièmement, on a pas détruit le monde. On a seulement mis fin au type de réalité que vous connaissiez.


Un éclair fait vibrer le ciel comme la terre et éclaire le visage de Soda.


- Les strates ?


- Exactement, c'est ce principe qui a pris le relais. Ca existait déjà avant, de toute façon.


Je commence à avoir mal à la tête.


- Et c'est quoi le but ?


- L'évolution de chacun. Puis la force du nombre.

Encore un éclair. Je me serais presque cru dans un jeu de piste de colo de vacances high-tech.

- Force ? Pourquoi faire ?

- Reconstruire. Repartir à zéro. C'est possible et très important. Mais il faut être fort. Chacun doit l'être.

- Les monstres qu'on a croisés jusque là, ils viennent de moi, c'est ça ? C'était moi, ces bestioles, pas vrai ?

- Pas exactement. Je peux pas en dire plus.


La pluie a cessé. Le tonnerre aussi.

- Alors qui a fait tout ça ?

- Karma. Et tout le monde à Shell Haven. C'était la dernière solution constructive.

- Et avant ça, vous interveniez dans nos vies.

- Oui.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est notre raison d'être. Depuis le commencement de l'Univers. Nous faisons partie de l'ordre des choses.

Il s'est levé et à ouvert la porte, me laissant bloqué comme un gland les bras ballants dans la pizzeria. J'étais plus qu'un concentré d'inutilité au cerveau désespérément débranché.


- Allez, viens, il pleut plus maintenant.






 

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