Dans lequel je réécrit à ma façon un conte de Paulo Coelho.
Dans lequel on change à nouveau de personnage.
Dans lequel les éclairs sont des liens.
Bonne lecture.
Orjan.
__________________________________________________________________________________________________________________
La créature saigne pas. J'ai beau frapper de toutes mes forces, elle saigne pas. Moi non plus. Elle tape fort et je sais pas combien de temps je vais tenir. La fatigue est plus morale ou mentale que physique.
De temps en temps, le streum répète les mêmes choses à base de dualité, de réponses, de chemin, avec "Allez !" à la fin. Généralement, après ça, il charge. Je maîtrise ma peur comme je peux. J'ai l'impression étrange d'être dans une ville fantôme d'un autre monde, même si j'ai pas encore vu ce qu'il y'avait à l'extérieur de l'armurerie. Je me rappelle qu'à la fin du concert tout s'est figé alors que j'essayais d'atteindre la scène. Je me force à pas (trop) penser aux raisons de ma présence ce soir-là .
Je me prends une baffe, ça m'apprendra à me prendre la tête quand c'est l'heure de me sauver le cul plutôt que le coeur. Je vole et atterris dans la rue. Maintenant je peux confirmer l'impression "ville fantôme". Je cours retourner dans le magasin d'armes en passant par le trou que le monstre a fait dans le mur à son arrivée, et j'envoie ma lame dans les dents de la bête.
Une musique commence à se lever à mesure que le combat progresse. Vachement bizarre, mais là , j'suis plus à un détail près. Je peux battre cette merde, en tous cas j'essaie de m'en convaincre.
Progressivement, je sens mes mouvements plus rapides, plus précis. Je tape plus fort, aussi, et la fatigue disparaît petit à petit au profit d'un sourire victorieux. Je frappe sa queue, il crie comme un hamster dévoré par un lion. Ou un lion qui mange un hamster et se l'accroche à la gencive. J'évite un coup de patte, tape dedans, puis dans sa tête, un dernier coup latéral au niveau des yeux (où la garde a plus touché que la lame, mais bon). Il tombe par terre. Mort ? Seulement assommé ?
Seul l'avenir le dira, même si j'avoue que je me pisse dessus s'il se relève. En tous cas, tout tremblant, l'adrénaline retombe, je m'allonge par terre et je m'endors.
J'ai fait un rêve étrange. D'un monde où tout était parfait. Ca a duré si longtemps que je finissais par sacrément me faire chier. J'ai ouvert la porte marquée " SURPRISE !!", j'ai vu des pièces, des éléments impalpables mais visibles s'assembler, s'imbriquer, former une espèce de tableau, de puzzle, je sais pas. Le plus dérangeant, c'est que cest éléments avaient tous un sens, tous une importance qui allait bien au-delà de ce que je pouvais en imaginer; et qu'ils s'imbriquaient en fonction de ce que je voulais au plus profond de moi-même, alors que dans le rêve, ma volonté semblait m'avoir totalement échappé, comme dépendante du rêve, justement. Non, en fait c'est ça le plus dérangeant.
Je te laisse imaginer dans quel état j'étais en me relevant. Yeux hagards, bouche sèche, gorge qui râle pour un verre d'eau, poings en sueur qui seraient capables de tuer pour donner à la gorge ce qu'elle demande, jambes lourdes, dos qui craque.
Ah il est beau, le Neto.
J'ai fait quelques étirements avec la sale impression d'avoir le double de mon âge. Le monstre avait disparu. Rassurant ou flippant ? Aucune idée. Ramasser le sabre, piquer deux longues dagues qui traînent près de moi, les accrocher à ma ceinture, me bénir d'avoir un peu maigri, partir d'ici sans se retourner.
Dans la rue brumeuse, même combat. Sauf que cette fois-ci, la bestiole a des ailes, un cou allongé, etc etc.
Putain... Je viens d'arriver ici et ça me soûle déjà . Le mec qui écrit cette histoire doit avoir un sacré problème d'inspiration.
Je vous ferai donc grâce du début du combat. Imaginez-le tous seuls si vous voulez. Je me déplace de plus en plus vite, tout ça tout ça. J'ai dû cocher la case "super-pouvoirs" sans le savoir, sur la liste des invités à la fête du rêve de tout à l'heure.
L'auteur prend sa revanche. J'offre mes services à la première lectrice qui aura compris la phrase précédente. Et je deviens complètement dingue. C'est pas une putain d'histoire qu'on peut ranger entre deux tranches de vie normale. C'est réel, putain, réel comme toi et moi. Réel comme le battement du sang dans mes veines via mon coeur qui s'emballe.
Apparemment, avoir des super pouvoirs ne fait pas tout dans la vie. Je sors donc ma grande gueule et hurle à celle du monstre.
- Hey, y'a pas moyen d'être tranquille 5 minutes !? Je voudrais profiter du paysage, merde !!
Rebelotte. Les effets lumineux noirs et blancs quand je tape, ça le fait grave. Un peu flippant, mais bon. Ah, et je saute super haut aussi. C'est le kif.
A un moment, la bestiole s'est figée. Toute brillante, glacée, elle tombe par terre et s'éclate en mille morceaux. C'est moi qui ai fait ça ?
La brume a disparu et j'ai vu une fille. Grands yeux bleus, poitrine appétissante, reste normal. Elle me sourit.
La fille du concert.
Merde.
- Salut Neto.
Essayer de rester le plus neutre possible. Cette fille me paraît pas nette.
- Salut.
- Tu me remercies pas ?
- De m'avoir fait gagner 5 minutes ? Tu déconnes, je pourrai pas en profiter pour faire les courses. Y'a pas le moindre supermarché dans le coin.
Elle rit doucement et s'approcha de moi, toute lascive. Je me suis éloigné.
- Je cherche quelqu'un, ai-je lâché, comme pour me justifier. Si c'est pas mignon...
Elle est restée un moment silencieuse, puis a ouvert la bouche.
- Je vais t'aider.
- Et comment ?
- J'ai un pouvoir excellent.
Quand je disais qu'elle est pas nette. Ca lui fait rien de s'etre rendu compte qu'elle avait totalement changé, que le monde lui-même n'était plus ce qu'il était.
Dans quelle merde je me suis encore fourré, moi ?
Elle s'est transformée en brume. Impressionnant. J'en lève un sourcil.
- J'ai vu 6 personnes, dont 4 sont très proches d'ici, a-t-elle déclaré en reprenant forme humaine.
Attention, rester prudent. Pas trop en dire, me souffle ma conscience.
- C'est un mec que je cherche. Lunettes, blond /brun, hirsute, de la barbe, pas de moustache.
J'ai beau l'avoir regardé que deux minutes en tout, dont une dans le feu de l'action, je suis sûr de sa description.
Il s'est mis à pleuvoir. Des éclairs ont déchiré les nuages qui couvraient le ciel.
- Vu. Il est avec une fille, Ã 500 m d'ici.
A ma grande surprise, elle a pris son apparence.
Jackpot.
"c'est que cest éléments" auraient aimé mériter un démonstratif, et se sentiraient vexé s'ils avaient une conscience. Et même s'ils sont pas vivant, s'pas gentil quand même.