Dimanche 7 mars 2010 à 21:58

Vous avez crié pour ça. Vous êtes venu(e)s me faire chier au bar dans mon sanctuaire mystique de méditation transcendantale avec des bières sur des tables et des chaises autour. Vous avez pleuré pour ça. Ou alors c'était parce que tu t'étais coincé les doigts dans la porte. Je sais plus, j'étais bourré occupé à signer un autographe à Jean-Paul Sartre. Vous m'avez payé des filles   supplié à genoux. Vous avez menacé de tuer mon chien imploré ma clémence, mon pardon, et mon infinie miséricorde. Oui, parfois les gens sont violents me confondent avec Jésus. C'est à cause de la barbe. 

Bref. Trêve d'effets à la con et d'humour douteux.

Les chapitres suivants (2,3,4... je sais pas, y'en a pas mal, et je les retravaille en même temps que je les réécris) ont été écrits entre la Crète et Boredom City, et donc entre les vacances d'été et il y a une semaine ou deux. Il me manque d'ailleurs une partie de Neto, que je vais retrouver ou mourir en essayant devoir réécrire.

Pour des raisons qui me sont propres (lavées avec le chat), je mets en ce moment l'accent sur [ATTENTION, GROS INDICE !] Sonia et Dan d'une part, et Neto et le concert, d'autre part. [Fin de l'indice. Vous pouvez faire des crèpes et reprendre une activité normale]


Ne vous en faites pas, je n'oublie pas les autres personnages, ni l'interview. Patience, donc.

J'espère que vous trouverez ce chapitre assez mortel et stylé, assez intéressant aussi. Certain(e)s l'ont remarqué, je fais un certain travail d'analyste sur mes personnages, donc sur les hommes et les femmes, donc si jamais vous trouvez certaines réactions illogiques ou quoi, merci de m'en faire part afin que je puisse préciser et affiner mes personnages au maximum.

Un chapitre assez court je trouve, bien que j'aie rajouté pas mal de choses par rapport à la version papier. Je dois avouer que je suis assez fier de moi, même si j'essaie de garder le maximum d'humilité et d'autocritique. Vos commentaires sont comme toujours évidemment bienvenus.

Je mets fin à cette longue et chiante intro pour vous présenter le chapitre 22. Lecteurs, chapitre 22, chapitre 22, lecteurs.
Chips ?





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La nuit semblait éternelle. Depuis le concert où le temps avait semblé s'arrêter, elle ne sous avait pas quittés. Parfois brumeuse dans les nuages, parfois presque douce, d'autres fois encore noire comme les cendres qui tombaient de nos cigarettes, mais omniprésente.

J'ai jeté un coup d'oeil à Sonia. Elle semblait clean à présent.


- Alors, bro, ça fait un bail, c'est vrai. Qu'est-ce que tu deviens, depuis tout ce temps ?


Trop compliqué. Pas envie d'en parler. J'ai gardé le silence.


- T'as peur ?
- Copine, études, concerts... Tu connais la chanson.
- C'est bien.

Un silence. De la fumée hors de nos bouches.

- Donc t'as peur.
- J'en sais rien. Quand je brûle, c'est comme si je ressentais des émotions super fortes, mais le reste du temps...
- Y'a rien ?
- C'est ça, y'a rien. Enfin, je crois. Je me reconnais plus, depuis la fin du monde. Non, je me connais plus, en fait.

J'ai dit ça à une poubelle. Et à un mégot en l'air qui tombait dedans.

- Tu sais, ça va pas te tuer de faire trois pas pour jeter ta clope, lui ai-je lancé. Y'a des moyens plus normaux de le faire.

Elle a éclaté de rire.

- Normaux ? Normaux ?? Tu déconnes ou quoi ? J'ai pas de leçons à recevoir d'un mec qui allume ses clopes avec le doigt.

Je l'ai fermée. Elle avait pas tort. Le changement post-fin du monde avait mis à mal les lois de la physique. Et d'autres, aussi. C'est presque comme si j'étais vide. Comme si ce feu censurait mes sentiments en les exprimant paradoxalement, à leur inverse, en quelque sorte. Le mal de tête se relogea tranquillement.

- On fait quoi, maintenant ? On va s'promener ? ai-je lancé d'un ton sarcastique. 

Peut-être comme ça que se manifeste ma peur. Le monde semble menaçant. Les gens qui ont écrit des bouquins sur la confiance en la vie ne sont jamais venus ici. Si c'était le cas ils auraient prié Dieu et Satan en même temps, histoire d'être sûr que quelqu'un puisse les sortir de là.

- Bonne idée, ça fait un moment que j'ai pas mis les pieds ici.


On a commencé à marcher. J'ai trouvé la réponse de Sonia surprenante. Mon cerveau disait de nouveau que j'avais peur, mais mon coeur était pas d'accord.


- Tu sais quoi ? On est dans la merde.
- Je sais. Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que j'ai un pouvoir à la con et que tu peux rien faire aux bestioles qui viennent pour moi.

On avait compris la même chose. Les joies du langage sans paroles.


- Qui a décrété ça ? C'est pas parce que je me suis fait étaler tout à l'heure que ce sera pareil la prochaine fois.
- T'es mince. Moins qu'avant mais t'es mince. T'as du boulot avant de pouvoir la jouer tank.
- Merci j'suis au courant. Mais on sait pas quelles possibilités nous offrent ces espèces de pouvoirs, là. Toi tu peux fuir, moi je peux me perdre dans ce que je suis. M'aliéner. Bordel...
- Ca va aller, frangin. Tu t'es débrouillé comme un chef à la cafet.

J'ai ignoré le "merci" que je lui devais pour ça.


- Il venait pour moi.
- Ca lui a pas empêché de me casser un colonne sur la gueule.


Ils avaient vraiment besoin de nous faire l'intérieur de la cafet façon temple grec ?


- Le tien a pas été cool avec moi non plus.

- Je sais ce que tu vas dire. Un truc du genre "on se sépare, on marche chacun de notre côté, et on verra bien la suite". Je pourrais l'accepter, ça t'apprendrait. Mais je suis sûre qu'on finirait par se retomber dessus.

- So, tu lourdes...

- Quoi, je lourde ??!! a-t-elle explosé. Ose me dire que j'ai tort !

Au même moment, une masse dans un manteau s'est jetée sur elle, que j'ai eu le réflexe de pousser pour me retrouver par terre à sa place, bloqué par un type avec un masque et une capuche par-dessus. Son manteau était blanc d'un côté et noir de l'autre. Son masque immaculé me rappellait les fêtes de Venise. Le plus étonnant était qu'il n'avait rien de ridicule, même avec ses rayures asymétriques sur le masque, et son manteau à capuche bichromatique. Difficile de savoir si ce masque n'est pas son vrai visage.

- C'est vrai, t'es qui pour me dire ce que j'pense et ce que j'vais dire ? lançai-je à Sonia

- Une voyante ?? criai-je en repoussant le clown de toutes mes forces, les flammes roulant le long de mes bras.

- Je te connais, c'est tout ! répliqua Sonia, posée tranquillement dans le coin, alors que je commençais à tatanner le mec en face.

- La seule personne qui me connaît est pas ici ! criai-je en frappant le clown d'un grand coup de basse brûlante. Et je sais même pas si elle est toujours vivante ! hurlai-je, la rage montant avec les larmes.


Emotions de retour. Feu plus puissant. Perds le contrôle.


- Regarde ton téléphone, elle a peut-être essayé de t'appeller !


Calme revient l'espace d'un instant.


- Ah ouais, pas con.


Me prends un coup dans le ventre, souffle coupé. Relève la tête, mes cervicales craquent bien fort quand la droite me claque contre la joue.

Les os brûlent. Ce ne sont plus que du feu. L'impression que ma tête va se décrocher. Rush de sang dans coeur affollé. Pression artérielle façon Mont Everest. Ma première rencontre avec Solenne. L'odeur des chichis sur la plage. Le goût de ses lèvres. Le bonheur à l'épreuve du temps pète la gueule au quotidien. Vie qui valait le coup.

CRAC. La chaleur dans mon cou n'est plus qu'un vague impression. Le feu n'est plus que sur mes bras et mes jambes. Les cervicales se sont replacées toutes seules. Impression d'être passé à deux doigts de mourir. Calme revient en même temps que coeur explosif baisse son rythme.

Je me sens invincible. Je suis le feu. Je peux tout raser sur mon passage ou juste m'allumer une clope. Intérêt à bien me maîtriser.

Je pars dans des figures acrobatiques, dans le genre "je saute dans tous les sens la tête en bas et prends ça dans la face", le feu venant rajouter de l'effet.

Comme le feu, je brûle partout où il y a de l'oxygène. Disparais d'un endroit pour réapparaître à un autre. Plus limité à la terre ferme. J'ai eu une sacrée peur, j'ai même cru y passer, mais là, maintenant, je suis plus fort que jamais. J'ai de quoi péter la gueule de tous les sales mômes qui rackettent les plus petits à la sortie des écoles. Et je crois être assez lucide pour savoir à quel point il m'est important de me maîtriser.

Je disparais et rapparais au-dessus du clown. Enorme coup de basse enflammée qu'il évite au dernier moment. Je commence à fatiguer.

- DAN, ARRETE DE FAIRE LE CON BORDEL !!!

- T'es marrante, toi... soufflai-je. J'aimerais bien t'y voir.

- Tu sais que c'est pas sympa d'ignorer son adversaire ?

C'est le masque qui avait dit ça. J'ai pas vu si ses lèvres avaient bougé, j'avais l'oeil sur Sonia. Je me suis retourné vers lui.

-Tu sais que c'est pas sympa de sauter à la tronche des gens ?

- Rah, c'est pas faux, dit-il en secouant la tête de dépit. J'ai toujours pas pu voir ses lèvres. " 'Chier, je vais devoir trouver un autre argument..."


Spatch. Spatch. Splatch. Plaf. Tête. Ventre. Epaule. Tombe en arrière. Replace mes os façon feu de cheminée en hiver. D'ailleurs je tremble. Pas de froid.

Il frappe là où le feu ne brûle pas, ou en tous cas pas encore. Douleur paradoxale. Supportable mais pas similaire à celle de l'ancien réel. Rage toujours présente, devient plus forte. Des coups de basse brûlants, plus de fatigue. Je ne suis plus qu'une bête de feu alimentée à l'adrénaline et qui frappe sans relâche un adversaire qui me tient tête sans problème.

Il lève la main au ciel et une espèce d'épée très large, noire & blanche elle aussi, lui tombe entre les doigts. Mouvement agile du poignet, redresse, me contre. S'il me pête une corde, je lui arrache la face. Intérêt à pas me faire toucher. S'il me pourrit mon sweat, ça fera désordre. Censurer les pensées Soleniennes. Rester concentré. Je suis humain après tout.

J'entends plus Sonia. Après vérification, toujours posée là, se contente de regarder d'un air un peu détaché. Me reprends un coup à l'épaule. Très fort. A mon grand étonnement, pas de sang. Le calme revient encore. Il lâche son arme, le métal conduit la chaleur, il s'est brûlé, malgré les gants qu'il porte et que je n'avais pas encore remarqués. Je vous dis pas la couleur, vous devinerez tout seuls.

Je doute que son drôle de costume le protège de grand-chose. Je charge les yeux grands ouverts, le feu concentré sur ma basse et mes bras. Il est de nouveau en garde. Respiration lente. Au dernier moment, il lâche son arme et m'attrape le visage en encaissant le coup enflammé que je lui mets. On a roulé. Cette fois c'est moi qui le maintenais plaqué au sol.

- Même pas mal.


C'était pas un masque, c'était son vrai visage. Sauf si un masque peut sourire, ce qui me surprendrait pas tant que ça.










Mercredi 31 mars 2010 à 10:08

Salut, vous.

Ca faisait longtemps que je n'avais pas écrit. D'ailleurs ce texte vient de fin Mars. Il est pas terrible, la prose est loin d'être bonne, mais j'avais envie de revenir sur nos deux personnages du quai de la gare. On ne sait pas qui ils sont, on ne fait que regarder, imaginer, rêver.


Enfin ça c'était l'idée de base, après je peux pas affirmer y être arrivé.


Quête initiatique d'un mec à but dans l'univers post-réel de 2046. Métaphores et poésie douteuses dans le texte qui suit.

J'espère que vous m'en voudrez pas.



La suite de S.I.K.O. arrive.

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Le désert a laissé place à l'obscurité. Je ne marche plus dans le sable brûlant mais dans la terre dure. Mes yeux se blasent et mon regard se durcit à mesure que j'avance. Mal au dos, l'étui de ma basse m'oblige à me tenir droit en permanence. Ca tire, fait mal, mais je sens que ça me renforce. "Pas de mal dont il ne naisse un bien".


Les ombres me regardent, me suivent, me surveillent. Je me méfie sans peur. Mais il me manque quelque chose qui fait que je ne suis rien, et qu'une seule d'entre elles pourrait me foutre en pièces.

Le feu qui était revenu avec son étreinte. C'est toujours pareil. On construit des trucs, on détruit tout par fierté mal placée, stupidité, manque de communication; puis on se retrouve à tout reconstruire.


Je me remets à penser à des choses stupides. Que c'est plus de sa faute que de la mienne. J'oublie que rien ne m'empêchait de m'exprimer aussi fort qu'elle. Que j'ai choisi de ravaler mon ego par respect du désir de reconstruire. J'oublie qu'elle n'est pas prête. Que j'ai déjà assez retardé les choses comme ça. Si je m'étais mis à lui balancer mes nerfs (entre autres choses) à la gueule, ça aurait été défoulant, mais pire. J'ai bien agi dans mon erreur.

Je pense à elle. Aux différentes façons dont elle a pu me considérer avec le temps. Je pense à ses mots. Au sens de ses contradictions. Que malgré tout, des questions restent sans réponse. Je pense qu'elle vaut beaucoup mieux qu'elle le croit.

Qu'elle devrait être ici à ma place. Ou en tous cas y être, mais que je peux pas choisir pour elle. Tout comme elle a eu beau me répéter ne pas valoir la peine de se battre pour elle, de croire en elle, de l'accepter telle qu'elle est, ça n'a rien changé à mes actions. Finalement on en est là.


Je sais pas ce qui va se passer maintenant. J'ai à peine envie de vivre, mais je continue de marcher. Je me laisse pas le choix. M'arrêter trop longtemps sur le bord de la route permettrait aux ombres de me descendre direct.

Souvenirs. Peurs. Pensées. Parfois tout ça parasité. Il n'y a qu'en 2046 qu'on voit si bien les ombres qui se rapprochent.

Je pose ma basse, me pose et souffle un peu.

Plus près.

J'ouvre l'étui.

Encore plus près.

Je sors ma basse et je fauche 3 ombres en me relevant. Elles m'auront pas cette fois non plus.

Des pensées d'échec parasitent me tête. J'entends sa voix. Je me rappelle plus si elle a déjà dit ces phrases. Je réfléchis, tape dans le vide. Les ombres jouent avec moi. Leurs
mots emprisonnent mon cerveau, leur griffes lacèrent mon âme.

Je réplique comme je peux, contre certaines pensées avec des arguments, en ignore d'autres, attaque autant d'adversaires que je peux.

Les mots s'infiltrent dans ma tête et dansent dans mes oreilles, enveniment mon esprit et corrompent mon âme. Mais j'abandonne jamais, même si, à bout de force, je finis par tomber face contre terre.


Je pense à elle et je ferme les yeux. Je vois les galaxies. L'ordre parfait de l'univers. L'harmonie invisible. Je revois le combat que j'ai choisi de mener. Mes défaites, mes victoires. Leur équilibre, leur importance. Je vois l'Homme et je vois Dieu. Je vois le choix, je vois le destin. Je vois que l'unité dépasse la dualité. La transcendance vient de l'acceptation des deux polarités.


C'est super tout ça, mais ça me donne pas de réponse.

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