Jeudi 28 février 2008 à 17:50

Où on fait la connaissance d'un antihéros décalé et de son monde bien à lui.
Où on apprendra qu'il faut parler aux gens, même dans la rue.

Avec du suspense, des questions existentielles (au moins !) et surtout, surtout, une recette de cuisine pour épater tous vos amis, avant de finir en beauté avec une scène torride et un Chuck Norris Fact !

_____________________________________________________________________


- Ça commence.

- Hein ? Qu'est-ce que tu dis ?

- T'inquiète pas.

J'avais mis cinq bonnes minutes avant de réaliser ce qui se passait là.
C'est pas tous les jours qu'un inconnu m'accoste dans la rue, mais quand c'est un gamin d'à peine dix ans qui m'aborde et qui me parle avec une voix calme et posée, j'ai plutôt tendance à trouver ça franchement bizarre.

Le gamin était là, un petit Noir aux yeux brillants, au regard triste mais au sourire enjoué.
Il m'a fait un clin d'oeil et il a disparu.

C'est pas tous les jours que je vois ça. Ce gamin m'a dit un truc, je l'ai entendu, je lui ai répondu, et il a disparu. Putain. J'ai pas réussi à me sortir cette histoire de la tête. Et évidemment, y'avait personne dans la rue. Ouais, trop facile. Allez, démerde-toi, Dannie...

Dannie, comme le jeune fils de Jack Nicholson dans Shining. J'aime pas les films d'horreur, mais j'aime par contre beaucoup Kubrick.
Vraiment.

Allez, réveille-toi, Dannie. Qu'est-ce que tu fous là ? Reste pas les bras ballants à rêvasser, tu me fais pitié. J'ai pris le chemin de l'appart. Inutile de parler à qui que ce soit du début de mon histoire, personne m'aurait cru. Et sûrement pas à mes parents. J'ai donc pris sur moi et le téléphone et j'ai passé un coup de fil à mon psy.

- Docteur, j'ai une question à vous poser...
- Allez-y, je vous écoute.
- Voilà, ça va vous sembler bizarre, mais... j'ai vu un gamin qui n'existe pas.
- Vous pouvez étayer ?

Un truc qui m'énerve avec les gens trop intelligents, c'est qu'ils sont tout le temps en train de le montrer. Etayer, ça veut dire expliquer. Moi non plus je suis pas parfait, mais je vois un psy pour ça. Pas lui.
Cherchez pas à me comprendre, écoutez juste mon histoire.

- J'ai croisé un gamin dans la rue, il m'a parlé et il a... Non, c'est pas possible, un truc pareil...
- Qu'est-ce qui n'est pas possible ?
- Il a disparu.
- Vous sortez à quelle heure demain ?
- 18h...
- Vous pourriez passer à 18h30 ?

Il en a de bonnes, lui...

- Ouais... je vais voir ce que je peux faire. Je serai pas en avance, hein...
- Vous serez là.
- Hein ?

Les plombs ont sauté, l'alarme s'est déclenchée, la communication s'est coupée, je me suis gratté le nez.
J'ai allumé un briquet et j'ai avancé à tâtons vers l'entrée, histoire de remettre les plombs en place. J'ai mis une bonne heure avant de remarquer ce que le doc m'avait dit avant que la lumière se barre.

J'ai réfléchi à ça alors que j'avais la bouche pleine de spaghetti bolonara. C'est pas banal, mais c'est ma spécialité. J'adore la carbona et la bolognaise, et comme je suis incapable de décider laquelle des deux je veux faire, je les mélange et ça donne ça. Je venais de passer une journée franchement bizarre, et le simple fait de manger une bolonara me réconfortait dans l'idée que tout n'était pas si tordu.

 

Le téléphone a sonné. Je l'ai attrapé d'une main tout en enfournant une bonne grosse fourchette de bolonara dans ma bouche.

- Chalut.
- Encore une carbolognaise ?


C'était Solenne, ma copine. Un truc que j'adore chez cette fille, c'est qu'elle fait rien comme tout le monde. Un truc que je reproche à cette fille, c'est son père.


- Ouais, ch'avais faim, et vu que t'étais pas là, je me chuis dit soyons fous...
- Dis, t'as changé tes cordes ?


Putaindmerde. J'avais complètement oublié.


- Euh, non...
- Tant mieux, je t'en ai trouvé des Sharp, tu m'en diras des nouvelles !


Un truc que j'adore chez cette fille, c'est qu'elle a un talent monstrueux pour la musique .
Un truc que je reproche à cette fille, c'est qu'elle est vraiment imprévisible.


- Ah, merchi...
- Au fait, mon père m'a dit que tu l'avais appelé.


L'enculé.


- Ah, ouais... mais c'est rien, tu sais...
- Il m'a dit que ça le préocuppait.


Incroyable. Ma main au feu que ce mec n'a pas éprouvé de sentiments depuis la Terminale.


- Tu sais, si t'as un problème, tu peux m'en parler...
- Shosho, j'appréchie ton aide, mais tu comprends, ch'est ashez bijarre.


Elle s'est mise à rire. Je crois que la seule raison pour laquelle une fille aussi géniale est avec moi, c'est parce que je parle souvent la bouche pleine.


- Bon, alors à demain soir ! Tu me diras comment ça s'est passé ! Je t'amène les cordes ! Bisous !


*SHCLIC*


Au moins, on a pas perdu deux heures à déterminer qui raccrocherait le premier, ça change.


En posant le téléphone, j'ai remarqué un drôle de détail :
quelqu'un avait écrit DEUS EX MACHINA dessus.
Faut que j'arrête d'inviter Kaz à la maison, la prochaine fois c'est ma basse qu'il va me pourrir.


D'ailleurs, elle est où, cette coquine ? Derrière le lit, non ?


"Incroyable, Patrick, Dan se lève, il fait un pas, puis deux, puis trois, il saute en l'air en faisant un quadruple axel, Rose, hahaha, quelle blague mon cher Patrick, et il attrape sa guitare !"


C'est pas une guitare, c'est une basse. D'ailleurs les cordes sont moisies, vivement demain soir que je les change. Et faut vraiment que j'arrête de délirer avec Nelson et Axl Rose. Les Guns c'est fini, et c'était déjà le cas avant  Chinese Democracy. Tiens, allez, je vais m'envoyer un p'tit Burn My Tree, j'aime bien jouer ce truc. J'ai écrit le texte y'a quelques années, et la musique l'année dernière, mais ça, lecteur tu t'en fous pas mal.


Au moment de ranger ma basse, j'ai remarqué un autre drôle de détail.

Un gros L sur le dos de l'instrument. Décidément, le rouge est à l'honneur, ce soir.

Mon téléphone sonne, je viens de recevoir un SMS de Kepa qui me dit que le Rouge avance. J'ai pas très bien compris pourquoi tout le monde faisant une fixation là-dessus.


Le lendemain, en cours, j'ai croisé Kepa, qui eut la bonne idée de m'expliquer ce qu'était le Rouge.


- C'est un festival du film qui a lieu tous les ans. Ca s'adresse aux lycéens et aux étudiants, et à chaque fois, il y a une contrainte différente.
- Et cette année c'est le rouge.
- Vous êtes vraiments trop forts en fac. C'est la classe...


Ok, voilà qui est net dans ma tête.


Le soir venu, je suis allé chez mon (futur) beau-père.


- Salut, doc !
- Salut, jeune fou ! Alors, qu'est-ce qui t'arrive ?


Venant de lui, j'ai connu pire comme entrée en matière. Toi, t'as quelque chose à me demander...


- Je vous l'ai dit au téléphone, doc. J'ai vu un gamin qui n'existe pas.
- Est-ce que c'est parce qu'il a disparu que tu penses qu'il n'existe pas ?
- Ben oui, un peu. Vous existez, vous. Vous ne disparaîssez pas.
- Avais-tu bu, fumé, ou quoi que ce soit avant de le voir ?
- Non...
- Avais-tu eu une relation sexuelle trop longue la veille ?

Autrement dit, Solenne était aussi fatiguée que moi hier. Mais de là à me le sortir comme ça, il y allait un peu fort.


- J'ai pas vu Solenne depuis trois jours.
- TU ABUSES DE SA CONFIANCE ?!
- Non ! Non.


T'ain, ce type abuse des pilules... Si j'étais pas amoureux de sa fille, je lui expliquerais ma façon de penser.


- Heu.. calmez-vous, doc.
- Quelque chose est en train de se produire, mais je ne sais pas exactement quoi.
- Vous avez quelque chose contre ça ?
- Si t'insistes, je peux te donner des médicaments, mais j'ai pas envie de bousiller si tôt la jolie cervelle de mon futur gendre. Et de toute façon, Solenne me le pardonnerait jamais.


Ma parole, ce mec vit que pour sa fille...


- Le mieux à faire, c'est de continuer comme ça. Ca finira bien par te mener quelque part. Tu connais le proverbe : "Evryssing apens for eu rison".
- Everything happens for a reason, vous voulez dire ?
- Arrête de t'la péter ! C'est pas parce que tu parles mieux anglais que moi que t'es obligé de me le faire remarquer !


Ben voyons... N'importe quel autre docteur m'aurait envoyé à l'hosto (réponse A), bourré de médicaments (réponse B), interdit d'approcher sa fille (réponse C), ou les trois à la fois (réponse D).


Lui, non. A croire qu'il s'en fout.


A y réfléchir cinq minutes, ma journée avait plutôt été normale jusque là. J'avais sûrement cru voir le petit Noir, c'était juste la fatigue... Tout ça c'est normal, hein.


Ou pas.


- Evidemment... Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je suis venu te prévenir.

- Me quoi ?

- Ca commence. N'aie pas peur.

- Ca fait longtemps que j'ai plus peur du noir, tu sais...


Le gamin s'est mis à rigoler. Il a dû croire que je me la jouais macho-super-héros. Le genre qui n'a peur de rien et qui fait rêver les ménagères... Mais non.


- Tout le monde a ses démons, tu sais... Que ce soit la mort, l'abandon, la tristesse, ou même la peur elle-même. Tout ce qui a rapport avec la solitude, en fait.

- Peut-être, ouais... mais pas seulement, non ?

- Tu te sens seul ?

- Non, non.

- Tant mieux. Chacun sa peur, chacun son fardeau.

Je me suis assis sur une murette, lâchant un soupir et espérant que ça suffirait à me remettre les idées en place. Bien sûr.

- Je suis fou, c'est ça ?

- Non.

- Alors dans ce cas, tu existes ?

- Pas autant que toi, mais j'existe.

- A ta façon ?

- C'est ça, à ma façon.

- D'où tu viens ?

- De toi.

- Comment ça ?

- Je suis une partie de toi.

- Pourquoi t'es là, alors ?

- Tu devrais pas tarder à comprendre. Tu en sauras plus ce soir.



Le gamin disparut. J'avais sacrément mal au bide. Ca s'est arrangé quand je suis rentré chez moi. Une tornade brune m'a sauté dessus.


- Tu sais que t'es en retard !
- Dis ça à ton père...
- Je m'en fous ! Depuis quand tu fais attendre les jolies filles, hein ?


Les lèvres de Solenne ont un avant-goût de paradis. Et le reste aussi.
Bon. Je lui dis ou pas ?


- Soso, faut que je te dise un truc.


Elle sortit sa main de mon pantalon et me regarda avec des yeux ronds.


- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- J'ai vu un gamin hier. Il m'a parlé et il a disparu.
- Moi aussi.


Ah ben ça, c'est fort.


- Comment ça, toi aussi ?
- Je l'ai vu. Un petit garçon Noir. Il m'a parlé de la fin du monde.


Et ça la laisse froide. Enfin, ça la refroidit pas, plutôt.


- Qu'est-ce qu'il a dit d'autre ?
- Qu'il était une partie de moi. Que je devrais pas chercher à comprendre, parce que les réponses viendront. Je trouve ça plutôt cool, moi...


...


La vache, faudrait qu'on m'explique. Si je trouve le mec qui écrit mon scénario,
dans l'envers du décor, je lui casse les dents.


- Qu'est-ce qu'il t'a dit, à toi ?
-  Un peu pareil... il a dit qu'il était une partie de moi. Mais il a pas parlé de fin du monde.


- Peut-être que vous avez mal écouté !


On s'est retournés tous les deux en même temps. Solenne était blottie contre moi, et quand je me suis levé pour m'appuyer contre la porte, mon pantalon est tombé. Dommage que vous ayez pas été là, c'était assez marrant à voir. Ce qui était moins marrant, c'est qu'un type d' 1m90 se tenait juste devant nous. Il était habillé comme Hugo Weaving dans V pour Vendetta, sauf qu'il ne portait pas de masque. Il jeta un regard amusé à mon fute.


- Désolé de troubler de si charmantes retrouvailles, les amis, cependant il est de mon devoir de vous informer d'une chose primordiale qui revêt donc de quelque importance, si vous me suivez.


On l'a regardé sans parler. J'ai serré le poignet de Solenne dans ma main en espérant qu'elle n'ait pas la bonne idée de lui mettre un direct dans la tronche. Quoiqu'il le mériterait. Il sortit une lettre de sa poche, l'ouvrit et nous la lut :


- Mademoiselle, Monsieur. Par la présente, je vous informe que la fin du monde est proche.


Le type se transforma en lapin et sauta par la fenêtre.


- T'as vu ça ?
- C'est génial, non ? Tout le monde va disparaître, sauf nous ! Du coup on va pouvoir baiser comme des bêtes jusqu'à la fin du monde ! Enfin débarrassés de ces cons ! T'imagines, on va repeupler la terre !
- Solenne...
- Mais c'est génial, attends, tu te rends pas compte ! On sera plus obligés d'aller à la fac pour se trouver un boulot de merde ! On pourra rester à la maison ou voyager, on pourra enfin être libres ! On sera bientôt libres, tu te rends compte ? Libres de vivre, libres de baiser, libres de voyager, libres d'être enfin nous-mêmes, tu comprends ?! C'est génial, c'est génial, c'est génial !!!
- Solenne ?

Elle arrêta de sauter partout et m'adressa un regard faussement innocent.

- Oui ?
- Tu devrais voir un psy.


J'étais complètement dépassé par la situation, et elle, elle ne pensait qu'au sexe. Incroyable...


Enfin, elle a mis son idée à exécution, et ça m'a permis d'oublier un peu tous ces trucs. Plus tard dans la soirée, elle m'a avoué qu'elle avait peur. Plus tard dans la nuit, je lui ai dit que c'était normal, que n'importe qui aurait eu peur devant ce mec, même Chuck Norris.

 

 


Jeudi 28 février 2008 à 22:36

Où on apprend que les réveils difficiles sont pour tout le monde pareil, où on se demande pourquoi le scénariste s'amuse autant, où on trouve des clins d'oeil un peu partout, où le scénario se mindfuckise, où le personnage féminin se fend d'une caricature grossière et où on déforme volontairement la langue française pour des besoins humoristiques.
_____________________________________________________________________



- Pour la première fois, j'ai envie d'être avec toi.

C'est par ces mots que je me suis réveillé, le lendemain, en fort charmante compagnie, je dois dire.

- Kesguitarive ? Pourguoi tu dis chaaaaa ?

Je baîllais pendant qu'elle riait, j'en avais presque oublié l'histoire de la veille. Ca devait être un rêve. Ils sont de plus en plus réalistes, maintenant.


- Je veux dire, qu'avant, j'avais besoin d'être avec toi.
- Et ? Tu m'aimes plus comme avant ou quoi ?
- C'est pas ça... Juste que ce qui s'est passé hier, c'était pas un rêve.
- C'était quoi, alors ? Kepa qui s'est déguisé pour nous faire marrer ?
- Kepa sait pas aussi bien s'habiller.
- Hé ! Parles pas de mon meilleur pote comme ça !


Je me suis jeté sur elle, à moitié endormi, on a roulé dans la couette, innocents.

- Je te ferais remarquer que ton meilleur pote s'est encore jamais transformé en lapin devant toi.
- T'as raison. Tu sais ce qui nous attend ?
- La fin du monde...

Elle avait dit ça avec une voix de grand méchant flou façon Keyser Söse. Je fonds...

Je me suis levé, j'ai tendu la main vers mon fute. Réflexe primaire ?

- Tu devrais regarder par la fenêtre.

Et effectivement, c'était assez inspiré.

Dehors, tout était gris. Le ciel, et même la ville. D'énormes nuages s'étiraient partout au-dehors.

- Sale temps.
- Tu l'as dit mon Dannie...

J'ai chassé le sommeil de mes yeux. Ca me fait marrer de faire ça. Comme je suis myope, je vois le monde en déformé, et parfois ma vue me joue de drôles de tours... C'est assez marrant de voir des ondes un peu partout s'échapper des gens.

- Des ondes, hein ?

La même voix grave qu'hier. Grave et cynique. J'ai l'impression de parler à un mix de Sébastien Beuzard de Lazy et du chanteur de Machine Head. Un grand type en noir avec un chapeau sur la tête. Un chapeau avec une fleur dessus.
Bizarre, vous avez dit...

- Bizarre ?

Là, j'ai sacrément flippé. J'étais toujours dans ma chambre, mais toute l'ambiance avait changé, et Solenne avait disparu.

- On est où ?
- Dans une autre strate. Un autre sphère, si tu veux.
- Je sais pas ce que c'est. (*baille*)
- Imagine que dans le monde que tu connais, il y ait des portes. Suffit d'ouvrir une de ces portes pour changer la façon dont le monde apparaît, et comment le temps s'écoule.

- Je rêve ou quoi ?
- Non. Mais quand tu rêves, c'est un peu le même principe. Imagine que ton inconscient voyage et ouvre ces portes. Là, c'est un peu pareil. Tu vois, ici, tu ne peux pas voir Solenne. En fait tu ne peux même pas savoir si elle est là ou pas. Tu ne peux pas, parce que tu n'es pas assez fort pour ça. Et de toute façon, Solenne n'est pas encore assez forte pour venir ici non plus.

- Forte ? Comment ça ? Hé, on n'est pas dans un jeu vidéo !
- Qui te parle de jeux vidéo ? De toute façon ils n'ont rien inventé. Bref.
- Ouais, c'est ça, bref. Au fait, comment tu t'appelles ?
- J'ai pas de prénom. J'existe, mais on ne m'appelle pas.
- C'est triste...
- Peut-être. Mais on est pas là pour parler de moi.
- Tu rigoles ? T'arrives comme ça, tu débarques de je sais pas où et je suis censé d'écouter sans poser de question ? Tu veux m'embarquer dans ton délire, et je dois obéir sans réfléchir ?
- Dis-toi que tu auras toutes les réponses en temps utile. Les hommes sont marrants... Ils veulent tout, tout de suite. Si je répondais à toutes tes questions maintenant, ça te servirait plus à rien de vivre...

Je l'ai regardé sans respirer.

- Calme-toi et écoute-moi. La fin de ce monde est proche.
- Ouais... on va tous crever, quoi... ai-je soupiré.

J'ai senti à nouveau l'air me brûler les poumons.

- Ha... hahaha... C'est la fin de ce monde, donc c'est la fin de tout ! Haha... les hommes sont drôles, finalement ! Tu connais la Gaussienne ? La vie est une spirale, mon pote...

J'étais incapable de parler. J'étais dans un autre monde, à écouter un drôle de type me dire que le monde que je connaissais allait disparaître.
Tout baigne...

- Ecoute, a-t-il repris. Ce monde est plein de portes de sortie. Certaines personnes pourront les voir le moment venu. Ce monde va disparaître, mais il va aussitôt être remplacé par un nouveau. Disons, pour faire plus simple, qu'une nouvelle version de ce monde va prendre sa place.

Devant mon silence, il reprit doucement :

- Le monde existe par interpositions. Il est composé de plusieurs strates. A la fin du monde, toutes ces strates vont se transposer ailleurs.

- Et moi je vais devoir les traverser en ramassant des anneaux et en mangeant des champignons ? C'est Super Mario, ton délire !

- Non. Pas du tout. Mais la comparaison est bonne. Quand tu enlèves tes lunettes, tu vois des ondes, parmi lesquelles quelques esprits, des fantômes, et les auras des gens. Tu peux interagir avec tout ça. Ces trucs-là ne sont normalement visibles que dans certaines strates précises. Certaines personnes peuvent les voir d'une manière ou d'une autre. Ce sont surtout des personnes comme ça que tu retrouveras après la fin du monde.

- Les autres vont mourir ? Tout le monde va mourir ?

- Je ne sais pas... Je n'ai jamais vu la fin du monde...

- Ca arrive souvent ?

- Toutes les secondes, une étoile meurt dans l'Univers. Et la Terre est une étoile comme les autres... Avec le sort qui va avec.

- ...

- Je pense que vous trouverez un moyen.

- Est-ce qu'on a le choix ?

- Oui. J'ai eu le choix, moi aussi.

- Quel choix ?

- Haha... Je t'expliquerai plus tard... Quand on se reverra ! Mais quand tu seras un peu plus fort, aussi.


Le type bizarre a disparu.


J'y vois vraiment rien sans lunettes. Je les porte marchinalement, sans presque me rendre compte que je les ai. Comme une partie de moi, d'ailleurs.
Et là, je ne voyais rien de précis. Seulement des lignes et des boules qui flottaient autour de moi. C'était un endroit somme toute reposant...

J'ai fermé les yeux. Que du calme autour de moi. Rien d'autre.

Quand je les ai ouverts à nouveau, les lignes dansaient autour de moi. Elles tournoyaient dans tous le sens, bleues, blanches, noires, rouges. Elles m'entouraient, me caressaient, me guidaient.

La pièce est devenue blanche. Le monde est devenu blanc. Il y avait une porte noire au fond. Je l'ai ouverte et je suis entré dans la pièce où j'étais déjà.
Il y avait une grosse sphère de lumière. J'ai approché mes mains...

[Réveille-moi.]


J'ai touché la sphère et j'ai basculé dans la réalité.

- Hum, tu m'avais pas habituée à ça...

Et où j'avais posé les mains pour me réveiller, j'te le donne en mille ?
Ben oui, sur les seins de Solenne. Joli réveil.

- Euh, je suis désolé, je...
- T'as revu le Psycho, hein...
- Ouais, c'est ça. Ca fait trop Hitchcock...
- Je trouve aussi.
- J'enlève mes mains ?
- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
- Ben...

Je lui ai fait le topo de la manière la plus claire possible.

- C'est marrant. On accepte ?
- On n'a pas le choix, Solenne. On va faire partie des seuls suirvivants à la fin du monde.
- Ah, c'est pour ça que je vois des fantômes alors ?

Je me serais pris un coup de poing dans l'estomac, j'aurais pu plus parler que ça.

- Depuis que je suis toute petite, je vois des fantômes. Ca me fait pas peur, parce que je sais qu'ils peuvent rien me faire. Juste me voir... mais là, j'ai peur que ce soit plus pareil. Je voulais pas t'en parler, mais après avoir vu le gamin bizarre, ben.. j'ai vu des fantômes de gens qui n'étaient pas morts. C'est peut-être leurs âmes ou quelque chose comme ça ? Putain, c'est flippant...

Elle commença a grelotter. Je l'ai enlacée et j'ai essayé de la réconforter du mieux que je pouvais.

- Quand la fin du monde arrivera, je te promets d'être là. Je te laisserai pas tomber.

Elle m'a embrassé, et j'ai senti revenir toute une partie de moi. Si on avait été dans un film épique avec des bons sentiments à l'américaine, j'aurais dit que j'étais enfin prêt à affronter mon destin.

J'avais pas idée à quel point j'aurais eu raison.



Vendredi 7 mars 2008 à 21:47

Où l'auteur assume enfin sa place de scénariste et nous présente le narrateur, où l'on part dans des considérations sexuelles sur les superhéros qui ont bercé notre enfance trop près du mur, et où on aura le plaisir de retrouver le plus grand animateur sportif et bilingue du monde
_____________________________________________________________________


- Et il reste pédant, ayant la volonté, sans même être conscient qu'il n'a pas la raison.

- Et il vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.

- Et ça... et ça.... et ça commence....

J'avais connu des nuits plus agréables. Ca me fait ça à chaque fois avant un concert, et demain, on fait notre premier Kraka. Je me demande si Soso a changé mes cordes... Je me demande ce qu'on joue... Je me demande à quelle heure...

Putain d'bordel de merde.

- JE SUIS OU ???

- Gnaaa... t'es sur ma jambe, et tu me fais mal.
- Oh, pardon.
- Pourquoi tu gueules comme ça ?

Elle était encore à moitié endormie, je frisais la catastrophe nucléaire si je lui disais ce qui va pas.

- Rien, j'ai juste fait un cauchemar...
- Bonne nuit...
- C'est ça, bonne nuit ma puce.
- Mmmm...

Le cauchemar c'est que j'ai pas appellé Kéké... Et merde.

J'ai sauté dans mes fringues sans faire de bruit, façon Batman, tu vois, mais en moins gay. J'ai attrapé mon téléphone et j'ai sauté dans la cage d'escalier. Si j'avais été Batman, ça aurait été la cage aux folles.

J'ai mal dormi, mais je fais des blagues quand même. Le concert sera bon. Ou pas.

J'attrape mon téléphone, j'appelle en vitesse Kéké.

- Kéké, c'est à quelle heure les balances ?
- Bah, 20h30, on avait dit, non ?

J'avais envie de l'embrasser. Enfin, non, je suis pas Batman, suivez, un peu.

- Ok, ça déchire, donc on mange au Kraka, c'est bien ça ?
- Bah ouais, c'est ça. Hé, zeeen, mec.

Ouh Yeah.

-
Ben c'est génial alors. La biz, A+.
- La biz.

Sclic.

Magnifique, great ! Il a tout remis dans l'ordre des choses, Incredible, it's incredible, il nous sort sa fameuse danse de la victoire, ah qu'il est beau l'artiste, à tournoyer sur lui-même comme un derviche ! Qu'il est grand d'avoir ainsi sauvé la situation et qu'il est

Coupure de pub. Ou plutôt retour à la réalité.

Encore lui. Le petit garçon Noir.

- Tiens, salut, toi.
- Ca commence.

J'ai déjà entendu ça quelque part...

- Tu joues trop à FF, toi...
- N'aie pas peur.

Il a disparu façon Garcimore.

Et avec tout ça, faut que j'appelle Kepa...

_____________________________________________________________________

Dans cet interlude passé sous silence, nos amis vont en cours. C'est cool, hein ? Moi non plus, j'en ai pas grand chose à foutre. Je suis le narrateur, enchanté.
_____________________________________________________________________

20h pile. Les emmerdements commencent.

Remettre la main sur la setlist. Prendre la pédale multieffets. Nettoyer la housse avant d'y mettre la basse. Casser les dents du type qui a écrit dessus.

LE

Hé ben. Pourtant personne est venu à la maison depuis que j'ai remarqué le
L la dernière fois. C'est peut-être une blague de Soso... Je lui casserai peut-être pas les dents, finalement...

Allez, un coup de chiffon sur ma quatre-cordes et hop, emballé, c'est pesé.

_____________________________________________________________________

Ouais, super. Alors nous retrouvons tout de suite Nelson, pour la descente en rappel de l'escalier.
_____________________________________________________________________

- Yes Patrick, je disais oui Patrick, c'est un évènement sportif sans précédent dans la route vers la gloire de Dan, qu'il attaque avec une dextérité surprenante ! En effet, Indeed, il se jette au milieu du vide de la cage d'escalier avec sa basse sur le dos, au risque de l'abîmer car il est en retard, yes, he's late !! Il s'agrippe aux barreaux rouillés au risque d'attraper le titanic et de mourir dans d'atroces souffrances, le corps gelé de toutes parts, mais non, lui il s'en fout et descend a toutes vitesse les cinq étages comme un singe, oh, c'est magnifique ! Il est arrivé au quatrième étage, non, au troisième, que dis-je, au deuxième, il atteint le premier, il va toucher terre mais !! mais !! mais !!
Oh, quel malheur ! What a shame ! Oh non non !! Fuck motherfuckin' Fuck !! Sa basse s'est coincée ! His bass is stuck in the stairway ! dans l'escalier. Il pendouille maladroitement dans le vide, sa basse va-t-elle se briser ? Oh quelle tension, mes amis, quel intense moment de sport !! Je bande comme un âne !!
_____________________________________________________________________

- Euh, Nelson ?
_____________________________________________________________________

- Mais ! Mais ! Mais ! Sa basse semble se détacher de la rambarde ! Elle est brisée ? Mais non ! Elle est même toujours dans sa housse ! Rah Patrick, quel émotion, quel beau moment de sport ! C'est sublime, c'est le genre d'évènements qui ne se produisent qu'une fois dans une vie ! DAN EST VIVAAAANT !!!
______________________________________________________________________

- Nelson, ça va ?
______________________________________________________________________

- OUUUUUI !!! IL SE JETTE HORS DU VIDE COMME UN SPORTIF DE L'ESPACE !! RAAAH C'EST SI BEAU !!! IL SE RATTRAPE AU SOL AVEC UNE DEXTERITE ET UNE CLASSE INCOMPARABLES !!! QUEL HOMME  !!

_____________________________________________________________________

Ouais, ben avec tes conneries, j'ai sûrement ruiné mon manche moi...
Je l'ai sorti, inspecté un peu - façon Columbo - et j'ai halluciné ma mère.

Rien. Pas une éraflure. Rien du tout.
Faudra qu'on m'explique...

Allez, j'me téléporte au Kraka en vitesse.

Non je déconne. J'y suis allé à pied.




Samedi 8 mars 2008 à 18:38

Où on commence par un clin d'oeil pour finir avec un autre clin d'oeil, et où on trouvera entre les deux toutes sortes de blagues nulles, de jeux de mots bidons, où les pièces du puzzle commencent à se montrer, où le côté "délire collectif dans un ascenceur en écoutant Tool" se prononce encore un peu plus, et où les clins d'oeil à GTO dans le paratexte devraient commencer à vous amuser.

______________________________________________________________



20h Pile. Les emmerdements commencent.


Je sais pas si vous avez remarqué ça, mais à l'école, c'est toujours celui qui habite le plus près qui est toujours en retard. On appelle ça l'axiome de proximité croissante. J'habite à 15 minutes à peine du Krakatoa, où on a un concert de prévu. Et évidemment, j'avais promis à Kéké, notre ingé son, de venir en avance pour monter la scène en attendant que les autres arrivent pour les balances. Le soucis, c'est qu'on est pas trop potes avec les Pink Babies, qui jouent après nous. Et comme ils jouent après nous, ils aimeraient bien prendre notre place, ça leur permettrait de faire genre "on est les meilleurs, donc on joue les premiers."

J'ai rien contre ces trous du cul. Simplement je les supporte pas.
Mais là, ça allait faire un quart d'heure que j'étais avec deux d'entre eux. Le batteur et le chanteur. Et si ça continue, j'vais être à la bourre. Bien sûr, dans des cas comme ça, je suis forcément toujours tout seul.

Retour en arrière.

19h45. Tout allait bien.

J'étais en avance en plus. J'habite à deux rues de la salle, mais ça m'empêche pas d'avoir la peur au ventre. C'est bizarre ça, c'est le genre de sensations qu'on garde pour les grandes occasions.
Mes mauvais pressentiments se vérifient toujours.

Et là, c'est Baptiste et Fred, des Pink Babies, qui marchaient derrière moi. Je les avais vus, mais je pensais qu'ils voulaient juste me foutre la pression. J'ai enlevé mon casque des oreilles, ce serait bête qu'ils m'aient par surprise...

Mais non, ils ont rapidement tourné et ont disparu.

J'ai respiré un coup. Je battrai le coeur tranquille ce soir.

Et ils ont surgi d'une ruelle à deux centimètres de moi. Baptiste, le batteur, m'a attrapé par le call-back et m'a plaqué contre un mur.

20h Pile. Les emmerdements commencent.

- Hééé... Tu sais qu't'es en avance, toi...

Je suis resté paralysé par la peur. Baptiste est très costaud, et il joue là-dessus. Sur mon cou aussi. J'ai mal.

- Tu sais qu'on joue après, hein... Tu sais aussi qu'on est meilleurs que vous.

J'ai pas parlé

- Tu m'entends, connard ? J'tai dit qu'on était meilleurs que vous !! Dis-le !

Vas te faire foutre connard.

- DIS-LE !

- Vous êtes meilleurs que nous...


- Haaaa.... C'est bien, il reconnaît qu'il est nul, hein...


Fred ricanait derrière. J'avais envie de pleurer. Mais Solenne serait pas là pour essuyer mes larmes.

- Lâche-le, maintenant...

Baptiste a obéi.

- Tu sais quoi ? Tu vas appeler ton connard d'ingé son, et tu vas lui dire que finalement, vous jouez après nous ce soir, a dit Fred d'un ton sec.


J'ai regardé autour de moi.
Il était là.
Il voulait que je fasse quelque chose.
J'avais pas le choix.
Je devais le faire.


J'avais plus peur. Il serait là pour m'aider en cas de problème. Il a souri, et a hoché la tête quand j'ai remis mon casque sur les oreilles.


"
push normal, your cock's inside, do those things work? ...thats kinda why im talking to you ...it's hella sensitive..."

Mon mp3 m'a envoyé When Girls Telephone Boys direct dans les cages à miel. J'ai balancé un coup de pied droit dans la tête de Baptiste, qui a reculé sous l'impact. J'ai attrapé Fred par le call-back et je l'ai frappé très fort dans le ventre.
Mais je me suis pas arrêté là. J'ai repris Baptiste par les cheveux, et je l'ai frappé là où aucun homme au monde n'aime être frappé. Il s'est écroulé en poussant un cri aigu. J'ai mis un coup de pied circulaire dans le ventre de Fred, et je me suis barré en courant.

Ca m'arrive parfois de perdre les pédales comme ça. Je suis arrivé au Kraka le coeur battant. Solenne était là.

- Seb, qu'est-ce qui t'es encore arrivé ?

Elle m'a pris dans ses bras et je me suis mis à pleurer doucement. Solenne est la soeur que je n'ai jamais eue. Elle est toujours là quand tout va mal.

- Tu sais que tu ressembles à Lennie ?
- Ouais, je sais, ai-je dit avec un sourire en dessous des larmes. Tu l'dis tout l'temps...

L'an dernier, Solenne avait lu Of Mice and Men de Steinbeck, et elle avait beacoup aimé. Elle m'avait offert le livre pour Noël.

- Alors, qu'est-ce qui t'es arrivé ?
- J'ai croisé Fred et Baptiste...
- Et ils t'ont tapé ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
- Ils m'ont choppé contre un mur. Ils voulaient que j'appelle Kévin pour retarder l'heure où on joue...
- Ils voulaient jouer à notre place ? a dit une voix plus grave et amère derrière Solenne.
- Ouais, c'est ça...

C'était Pierrot, le guitariste. Il était avec Dan, le bassiste. Dan est le copain de Solenne. Il a de la chance de l'avoir, mais il la mérite, c'est un type bien. Je considère Pierrot et Dan comme mes frères. Si je devais aller en enfer, ce serait avec ces deux-là.

- Tout va bien, m'a dit Dan en se rapprochant de moi. C'est fini maintenant.
- Allez, viens, on va balancer. Et t'inquiète que ce soir on va déchirer ! Ils vont chier dans leur froc, les gays en rose !


Pierrot avait foutrement raison. Sauf que ce soir là, ça n'allait pas se limiter aux Pink Babies...

Vendredi 14 mars 2008 à 12:25

Où on fait la connaissance d'un nouveau personnage à peine plus dérangé que le premier, quoique dans un tout autre genre.
Où on s'apprête à vivre un concert sans précédent dans l'histoire du rock en France (rien que ça !), et où des pièces se montrent encore un ptit peu plus.
____________________________________________________________

Accrochez-vous à votre siège, parce que ça va chier des bulles.

Enfin, c'est ce que j'espère.

On était tous dans la loge du Kraka. Pour déconner, Pierrot et Dan avaient collé un autocollant Crave sur la porte de la loge, comme si on était déjà super connus. Ca faisait que quelques mois que le groupe avançait vraiment bien, et on avait une sacrée chance de jouer dans une salle comme ça, devant plus de 200 personnes.

J'étais en train de squatter la basse de Dan tout en déconnant avec Solenne et Kepa, qui nous avait rejoints peu de temps avant. Kepa est un pote de lycée, c'est d'ailleurs là qu'on s'était tous rencontrés, pour la plupart, à part Pierrot, qui est un pote de fac. M'enfin bref.

- Alors, vous jouez quoi ce soir ?
- Bah, on va pas te le dire !
- Vous préférez me laisser la surprise ? Ouais, comme vous voulez...

Solenne s'est mise à rire.

- Moi, je dirai rien ! Vois avec les autres !

Je sais pas comment elle fait, mais elle a jamais le trac avant de monter sur scène. On dirait qu'elle est imperméable à tout ça.
Faut que j'arrête de squatter la basse, Dan va pas être content. Il croit peut-être même que je veux lui piquer sa copine...

Putain.

J'ai posé la basse et je suis sorti de la loge.

___________________________________________________________________

P&P style, and the narrator comes back !
Ouais, enfin je veux juste vous signaler deux trois ptits trucs afin que vous puissiez mieux comprendre l'histoire. Alors regardez un peu par le trou de la serrure avant de suivre Seb.
____________________________________________________________

- Qu'est-ce qui lui prend ?
- J'en sais trop rien... Il est bizarre, ça lui fait ça desfois...
- Ah bon ? J'avais pas remarqué. Pourtant je le connais depuis deux ou trois ans... Ca m'étonne.
- T'inquiète pas, ça lui arrive pas souvent. Enfin pas trop...

_____________________________________________________________

Ok, j'ai fait mes 35 heures. J'vous laisse les ptits lapins.
_____________________________________________________________

Je suis toujours super nerveux avant un concert. Mais là, ça dépassait le niveau de la fatigue. Solenne était dans l'embrasure de la porte. Elle m'a dévisagé.
J'avais jamais remarqué qu'elle avait les yeux bleus.

Elle s'est approchée de moi et a commencé à me parler.

- Qu'est-ce qui t'arrive, ça va pas ?
- Si, si ça va... mais qu'est-ce que tu fais dans les toilettes des garçons ?
- C'est évident, non ? Je suis venue te parler.

J'hallucinais.

- Je t'écoute...

Mon coeur s'emballait, j'avais les mains moites.
Et envie de partir d'ici.
J'ai demandé la permission à mes jambes, mais elles refusaient de bouger. J'étais figé ici, coincé avec cette fille que je considérais comme ma soeur, comme ma mère presque.

J'ai soutenu son regard magnétique.

[Something's wrong with you...]

- J'ai une proposition à te faire...

Et Merde.

- J't'écoute...

- J'ai envie de toi...

Et pendant qu'elle s'approchait de moi, j'ai senti quelqu'un tirer ma manche en arrière.
Il était là. Et me disait que je m'apprêtais à faire une connerie.

- Une plus grosse que toi.

- Hein ?

Je me suis retourné.
Solenne avait disparu.

- Hé ! Qui c'est qui monopolise la synagogue, là ? Vas-y, dépêche-toi un peu !

Merde.

Les chiottes étaient fermées de l'intérieur. Solenne m'avait laissé ici ?

Ptain, j'suis coincé.
Le coeur battant, j'ai tirturé le verrou dans tous les sens. La clé n'était pas là. J'étais vraiment coincé.

- Hé, Seb, c'est toi ? Tu veux un coup de main ?

C'était Dan, derrière. Merde. Il voulait sûrement me casser la gueule pour ce que j'avais fait avec Solenne.
Mais j'avais rien fait... Non ?

- Attends, laisse-moi faire. Seeeb ? Ca vaaa ?

C'était Solenne.

- CONNASSE DE MEEEEEERDE !!!!!!!

J'ai foutu un énorme coup de pied dans la porte et elle a pété sur ses gonds.

Je me suis retrouvé comme un con. C'est Dan qui s'était mangé la porte.

Il allait sûrement me mettre la misère.

- Aïe... Ca te prend souvent d'insulter les portes ?
- Hein ? Euh non, mais je... c'était pas pour vous... c'était pour la porte...
- Je sais bien que c'est la porte que t'as insultée... Mais comment ça se fait que tu te sois retrouvé coincé ici ? m'a demandé Dan en se relevant et en replaçant grosso-modo la porte sur son ouverture.
- J'en sais rien...

J'ai jeté un regard à Solenne.

- Il s'est passé quoi en fait ? m'a-t-elle demandé.

C'est quoi ce délire ?

- J'en sais rien...
 
Elle a regardé la porte. Le verrou avait été défoncé par mon coup.

- Putain, t'as pas tapé comme un gay, toi...

Et c'est elle qui dit ça...

- Pourtant, tu dis toujours que je suis pas foutu comme un batteur...
- Pleurniche pas ! C'est pour te taquiner !

Elle m'a adressé un grand sourire qui a fait étinceler ses grands yeux verts.

Pierrot est arrivé.

- Aurélien vient d'arriver, et il est en train de bouffer sans nous ! Magnez vous le cul et à table !


Les choses finissent toujours par s'arranger.


Avant d'en sortir c'est une étape à subir...

Et la paëlla du Kraka est vraiment énorme. Surtout que quand y'a plus de riz, on prend des pâtes. Et des pâtes avec Dan, ça donne de la bolonara.
En dessert, on a eu du camembert.
Et du camembert, avec Kéké, ça donne du camembière.


Les choses finissent toujours par s'arranger.
Toujours...


 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast