Yo, les kangourous.


C'est avec la honte du retard que j'honore ma promesse. En effet, le 21 octobre dernier (ouais, ça va, je sais que je suis vraiment à la bourre) se tenait la messe du renouveau du Rock en France. Rien que ça, et j'exagère à peine. Dans un monde où le moindre combo qui n'est ni un énième clone de Noir Désir, ni hype avec la pauvreté musicale corollaire, ni un râmassis de fils à papa jouissant uniquement de la fortune/notoriété/des relations (rayez mention inutile, s'il y a) du patriarche papounet (Oui, j'ai une dent contre l'iniquité. Et vous ?) se fait rare comme un cheval bon marché dans un sophisme résolu, un concert qui vous fait frissonner de plaisir prend vite des allures de révolution musicale.


Et aussi vrai que le terme Post-Rock n'induit en rien le glas de la musique divine, le Rock'n'Roll n'est pas mort. Et il en est très loin.


On va commencer par parler des Starsheep Groovers, qui, bien que nés sous le signe du Funk, montrent des tendances résolument rock, voire même metal par moments.


Faut dire qu'ils partaient pas haut dans mon estime, avec un myspace - à l'époque- rempli en tout et pour tout d'une seule chanson, longue, sans feeling, digne d'un groupe de potes qui découvrent que le funk, ça groove. Bref, j'étais un peu remonté de les voir en premier alors que je venais pour Rendez-Vous.


J'avais tort, comme dirait John Locke. Mais cent fois tort.


Des morceaux bien structurés, un groupe qui se prend pas tant au sérieux que ça, un bassiste qui fait le canard en te combottant la face de lignes slappy bien senties et qui ne connaît pas la notion de "pain" (à mon grand dam), un chanteur /danseur /mangeur de bananes, un guitariste aussi discret que doué (c'est pas peu dire, croyez-moi), un batteur qui tient plus que la route, et un claviériste très complice avec le quatrocordiste font des Starsheep un groupe attachant et sacrément intéressant. Beaucoup de potentiel, l'influence évidente d'Infectious Groove, le côté "venez avec nous dans une autre galaxie, vous verrez, on est sympas, on vous ramène sur Terre après"; tout ça m'a beaucoup plu, puis conquis. Et je suis loin d'être le seul, à en juger par le cri du public.


Ils ont beaucoup tourné sur Bordeaux, récemment, et ça se sent. Haut niveau technique, peut-être récemment atteint, mais on s'en fout. Ca groove, ça founke, ça défoule, ça déboîte, bref, c'est très bon. Seuls deux morceaux m'ont soûlé, la faute à des lignes de basse trop similaires, et à moins de feeling que dans les autres morceaux, lesquels ne se gênent pas pour bourriner comme on aime, taper là où ça fait du bien, au fond des tripes, nous embarquer dans une danse de couleurs chaleureuses et joyeusement dingues, où les maîtres mots sont le fun et le style. D'ailleurs ils tentent même le saut périlleux des morceaux en français. Pas évident de garder la percussion des mots anglais, ni la classe de cette langue si musicale, pourtant, même s'ils reprennent la langue de Macbeth pour le refrain, le défi est relevé. Chapeau bas les gars.

PS : Je suspecte Lyv de faire la voix sur l'intro de Space Monkeys. Affaire à suivre.

La salle est bien vite chauffée, et c'est aux Rendez-Vous qu'incombent la lourde tâche de garder le niveau et de prendre le soin de la flamme.



Et là, c'est le drame. Pour ceux qui espéraient une nouvelle ère où la suprématie musciale seraient détenue par Fun Radio. Pour ceux qui voudraient avoir raison en disant "Ouais, t'façon l'rock est mort" ou une autre connerie aussi  vide de sens. Pour ceux qui voudraient voir la musique rentrer dans des étiquettes absurdes.


De nouveaux morceaux, je crois. Un nouveau niveau, aussi, depuis l'Amadeus.

Kriss est définitivement un de mes guitaristes préférés, un type humble et hyper sympa dont le niveau musical ne cesse d'augmenter. Encore plus de feeling que la dernière fois, des solos très nombreux mais pas envahissants, chacun joué comme s'il était unique, chaque note résonnant comme si la suivante n'était qu'anecdotique, bref, une plongée dans l'instant présent comme peu de groupes savent le faire.


Le jeu du batteur est toujours aussi clean, aussi sobre, aussi propre. J'ai trouvé son son sec, contrairement à celui de l'album, mais ça passe très bien dans les deux cas. Ca colle bien avec le jeu précis et sans fioritures du bassiste, qui place de très bonnes mélodies, réhausse le rythme quand il faut, mais pourrait bien prendre plus de place. En tous cas c'est pas moi qui m'en plaindrai, au contraire.


Le chanteur-guitariste a calmé son jeu de scène (je dis ça de mémoire), mais sa prestation n'en perd rien en intensité, les garçons voudraient toujours bien lui ressembler et les filles continuent de rêvasser sur les mots qui sortent de la gorge grave du jeune briscard, qui, les yeux à moitié fermés, me donne bien l'impression de vivre son texte plutôt que de vouloir faire mouiller ma copine. Bon, il y arrive quand même, mais dans l'ensemble, on s'en fout. Faudrait que j'aie l'occasion de lui parler pour savoir quel degré il accorde à ses mots.
En tous cas, ce type qui me semblait, suite au concert de l'Amadeus, prétentieux, m'apparaît maintenant plus dévoué à la musique qu'à son ego ou l'opinion des gens sur lui. J'espère ne pas me tromper la-dessus.


Des cuivres, dont un très jeune saxophoniste montent sur scène le temps de quelques morceaux, et le Blues du groupe se retrouve mâtinée de sonorités Gospel, Rythm & Blues, soulignés par une deuxième basse, en slap, jouée par le claviériste.


Orgasmique. Même moi qui suis pas fan de ces deux derniers genres, j'ai sacrément pris mon pied.


Mais le meilleur est à venir, les amis.


Un morceau. Le morceau. Un final sans précédent ni jeu de mots. Le groupe se met à nu, plus de retenue dans le partage en live musical. Virage sans cordes vocales, les deux guitares s'envolent, à peine retenues par une basse ailée venant de décoller de la batterie, qui tarde pas à rattraper le reste du groupe. Je suis en transe, je vole avec eux, je suis propulsé à une vitesse inconnue par la vibration divine, j'attrape au passage quelques arguments suffisants pour étayer les conceptions religieuses de Kriss, et je passe à la strate suivante. A ceux qui croient que la drogue, c'est bon, j'assure que le rock, c'est mieux.


Les bluesmen ont tout donné, avec le sourire et la concentration d'une bande de pros. Rendez-Vous en live, ça ne se manque pas, mes lapins. Humilité et simplicité semblent être les maîtres mots de l'esprit du groupe, là où leur musique s'avère riche et complexe. D'ailleurs, l'album Stolen Memories, comme un bon Bordeaux, met du temps à révéler sa saveur.


Sorti de ma transe, je vais prendre Kriss dans mes bras, comme un gamin, en le remerciant pour ce moment intense de rock, vrai, honnête, franc, sans compromis ni faux-semblants. Seul défaut : une grosse rupture de feeling à un moment, en plein milieu d'un morceau, que le groupe répare unanimement en l'espace de quelques secondes -et un break de batterie, si je me rappelle bien.


En un mot, Enorme. Le must aurait été une occasion de m'en griller une avec l'homme au visage caché par ses cheveux, mais bon. Rien à jeter dans leur set, rien de rien, même pas le gros pain.


Les Sweat Baby Sweat investissent le playground à leur tour. Ca me fait bizarre, à moi qui ai connu le batteur dans le bus à l'époque des ET Comes From My Ass et de la grande heure de l'Estran, de les voir comme ça. Je les connaissais sur CD, les ET comme les Sweat. Et en live, c'est une autre histoire. J'aurais sans doute plus kiffé si j'avais écouté leur dernier disque. J'en veux pour preuve l'effet procuré par "Where is the blues ?" Ca envoie sec, les kids !


Malgré un show inégal, le mix Rock/Punk façon "Come here and jump" où les mélodies ricaines se voient remplacées par une urgence garage fait son effet. Claqué par la baffe atomisante de Rendez-vous, j'ai encore la tête qui tourne, picorée par des embruns cosmiques, et je suis là sans l'être. D'où peut-être mon impression d'inégal. En tous cas, les Transpirants me ramènent sur la terre ferme par moments, grâce à leur sens aigu de la rythmique, qui prouve qu'on peut rester simple pour envoyer du bois. Et faire "Whoo-hoo" sans s'appeller Blur ou avoir l'air ridicule. Le feu est maintenu. Ca passe bien, voire même très bien. Sur Speach on the pitch, Bud se la joue Jack Black, la verve incisive, façon bons gros morceau de heavy. Le titre part sur des teintes garage punk, réhaussées parfois d'un arpège bien senti. Les années lycée + un peu de maturité, ça donne toujours pas de musique sérieuse. Et c'est ça qui est bon.


Pas sérieux ne veut pas dire pas carré, ni faux. Les choeurs sont très bien gérés (ça se voit bien sur leur myspace, d'ailleurs.) et la structure musicale, si elle est simple, n'en est pas pour autant bâclée. Le final un poil expérimental de Speach prêche en ma faveur. Des punk-rockers basiques mais ô combien efficaces d'ET, ils sont devenus les Sweat, intégrant plein de nouvelles influences (allez, pêle-mèle, et au hasard, citons Danko Jones, QOTSA, les Unco et Georges Moustaki.) et ayant atteint le niveau nécéssaire pour donner à un film comme Kaboom la musique qu'il mérite sur certaines scènes. Cool, puissant, simple mais pas si basique, fun et festif sans être stupide ni taillé pour passer sur NRJ, voilà comment je vois l'entrée du protégé de Spielberg dans l'âge adulte. Quand je pense qu'il vient de mon cul, j'en suis tout ému.


Un concert de qualité mitigée (même si Black Jesus et Sweat baby roxxent du poney façon pâté en croûte) mais un groupe que j'aurais plaisir à revoir en live et qui pourraient bien me surprendre. Je l'espère, et j'avoue que je me sentais bizarre, un peu comme si c'était ma faute de pas avoir pu profiter à fond de leur prestation, d'autant qu'a entendre leurs morceaux en ligne, tous les éléments semblaient réunis pour me permettre de leur faire une chronique parfaite. Un peu déçu, donc, mais à revoir prochainement.












LIENS :





RENDEZ-VOUS :

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http://www.myspace.com/rendezvous33






SWEAT BABY SWEAT :


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http://www.myspace.com/sweatbabysweatmusic



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Pub subliminale : Ces groupes défoncent, courez les voir, et après, venez me dire que j'ai été un peu dur avec les Sweat, qu'en fait ils cassent tout en live. Ca me rassurera, et j'y tiens. Un excellent concert, en tous cas.



Jeudi 21 octobre 2010, Boredom city, Bègles-Terres Neuves, BT 59, STARSHEEP GROOVERS/ RENDEZ-VOUS/ SWEAT BABY SWEAT.




Orjan.