- Et il reste pédant, perdu dans sa volonté, sans être conscient qu'il n'a pas la raison. Et il reste pédant. Et il reste pédant.
 

Plus jamais je m'endors après avoir pris un café. Bon, en l'occurence, c'est mon cerveau qui a décrété le hard reset et qui m'a affalé la tronche à plat sur la table. Heureusement, la tasse n'a pas bougé. Je l'ai mise au four quelques secondes pour la réchauffer et suis allé jeter un oeil par la fenêtre. Solenne dort toujours à poings fermés, sublime ange en paix insensible à la tempête qui se prépare. Dehors tout est gris, d'énormes nuages noirs s'étirent partout au-dehors, rendant les dominantes rouges de Boredom City ternes et déprimantes. Pour le dernier jour avant la fin du monde, on est raccord, y'a pas à dire.

Je me suis mis à réfléchir à ces mots extraits de mon dernier rêve qui s'imprimaient lentement mais sûrement dans ma tête. De qui parlent-ils ? De l'exacteur, de ce qu'il a fait, de ce en quoi ça l'a changé ? Ou de moi ? On m'a souvent reproché d'être arrogant ou prétentieux à cause de ma sale tendance à me servir de ma tête pour décrypter le monde qui m'entoure et de ne jamais me gêner pour balancer les résultats à voix haute.
Mais peu importe. Pour l'heure, une question plus importante devait être au centre de mes préoccupations : Que faire de cette dernière vingtaine d'heures avant la fin du monde ?


[Peut-être une citation prise dans un film que mon inconscient a cru bon de me rappeller.] Déjà, il faut se préparer pour le concert. Hors de question de rater un dernier live avant la fin du monde. [Ou alors c'est un indice subrepticement glissé par l'homme mystérieux à la santé mentale discutable de tout à l'heure.] En plus il est censé nous y retrouver. Si ça se trouve c'est lui qui va déclencher la fin du monde, et il veut qu'on le voit ? On aurait une chance de l'arrêter à temps ? Peut-être que c'est ce qu'il veut... Peut-être aussi qu'il n'en sait pas tant que ça, moins que ce qu'il voudrait nous faire croire, en tous cas.

Il m'apparut clair qu'il fallait que j'enfile un pantalon. Le fait que je n'aie pu renoncer à un premier café/clope à la fenêtre avant la fin du monde n'y était pas étranger. Je refusai d'aller jusqu'au t-shirt, une telle interruption de la vision me faisant oublier mes idées aussi efficacement que si j'avais passé une porte. Je m'assis torse nu sur le lit, assez doucement pour ne pas risquer de réveiller Solenne.

Je me suis mentalement foutu une baffe pour lesdites réflexions précédentes. Comme si le Mystery Man n'avait pas suffisamment mentionné l'exaction qui était la cause de tout ça... Tu te ramollis, Dannie, et pas question d'argumenter que le combo matin + paralysie du sommeil ça fait mal, non, c'est hors de question de botter en touche de cette façon. Donc. De deux choses l'une : Soit notre psycho est contre ce fameux exacteur, soit il s'en sert comme d'un bouc émissaire ou d'une diversion pour nous faire croire qu'il n'est pas lui-même l'instiagteur de tout ça. On n'a pas encore assez de données pour trancher entre les deux, mais une fois que ce sera fait, on saura clairement qui est notre ennemi. 


Notre ennemi, comme si on était de taille face à un mec qui se ramène chez toi par la fenêtre sans problème alors qu'elle est fermée de l'intérieur et qui t'envoie en enfer le temps d'un cauchemar pour t'expliquer que demain c'est la fin du monde et comment ça va se passer. Et qui ne te donne pas de réelle raison de son déclenchement, à part un vague "la structure de la réalité a pris cher, alors il faut la jeter pour en fabriquer une autre", et j'exagère à peine. 

- Bonjour mon chat... T'as bien dormi, ça va ?

Ca va, niveau espoir, on est large. Après la réalité, ce sera son tour de prendre cher. 

- Paralysie du sommeil. Encore en train de m'en remettre.

A condition que ce soit bel et bien lui notre ennemi, évidemment.

Solenne m'enlaça de ses bras autour de ma taille et se blottit contre moi, sans rien dire. 
Il valait probablement mieux que j'en fasse autant. Ca ne servait à rien de lui faire peur avec cette histoire.

Si ? Vous croyez ? Bon.

Imaginez que le monde que vous connaissez ne soit qu'une infime partie du champ des réalités. Qu'à chaque choix que vous pouvez faire, les options que vous n'avez pas choisies se manifestent quand même, mais dans d'autres réalités auxquelles vous n'aurez jamais accès, et dans lesquelles ce sera l'un de vos doubles, dont la différence se limitera à ce fameux choix, qui existera.
Considérez que c'est vrai pour chaque être, pour chaque choix, et pour chaque réalité.
 
Vertigineux. 

Maintenant imaginez un monde dans lequel vous auriez accès à cette infinité de réalités. 

Terrifiant, défiant toute raison, toute compréhension, et au passage la plupart des lois de la physique, au point de les dépasser totalement toutes les 3.

Si je me suis pas planté, d'ici une vingtaine d'heures, c'est là qu'on sera. Vous croyez vraiment que j'allais en parler à ma copine dès le réveil ?