Mercredi 6 août 2008 à 18:08


Un truc marrant dans la vie, c'est les coïncidences. Je trouve. Même si c'est un petit détail comme ça, ça me donne envie de le partager.

Un petit coup de synchronicité pour la route, histoire de se dire qu'on a peut-être même pas besoin de sortir de chez nous pour voir des trucs qui nous dépassent.



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PS : Si vous vous intéressez à la musique et au sens des chansons, essayez de vous mettre en aléatoire, pour voir...

Jeudi 7 août 2008 à 15:21

Dans lequel on affronte ce qu'on fuyait avant, dans lequel on comprend, un peu, la logique de ce monde de dingues.
Où il est question de temps, de choix, de libertés, de ville fantôme et de clins d'oeil rock'n'roll.
Sans lequel on ne saurait pas ce qui s'est passé entre le chapitre 13 et le chapitre 15.
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La bar.
Fireal qui résonne de partout.
Ma basse sur mon dos.
Une ambiance bizarre et pesante.
Moi.


Le bar était vide. C'était un bar comme les autres, petit, étroit, mais qui avait quelque chose de particulier. Une espèce d'aura fantômatique. Sur une table, un demi-verre de bière et une cigarette m'attendaient.

J'ai posé ma basse à côté de moi et me suis assis en jetant un coup d'oeil par la fenêtre. Il neigeait toujours dehors.

Bizarrement, je n'avais pas peur. J'étais seul, dans ce bar étrange, mais je n'avais pas peur. Je sentais toujours cette espèce de chaleur brûler en moi.

Comment en étais-je arriver à brûler tout seul ? A maîtriser le feu au point de me battre contre des monstres qui auraient dû me pétrifier de peur ?

Et, par-dessus ça, comment se fait-il que Solenne n'ait pas eu peur, elle ? Elle n'a même pas été étonnée de me voir faire ces trucs...

J'ai pris une rasade de bière et coincé la cigarette entre mes lèvres.

La chaleur s'est étendue jusqu'à mon bras, et une langue de feu jallit de mes doigts.

Wah. Petit coup de flippe. Le reste de la bière est parti désaltérer le sol. Dommage.

J'ai passé un bon quart d'heure à essayer de mâitriser mon "pouvoir". Faire de longues langues de feu ou de petites flammèches à l'envie. Façonner mes flammes selon mes désirs.

C'est pas facile.

J'ai fait brûler mon index pour pouvoir allumer ma cigarette et j'ai posé les yeux sur ma basse.
Elle brillait.

Derrière son corps, sous les lettres rouges qui formaient le mot "LENNE", un "E" était apparu.

Quand je m'en rendis compte, un K et un Y apparurent de part et d'autre du E, mais dans un style graphique différent.

Lenne Key. Lenne est la clé ? Ma basse est la clé ? De quelle porte ?



Fist a pris la suite de Fireal dans la catégorie "musique d'ambiance de la scène que je ne comprends pas".

Je me suis rappellé la voix devant le miroir. Ce miroir qui semblait parler à travers moi.

"Elle te cache quelque chose..."

C'était à propos de Solenne ?

Moi, je n'avais pas peur face à ces monstres, parce que j'avais cette espèce de pouvoir, mais elle ? Pourquoi elle a pas flippé, ou je sais pas moi !

Merde.

Le sentiment d'être passé à côté de beaucoup de choses très importantes m'envahit. C'était sacrément désagréable.

J'ai attrapé ma basse et j'ai fait le tour du bar. Rien d'extraordinaire.
Un comptoir, sans piliers, une rangée de tables, avec des chaises tout autour, et un escalier qui menait droit sur un mur.

C'est pas banal, ça.

L'escalier était branlant. J'avais peur qu'il s'effondre, mais bon, il était si petit que je risquais pas de me casser un ongle.

Le mur était étrangement doux. Par endroits, il semblait avoir un léger relief.

Ma main s'enflamma toute seule et les flammes coururent sur le mur, formant un "Stairway to Heaven" en lettres de feu.

La grande classe.


Du côté de la musique qui joue les fonds sonores, Fist s'était évanoui dans le vide pour laisser la place à une ritournelle obsédante, un truc que je n'avais jamais entendu nulle part. Si beau et si triste que je me disais qu'une mélodie pareille devait être l'oeuvre d'un dieu.

Et si ma métaphore se justifie, ça me donnera au moins une preuve de l'existence d'un dieu.

Le mur s'ouvrit en deux sur une salle rouge, avec un fauteuil noir au milieu, tourné dos à moi.
J'aurais juré que ce genre d'ambiance ne se trouvait que chez Lynch.

Je parcourais la pièce des yeux et quand je les reposai sur le fauteuil, il était maintenant d'un rouge très pur, très vif, au point que les murs de la pièce paraissaient presque ternes.

J'ai été pris d'une sensation de déjà-vu quand le fauteuil se retourna.

Il était dessus.

Lui.

Le type qui était entré je ne sais comment chez moi, le type qui me croisait dans la rue sous la forme d'un petit Noir, le type qui se transformait en ce qu'il voulait, le type qui m'avait parlé des strates et de la fin du monde, ce type, grand, avec son chapeau sur la tête.

Ce type stylé qui aurait plus sa place dans un manga ou un film pour ados.

- Salut.

- Je sais que je me répète à chaque fois qu'on se voit, mais... qu'est-ce qui se passe ?

- Bon, je te l'explique une dernière fois. Le monde tel que tu l'as connu, c'est terminé, fini, over. Tu pourras plus jamais passer des soirées agréables sur Internet, genre "main dans l'pantalon". Si c'est pas malheureux...

- C'est pas de ça que je parle, crétin.


[Oui, j'insulte un type qui fait bien deux têtes de plus que moi, et j'ai même pas peur. Je m'auto-étonne et je me comprends pas...]


- Alors de quoi tu parles ?

[Et il s'énerve même pas, le bougre... Mais qui c'est, ce type ?! ]

- Des espèces de monstres, dehors ! Des singes énormes ! Et puis... de ça !


Je me suis mis le feu pour voir sa réaction.


- Oh, intéressant... Les humains ont des pouvoirs... Voyez-vous ça !

- J'suis super content pour toi. Mais moi, tu vois, j'veux retrouver les autres et foutre le camp d'ici. J'en ai rien à battre de pouvoir faire des feux de joie sans allumettes, tout ce que je veux c'est me réveiller. Parce que c'est qu'un rêve, tout ça, et tu le sais aussi bien que moi.

- Si tu es vraiment persuadé que c'est un rêve, c'est que tu es très con. Et en même temps, tenir une réflexion pareille dans un rêve, c'est fort.

[C'est même très fort]

- Tu rêves pas, reprit-il, et tu le sais. Alors de deux choses l'une : Soit tu pars en courant et tu brûles tout sur ton passage avant de mourir d'épuisement, soit tu te calmes et tu m'écoutes.

[Réponse B Jean-Pierre. Ma respiration se calma lentement et le feu rentra à la maison.]


- Okaay, alooors... On va la faire simple. Le monde réel servait de support à toutes nos strates. Maintenant que ce monde n'existe plus, il retourne à son origine. Ici. Ce qui explique que ces deux mondes se ressemblent.

- Et l'espèce de souvenir ? C'était quoi ?

- La même chose. Mais n'oublie pas que ce qui se passe ici n'est pas si différent de ce qui se passait avant, dans le monde réel. D'ailleurs, c'est quoi cette expression, "monde réel" ? Ici, c'est tout aussi réel...

- Et le feu ? Y'a une explication ?

- Sûrement. Mais moi, je l'ai pas.

- Alors j'fais quoi, hein ? Monsieur Je-sais-tout-et-j'manipule-tout-l'monde? T'en as une idée ?

- Commence déjà par sortir d'ici. Et puis va chercher tes potes.


Il avait dit ça le plus calmement du monde.


- Enfin, je dis ça comme ça. Après tu fais ce que tu veux.


Il se fout de ma gueule, ce con.


- Et après, on fait quoi ? On emménage ici ? C'est tout vide, tu vois pas ?! Y'a rien ici.

- Pas vraiment. En fait, quelque chose a merdé par ici.

- D'où les monstres ?

- Voilà.

- Alors d'où ils viennent ?

- Je peux pas le dire.

- Si ! Dis-le moi !

- Non.

Il s'est levé et m'a toisé. La chaleur s'est à nouveau répandue en moi et les flammes sont revenues me taquiner les bras.

- Ecoute, mon pote. Y'a plein de choses à comprendre, ici. Alors prenez votre temps, mais faites-le.

- De qui tu parles ? Et qu'est-ce qu'on doit faire ? Pourquoi nous ?

- Tu poses trop de questions, Dannie.

Sans prévenir, il a sorti un bâton allongé et m'a frappé super fort.

- Hé, mais t'es taré ! Espèce de psycho, va !

- Siko, hein... C'est pas mal, comme nom.

Il m'a frappé à nouveau, en plein dans les côtes. J'ai entendu un bruit sourd en même temps que le feu gagnait tout mon corps.

- J'ai dit "psycho", espèce d'enflure !

Je me suis jeté sur lui et je lui ai carré un coup de basse dans la face. Une énorme traînée de feu a déchiré la pièce en deux.

- Je sais, mais "Siko", ça me plaît bien. J'ai pas de prénom, je te l'ai déjà dit.

Il n'avait pas accusé le coup plus que ça.

- Pourquoi tu m'as appelé "Dannie" ? Comment tu me connais ?

Pour toute réponse, il m'a remis un coup de bâton que j'ai plus ou moins paré avec ma basse. Bizarre qu'elle s'abîme pas...

On a commencé à se battre. Je ne saurais pas dire si je me battais plus contre lui ou contre les questions qui se posaient par dizaines, avec la délicatesse d'un éléphant bourré dans un champ de cannabis en feu.

Au bout d'un moment, mon souffle se raccourcit, et ma basse me semblait plus lourde. Siko, puisque c'est comme ça qu'il voulait qu'on l'appelle, Siko me balança un dernier coup de bâton qui me désarma et me cloua au mur, près des flammes qui commençaient à s'éteindre.

- Quand je suis venu te voir, chez toi, tu t'es pas demandé comment je te connaissais ? Comment je connaissais Solenne, aussi ? T'as pas percuté ?

Il avait la voix calme, il parlait d'un ton égal, cependant j'avais jamais ressenti autant de colère, de haine, de déception, de frustration dans une voix.

Le feu se calmait, mais ne s'éteignait pas pour autant.
J'ai rassemblé mes dernières forces pour le repousser et lui mettre une droite brûlante dans la mâchoire.

Son chapeau tomba par terre.


- Dan... si tu m'écoutes pas maintenant, tu vas m'obliger à être violent.


[C'est maintenant qu'il le dit ? Il y va pas à fond ou quoi ?]


- Ecouter quoi ? Tu t'amuses a parler par énigmes depuis le début, et tu veux que je t'écoute ? T'es complètement fou !

- Je ne peux pas te donner les réponses. Tout simplement parce que c'est à toi de les trouver. Y'a une raison qui fait que vous êtes ici. Y'a une raison qui fait que maintenant, les humains ont des pouvoirs. Y'a une raison qui fait...


Il toussa du sang et se courba légèrement.


- Y'a une raison qui fait que tout ça s'est passé comme ça et pas autrement. De toute façon ça serait arrivé d'une manière ou d'une autre.

Il sortit une flasque de sa poche et la but.

- Ecoute, Dannie. Quand tu vas sortir, y'aura sur une table des flasques comme ça. Prends-les avec toi.

Bizarrement, j'avais plus du tout envie de le tuer. C'est le feu qui fait ça ?

- Ok.

- Ensuite, tu vas monter l'escalier, et prendre la porte brillante. Enfin normalement y'en aura une brillante.

- Hé, c'est pas possible, on est dans la seule pièce...

- Discute pas ! J'ai plein d'autres trucs à faire, moi. Depuis ce bar, tu peux atteindre la plupart des strates. Sers-toi des portes, Dannie. Retrouve les autres et parle à Solenne. Elle sait beaucoup de choses.

Je pouvais plus parler. Comme dans le souvenir, un rush de mots me traversa la tête. J'arrivais même pas à penser, les idées venaient d'elles-mêmes et s'imposaient à moi. Comme si une partie inconsciente de mon être comprenait tout mais que tout m'échappait à moi, pauvre petit être conscient.

"Et il reste pédant, ayant la volonté, sans même être conscient qu'il n'a pas la raison"

" Et ils vécurent heureux .... sans même être conscient qu'il n'a pas la raison"

" Et il reste... heureux, et eurent beaucoup d'enfants"


J'avais une tornade dans la tête.
Une foutue tornade qui me traversait le cerveau.

Je ne voyais plus rien.

J'ai entendu une dernière fois la voix de Siko :

- La peur prend l'apparence qu'on lui donne...

J'ai fermé les yeux et enlevé mes lunettes qui me brûlaient le nez.

Ne plus penser avant de l'avoir retrouvée.
Ne pas me rallumer avant d'être dans ses bras.


Quand le mal de tête s'est dissipé, j'étais de nouveau dans le bar. Quelque chose avait changé, il paraissait plus accueillant.


Sa voix résonnait encore, comme si quelqu'un l'avait repiquée avec un delay de ouf.

- La peur prend l'apparence qu'on lui donne...
- ...rence qu'on lui donne...
- qu'on lui donne...
- qu'on lui donne...
- lui donne...
- lui donne...
- donne-lui donne...

Ma tête me faisait mal, et j'avais pas envie qu'elle se remette à bourdonner.
J'ai attrapé ma basse a deux mains et j'ai fracassé la table la plus proche.
Réflexe primaire ?

La voix s'est tue, en finissant cependant sur un drôle de bruit, le genre de bruit que fait un delay quand tu le passes à la machine à laver.


Un des pieds de la table brisée semblait pointer vers une autre table. Il y avait des flasques posées dessus. Je les ai prises et me suis dirigé vers l'escalier, surplombé d'une pancarte en or marquée "Heaven".


A l'étage, une rangée de porte numérotées m'attendaient.
La numéro 8 brillait d'une lumière incroyablement pure. Je me sentais diablement bien. J'ai ouvert la porte en pensant à Solenne et en taisant toutes les questions qui s'incrustaient au fond de moi.

De toute façon, si j'avais les réponses, elles me hanteraient encore plus.


La lumière était douce et chaude. J'ai souri en passant de l'autre côté. Je sentais qu'il n'y avait pas à avoir peur.


Encore que.


J'étais sur le campus, dans la brume.

Entouré par les mêmes singes que tout à l'heure.

J'ai sorti ma basse, comme un samouraï, mais en moins classe.

- Mademoiselle, il semble qu'on soit amenés à se côtoyer dans des circonstances plus qu'imprévues... Si on s'appellait par nos prénoms ?

Je suis un gros nul, mais je garde quand même un peu d'humour. Tout n'est pas perdu.











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