Dimanche 30 novembre 2008 à 19:38

Un chapitre complètement barré que voici. Je trouve. Je crois que ce truc ne peut être que l'oeuvre d'un esprit malin qui se serait glissé dans mon cerveau un jour férié pour s'amuser un peu et fuir la grisaille de son quotidien monotone.
Puisqu'il faut toujours blâmer quelqu'un, blâmez donc ma muse si a vous chante.
Parce que pour le coup, soit elle a pris des vacances sur un coup de tête (et quel coup de pute...) soit elle est carrément dans le coma, et là, c'est vous qui en subissez les conséquences, MALHEUREUX LECTEURS QUE VOUS ÊTES !!
HAHAHAHA !!! Je vais conquérir le monde tout seul avec ma verve pourrie et mon imagination frelatée !
Tremblez pauvres mortels.

Bon, blague à part, je change légèrement la forme du paratexte, pour une fois, mais, encore et toujours, je vous souhaite une bonne lecture.

Orjan, fatigué.

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Mes yeux se sont ouverts sur une porte blanche et noire. J'étais toujours dans la salle rouge. Une ritournelle de piano obsédante habitait maintenant la pièce. Sur la chaise était écrit «Please suicide here» en lettres de sang. J'ai gardé les yeux fixés dessus pendant quelques instants avant de comprendre un truc tout bête.



J'étais vivant.



Alors que j'étais supposé avoir une balle dans le cerveau, ce qui, normalement, aide tout être humain normalement constitué à ne plus se poser de questions.



J'étais censé être mort entre les murs de cette pièce inconnue.


Et pourtant, non.

 

Et l'inscription sur la chaise... ça veut dire que quelqu'un m'observe.

Quelqu'un qui saurait que j'étais là, tout seul, coincé dans cette pièce exigue, aux murs désespérément plats et sans le moindre interstice où on aurait pu loger ne serait-ce qu'un oeil.

 

Si je suis pas mort, ça veut dire que Dieu existe ?

Un dieu assez magnanime pour laisser la vie à un loser toutes catégories confondues dans mon genre.

Un dieu qui aurait fait apparaître une porte devant moi.

Noire et blanche.


Ca détonne sacrément du rouge, c'est clair.


J'ai frissonné. Il se faisait froid, et la musique ne me réchauffait pas, au contraire.

Je me suis retourné vers la chaise avant de partir. Il y avait un sweat noir dessus. Il n'y était évidemment pas tout à l'heure.

 

Le flingue était dans ma poche. Je ne l'avais pas remarqué, malgré son poids.

 

Je l'en ai sorti et l'ai laissé tomber par terre. Saloperie.

 


Un dessin tribal apparut sur la porte quand je l'ouvris. On aurait un truc maori ou amérindien.

 

J'étais dans la rue. Il y avait plein de gens. Tous avec de drôles d'airs sur le visage.

 

J'ai essayé de me fondre dans la masse pour aller quelque part. N'importe où.

 

J'étais pas rassuré, et en plus j'avais un foutu blues à cause de la musique qui avait accompagné mon réveil.

 


C'était une grande rue passante, avec plein de magasins de tous les côtés. Si je tournais la tête sur ma droite, jevoyais un clodo crever la dalle. Si je la tournais vers la gauche, je voyais la porte qui m'avait amené ici.

 

J'avais pas une thune, alors j'ai évité le clodo. Il m'a regardé d'un air apeuré. Il n'avait pas l'air de vouloir du fric. J'ai eu à nouveau cet étrange pressentiment. Comme si quelque chose de gigantesque se préparait.

 

Et avec tout ce qui s'était passé depuis la baston de fin de concert, je dois dire que j'étais pas trop étonné de la tournure que prenaient les évènements.


Je me suis remis à marcher. Et au bout d'un moment, j'ai remarqué qu'un truc clochait sévère.

Et que le clodo avait toutes les raisons d'avoir peur.


Les gens qui marchaient face à moi avaient un air plus que menaçant. Freddy Krueger et Pinehead pouvaient aller au vestiaire se déguiser en lampes à rayons UV pour ménagères postrockeuses. Ils avaient l'air franchement malsains, ces gens.

L'un d'eux m'adressa un sourire qui ne révéla que des canines.

Une femme enceinte ouvrit sa chemise pour me montrer son ventre ouvert en deux par des lèvres monstrueuses aux dents longues.

Un vieux avait une barbe de serpents.

Une jeune fille portait un sac de commissions d'où s'échappaient des tentacules humides. Elle avait un regard mêlé de désir et de honte.

Un môme d'une dizaine d'années sans sourcils me tira doucement le sweat. «Tu crois qu'elle a mal ? Ou plutôt qu'elle a peur ?»

 

Il était accompagné par son père, un petit homme dans un smoking noir, sans sourcils non plus.


Le môme reprit la parole :


- Mon père dit qu'il ne sait pas. Mais je n'ose pas lui demander, ça lui fera sans doute beaucoup de peine.

 

Inutile de vous préciser que j'étais terrifié. Sur une échelle de la flippe de 1 à 10, j'étais au moins à 142.


J'ai pris mes jambes à mon cou, et j'ai tracé vers la porte rouge et noire. J'ai attrapé le flingue en haletant. Ils allaient sûrement m'attendre pour me tuer. Je me demandais lequel de ces êtres déshumanisés allait m'attaquer en premier. Lequel allait me tuer. Et de quelle façon.

Je me suis passé la main sur le visage et les cheveux. J'étais en nage.


M'enfin je suis bien mort une fois, non ? Pourquoi pas deux ?


J'ai rassemblé le peu de courage que j'avais jamais eu pour ouvrir la porte.


Le clodo avait la même tête que tout à l'heure. Mais les gens étaient cette fois-ci tout à fait normaux. L'un deux adressait un sourire Aquafresh à une jeune fille qui faisait ses courses, une femme enceinte accompagnait son père à la barbe blanche, un homme d'affaires en smoking tenait son jeune fils par la main.


Rien d'anormal. Rien d'inhabituel.


J'ai caché le pistolet dans ma poche et j'ai essayé de marcher de la façon la plus naturelle possible.


La pluie s'est mise à tomber.

Et le cauchemar a recommencé.


Merde.


J'ai sorti le flingue de ma poche, et, sans réfléchir ni fléchir, j'ai tiré dans le tas.


La femme enceinte me parlait avec ses quatre lèvres en même temps. Elle saignait abondamment, mais semblait s'en foutre complètement. Elle disait qu'elle était pas encore tout à fait satisfaite, qu'il lui en fallait plus. De son ventre coulait un liquide poisseux qui n'avait rien à voir avec de la salive. Ou en tous cas, pas le genre de salive qu'on trouve dans une bouche.


Merde.


La fille aux commissions avait l'air du même avis. Elle en redemandait, avec le même air pervers et malsain.


Sur l'échelle de la flippe, j'étais à 278 sur 10. Je pleurais, et j'aurais prié n'importe quel Dieu de me sortir de là, de me dire que c'était qu'un rêve, qu'un cauchemar de plus.


J'ai vidé mon chargeur sur les déshumanisés. Le vieux est tombé le premier, et a disparu dans un nuage de poussière.

Putain mais c'est quoi ce délire ? Je tire pas sur des vrais gens, au moins ?


J'avais plus de balles. Si Dieu existe, il repassera. C'est l'heure de se débrouiller tout seul.

J'ai repoussé la femme enceinte à coups de pied dans les dents (du bas), et la fille aux commissions à coups de poings dans les dents (du haut).


Je me suis retourné vers le môme et son père. Ils avaient été balayés par le clodo au visage apeuré de tout à l'heure.

Si ça continue, plus rien ne va m'étonner.


Les choses se sont un peu calmées.


La fille aux commissions sortit son poulpe de son sac. Il grimpa sur ses épaules et lui étendit paresseusement ses tentacules sur la poitrine.



- Recule.


C'est le clodo qui avait parlé. Mais je connaissais sa voix depuis longtemps.

Deux boules noires entourées d'un halo flottaient dans ses mains. Il s'en est servi pour se débarrasser de ces monstres en forme d'humains. Une danse macabre en seulement deux mesures, aussi rapide qu'efficace.


J'étais hors d'haleine, les yeux humides et le cerveau dans tous ses états. Mais c'était fini maintenant.


- Hé, ça va ?


C'était lui.


Le mec étrange que je vois de temps en temps.

Celui que j'ai vu dans la rue, avant d'aller au Krakatoa, quand je me suis battu avec Baptiste et Fred.


Je ne sais pas qui est ce type. Il dit qu'il est sans cesse en train d'attendre son nom.

J'ai jamais trop su ce que ça voulait dire, mais pour lui, rien n'est plus important.

Il m'aide à comprendre, il est là quand j'ai besoin de lui, sans contrepartie.

Et c'est quelqu'un qui sait beaucoup de choses.




- Qu'est-ce que tu fous là ? Je croyais que tu pouvais pas...


Il m'attrapa par le col pour m'aider à me relever.



- Tu vois bien que si. Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être... En fait elles ne le sont pratiquement jamais. Mais il faut accepter les apparences pour les dépasser.


J'ai essayé de faire le tri dans mes pensées.

C'est pas facile.



- Je suis mort ?

- Tu vois bien que non.

- Et tout ce bordel, c'était quoi ?

- Une illusion. Ou plutot une diversion. Comme mettre un sens interdit sur une entrée, ou un masque sur un mannequin de vitrine. Aussi absurde que cela puisse paraître, beaucoup de choses sont ainsi faites. Et l'illusion n'est pas toujours là où l'on croit.

- Je comprends pas tout... Il s'est passé quoi, au concert ? C'était qui cette fille qui m'a amené dans le trou ?




J'étais partagé entre le sentiment de ne rien contrôler, l'énervement qui en découlait, la frustration de ne pas comprendre et une étrange impression de déjà-vu, comme si tout ça était en fait complètement logique.

 

- Je ne sais pas qui est cette fille. Par contre je sais que c'est la fin du monde.

- La fin du monde ? Alors pourquoi on est là ?
- C'est une réalité alternative. Tout le monde en a une. Tu peux voir ça comme un univers intérieur qui prendrait vie en lieu et place du monde réel qui n'existe plus.
- C'est une illusion ? Tout ça c'est qu'une illusion ?


Il sembla réfléchir. Ca lui arrive rarement.


- Non. L'illusion c'était juste les gens que tu as vus. Ces... monstres n'existent pas. Ils sont le fruit de ton imagination, et ce monde a le pouvoir de les matérialiser.

- C'est mes peurs ? C'est juste mes peurs ?


J'avais une voix de plus en plus tremblante. J'avais mal à la tête, et en même temps, je savais qu'il n'y avait pas d'issue de secours. Pas cette fois-ci.



- Si tu veux, c'est une bonne définition. Ce monde fonctionne comme une ville fantôme qu'on peut remplir de ses souvenirs, de ses rêves, ou de ses désirs.

- C'était plutôt un cauchemar, ça...


- C'est vrai. Mais il existe plusieurs réalités parallèles au sein de ce monde. C'est un peu compliqué, je t'expliquerai tout ça plus tard.


J'ai senti qu'il ne me disait pas tout. Mon cerveau était HS, mais j'avais la conviction qu'il me cachait quelque chose. Peut-être même qu'il me mentait.

En tous cas je suis encore plus parano depuis cette histoire de fin du monde. C'est pas étonnant, en même temps, mais bon...




- Et la salle rouge ? Là où je suis...mort...


- Elle fait partie des choses qu'on ne choisit pas. La fin du monde était dans l'ordre des choses, et quelqu'un t'a amené ici. Rien n'est hasard.

 

Je me sentais comme un pantin sans volonté, aux pensées saturées par le manque de réponses. Et le bougre se contredisait. Ou alors c'était moi qui n'arrivait plus à rien comprendre.


- Ca veut dire que le monde va toujours rester dans cet état ?

- Non (il parut à nouveau embarrassé). Ce monde vous appartient, désormais. La fin d'un cycle est forcément le début d'un autre. Et là, c'est à vous de changer les choses (Il sembla se ressaisir).


- Et qu'est-ce que je fais, moi, dans tout ça ? Et puis où sont les autres, d'abord ? Où est passé le reste du monde ?


J'avais un peu honte de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je me sentais égoïste.




- Ne t'en fais pas pour ça, tu le sauras bien assez tôt.

 

Il me sourit.


-  Viens avec moi.

 





     

Dimanche 30 novembre 2008 à 22:43

Un tout petit paratexte pour ce chapitre, j'ai peur de trop vous en révéler avant même que ça n'ait commencé.
Il est possible que j'ai laissé quelques incohérences, donc n'hésitez pas à me les faire remarquer.
Pour les critiques, lettres d'amour, menaces de mort etc, vous savez où ça se passe.

Lâchez un petit commentaire et hop ! C'est magnifique, c'est merveilleux, comme chez Nikos.

Bonne lecture les ptits lapinous !

Orjan, qui va se coucher.


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- Chérie, c'est décidé, j'tinvite chez Mc Gerbal...


...Ah ouais, c'est vrai, t'existes pas.



Salut toi. J'm'appelle Soda, et c'est moi qui vais raconter ce chapitre. Je sens qu'on va bien se marrer, tous les deux. Parce que quand on est dans une histoire de fin du monde, c'est un peu comme quand on se partage une fondue.
C'est convivial, ça rapproche les gens, mais on y voit pas grand-chose.
Alors pour que mon personnage ait une quelconque utilité, je vais vous expliquer quelques trucs. Et pour avoir un peu plus d'épaisseur, je vais me présenter : je m'appelle Soda, j'ai 207 ou 208 ans. Je sais jamais.


Face à ton air ahuri, je m'explique : Je ne bois que des boissons gazeuses, genre Coca ou Dr Pepper. D'où mon nom. En fait c'est mon surnom. Je sais jamais.


Ah oui, je suis un démon. C'est peut-être bon de le préciser (quoique, si tu as lu les premiers chapitres de Kepa, tu devrais déjà le savoir). Et celui qui prononce le nom d'un démon devient un démon à son tour. Et c'est très dangereux. C'est pourquoi j'ai décidé d'oublier le mien. De toute façon plus personne ne s'en souvient.


208 ans (ou 207) c'est encore jeune pour un démon. Je suis pas particulièrement sage ou expérimenté, comparé aux autres. Je passe le plus clair de mon temps ici, à Shell Haven, à analyser les destins et contrôler le cycle des âmes.


C'est mon rôle. Ensuite je fais des rapports à Karma, qui va décider d'envoyer des Banshees ou des Damantes, selon le cas. Ces races ont de grands pouvoirs, et elles servent à équilibrer l'univers, pour éviter qu'un jour tout se casse la gueule.


Comme mon travail est plutôt simple (hey, j'suis un démon baby, oublie pas !) , je peux me permettre de passer le moins clair de mon temps avec des succubes (des démones, baby !) ou, plus rarement, sur Terre.


J'y vais pour profiter des paysages et fuir un peu la routine du boulot. Mais je dois me déguiser en humain pour ça, et c'est plutôt embarrassant.


Donc là, j'étais au bureau, dans la tour de Karma, à Shell Haven, les deux pieds sur le bureau en train de rêvasser quand quelqu'un a frappé à ma porte.

 


C'était la première fois depuis des lustres.

 


Et ce fut Karma en personne qui entra.



- Salut, Soda. Ca va comme tu veux ?
- Ca pourrait être pire. Et toi ?

- J'ai des problèmes avec les maillons de ma chaîne.


Ah ouais. La chaîne de Karma.


Comme son nom l'indique, Karma est... ben... pas vraiment palpable. Sauf quand il le veut bien. C'est une entité multiplanaire, qui se matérialise dans la forme qu'il veut, quand il le veut, suivant un rituel bien précis : rester insaisissable, frapper au bon endroit quand on ne s'y attend pas, et surtout, conserver l'ordre des choses.


Il représente plus ou moins la même chose que le Cosmos pour les Grecs et Dieu pour les catholiques.


Karma est une sorte d'immense network énergétique qui circule entre les gens, les choses, les idées, les faits. Les athées l'appellent Destin.


Et ici, à Shell Haven, dans un plan supérieur à celui de la Terre, Karma ressemble à un homme comme les autres. Ou alors à une femme. Ca dépend des jours.


Pour quelqu'un qui est habitué à tout ça, c'est franchement bizarre qu'il y ait un soucis dans un truc si bien rôdé. C'est même presqu'impossible.


Karma lut mes pensées à travers mes yeux écarquillés.



- Impossible is nothing...

- Même quand on s'appelle Karma ?
- Justement, c'est à ça que je sers.
- Alors tu vas faire quoi ?
- D'abord, je vais t'expliquer ce qui cloche.
- OK.
- Cela fait maintenant 10 ans qu'un esprit inconnu vit sur Terre. Tu vois de qui je parle ?
- Ouais, Sébastien Andero, hein ?
- Effectivement, c'est lui qui l'a créé.

- Mais ça, on le savait déjà depuis longtemps. Pourquoi t'es venu me voir alors ?

- Parce que c'est normalement impossible qu'un humain créé un esprit. Surtout de cette envergure. Et que, fatalement, cet esprit va tenter de prendre possession de son corps.

- Mais on sait pas ce que c'est comme esprit ! C'est super dangereux d'intervenir maintenant !

- Justement. C'est peut-être un démon incorporel. Il suffit qu'il obtienne un corps pour que la Terre devienne une usine à cauchemars.

- Alors on fait quoi ?

- Moi je parle, et toi tu m'écoutes. Apprends la patience, Soda.


Je me suis tu. Ca me faisait bizarre dans le ventre. Comme si j'allais aller sur Terre pour autre chose que ses déserts arides, ses forêts luxuriantes et ses sommets enneigés. Devinant mon inquiétude, Karma a repris la parole.



- Il y a encore autre chose. Tu m'as rapporté récemment que la Terre allait droit dans le mur.
- C'est vrai.

- Pollution, crises économiques, guerres... Si la Terre disparaît, on va perdre un plan entier.


Un plan est un ensemble de strates et de destins liés. Théoriquement, il est possible de visiter l'ensemble des strates d'un même plan, à condition d'être suffisament fort mentalement pour ne pas s'y auto-emprisonner. C'est pour éviter cela que seuls quelques rares humains ont le pouvoir d'ouvrir ces portes.

 

- Et là, c'est le drame.

- J'dirais même que c'est la merde. Si on ne fait rien, on va avoir droit à la fin du monde.

 

Karma qui parle de fin du monde. Collector. Le genre de truc qu'il faudrait filmer et revendre au plus offrant.

 

- Tout ça à cause d'un fantôme ?

- Exactement.

 

 

J'ai réfléchi. J'en ai pas vraiment l'habitude. Le cerveau d'un démon fonctionne assez différement de celui des humains. Donc on peut pas dire que mon boulot d'analyste me demande trop de prises de tête. Je dois même être plutôt con par rapport à la moyenne. Faudra que je me renseigne.



- Et si on débridait les humains ?

 

Ca fait aussi partie de mon boulot. Recenser les débridés. Des humains qui ont dépassé leur condition pour ouvrir des espèces de portes vers les strates. Ca paraît dingue, mais il se produit un truc analogue quand une personne dans le coma a une EMI. L'espèce de tunnel avec la lumière au bout et les p'tits éléphants qui shaggent gaiment, c'est une porte, si on veut. Bon, sans les éléphants, mais l'idée est là.

Et donc, si on débride les humains, ils vont aussi se mettre à développer des pouvoirs en rapport avec leur personnalité.

 

- C'est pas une mauvaise idée. Une autre ?

-  Les gardiens ?
- Bien !

 

 

Désolé, les discussions à Shell Haven c'est spécial. Desfois on peut pas tout comprendre.

 

Pour faire simple, tout le monde sur Terre a un pouvoir bridé par nos soins, à cause de la fâcheuse tendance des humains à l'insatisfaction permanente. Des qu'ils goûtent au pouvoir, c'est fini, ils en veulent toujours plus, et ils meurent malheureux. Et beaucoup d'autres humains meurent malheureux par la faute d'un seul d'entre eux.

 

C'est tragique.

 

 

On a pris une deuxième mesure au cas où. Les gardiens. Le genre de personne qui vous guide et vous rend espoir quand tout va mal. C'est aussi le genre de personne qui va à chaque fois éviter le pire, sauver les meubles, récupérer le chat dans l'arbre, éviter une troisième guerre mondiale, etc.



- Mais y'a un problème...

 

 

Les gardiens sont des bridés comme les autres. Sauf que leurs pouvoirs sont suffisament grands pour transparaître malgré la bride. Mais c'est rien d'extraordinaire, en apparence.



- Je suis con, bordel ! J'te parle de débrider les humains et toi tu me dis que c'est une bonne idée !

- Il est important d'aller au bout de ses idées, fils. [oui, ça lui arrive de m'appeller fils.] Et la tienne n'est pas encore allée au bout de son chemin.

 

 

Quand je te disais que j'étais con...

 

- Si on fait ça, ils vont détruire tous seuls leur propre monde ! On peut pas les laisser faire ça !
- Alors faisons-le à leur place. Comme ça nous détruirons ce qui doit être détruit, et nous conserverons ce qui doit être conservé.
- T'es dingue ? Ca va être un bordel sans nom !
- Peut-être mais ça va arranger les choses. En traversant les strates, les gens arrêteront de s'ignorer. Et ils prendront aussi conscience de beaucoup d'autres choses. Ils apprendront à se connaître, et à connaître les autres, aussi.

 

 

J'aime pas quand il fait ça. Expliquer la même chose de plusieurs façons différentes.

 

- C'était dans le plan ?

- Je ne peux pas te répondre. Disons que maintenant ça l'est.

 

Le plan, c'est en quelque sorte le destin. Mais ici point de fatalité. Juste une certaine liberté.

- Soda, je veux que tu partes en mission sur Terre.

- Je peux refuser ?

- Tu peux. Mais tu iras de toute façon, tôt ou tard. Car bientôt le monde réel et Shell Haven ne feront plus qu'un. Et tu ne voudrais pas rater un bon concert, hein ?

 

 

 

 

 

 

Vendredi 30 janvier 2009 à 16:06

 

Dans lequel le retour du narrateur prend du retard.

Dans lequel l'auteur prend de la hauteur pour vous donner de nouveaux éléments. Les pièces du puzzle s'assemblent progressivement d'elles-mêmes, tandis que d'autres questions se posent comme un A320 sans aile droite piloté par Ben Laden.

 

Pas mal de symboles dans ce chapitre, une fois de plus. En fait je doute que ça soit utile de mentionner à chaque fois que je m'éclate à glisser du sens partout où je peux.

Ça doit vraiment être jouissif d'être Dieu, en fait. Si ça se trouve on en fait tous partie, d'ailleurs...

 

Je me suis pas trop pris la tête pour ce chapitre, en définitive. J'ai pas mal d'idées en tête depuis le début de SIKO, et je dois avouer que ça m'étonne parfois de trouver complètement logique un chapitre qui m'a paru terriblement incompréhensible à l'écriture.


Il s'en passe des choses dans l'envers du décor...





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Je savais que ça se passerait comme ça. Depuis le début. Mais j'ai pas eu le courage de le voir venir. J'aurais voulu que les choses ne changent jamais.


Notre vie était un fleuve tranquille qu'on traversait en optimist. C'est con à dire, mais il est tout ce dont j'avais rêvé sans vraiment oser y croire. Et comme à chaque fois qu'on se retrouve dans une situation trop parfaite pour qu'on puisse la mériter, on se dit qu'il faut garder les choses en l'état. Qu'une pierre de trop sur l'édifice pourrait le faire s'écrouler.


 

J'avais peur de moi. De ce que je voyais depuis toute môme, et que je m'étais tout particulièrement appliquée à oublier.


 

J'aurais dû essayer de le lui dire en quelques mots, au moins lui expliquer les grandes lignes de la trame, avec deux tonnes de métaphores et des pots entiers de subtilité, sans oublier une dose d'espoir à rendre heureux Marilyn Manson pour qu'il percute à temps.


En admettant qu'il me croie, bien sûr. Et qu'il comprenne.


Le peu que j'aurais pu lui dire n'aurait bien sûr été qu'une ridicule partie de tout ce qu'il aurait dû savoir avant d'être embarqué de force par les rouages de la machine.


Je me sentais comme une actrice qui s'apprête à tourner un film en étant la seule à avoir lu le scénario, et qui n'a même pas eu le temps d'apprendre son rôle.




Avant de mourir, ma mère m'a confié que des choses étranges risquaient de se passer, mais qu'il ne faudrait pas avoir peur. J'étais qu'une gamine, je croyais qu'elle parlait de la vie qui m'attendait sans elle, de la douleur qu'on ressent quand on perd un être cher, du vide irremplaçable qui s'impose à l'existence de celui qui reste.


 

Les choses sont pas aussi simples.

Loin de là.


 

Elle savait que ce monde touchait bientôt à sa fin. Qu'on allait bientôt devoir se battre pour tout refaire. Comme Nietzsche qui joue au docteur avec son marteau. Comme Kepa qui déchire son scénario pour mieux le refaire, comme avec Crave quand on reconstruit une chanson de A à Z. Comme un phénix qui renaît de ses cendres.


 

Vu que j'étais trop jeune pour y comprendre quoi que ce soit, ma mère a écrit tout ce qu'elle savait dans un livre que mon père m'a remis le lendemain de mon 18ème anniversaire.


 

La préface m'a bloquée pendant plusieurs jours. C'est toujours impressionnant de lire une carte d'anniversaire post mortem.


Elle disait qu'elle était désolée de devoir partir si tôt, que c'était injuste, mais qu'elle l'acceptait.


Moi je pouvais pas.


Bordel, un cancer alors qu'elle fumait pas, qu'elle buvait pas, qu'elle était sportive et tout, ça pue le trucage, merde !


Dix ans après sa mort, le passé ressurgissait avec sa délicatesse habituelle.


Dans son livre, maman me racontait sa vie. Elle me disait qu'on avait chacun un rôle à jouer, et que le sien était de connecter les mondes entre eux. Elle disait que des gens comme ça existaient depuis toujours, dans toutes les sociétés.


«Tout n'est qu'une seule chose, c'est pour cela que tout est lié.»

J'avais du mal à comprendre.


 

Elle disait aussi qu'elle avait commencé à voir les âmes des gens vers seize ans, et les esprits deux ans plus tard. Elle n'avait jamais cessé d'évoluer dans ce rôle. Elle parlait d'une spirale en forme de 8, semblable aux brins d'ADN. C'est le symbole de la vie, de l'harmonie, de la continuité, du grand tout karmique et de quasiment tout ce que tu veux, même du pot-au-feu.


[Ouais, je me fends d'une vanne pourrie et d'une preuve que le monsieur qui partage ma vie a une mauvaise influence sur moi. L'humour est un bon moyen de faire semblant que tout va bien. Et là, tout de suite, maintenant, je me sens prête à faire la guerre des nerfs. Et je m'en veux comme t'as pas idée.]


Au début, c'est-à-dire pendant six bons mois, je n'y croyais absolument pas.

J'en voulais à la terre entière. Je me disais que maman s'était sans doute laissée embrigader dans une secte ou une connerie du genre, mise à fréquenter un shaman mexicain ou une pseudo-voyante qui lui donnait de faux souvenirs. J'en voulais à mon père d'avoir fait ressurgir le passé, d'avoir laissé ma mère faire n'importe quoi, d'avoir été aveugle.

 


Pour le coup, c'était moi qui était aveuglée.


Eyes wide shut, j'ai hurlé sur mon père, je me suis comportée comme la pire des gamines de 12 ans à qui on annonce qu'elle n'ira pas à Eurodisney cette année, sauf que j'ose croire que mon motif était autrement plus juste, d'autant que mon père n'a jamais protesté, élevé la voix ou quoi que ce soit.


Comme s'il savait ou comprenait.


Ça devait être le côté psy. Ou simplement le côté papa qui aime toujours sa femme et respecte sa mémoire.

 


Et puis les bras du monde m'ont rattrapée.

 


You can run but you can't hide. Cause it all come together.

 


J'étais à bout de souffle, usée par 6 mois de cette fuite excessive, quand je suis rentrée dans l'autre monde pour la première fois.


 

Au fond de ma chambre, malgré les larmes qui me brouillaient la vue, toutes les couleurs paraissaient beaucoup plus vivantes. Je voyais des ondes s'échapper de moi de temps à autre. Si je me concentrais un peu, je les voyais plus distinctement, et en permanence. Je sentais une chaleur douce et apaisante dans mon ventre. C'était agréable.


Je me suis rappelée de ce que disait Kepa au prof de philo, à propos de Socrate ou Platon, je sais plus : «Si le monde des idées est un monde parfait, et le nôtre une simple copie imparfaite de ce monde, pourquoi on n'y a pas accès ?»


Le prof avait répondu qu'il pouvait y avoir plusieurs raisons : La première, c'est que ce monde des idées n'existerait pas. La deuxième, ce serait que notre condition d'humains ne nous permettrait pas de nous sublimer suffisamment pour y avoir accès. La troisième dirait que ce monde est immatériel, donc que notre monde matériel n'est qu'une illusion. Si l'illusion n'est qu'une image déformée du réel, il faut la dépasser pour atteindre le réel.

 


 

Je le comprenais pas, mais je le sentais au fond de moi. Comme si mon âme connaissait des choses qui échappaient à mon petit cerveau.

Comme si au fond de moi se trouvait la réponse à la fois la plus simple et la plus complexe qui soit.


Maman avait raison. Son rôle était de lier ce monde parfait au nôtre.

Son rôle... et le mien aussi, apparemment.


Elle avait parlé de Shell Haven, aussi. Elle ne savait pas si c'était le nom du monde ou plus simplement celui de son administration.


 

La chaleur de mon ventre augmentait. C'était de plus en plus agréable, mais j'avais de nouveau envie de pleurer. Je sentais les larmes monter, lentement, de mon ventre jusqu'à ma poitrine, de ma poitrine jusqu'à ma gorge, de ma gorge jusqu'à mes lèvres...


Mais non, pas la moindre larme, pas d'éclat de tristesse en condensé lacrymal; mais un gigantesque éclat de rire, une explosion de joie pure, le plus beau sentiment de plénitude que l'on puisse imaginer, le plaisir de tout comprendre, d'en être sûr, et de pouvoir profiter de la suite des évènements en connaissance de cause.


Mais les choses sont pas aussi simples.


 

L'euphorie est retombée, les doutes ont recommencé à s'installer et le monde réel m'a retrouvée.


La vie a repris son cours. Et j'ai fini par le rencontrer.

Par hasard, par nécessité, par concours de circonstances, parce qu'il ne pouvait en être autrement, ou tout simplement pour une raison que j'ignore, et qui doit dépendre de Mr Dieu, s'il existe.


Ou peut-être pour tout ça à la fois.

 

Au théâtre, on appelle ça un Deus Ex Machina.


Il connaissait mon frère et batteur, Seb, ainsi que mon guitariste, Pierrot.

Drôles de coïncidences, on avait justement besoin d'un bassiste et il était l'outsider bienvenu.

Et moi aussi j'avais besoin de lui.

J'ai pas pensé à la fin du monde quand on a commencé à sortir ensemble.

J'ai pas pensé que je risquais de l'embarquer lui aussi.


Enfin, c'est surtout que je ne voulais pas y penser.


De la pure mauvaise foi. Dans le sens sartrien aussi. J'ai joué volontairement le rôle de la fille naïve et sympa, simple et un peu coquine, et ça m'a collé à la peau suffisamment longtemps pour pouvoir profiter de ces deux années de bonheur avec lui.


Et quelque part, tant mieux.


Il fait plutôt chaud, ici. Je me sentirai sûrement mieux en enlevant ce costume de jeune fille ridicule et ce masque forgé dans des non-dits en forme d'habitudes.

 


 

Je lui ai gribouillé un sms. «Pardonne-moi. Je t'aime.»

Même dans les teen movies sirupeux pour minettes prépubères fingerstylées on atteint pas un tel niveau de mièvrerie. Je suis même à peu près sûre que Winnie l'Ourson envoie davantage. Ouais bon là j'y vais quand même fort.

Mais ce sms est ce que j'ai de plus sincère à lui dire.


Je me demande comment il va réagir. J'espère qu'on capte, par ici...


Bon.

«Grand huit», comme dirait ma mère. «Pas d'inquiétude. Y'a pas de hasard, y'a pas de lézard et si c'est le bon, il comprendra. Quand ça va pas, pense Grand huit»


Comme si elle savait.

Même morte, ma mère fait toujours le lien entre les mondes. Et elle n'est pas la seule. C'est peut-être de famille ?

 


J'étais dans une ruelle, pas loin de Prima Cordes. Notre première rencontre... J'ai frissonné à cette pensée.

 

J'ai approché ma main de la poignée.

 

Clac. Naaaaaaaaan....


La boutique était fermée. Personne à l'intérieur. J'ai rebroussé chemin et j'ai croisé mon reflet dans un miroir.


Pierrot dit que le temps moyen passé par une fille devant un miroir est d'environ 78 minutes. Le temps de se trouver belle, moche, puis belle, puis moche et ainsi de suite, avant de courir vers la cuisine parce qu'il faut bien se nourrir, et que de toute façon c'est l'heure de Dr House sur la Une.


Je sais pas si je rentre dans cet axiome stupide, mais là, je suis restée scotchée au miroir.


L'espace d'une seconde, un autre visage dans le miroir. Une fille. Des yeux bleus. Un visage large et des boucles blondes un peu délavées.


Ça m'a troublée. J'ai remarqué la brume. Si j'en crois le bouquin de maman, dur à avaler mais apparemment important, je suis dans l'entremonde.


Ça me rappelle des souvenirs, ça... J'aurais peut-être pas dû squatter autant les jeux vidéo de mon Danou.


J'espère qu'il aura le temps de comprendre avant que je le retrouve.


Bon, normalement le passage est par ici.


J'ai fait le tour de la rue, mais rien d'inhabituel. Pas de singe ou d'écorché, pas le moindre zombie en faction pour me souhaiter la bienvenue, rien !


Lui, il arrive dans ce bordel même pas briefé et pourtant il a droit à la totale. Pyrotechnie, basse pas cassable, comité d'accueil à base de singes d'origine belge; et moi qui suis la seule à connaître un peu le scénar, je me retrouve dans une rue sombre, brumeuse et mal éclairée, sans guitare et face à un miroir à la con.

Je suis pas jalouse, non, je suis pas jalouse. Mais ça fait chier, merde !


 

Le miroir détonne un peu du décor. Il brillerait presque. Je sors Dan de mes pensées et je passe la main dessus.


Enfin dedans. C'est chaud à l'intérieur.


C'est du vide mais c'est chaud.


J'enfonce mon bras de façon à pouvoir atteindre la porte du musicshop, sans penser aux idées graveuleuses qui ont traversé la tête du scénariste quand il a décidé de ce détail.


Clic. C'est ouvert. Youpi !


Une bonne odeur de cèdre me souhaite la bienvenue. Une guitare fraîchement réparée est encore posée sur l'atelier, à côté de la caisse.

Il fait encore plus chaud dans le magasin. Stratégie marketing du patron ? Négligence légendaire de Gaspard ?


Maman parlait de portails et d'artéfacts (ouais, depuis le temps, je l'ai presque appris par coeur, le bouquin.)


Alors, normalement, le portail c'est le miroir, et il doit y avoir un artéfact pas loin. Ainsi qu'un autre portail.


Chaque chose en son temps. Une petite visite du nouveau Prima s'impose.


Les amplis, guitares et basses sont ternes comme après l'orage. Cette réalité altérée est drôlement bizarre. C'est du faux, c'est sûr, mais plus vrai que vrai.


Comme un studio. On a eu la chance de tourner un film dans ces circonstances, une fois. C'était sacrément impressionnant, je dois dire. Dès que tu poses un pied sur le plateau, tu changes de réalité. Alors qu'en fait rien ne change à part le point de vue imposé, le personnage joué et la façon de tourner.


Wah, ma tête se fait lourde... Et j'ai le cou qui brûle.

J'ai enlevé mon collier et l'ai rangé dans ma poche. Par contre j'ai pas d'aspirine.

J'ai même rien d'autre que ma tenue de scène. Je vais me retrouver dans le plus gros foutoir de l'univers, mais j'aurai quand même la classe !


Su-per.

 


Hé, c'est quoi ce truc ? Derrière le mur d'amplis ?


Une grosse boîte noire... Ça ressemble à un distributeur de capotes des années 40. Avec un peu d'imagination, ce serait la boîte noire d'un avion de l'après-guerre.


[Une aspirine, par pitié. Mes blagues m'enterrent...]


Bon, la mallette de mafieux accrochée au mur porte un petit mot.






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Bonsoir et bienvenue à vous, Mlle Carpentras. Vous avez trouvé facilement ?


(Non, pas trop, espèce de tétrapode schizoïde. La prochaine fois je veux un meilleur plan.)


Remarquez, vous ne pouviez pas vous tromper, c'était évident. La preuve, c'est que vous avez réussi à être là.


(Et je me passerais bien volontiers de tes phrases qui laissent entendre que tout est écrit d'avance. Parce que si je veux, ta feuille j'en fais des petites coupures, Don Corleone !)


J'espère que le changement de strate ne vous a pas trop perturbée.


(Non, ça va bien merci. J'ai juste une chance sur trois millions et demi que mon petit ami comprenne ce qui se passe et une sur 6 x 10^78 qu'il ne me largue pas. Et j'ai un mal de chat à me retrouver. Et je me force à penser à ce que disait ma maman à propos du 8.)


En tant que gardienne, votre première épreuve se trouve devant vous, dans cette boîte.


(Ah bah me v'là bien. Maman avait encore raison. J'ai pas droit à un badge pour avoir des réductions au mc do et au ciné, en plus ?)


Pour être plus clair, votre première épreuve EST cette boîte.


( What... the... fuck... ?)


Afin de vous aider, je vous confie une parole de sagesse : «Toute vérité vient du coeur»

Bonne chance mademoiselle !


(Au moins c'est pas un mufle. Merci !)




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Bon, on met le portail et l'artéfact de côté pour le moment. Et on se prend la tête pour comprendre un petit peu mieux le truc.


Alooors... Voyons voir...


Le bloc noir ressemble à une grosse mallette particulièrement épaisse avec un petit interstice au milieu.


Le premier qui parle de symbole vaginal, je lui passe mes nerfs dessus.


Le deuxième qui parle de problème de féminité, je lui brosse les dents avec un tractopelle.


Et à celui qui me fait remarquer mon manque d'humour, je lui dit qu'il a bien raison et qu'il a sûrement beaucoup mieux à faire de son temps que de lire ça.


 

Bon, faut trouver la clé. L'interstice a une forme un peu ronde... Peut-être une clé de piezzo ?


Razzia dans la remise de Prima. Je connais bien cet endroit. Je prend une clé de guitare et une de basse, on verra bien.


Aucune des deux ne rentre. Meeerde c'est pas ça. Bon tant pis j'essaie autre chose.


Hum... Réfléchissons...


Un jack, peut-être ?


Vandalisme dans les présentoirs.


Ça ne rentre pas non plus. Raaaah...


J'ai essayé, encore et encore. Jamais rien. Toujours rien.

Je me suis usé les nerfs pendant un moment qui m'a paru interminable. Ma tête me trahit, me met devant des faits accomplis, j'aimerais lui dire de se taire mais je peux pas. J'ai un foutu mal de crâne à force de penser et j'arrive à peine à comprendre l'énigme.


Bon.


Relecture du mot. Hey, Dan m'a toujours pas répondu. Mon coeur se retourne dans ma poitrine. Relecture du mot, donc, disais-je.


«Toute vérité vient du coeur.»

 

C'est joli... c'est une bonne raison de penser autrement, ça.


La Solenne Carpentras est parfois capable de se comporter comme une imbécile idiote de compétition. Cependant elle compense cette stupidité par... euh... par quoi ?


Quelqu'un sait ?


Personne ? Dommage.


J'avais la réponse sous les yeux et dans ma poche, quelle conne !


Quelle conne !


Le collier dans ma poche, c'est un cadeau de mon andouille d'amour.

Ma main au feu que c'est ça.


Bon, pour l'instant, c'est plutôt ma main à la poche.

Je l'approche de la boîte, et là, le phénomène irrationnel de base intervient.


J'ai pas arrêté d'essayer d'ouvrir ce truc, avec tout et n'importe quoi. J'ai même essayé en lui demandant gentiment. Rien à faire. Les boîtes noires avec des mots bizarres dessus sont trop méchantes avec moi.

J'ai essayé sans cesse et pourtant, là, je flippe.

Et j'hésite.

Pas seulement parce que je me dis que ce n'est peut-être pas la bonne clé. Je pourrais toujours chercher ailleurs après, le magasin est plein de surprises.


Il y a autre chose, un truc plus profond. Je ne sais pas pour les autres, mais en ce qui me concerne, j'ai toujours eu du mal à aller au bout des choses. A me dépasser. A faire le pas décisif. La coup d'éclat. Le truc qui change les choses. Transformer l'inconnu en réel.


J'ai peur.


Peur de gagner.


C'est absurde, hein ? Pourtant c'est comme ça. Ce n'est qu'une peur de l'échec déguisée.


J'ai pris mon temps, ma respiration, et mon courage à deux mains.

J'ai posé le pendentif sur le trou au milieu de la boîte.


Clic, déclic, reclic.


Yoooouuuhooooouuuu ! Hallelujah j'ai réussi !


La boîte s'est ouverte et le pendentif s'est retrouvé pile en face de moi. Je l'ai pris, posé mes lèvres dessus comme une enfant et j'ai vu de la lumière.


Une belle petite boule de lumière.


Ma victoire a été saluée par l'arrivée d'une jolie petite mélodie motivante et bien rythmée comme il faut. Yeah !


Mais d'où elle sort au fait ?


Pffffuuuit, un autre petit mot me tombe dessus.


«Parfois l'évidence se cache, parfois on la cache nous-mêmes.»


Merci de me rappeler que j'ai menti à l'homme de ma vie, ça fait chaud au coeur.

Enfin... homme de ma vie ou pas, je finirai bien par le savoir. En attendant une chose est sûre...



- Si je trouve le crétin qui se cache dans le décor pour m'envoyer ses messages pseudo-philosophiques, je lui fais un troisième oeil avec une seule main !



- Un troisième oeil, bonne idée, trèès bonne idée !!



- AAAAAHHHH !!!!

 

Il y avait un type en face de moi. Ne me demande pas d'où il est sorti, mais il était là.

Même en étant prévenue de beaucoup de choses, cette situation a le don de me mettre dans tous mes états.


Il était beau, stylé, avec un chapeau noir et un regard amusé. Il portait un long manteau noir, qui était sans doute une des séquelles d'une éducation basée sur les mangas et les films pour ados.


- Maist'esquitoi ?


- Toutes mes excuses, mademoiselle, loin de moi l'idée de vous importuner. Il s'avère que je n'ai en toute honnêteté aucune idée de la provenance des messages dont vous parlez, cependant je puis vous assurer d'une chose... - Il attrapa une guitare (Une SG. Beurk.) et fit un Do septième- Aussi sûr que ceci est un Do, désormais vous pouvez m'appeller Siko.


J'ai frissonné et je me suis sentie mal. C'est sûr qu'un plagiat grossier de V pour Vendetta dans un magasin de musique après une prise de tête dantesque, c'est moyen.



- Dans cette histoire point de bien point de mal. Je suis ici et c'est ainsi.


- T'as pas trouvé mieux comme phrase d'intro ?


- J'ai rien trouvé de moins vrai, je vous le confesse.

 

Super. La situation pourrait pas être plus invraisemblable. Même avec une rangée de kangourous-garous au garde à vous en train de chanter Happy Together avec une main sur le coeur. Tout à fait.



- Bon... Siko, c'est ça ?

 

Il a fait une petite révérence. C'était mignon.



- D'où tu viens ?

 

Allez, ça y est, on la joue vaguement Men In Black.



- De l'autre monde. Ce que vous appelez l'au-delà. Je suis un esprit qui ne peut prendre de forme physique qu'ici, dans l'entremonde. Et je suis là pour vous aider.


Dans un sursaut de sympathie, j'ai pensé à une vanne que Danou aurait forcément sorti s'il avait été à ma place. Un truc du genre «Ouais, t'es dans l'humanitaire, en fait. Je suis sûr que t'es tellement cool que t'as enregistré tous les épisodes de Heroes et de How I Met Your Mother sur DVD et que tu voudras à tout prix me les prêter pour la semaine si je te payais un café.»


Méfiance. Réflexe. Un pas en arrière, une question.




- Tu sais quelque chose sur les gardiens ?

 

Il a changé d'expression.



- Je suis désolé, là dessus je ne peux pas vous aider. Peut-être pour autre chose ?


- Non, ça va merci. Ça fait bizarre de parler à un esprit.

- Votre ami Sébastien s'y est habitué très vite, pourtant.

- Sébastien ? Tu le connais ?

- Oui. C'est grâce à lui que je suis là. Je connais aussi un peu Dannie.


J'avais l'impression de voir un grand frère. Je n'en ai jamais eu, à part Sébastien, peut-être, mais c'était différent.

 

Il a eu un regard grave. Plus d'allitérations alternatives à la sonorité assonancée des mots pour cacher la vérité. Il avait presque l'air humain.

 

- Tu savais que ça allait se produire depuis longtemps ? m'a-t-il demandé.


- Oui.


- Tu lui as menti ?


- Oui.


- Ou plutôt tu n'as pas pris le risque de lui dire. C'était prudent, mais ça complique quelque peu les choses. Tu connais l'histoire du 8 ?


- J'hallucine, vous parlez tous le même langage...



- C'est difficile, je sais... Mais tout se rejoint, tôt ou tard. L'épreuve du feu fait la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Elle consume le cuivre mais conserve l'or.


Il parlait un peu comme l'Alchimiste. J'ai piqué le bouquin à Danou au début de notre relation, et j'ai toujours pas fini d'en tirer des enseignements. Je te conseille de le lire, c'est édifiant.


Siko m'a regardé avec un sourire gentil et bienveillant.


-  T'as de l'espoir ?


-   Toujours sur moi.


- Tu as fait une erreur. Le pire serait qu'elle ne te serve pas.

 

 

 

Je m'appelle Solenne Carpentras et je vis la fin du monde. Je suis même pas sûre d'être bien consciente de ce qui se passe autour de moi. Je sais même pas comment je suis censée réagir.

Je suis complètement perdue. Au propre comme au figuré.




Vendredi 12 juin 2009 à 0:31

Bon, voilà, c'est terminé, le chapitre 19 est en ligne. Il a été long à sortir (entre le moment où j'ai réunies les premières idées et le moment où j'ai commencé la rédaction, il s'est passé 6 bons mois). La faute à qui ? Une vie bien remplie, une basse capricieuse, un ampli enclin aux explosions soudaines (RIP les voisins...) et l'ironie du sort sont de bons coupables. Et puis bon, c'est toujours plaisant de vous entendre dire/voir écrire/me faire réveiller à 2h de la nuit par un coup de fil à base de "la chuiiiiiteee".

Même si j'ai pas non plus récolté des records de visites ou de commentaires, mais ça, ça dépend de vous. Donc, encore une fois, si vous aimez, faites tourner l'adresse autour de vous ! Y'a de la place pour tout le monde ici. Et si vous n'aimez pas, les commentaires sont là pour vous exprimer et dire ce qui ne va pas.

Maintenant que j'ai bien radoté comme un vieux que je suis, en route pour le chapitre 19 !


Dans lequel il y a un frigo (pour sauver le monde) avec un grizzli à l'intérieur (pour m'assurer d'une base solide de commentaires), mais pas John Travolta (problèmes d'agenda, tout ça tout ça...)


Attention : Ce chapitre est gros et long. Ne pas utiliser chez la femme enceinte. Made in Sweden.


Nous rappellons à nos aimables lecteurs que les points de vue présentés dans SIKO ne reflètent pas forcément les idées de son auteur.

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        Le portail était en fait la porte du débarras du magasin. Siko m'a ouvert la porte et m'a laissée passer devant lui. Il ne disait rien, ça changeait. La pièce était étrangement vide, et un des murs était translucide.



- C'est par là ?

- Ouais.



        Mon coeur s'est mis à battre un rythme rapide et régulier. J'aurais juré entendre une musique calée dessus, qui prenait de l'importance à mesure que je m'approchais de la surface.


        Quand j'ai fait le premier pas de l'autre côté, la musique s'est mise à péter, dans une dégaine de mélodies et d'émotions.
C'était vraiment magnifique, j'en avais des frissons.



        J'avais atterri dans ce qui ressemblait à un hall. Un grand hall. Un très grand hall. Avec un escalier au millieu, comme dans un manoir. Il y avait une porte en haut de l'escalier.


- Attends avant de l'ouvrir, me conseilla Siko. Après, il sera peut-être plus possible de faire demi-tour.


        J'avais peur. Je savais beaucoup de choses sur ce nouveau monde, grâce au livre, mais il n'était écrit nulle part que je devrais traverser des grandes maisons glauques et glaçantes. J'ai donc suivi un des innombrables conseils de ma mère, j'ai laissé tomber ma mauvaise foi en moi et j'ai ouvert la porte.




Changement d'ambiance.




        Je suis dans une salle, plutôt grande, très mal éclairée. Ca ressemble à un mix entre une chambre d'enfant et un magasin de jouets. Cet endroit m'inspire pas confiance du tout.


        J'entends un grincement de porte. Je me retourne vers Siko, qui ne dit toujours pas un mot. Il est concentré mais n'a pas l'air d'avoir peur. Je dois avouer que c'est plutôt rassurant de l'avoir à mes côtés, même si je ne sais pas encore si je peux lui faire confiance ou non.



- Tu as peur ?

- Non.

- Tu mens. Tu ne peux pas le sortir de ta tête. 



        Il a dit ça si naturellement que je me suis pétrifiée sur place. Comment sait-il ça ? Il a poursuivi, le plus naturellement du monde, sans même afficher la moindre trace d'ironie ou de cynisme. Il avait même l'air plutôt gentil.


- N'aie pas peur, il ne quittera pas ton coeur. C'est là que toutes les vérités sont nichées. Ne crois pas la petite voix qui te souffle qu'il ne comprendra pas. Ecoute celle qui te dit que tout se passera bien, parce que c'est celle-là qui a raison. Les choses sont toujours à leur place pour une raison, et tout obéit à une harmonie qui échappe bien trop souvent aux hommes. Seuls les sages la comprennent, et c'est bien dommage.



        J'ai même pas eu envie de lui faire remarquer que c'était la première fois depuis un bon quart d'heure qu'il alignait plus de onze mots d'affilée. Il avait mis dans le mille tellement fort que j'étais partagée entre l'envie de pleurer et celle d'éclater de rire. Je suis pourtant restée figée.


- Te laisse pas abattre. Avant d'en sortir, c'est une étape à subir. Alors autant avancer les yeux grands ouverts. Fous en l'air tes peurs et fais confiance à la suite. Rappelle-toi des mots de ta mère.



        Si ça continue comme ça, je vais finir blasée dans moins de deux épisodes/chapitres/heures (Rayez la mention inutile ou faites-le taire, j'en ai pas la force.) Je me sentais affreusement seule.


        Je me suis forcée à avancer. Les étagères étaient remplies de poupées en bois ou en chiffon. La nostalgie a frappé à la porte de mon coeur et il s'est serré dans ma poitrine. Je me sentais encore plus seule.


        J'ai cru entendre une respiration, longue et rauque. Elle semblait venir de derrière une étagère. Mon coeur serré s'est mis à battre de plus en plus fort. Ca faisait mal.


        Ces poupées avaient toutes des formes familières. En m'en rapprochant, je me suis rendue compte que les socles sur lesquels elles étaient posées portaient des noms.


J'ai vu celui de Seb. Celui de Kepa. Celui de Pierrot. Celui de Dan.
Il en fallait pas plus pour que je me sente coupable à en mourir. Pourtant il y en avait des rangées entières.


        La respiration se faisait entendre davantage. Plus forte, plus oppressante. Mon coeur me donnait l'impression d'exploser à chaque battement. Je me suis retournée vers Siko. Il regardait dans la direction du bruit. Je me suis rendu compte que je transpirais quand j'ai eu l'impression que les poupées me suivaient des yeux. J'ai remarqué que certaines ressemblaient à des bébés moches. L'un d'entre eux n'était qu'un foetus, pourtant son regard était des plus brillants et insistants, comme s'il avait quelque chose à me dire ou à me montrer. Une énorme boule s'est formée dans mon ventre.


        Des bruits de pas se sont fait entendre derrière nous. Siko a ouvert sa main et un long bâton y est apparu. J'étais trop flippée pour être étonnée. Il a marché droit devant lui, je n'arrivais pas bien à voir où il voulait aller, la pièce était trop sombre.

       
        J'ai entendu des coups, et une masse chiffonneuse est tombée à deux pas de mes pieds. J'ai crié.


- Du calme, ça mord pas.


        Mais c'est qu'il est drôle en plus. Les poupées sur les étagères me font flipper de plus en plus et j'ai l'impression d'être d'une inutilité navrante. Ce drôle de type les a toutes rétamées.
       
        Il m'a tendu la main pour m'aider à me relever. Le bruit derrière se faisait persistant. Le sol tremblait. D'un seul coup, un mur de la chambre a volé en éclats et une créature gigantesque est entrée. Un corps tout noir, parcouru de lignes blanches, une tête ovoïde et un cou de la même couleur, des yeux noirs, et apparemment pas de bouche.



- Par contre, ça...

- Qu'est-ce que c'est ?


         Ma voix tremblait tellement que je croyais que j'allais pleurer. Siko ne m'a pas répondu et s'est jeté sur le monstre, qui faisait bien 3 fois sa taille.

          Armé d'un bâton.


          On va mourir.


          On va mourir, mais pas n'importe comment. On va mourir très, très fort. Siko a lutté une minute ou deux, mais le gros machin a fini par l'envoyer par le trou qu'il avait fait en arrivant. Il s'est approché de moi. J'étais à moitié morte de trouille et il allait me finir en deux secondes.




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Oh putain. Plus jamais ça. QUATRE heures d'attente dans un aéroport BONDE comme dans un film avec Roger Moore. Bordel de cul (copyright A) j'en ai plein le derche mes amis. C'est la dernière fois que je pars en vacances. LA DERNIERE ! En plus j'ai raté combien de chapitres ? Qu'est-ce qui s'est passé depuis ? Rien ? Pas la moindre scène de cul ? RAAAH mais quel puceau cet auteur ! Et vas-y que j'te balance des filles sexy, et vas-y que j'te mette du sous entendu un peu partout ! Même dès le premier chapitre ! Ah ouais, mon perso il baise toute la nuit et en plus, il discute entre deux sessions vaginales. Mais quelle classe ! Alors après je vois d'ici les gens qui vont lire ça et qui vont se dire : "Ah ouais, en fait c'est totalement autobiographique."


MAIS N'IMPORTE QUOI !!! Notre auteur de merde au prénom suédois n'est qu'un petit sexe éjaculateur précoce qui déplace ses fantasmes sur des personnages virtuels. Voilà c'est dit.


Comment ça, d'où je tiens ça ? Heuu non j'ai pas les numéros de ses ex. MAIS ON M'L'A FAIT PAS, A MOI !!

Ce connard de puceau m'a dit que je pouvais prendre quelques mois de vacances à moindre frais, mais il m'a jamais dit à quel point c'est CHIANT de prendre l'avion !!
       
Et va culbuter de l'hôtesse de l'air à 10 000 mètres chais pas combien d'altitude sans avoir le vertige. Va !


Bon, bref, j'vais pas vous raconter mes vacances, vous en avez rien à carrer. Rooh et en plus je suis grossier.


Quelle honte.


Ohh, c'est quoi ça ? Rien à faire, je m'habituerai jamais au réel, moi. C'est allongé, noir et plat, avec plein de boutons dessus...


*zap*


Tiens c'est drôle cette merde !


*zap* *zap* *zap*


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        Des courbatures. Des rires de fille. Deux fois différentes. Un réveil difficile en prévision.
J'essayais de repenser à la soirée de la veille, qui en fait s'était étirée jusqu'a mon réveil, pour me détacher autant que possible de ce rêve qui me colle au coeur jusqu'à le faire battre à cent à l'heure.


        Fait chier. Je te sors des rimes pourries et des répétitions lourdingues. Quand même, je te mets au défi de faire mieux avec une heure de sommeil après une soirée pareille.


        Et merde, encore une rime. " I'm fucked up", chantonnai-je dans ma tête. Tiens, d'ailleurs, ce soir c'est concert. Ca motive.


        Au point d'ouvrir les yeux et de penser à un gros shoot à base de café. Le regard d'ange d'Anna me disait bonjour pendant qu'elle embrassait sa moitié (à savoir une cigarette) et que Sofy me pinçait le téton (droit) bien fort pour me faire bien mal, bien comme il faut, et tenter de bien me réveiller. Comme il faut. Aïïïeeeeeuh.


        A écrire sur ma main : Ne plus dormir sans T shirt, en pantalon. Comprenne qui voudra. Argh, putain ça fait mal.


Sofy m'a souhaité un bon réveil de la plus douce des manières et je suis allé dans la cuisine un goût sucré sur les lèvres.

        Bon, pas que sur les lèvres, hein, mais bon.


"Pour bien commencer ma petite journée, et me réveiller, moi j'ai pris un café..."


Lalalalala, lalalalala, lalalalala, lalalalalala.


        Les filles m'appelaient depuis la chambre. J'essayais de ne plus penser à mon rêve. Ou alors c'était l'inverse. Mon rêve qui pensait à moi. Bref. Je suis allé vers les demoiselles en baillant, un plat rempli par trois tasses de café et un paquet de Lucky dans la main.

        A peine le plat était posé sur le bureau que le bouton de mon pantalon a sauté et que jme suis retrouvé entre deux bras réconfortants qui voulaient absolument me prouver que la vie vaut le coup d'être vécue et que 13 h du matin c'est le bon moment pour battre des records.


         - J'arrête pas de te le dire, mais RASE-TOI, merde ! Tu piques !
         - Commence par te raser toi même ! T'es vachement plus sexy comme ça.
         - Sympa le sous-entendu. Mais j'ai l'air d'un gay quand je me rase.
         - Rien à foutre, je déteste la cire.
         - Ouais ben alors trouve toi un mec !


        Sofy m'a sauté dessus, et je saurais pas dire si c'était plus par habitude que par envie. Anna nous regardait faire, descendant lentement mais sûrement mon paquet de clopes. Elle souriait d'un air complice et bienveillant. Quand Sofy s'est retrouvée au-dessus de moi et que la moitié de l'immeuble eut la certitude qu'elle était en train de prendre un voyage monumental, Anna s'est décidée à nous rejoindre, toute en caresses et en douceurs, subtilité et sensualité.


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ENFIIIIN DUU CUUUUUULL !!!


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Hé non, je te vois venir, libidineux narrateur. Non, je ne relaterai pas ici en détail les 4 heures qui suivirent.



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Baaah ?

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Hé non !

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Ben alors fais le pour les lecteurs, ils attendent que ça ! Tiens, regarde : "Courrier du jour" :
"salu c pa mal tn blOg mé je trOuv ke sa mank un peux de q lol"; "Salut Orjan, j'aime beaucoup ce que tu fais, mais ça manque d'alchimie physique" ; "Salut Orjan, ton histoire c'est de la merde et on y comprend rien, faudrait que t'arrêtes d'écrire défoncé*, ça te réussit pas. Parle plutôt de cul, ça fera plaisir aux gosses et aux puceaux. Et aux mal baisées aussi.

PS : Tu m'as toujours pas rendu la saison 1 de Twin Peaks. Sors-toi les doigts du rectum, vieux viking !"; "kikoo ! lol c pa mal 7 istoir mèm si ji conpren ri1 lol, kontinu é mé du q lol"


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Mais depuis quand t'es au courrier toi ?

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Depuis que l'autre glandu a brûlé au 6eme degré une bande d'illettrés. Il les a finis à coups de dictionnaire. On en a retrouvé un avec un Bescherelle dans le cul et donc des commotions cérébrales.
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Ah ouais d'accord.
Y'a quand même des aigris dans la vie. Bon bref.


Il est 17h. Sofy est rentrée chez elle et je me suis retrouvé seul avec Anna. Mon Dieu que cette fille est intriguante. Quand je l'ai rencontrée, elle était taciturne, solitaire, frigide, blasée, et promenait son regard sage, intelligent et clairvoyant sur tout ce qui bougeait. Ca fait quelques années que je la vois grandir, comme une merveille construite plus par la nature que par les efforts des hommes autour. Une monstre sacrée, largement au-dessus de nous tous. Une fille qui monte toute seule au niveau des dieux. Je sais à peine si c'est volontaire de sa part.

Et là, ça faisait un joli quart d'heure qu'elle me dévisageait avec un léger sourire. Cette fille a une capacité dingue à transcender le désir.


- Tu vas partir ?

- Ben, le concert est à 21h ou 21h30 , j'ai encore le temps.

- Neto, me dit-elle avec un sourire, en mettant son doigt sur mes lèvres. Tu vas partir.

On dirait une gamine omnisciente dans le corps d'une fille de 26 ans. J'ai embrassé son doigt doucement.

- Je vais juste voir un concert. Tu veux m'attendre ici ? Le groupe que je veux voir joue pas trop tard, j'ai qu'à partir à la fin.

- Quand je t'ai rencontré, j'étais coincée dans une morale qui n'était pas la mienne. J'avais enchainé les relations douloureuses avec les mecs, et à cause de mon handicap, j'étais persuadée de ne jamais pouvoir être heureuse.


Alors là, prends ta caméra et filme bien, parce que c'est la première fois que je l'entends parler autant.


- Je me disais que j'étais condamnée à voir sans ressentir. A comprendre les choses sans pouvoir aller plus loin. J'étais bloquée en moi-même.

- Hey, du calme, dis-je doucement. Ne me dis pas que je suis ton sauveur ou quoi.

- T'es con !


Elle riait. Ca aussi c'est très rare.


- Je sais pas pourquoi, mais j'avais besoin de te le dire maintenant. Tu viens, on va au lit ?

- Ouais... si tu veux.


J'étais perplexe. Anna ne dit jamais rien d'anodin. Et là elle me parle comme si c'était la fin. La tête sur mon torse, elle me regardait mater le plafond.


- Je sais pas pourquoi je t'ai dit ça tout à l'heure.

- Parce que tu sais pourquoi je vais au concert.

- Parce que tu m'en as parlé ? Tu y vas pour rencontrer quelqu'un qui connaît quelqu'un que tu cherches.

- Hé, on se croirait dans un polar, là... Ouais grosso modo c'est ça. Mais ce que t'as dit c'était flippant ! Tu crois que j'vais être aspiré par un trou de ver et plus jamais revenir ?

Elle rit.

- T'as raison, c'est absurde !

- Il me reste deux bonnes heures, si tu veux explorer la couette.

- Ca fait peu...

        Elle souriait de toutes ses dents, et pourtant, quelque chose dans sa voix et ses yeux avait quelque chose de serein, calme, presque transcendant. C'était étrange, j'avais l'impression de faire rire une sainte.


On a refait l'amour, rien que tous les deux, cette fois, j'ai pris une douche avec elle, je me suis préparé et j'ai ouvert la porte.


- Neto ?

- Ouais ?


        Elle m'a embrassé et elle s'est pelotonnée contre moi, chose inhabituelle. Mais bon, avec Anna, l'habitude est toute relative.



- Rappelle-toi que la vie vaut le coup, d'accord ? Moi j'oublierai pas.

- Merci.




Je suis parti en repensant à ses mots.




        La vie vaut le coup, ouais. Mais pas pour ce que j'ai vécu cette matinée et les autres jours. Pour ce que j'allais vivre après avoir payé mon billet. Et à ce moment-là, je l'ignorais.








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*Rassurez votre conscience, cette histoire a été écrite sans substances.

Samedi 22 août 2009 à 19:27

Dans lequel on retouve Kepa, qui lui-même se retrouve. Dans lequel c'est un peu court, mais j'ai eu tellement de reproches quand à mes longueurs que maintenant, je le fais à la française. [Comprenne qui pourra]
Dans lequel il y a 2 l, 2 e, un q et un u.

Dans le paratexe duquel il y a une vanne absolument improbable.

Dans lequel il y a un poney qui se balade, et pas en fond sonore, non, il est dans le coin à gauche et heu, oui, oui, je vais me reposer, je prends mes médicaments et je suis gentil avec les demoiselles en blanc.


PS 1 : Kepa tu roxxes.
PS 2 : Kepa on t'aime.
PS 3 : Console trop chère.

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- Peut-être que tu es mort.


Un éclair a traversé le ciel et l'air est devenu lourd. Les effets de la bière de Soda se sont dissipés. J'avais envie de vomir, l'impression d'avoir été amené ici comme un pantin dans une scierie.

J'ai attrapé Soda par les épaules et l'ai plaqué sur un mur.


- Tu vas me dire tout de suite ce que je fais ici. Où est le monde réel ? Où sont les autres ? C'était quoi, les monstres ? Qu'est-ce qui s'est passé ? REPONDS !!


- Ecoute, soit tu me lâches, soit je m'arrange pour que tu me lâches.

Je l'ai secoué comme un distributeur bloqué.

- Ok.


Il m'a balancé son pied dans le ventre, l'autre dans le tibia, il a enchaîné avec une droite dans le plexus et un autre coup de pied dans le ventre.


J'ai complètement perdu de vue le concept de respiration pendant 30 secondes déguisées en 2 heures. Saloperie de putain de démon de merde...

Il s'est agenouillé devant moi et m'a expliqué le plus posément du monde :


- Tu es ici parce que ce que tu appelles "monde réel" est terminé. Les autres sont quelque part, dans des strates. Peut-être celle-là, peut-être une autre, j'en sais rien. Les monstres que tu as vu, ben c'étaient des monstres, comme tu l'as si justement dit. Et il s'est passé que tu n'as pas voulu me lâcher, alors j'ai été obligé de m'énerver.


Il se fout de ma gueule, et répond même pas à ma question... Je commençais sincèrement à haïr ce démon au caractère changeant et au calme impertubable.


Il a sorti une flasque dans sa poche. Encore de l'alcool ?

- T'inquiète pas, c'est pas de l'alcool. Et y'a rien de louche là-dedans. Je te conseille de boire.

J'ai mis un coup dans sa bouteille et je me suis levé.

- Hé ben, heureusement que je l'avais pas ouverte... Allez, arrête tes conneries maintenant. Viens avec moi.

- Pourquoi je te suivrais ? Tu m'as fait boire je sais pas quoi pour me droguer et m'amener ici. Qu'est-ce que tu veux faire de moi ?

- Hé, du calme. Je ne t'ai pas drogué. Je suis là pour t'aider. Je sais que les humains ont beaucoup de mal à faire confiance. C'est entre autres pour ça qu'on en est là, parce que la majeure partie des humains est incapable d'être heureux.


Je savais pas quoi répondre à ça. Il avait raison, mais c'était un sacré bordel... Et puis...


- L'épée qui tombe du ciel, elle venait d'où ?

- De toi. C'est un phénomène que je ne peux pas expliquer, mais je sais que cette épée vient de toi.

- Ah ouais ? Même si elle a disparu ?

- Justement. D'ailleurs ce serait pas mal qu'elle se ramène, on a de la visite.


Une musique acoustique a commencé à emplir l'atmosphère. D'abord 4 longs accords, qui se sont répétés, puis transformés en une rythmique lancinante et imparable, pas dénuée d'optimisme.

Comme pour répondre à Soda, des monstres se sont montrés progressivement autour de nous. Et comme pour lui donner encore plus raison, l'énorme sabre est retombé du ciel.

Soda a enlevé sa chemise déchirée et m'a retendu sa flasque.

- Bois ça, tu vas en avoir besoin.

- Hors de question.

- Ok. Bonne chance alors.

Sa peau commençait à briller et son aura l'irradiait de plus en plus. Il a plongé sur les monstres et les a traversé d'un seul coup. Toute une partie du groupe est tombée en même temps. Il a tourné sur lui-même une seule fois et le reste est tombé aussi.

- A ton tour ! me lança-t-il avec défi, comme si j'avais intérêt à me démerder mieux que lui.

Rapports de force...


J'ai fait goûter ma lame aux cinq bestioles qui sont venues me demander l'heure et j'ai rétamé celle qui venait par-derrière me taxer des clopes alors que je ne fume pas.

Je me suis frayé un chemin jusqu'à Soda, qui se battait comme un beau diable, si j'ose dire.
Les monstres ne cessaient pas de venir, toujours plus nombreux.

Ca semblait trop facile, j'en cassais 5 avec un seul coup, et je ne me fatiguais même pas.


- A partir de maintenant, c'est moi qui décide d'où on va ! T'as compris ? lançai-je entre deux groupes.

- Concentre-toi sur le combat, on en reparlera après !

J'ai pris quelques coups, pas trop douloureux mais suffisants pour m'énerver. A un moment ma lame s'est illuminée et j'ai perdu le contrôle. Je courais de monstre en monstre, trop rapide pour qu'ils puissent me toucher, tapant trop fort pour qu'ils puissent se relever.

Quand mon calme est revenu, il n'y avait que des cadavres brisés par terre. Mon sabre n'avait pas disparu.

J'ai regardé Soda avec défi.


- Alors, c'est qui le plus fort ?

- T'as une idée de l'absurdité de ta question ? Déjà, c'est moi le plus fort. Ensuite, pour me prouver le contraire, faudrait que tu m'affrontes.

- Plus tard.

- D'accord.


L'ambiance avait changé du tout au tout. Il ne parlait plus de pizzas ou de chemisiers, et il dégageait quelque chose de presque dangereux.


On a continué à avancer dans l'air lourd du soir qui tombait doucement sur la ville.





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