Mardi 27 juillet 2010 à 0:22

Lequel porte le nom d'un super morceau d'un non moins super groupe, Silent Crash.
Dans lequel notre nouvel antihéros devrait devenir plus attachant.
Dans lequel le flashback dans le réel pré-apocalypse donne encore de nouveaux éléments.
Dans lequel la drogue, c'est mal.
Dans lequel se cache le râteau de l'année (qui a d'ailleurs valu à Neto un Cold d'Or)

Plutôt court, mais je vous garde pas mal de surprises au frais. Ou au chaud, c'est selon. On y arrive bientôt, je vous le promets. En attendant, patience, et bonne lecture.
Orjan.

 
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Je suis rentré dans le Krakatoa et j'ai tout de suite senti que quelque chose allait pas. Quelque chose qui n'avait rien à voir avec la raison pour laquelle j'étais ici. Je savais pas dire quoi, ça me dépassait totalement.


J'avais une bonne demi-heure d'avance et le bar était presque vide. Je me suis posé au comptoir avec un demi et j'ai attendu en évitant au maximum de réfléchir.


Quelque chose cloche, bordel.


Je suis sorti m'en griller une et j'ai regardé le vent faire voler mes cendres en souriant de travers. Elles virevoltaient comme des papillons miniatures.


J'aurais peut-être dû prendre un bout à Eddie, tout à l'heure, ça m'aurait sans doute calmé un peu.


La ville était toute grise. Comment j'ai pu passer tout ce temps à la matter les yeux vides ? J'ai refusé de penser aux raisons de ma présence ici, suis retourné au bar, ai dévisagé quelques filles, en ai reconnu la plupart, et me suis introduit dans les coulisses, à tout hasard.


Suffisait de passer par l'entrée des artistes. Le vigile m'a laissé passer, il me connaît. Et heureusement, parce que démonter un mastard comme ça, c'est déjà pas évident, mais en plus sans faire de bruit... On touche aux limites de l'humain, là.


Un couloir, une volée de marches, et j'y suis, entre deux rideaux.


Il était là, avec sa copine. Et la sensation de "truc bizarre qui se prépare" s'est vue remplacée par une montée de stress. Et des questions.


Je suis retourné au bar squatter les toilettes.


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Something is fuckin' wrong here...
 
 
 
 
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En me lavant les mains, les yeux dans le miroir fissuré, j'ai entendu une voix dans ma tête, qui me disait qu'il n'y avait rien à craindre, juste à faire confiance. J'ai flippé, me suis senti mal et me suis niqué les doigts en les claquant par réflexe sur l'évier abîmé encore humide. En sortant, j'avais l'impression que tout le monde me voulait quelque chose.


Plus de 5 ans que je m'étais pas senti vivant de cette façon-là. Ma tête s'est mise à bourdonner, à saturer de pensées, j'en avais mal au ventre. J'avais l'impression de retrouver mes 20 ans, tiens. Paradoxalement ça avait quelque chose d'agréable.


J'ai compris, ou cru comprendre, parce que ma tête avait rien à voir là-dedans, que tout était lié. Mes nouvelles peurs, mon intuition qu'il allait se passer quelque chose, la raison de ma présence ici, tout.


Le bar s'est rempli de musique. J'ai reconnu Jambi de Tool dès la première note. Pourquoi toutes les salles en diffusent avant les concerts ? Et pourquoi ils ont des titres aussi bizarres ?


- Salut doc.

Ouais, j'appelle le barman doc.

- Yo, Neto. Comme d'habitude ?

- Hell yeah.



Traversé le bar, ouvert la porte, me suis claqué dehors avec ma pinte, le dos contre le mur du Krakatoa, les yeux braqués sur la rue à peine hantée par quelques passants, et les sourcils fixes comme si les réponses allaient tomber droit en face de moi et qu'il n'y avait qu'à les attendre. La blague.


Le froid. Les questions. Moi entre les deux. Concert dans 20 minutes. Et moi je suis là, à tenter de me détendre comme je peux. On m'a dit une fois qu'il suffisait de se dire qu'on fait l'expérience de quelque chose, quand c'est désagréable, pour se détacher du truc... Qui m'a dit une telle connerie ? Je me les gèle, bordel... Et puis de toute façon qu'est-ce qui m'a pris, moi, de sortir avec ma bière pour m'en griller une ? Et pourquoi une deuxième ? Le bruit dans l'entrée de la salle et ma boule dans le ventre sont de bons suspects.

 

 


Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça ? Est-ce qu'elle me reconnaîtra ? Elle a pu m'oublier. Est-ce qu'elle me laissera lui parler ? Elle a peut-être plus rien à foutre de moi. Comment les gens peuvent-ils à la fois compter parmi les meilleurs et être si froids ?


Un type que jconnais bien dirait que c'est peut-être une question de connaissances. Tu agis dans la vie suivant ce que tu sais de son fonctionnement.

 

 

 

 

Si elle me parle, est-ce qu'elle me laissera une chance ? Et puis qui c'est, ce vieux qui me regarde, le visage buriné et les yeux perçants ?

 

 

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Stop thinking, Neto. Just go.

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Je tremble. Sans déconner, qu'est-ce que jvais lui dire ? Est-ce que je trouverai les bons mots, ceux qui touchent au coeur et résonnent avec la vérité dans les artères, soutenus par l'appui tacite de l'esprit ?

 

 

 

 

Est-ce qu'elle pourra me pardonner et me laisser une chance de repartir à zéro avec elle ?

Je ne sais plus penser. Doutes et questions envahissent ma tête et m'empêchent de réfléchir. Je me sens petit et faible, bien qu'Anna m'ait dit un jour que j'étais tout le contraire.

Mes idées se télescopent comme des étoiles filantes dans mon crâne, mélodies météorites insaisissables et incontrôlables, capables de me réduire à néant ou de m'emmener décrocher la Lune.

J'ai jeté mon mégot dans une poubelle en terminant ma bière. En retournant dans le Kraka, j'ai été accueilli par une chaleur enveloppante et des rires assourdissants. 5 minutes to the live. Peut-être que je vais rentrer sans lui parler. Peut-être que même lui a perdu contact avec elle.

Incertitudes, t-shirts flamboyants, piercings, rires, éclats, bière, cris, ma détermination face à ma lâcheté.

 

Bordel.

 

J'ai pris dans mon coeur ce qui me restait de courage et j'ai poussé la porte d'un coup sec avec, comme à chaque fois, la sensation de pénétrer dans un autre monde. Les gens me regardaient bizarrement, je devais avoir les yeux froncés par l'envie de faire ce pour quoi j'étais venu, en étalant au passage ma lâcheté et mes peurs.

 

Il y avait encore personne sur scène, l'endroit respirait déjà la fumée des premières cigarettes et le son d'un autre morceau de Tool nimbait l'atmosphère. Schism.


Croisé une fille à l'intérieur. Yeux bleus, lèvres charnues, poitrine enveloppée et ma foi fort sympathique. Elle m'a pris à part.

- Salut Neto.

- 'Soir.

- Ca fait un sacré bail, hein ?

- Si tu l'dis...

- J'ai beaucoup entendu parler de toi. T'es devenu célèbre, on dirait.

- Peut-être, je suis pas au courant.

- J'aime pas être prise de haut.

- Merveilleux.

- Arrête tes conneries. Je veux un aller simple pour le huitième ciel en passant par la lune. Qu'est-ce que t'en dis ?

- Que je m'intéresse au potentiel mammairo-physique que quand le reste est à la hauteur. Bonne soirée.


Je me suis éloigné en secouant la tête.
Bordel.

 

 


 

 

 




Samedi 31 juillet 2010 à 22:32

Ca continue pour Neto, qui nous montre un peu mieux ses différentes facettes. Un chapitre plutôt court, quoique plus long que sa version papier, qui va venir faire le lien entre pas mal de choses, et pas seulement les évènements survenus pendant le concert.

Et on se rapproche de la partie intéressante.


Orjan.
 
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Un accord a déchiré le silence.  Une rythmique bluesy implacable s'est mise en place. Sur le devant de la fosse, les gens commencaient à s'animer un peu. Je me suis reculé vers les gens qui ne bougent pas
de tout le concert et viennent pour s'inspirer, se relaxer, ou simplement critiquer les groupes qui jouent, voire assister au concert uniquement pour descendre le groupe en connaissance de cause. Je peux comprendre, j'ai fait ça pour les B is for Brunette.


Plus le concert avançait, plus mon coeur aggravait son overdose d'adrénaline. Je savais que quand je lui aurai parlé, quelle que soit sa réponse, je me retrouverais face à un choix très important, autant désiré que craint. Peut-être que lui aussi avait perdu contact avec elle. Ou pas. Raaaah.


Je tremble, la chaleur m'embaume avec mes obsessions. Je suis comme un type qui volait encore dans l'espace 5 minutes auparavant, et qui se retrouvait d'un coup à mordre durement le macadam, alourdi par le retour rebelle d'émotions qu'il croyait perdues.


Tais-toi, Netosbrain. Tais-toi, tu me fais pas peur. Je me suis déchaîné sur le groupe suivant, Loot in Peace. Leur métal atmosphérique marié au post rock par un prêtre indubitablement alternatif m'a pris au coeur. Efficace, surprenant, talentueux.


Les Crave sont arrivés après. Mon coeur battait de plus en plus, mes intestins faisaient des leurs, je me sentais vivant comme j'avais oublié qu'on pouvait l'être. Je me suis avancé et j'ai heurté le coude de quelqu'un, m'excusant au passage. Je me suis fait inhabituellement mal, comme si ce type était fait en pierre.


Je me suis retourné vers lui en me massant le bras, les yeux un peu plissés pour mieux voir, mais j'ai pas réussi à le distinguer. Par contre, j'ai vu des ados en slim et T-shirt moulant. Qu'est-ce que ces noobs viennent faire à un concert de metal ?


Ils ricanaient, leurs petits yeux braqués sur a scène. Je sentais un truc, comme une vibration étrangère à la section rythmique du groupe. Ca m'a permis de me détacher de mes obsessions 5 minutes.


D'ailleurs, les Crave ont aussi de sacrés guitaristes. L'un des deux, le mec, très concentré, était en train de déchirer ses cordes sur le solo de Lose Control. Le batteur l'a repris là où il s'était arrêté et s'est mis à partir dans un solo génial et inattendu.


Ils ont sorti quelques reprises, ainsi que des compos (Paranoïa Black, un vrai délice), avant de finir sur un morceau progressif et inconnu, aux mélodies irrésistibles, qui m'a fait frissonner de plaisir de partout et oublier les quatres abrutis derrière.


Quand la dernière note s'est fondue dans le silence, les 4 gamins me sont passé devant et son montés sur scène. Ils ont très vite foutu le bordel et les mecs de la sécu sont rapidement intervenus, transformant la fosse en un foutu bordel improbable.


Un type est tombé à deux mètres de moi, et j'ai vu le chanteur, son pied de micro à la main, le regarder une seconde avec un sourire avant de se retourner sur un des 4 mômes qui avait visiblement autant de goût en musique qu'en style vestimentaire.


Très vite, le foutu bordel improbable est devenu un foutoir sans nom, et je devais absolument trouver un moyen de lui parler, de faire quelque chose, de l'approcher, de le tirer de là pour l'ammener au calme et lui poser mes questions.


Je me suis frayé un chemin à travers la foule, foutant des coups de coude, de poings, voire de pieds en direction de tout élément masculin tentant de rentrer en collision avec moi, esquivant les filles et économisant mes mouvements pour atteindre la scène au plus vite. Je l'ai cherché frénétiquement des yeux, les sourcils froncés et le cerveau en ébullition. Les deux guitaristes sont au milieu et à gauche de moi, sur la scène, le chanteur est là avec son spear, je sais pas où est passé le batteur, ni lui.


Merde, double merde, triple bordel de cul. Le batteur je m'en branle, sauf s'il peut m'aider à le trouver. Quel salaud intéréssé je fais. Mais l'heure est pas à ça, enculé ! J'en peux plus de patauger dans cette ratatouille humaine beuglante et insensée, métaphore viciée remplie d'ironie dérangeante de ce que j'essaie de transformer en ma vie passée. La sensation étrange me quitte pas, et à elle s'ajoute un sale goût dans la bouche, corollaire estropiant de ma conclusion précédente. Avec tout ça, je suis en train de reculer, aspiré puis repoussé par le marasme humain dans lequel je baigne.


J'ai hurlé. Très fort. Un hurlement bestial, douteux, frustré, (pri)mal, rocailleux, enragé. J'ai poussé les 6 personnes qui étaient devant moi, 3 avec chaque bras,  suffisament fort pour que les deux tiers se cassent méchamment la gueule par terre. Je marche sans me retourner, fermement, vers la scène qui prend des airs de piédestal sacré, de but utlime, de porte ouverte sur le champ des possibles.


Et c'est là que je l'ai vu. Avec sa basse, en train de déranger la dentition de trois types qui l'attaquaient, dont un avec une cymbale. Coup circulaire de sa part, face à la fente que lui fait l'autre. La basse tape de plein fouet dans la partie coupante du lourd cercle doré, mais elle touche bien les 3 types qui lui font face. Un tombe, les deux se rapprochent de lui pendant que j'essaie d'en faire autant, et cet abruti examine sa basse, troublé.


En même temps y'a de quoi. Elle aurait dû être coupée en deux, ou au moins salement amochée par le coup de cymbale. Mais de là où je suis, j'en vois pas la moindre trace.  Les deux types restants l'attaquent pendant qu'il se remet en garde (si on peut dire). Droites dans l'estomac et la tête. Bonne synchro, tapettes. Pourquoi vous appelez pas vos cousins, tant qu'à faire ?


Quelle bande de blaireaux, ils m'abîment celui que j'me suis tant donné de mal à retrouver.


J'ai débroussaillé mon champ de vision à l'épaule. Il protégeait sa copine. Brave. Respect. Je sens quil pourra m'aider.


Je gueule son nom pendant qu'un type monte sur scène, il regarde en contrebas mais me rate, et retourne sa tête à temps pour éviter le poing du mec qui venait de monter. D'un coup de basse, il le renvoie vers moi.


Crois bien que je me suis déchaîné sur cet enfoiré. A CAUSE DE LUI J'AI RATE UNE PUTAIN D'OPPORTUNITE !!


Les mains en sang, j'ai essayé de me calmer, histoire d'éviter de louper ma chance suivante.


C'est là que j'ai croisé la fille de tout à l'heure.


Ses grands yeux bleus m'ont pénétré.


Puis tout s'est figé.




Dimanche 1er août 2010 à 20:20

Un chapitre qui a failli s'appeller Lester à terre, mais je vous ai épargné ça. Assez court, au potentiel humoristique bancal, voire douteux.
Mais je suis sûr que vous saurez apprécier et que vous trouverez qu'au fond, c'est vachement stylé. J'espère que c'est le cas.

EDIT : Nous rappellons (oui, je suis ouvertement multizophrène) à nos lecteurs que les points de vue exprimés dans SIKO ne reflètent pas forcément les idées de son auteur.

Et heureusement, parce que sinon je serais bien emmerdé.


Orjan.
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Fraca
s. Eclats de verre. Dos au sol. Aïe. Je me relève tant bien que mal après avoir matté le plafond 5 minutes. Leur dernière compo est mortelle et je l'ai encore dans la tête. Je regarde autour de moi. Apparemment je suis dans une armurerie.


Bordel mais qu'est-ce que je fous dans le repaire primaire d'un facho ?


Ouais, facho, comme tous les mecs qui aiment les armes. Ca me fait penser à Léo Férré et à la magnifique reprise par Noir Désir de son texte "Des Armes".


Je sais ce que vous pensez. C'est ironique qu'un mec violent comme moi trouve que les vendeurs d'armes sont d'extrême-droite alors que je n'ai pas de preuve que le moindre d'entre eux n'ait de scupules à désosser un pote qui leur propose sa came.


Mais à leur différence, j'ai des principes, mademoiselle, monsieur. Absolument.


Je suis pas blessé. Bizarre, j'ai pourtant été projeté à travers cette vitrine. Je ne sais pas par quoi, et c'est ça le plus flippant. En tous cas, il a dû y aller fort; après examen, c'est du double vitrage. Je devrais avoir le dos en miettes, au lieu de ça j'ai juste un peu mal.


Un grognement. Des pas pesants et rapides. Je me suis fait défoncer la gueule. Génial, maintenant j'ai vraiment mal. Je me relève. Ca fait ma taille à peu près, tout noir avec des points blancs et rouges en pointillés sur son corps. Deux yeux jaunes et lumineux.
Mix improbablement réussi entre l'homme et la bête.

Je me prends un coup de queue dans la gueule. Ca m'apprendra, j'en ai tellement donné. Je vole sur le fond du magasin. Violent. Ma hanche peut témoigner. Je contiens la peur comme je peux. Si je tiens jusqu'à ce qu'elle se transforme en colère, j'ai peut-être une chance infime de m'en sortir. Dans le cas contraire, elle me paralysera, et mon esprit me vaincra, à me poser toutes ces questions sur la nature de ce monstre. Les abdos contractés au max pour éviter que mon estomac me trahisse.


Il m'attrape par le col et me soulève.


- Bonjour monsieur...


Parce que ça parle, en plus. La voix est gutturale, mais sonne plutôt humaine.


- Salut toi, ai-je sorti en étirant un sourire, certain de me faire tuer sans avoir eu le temps de rien comprendre.


Le streumon m'a reposé et s'est reculé. Il a rouvert la bouche. Ou la gueule. Je sais pas trop comment on dit. En tous cas il a parlé.


- Dualité. Des questions pour des réponses. Le chemin pour ces réponses. Allez !


Il a couru vers moi et j'ai à peine eu le temps d'attraper un truc au hasard pour lui faire face. Un parapluie. Merde. Je lui ai cassé sur la tronche et il m'a pété la mienne. Je me suis relevé. Il chargeait. Putain. J'ai bondi au-dessus de lui en espérant de toutes mes forces que mes intestins décident pas de gentiment me lâcher, me suis accroché à un lustre qui s'est effondré sous mon poids pendant que je me balançais. A ce ryhtme là, je vais finir par me tuer tout seul. J'ai encore attrapé le premier truc qui m'est tombé sous la main. Un fourreau. Y'a du mieux, mais il m'a encore envoyé dans le décor.


Le dos au mur et le cul par terre, je lève la tête et les yeux pour apercevoir un sabre au-dessus de moi. On dirait que je vais pouvoir m'en sortir. Il fonce droit sur moi, je lui envoie mon pied dans la gueule aussi fort que je peux, il fait un bruit de tigre électrocuté à 220 V, je me relève, tire le sabre de son présentoir, et je fais face.


C'est là que c'est devenu marrant.




Lundi 2 août 2010 à 15:06

Un chapitre très court qui aurait dû être la dernière partie du 28. Pour des raisons percussives, j'ai préféré mettre ce 29ème chapitre à part, mais j'avoue que je suis pas fier de son contenu. Une avancée dans la réflexion des personnages, mais pas encore d'action concrète. N'ayez crainte, ça arrive, et malgré tout, ce chapitre n'est pas non plus à vide. Ou en tous cas pas complètement.
J'ai un peu galéré pour le titre, mais au final, il colle très bien. Vous verrez.


Orjan.


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On marchait un peu. Sonia avait toujours son air perturbé.


- C'est parce que j'ai dit que Dieu existe que t'es dans cet état ?

- J'ai toujours eu du mal avec le concept du vieux barbu... J'y peux rien.

- Et si c'était plutôt un champ de forces, un truc énergétique qui circule entre tout le monde ?

- Ca te vient d'où, cette idée ?


J'ai enlevé mes lunettes sans rien dire. J'ai vu un halo autour de Sonia, et un autre autour de moi quand j'ai regardé mes mains. Incolores, mais présents, amplifiés par ma myopie. Les ondes étaient là aussi. J'ai remis mes lunettes.

- Je sais pas, je disais ça comme ça. Ca fait plus sens qu'un barbu musclé qui a envoyé son fils y'a plus de 2000 ans pour expier tous les péchés des hommes... Dettes karmiques ?

- Aucune idée, en tous cas il devait avoir un peu trop confiance en l'humain, sinon il aurait attendu plus longtemps avant d'envoyer son fils.


Bizarre qu'elle ait pas été trash sur ce coup-là. Elle aurait pu rajouter "se faire trucider par les élans de la bêtise humaine", ou je sais pas quoi. Elle a peur de la possibilité que Dieu existe ?

Des idées se liaient dans ma tête. Le "clown" en noir et blanc avait parlé de Karma. Faut qu'on mette la main sur ce type. J'en ai fait part à Sonia.


- Faudrait déjà savoir où il est. Ou alors attendre qu'il nous tombe dessus.

- En espérant qu'en fait ce soit un gamin de 4 ans qui a peur du feu.


Ca l'a fait rire. L'ambiance s'est détendue.


- Tous seuls, on y arrivera pas.

- Je sais. C'est pour ça que je veux retrouver les autres.


Je me souviens pas de l'avoir déjà mentionné, d'ailleurs. Je devais être trop obsédé par mon désir de retrouver Solenne pour penser à vous dire que je cherchais aussi mes amis.


- Quels autres ?

Je suis resté un moment la bouche ouverte, sans rien dire, probablement l'air con.

Je lui ai résumé les évènements entre l'arrêt du temps qui a marqué la fin du monde, peu après la fin de notre set [J'ai d'ailleurs toujours pas compris pourquoi les Pink Babies ont attendu bien gentiment la fin de notre dernière chanson pour venir foutre la merde.] et le moment où Sonia m'est tombé dessus à la cafet. Que mes meilleurs amis, les personnes qui comptaient le plus pour moi étaient pour la plupart sur scène ou dans la salle. Que je me sentais coupable de tout ça, sans pouvoir expliquer pourquoi. Que j'avais encore cette foutue peur imprimée en moi de passer à côté d'éléments capitaux pour comprendre tout ça. Si on retrouve Kepa et qu'il a toujours la cassette du concert et sa caméra avec lui, on pourrait peut-être apprendre des trucs, ou au moins trouver des indices.


- Pourquoi t'essaies pas d'appeller ton pote ? a lâché Sonia en regardant son portable. Me demande pas pourquoi, mais y'a l'air d'avoir du réseau ici.


- Pas bête.


J'avais même pas pensé à demander à Solenne où elle était, quand elle m'a envoyé le message. Bon, c'était juste avant que Sonia arrive, mais quand même. La peur rend con.





Mardi 3 août 2010 à 19:07

Ouais, elle me manque. Même si les signes sont là, ça change rien.

Quoi ? Présenter le chapitre du jour. Ouais, c'est vrai. Bon, ben voilà le chapitre 30, hein.

Comment ça, en dire plus ? Putain, t'es chié, toi. Rappelle-moi pourquoi je te paye ? Exactement, pour me motiver à faire de bons paratextes. Et là, tu m'emmerdes plus qu'autre chose. Je vois d'ici ce que les gens vont se dire direct. Ah, il est malheureux, c'est un artiste incompris, blablabla, assorti de toutes les merdes préconcues qu'on sort dans ce genre de cas. Du jugement, rien d'autre.
Et j'en ai rien à foutre, de tout ça. Surtout quand ça vient de personnes qui comprennent pas que le goût du bonheur s'apprécie vraiment que quand on connaît le malheur sur le bout des doigts; et que le pire, en fait, c'est d'être précisément pile entre les deux, dans cet état presque neutre, insensible, hors de tout, éloigné au-delà de tout cadastre.


Alors vous comprendrez qu'aujourd'hui, j'ai pas envie de faire de paratexte sympa, joli, ou tout simplement supportable et lisible. Passage à vide, rien d'autre, j'attends juste avec plus ou moins d'impatience le prochain accord, la prochaine note, la prochaine pêche, le prochain miracle, tout ça, tout ça. Et non, je ne pleure pas tout seul dans mon lit comme une personne respectable.


Ne laissez jamais un(e) ange s'éloigner de vous.


Bonne lecture.

Orjan.

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"Bonsoir et bienvenue dans le service réseau de l'Entremonde. Vous ne pouvez pas joindre votre correspondante pour le moment. Progressez et réessayez."


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Et le prix Nobel du répondeur téléphonique le plus bizarre est décerné ààà... DAAAAAAAN LEEEEEEEEDOOOOOOO !!! Bravo, bravo, TOUTES nos félicitations !! Discours ?


Assemblée qui se lève et qui siffle, applaudissements assourdissants, cris, hurlements à base de "whooohoooo !!"


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J'ai rangé le portable, mis deux clopes dans ma bouche, les ai allumées avec deux doigts et en ai tendu une à Sonia.


- Apparemment, on chie dans la colle, a-t-elle asserté après une bouffée.


Le lecteur attentif notera la subtilité caractéristique du personnage, censée cacher toute sensibilité énervée par la situation présente.


- Peut-être seulement pour l'instant. C'est pas ça qui m'énerve.


- Alors c'est quoi ? Pour que tu foutes le feu à une poubelle innocente après avoir raccroché ?


Oups. J'vous l'avais pas dit, ça ?


- Ce répondeur, c'est du foutage de gueule. On est dominés par quelque chose ou quelqu'un, et qui nous le montre.


- Dieu cynique ?


- Possible.


- Ou comme tu l'as dit, quelqu'un qui se fait passer pour Dieu.


- Possible aussi. Peut-être les deux. Le clown a dit beaucoup de choses, mais on sait pas où trouver Karma, si c'est bien une personne ou une entité visible avec laquelle on peut interagir. On sait même pas s'il est trouvable...


- Arrête. Tu penses trop et tes pavés emmerdent les lecteurs. Fais plus sobre.


Je me suis donc transformé en feu (Sonia est terrible quand elle râle) et j'ai brûlé dans l'air, de plus en plus haut. C'est une forme étrange, une expérience étrange, une sensation étrange. Bref, c'est du concentré de zarbe brut. Avec de vrais morceaux de fun dedans. Je me sens étonnamment puissant. Au bout d'un moment, j'ai les oreilles qui sifflent. Je reste donc intrinsèquement humain, malgré mon apparence de feu de cheminée restylé à coups de distorsion dans l'oxygène. Bonne nouvelle. La bête n'apparaît qu'avec la rage. Normal, et gérable. Un être humain en exacerbé. C'est probablement ce qu'on est tous depuis la fin du monde.


Vu du ciel, on dirait pas que c'est le cas, d'ailleurs. Je veux dire la fin du monde. Je me doutais pas que l'apocalypse serait si étrangement cool. Même si c'est pas facile d'être ici en compagnie de questions plus que d'autres gens.


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Et qu'est-ce qu'elle a dit, Sonia ?

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Ouais, bon, ça va hein. C'est compréhensible, ce que je raconte.


D'ailleurs, des gens, y'en a. Tout bas, dans les rues, un peu plus loin, à même pas un kilomètre. Pas de voitures. Pas de monstres non plus.


Je suis redescendu.


- Rien d'inhabituel.


Je lui ai fait le topo vite fait. D'après ce que j'ai vu, pas le moindre bâtiment suffisament gigantesque pour ranger un dieu. Pas de structure du genre blindée d'un halo de lumière violette et autres effets spéciaux suffisants pour attirer n'importe quel mouton dans la salle de cinéma la plus proche pour payer un prix hallucinant caché derrière l'argument "film en 3D". Le pire c'est que ça fait plus de 15 ans que ça dure.


En même temps, un dieu dans un building, même au dernier étage, faut avouer que ce serait pas banal.



- T'avais vraiment besoin de faire ça ?


- Ouais. Questions de limites. Les connaître pour pouvoir les repousser.


J'ai pensé qu'elle ferait bien d'en faire autant. Qui sait ce qui peut se passer si je me retrouve une fois de plus incapable de la protéger ?
Même si je suis devenu plus fort, ça change rien, je suis sûr.


- Arrête de te prendre la tête.


Putain comment elle fait ?


- J'ai pas lu dans ta tête, juste dans tes yeux. Je te connais, petit frère.


- J'vois ça...


J'ai ramassé ma basse et lui ai fait un signe de tête en direction du groupe de personnes que j'avais vus d'en haut.


- Y'a des gens, pas loin.


Sonia a gardé le silence. Je me suis approché d'elle en ravalant le "Hey, ça va ?" qui me taquinait les cordes vocales. Elle s'est assise par terre et à commencé à pleurer, alors que le ciel se couvrait et que les premières gouttes de pluie noircissaient le bitume illuminé par les premiers éclairs.







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