Dimanche 16 avril 2017 à 4:38

 J'ai rouvert les yeux dans le noir le plus total. Battements de mon coeur à cent à l'heure m'indiquent que je suis pas morte. Des lignes brillent devant moi. Mes fesses me font mal, mais pas comme si j'étais tombée dessus, plus comme si j'avais été très longtemps dans cette position étrange, les jambes repliées telle une yogi endormie en pleine méditation dont le corps détendu la ferait ressembler à une poupée de chiffon. Dépressive.  


Je ne comprends rien. Ni comment je suis arrivée là, ni de quelle façon je suis toujours vivante, par contre j'ai une théorie sacrément probable concernant les lignes brillantes en face de moi : Des barreaux. 

Merci pour la métaphore de mise en scène incroyable, celle-là ça fait environ deux siècles qu'on la fait plus. 

 

Il fait totalement noir mais il doit forcément y avoir une source de lumière pour que ces foutus barreaux brillent. 

Pour l'heure, je me repère au toucher. Le sol est pavé, exactement comme la rue de Prima Cordes. Ce pavage à l'arrache qui donne tout son charme surranné aux rues de la vieille ville de Boredom City. Mais dès que je fais courir mes mains sur les murs autour de moi, je ne peux nier l'impression de me trouver dans un ascenseur immobile. 

Pour ce qui est des trois murs, en tous cas. En face, c'est toujours ces foutus barreaux qui m'empêchent de sortir. Trop serrés même pour ma taille de guêpe. 

Bon, ok, je suis peut-être un peu trop pulpeuse pour ces barreaux, mais ça indique peut-être un truc intéressant : Ils ont été faits pour moi, sur mesure. Non, vraiment, il aurait suffit que j'aie juste un peu moins de fesses et de seins et je passais facile. Et là j'vous la coupe, normalement, surtout si vous vous étiez fait une vision distordue de moi. J'ai beau être encore sous le choc, je connais les règles.

Donc. Une cage d'ascenseur -Oh putain le sens littéral, sérieusement ? - avec des barreaux, donc, et aucun foutu bouton nulle part (J'ai dégainé mon téléphone-lampe-de-poche pour vérifier et c'était pas nécéssaire.). Barreaux qui brillent, mais aucune foutue source de lumière. La cage semble être au beau millieu de la rue (ce qui n'a aucun sens, on est bien d'accord), et ladite rue n'émet absolument pas le moindre foutu photon.

Oh merde.

Oh bordel.

Je crois que j'ai compris.

Je regarde de haut en bas les barreaux luisant d'un éclat jaune et la lumière vacille. Quand je compris, l'éclat se fit bleu.

J'ai frissonné et sorti mon portable. Retourné, car sa coque supermate fait un excellent miroir.  

"Mais Solenne, ma chérie, comment peux-tu te mirer alors qu'il n'y a que si peu de lumière ici et que nous, pauvres lecteurs, n'en connaissons toujours pas la source ?"

Alors déjà tu ne m'appelles pas ma chérie, on a pas fait pousser des rhododendrons ni misé au marché noir ensemble, en plus ça me fait penser à Dan et il est la dernière personne, je dis bien la DERNIERE PERSONNE à laquelle j'ai envie de penser maintenant, parce que je suis déjà assez en colère contre moi-même comme ça et j'ai pas besoin qu'on me renvoit mes mensonges à la figure. D'autant que lesdits mensonges, aussi éthiquement questionnables soient-ils, étaient totalement légitimes. Je n'ai pas menti sur le principal.

BREF. Au lieu de m'énerver, cher lecteur, laisse-moi t'expliquer pourquoi la coque de mon téléphone fait un excellent miroir et pourquoi la réfraction lumineuse des barreaux a changé de couleur à l'instant où j'ai compris d'où venait la source de la lumière : Moi. Mes yeux, plus particulièrement. 

Un coup de vent me caresse le visage et passe entre mes cheveux. Éclair et coup de tonnerre derrière les barreaux. J'ai timidement tendu la main en m'approchant des barreaux. Ils ont ployé. 
J'ai froncé les sourcils et ils se sont pliés en deux. Levé ma main gauche pour la mettre au niveau de la droite, serré les poings en faisant un arc de cercle et j'ai à moitié éventré l'ascenseur de la métaphore lourdingue, dont je suis sortie avec grâce et légèreté, comme portée par un souffle de vent.

Je suis une délicate et féminine petite fleur badass. Une fleur dont le corps parcouru d'électricité lui donne un côté lumineux, radieux, telle un soleil.

Un éclair déchire le ciel et la pluie tombe, douce et fine. Frâche, douce. Agréable. Je lève la tête et ferme les yeux pour la ressentir pleinement. 

Ca a si bien marché que la pluie fine s'est transformée en déluge et que le tonnerre s'est abattu partout autour de moi. J'ouvre les yeux, dressée face à ma propre tempête, cette partie de moi qui vient seulement de se libérer et ne demande qu'à être canalisée. Mais je n'y arrive pas, et puis de toute façon c'est beaucoup trop jouissif. Je fracasse les fenêtres des immeubles alentour d'un éclair de jubilation formant un arc tout autour de moi. Maintenant je suis à la hauteur. Maintenant je peux le faire. NOUS pouvons le faire.

Un autre éclair s'abat au loin devant moi et je le rejoins aussitôt. J'étais devenue plus que le vent, la foudre, la tempête. La pluie a cessé.

 


Dimanche 16 avril 2017 à 4:48

Hey yo. Voici le chapitre 24, people. Alors heu... s'tu veux c'un chap' stylé, tu vois... heu sa particularité en fait, c'est qu'il est.. ben il mélange les genres, tu vas voir, c'carrément révolutionnaire... genre la Terre qui tourne autour du Soleil. C'était révolutionnaire quand elle a décidé que ce serait plus le Soleil qui lui tournerait autour, gros. Ben mec ce chap' c'est la même, y'a d'l'action, y'a d'la philo (et j't'avoue j'ai pas tout compris, mais tu respectes, hein ? D'ailleurs le respect naît aux obsèques des Légo, t'inquiète) et y'a d'la meuf. Enfin, y'en a qu'une, mais elle est boooonne, alors on lui pardonne quoi. Heu après bon, t'sais, moi jsuis pas dans la teuté de l'auteur, yo, donc je sais pas trop c'qu'il a voulu dire. Mais c'est cool si tu lis quand même. 

Kayman la Racaille.



Alors installe-toi, mets du son, et rentre dans ce 24ème chapitre qu'honnêtement je ne trouve pas terrible. J'ai d'ailleurs lâchement cherché à le rendre plus fun en faisant intervenir mon jeune de banlieue préféré dans la présentation paratextuelle. Je vous promets des chapitres bien meilleurs pour la suite. Rassurez-vous, celui là est assez court, il doit durer 2-3 chansons maximum. Quelques éléments nouveaux, des (rares) clins d'oeil, pas d'humour (mais alors pas du tout), et une sale impression de "chapitre de remplissage" qui devrait vous coller au corps. Les prochains seront bien meilleurs, c'est promis.



Mektoub.

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Le masque sourait. Je l'ai ignoré et me suis retourné vers Sonia. 

- Tu veux aller de quel côté ?

- Il me semble qu'il y a une arche, pas loin. On a qu'à y aller, ça nous fera bouger.


J'ai jamais compris ce genre d'intérêt que peuvent avoir les gens pour tout ce qui a trait à l'architecture. 


- Vous avez rien remarqué de bizarre ?


- Si. Tout. 

La voix de Sonia aurait gelé un volcan. Cette fille est flippante, parfois.

- Si tu savais, jeune fille... Si seulement tu savais... Un indice... y'a pas plus d'absurdité que de voitures ici.


J'ai arrêté de marcher. Ca m'a coûté cher en humilité d'admettre qu'il avait raison. Pas de voitures. Le seul véhicule que j'aie croisé depuis que j'suis dans ce monde, c'est un tram fantôme. Absurdité = absence de sens. Donc si le clown dit vrai, y'a bien un sens à tout ça. Reste à voir lequel.


- Bon, les jeunes. Je vais pas y aller par 4 chemins, ok ? On a tout le temps qu'on veut, ici, mais j'aime pas attendre. Qu'est-ce que vous savez de ce monde ?


Sonia a résumé. Les pouvoirs, les monstres, ceux qu'on peut pas test, l'ambiance, en gros tout ce qui contribuait à cette foutue impression d'être dans un remake merdique d'X-Men au pays des films d'horreur des années 2000-2010.
Je fais que la citer, hein.

- C'est tout ? s'est étonné Mr Noir & Blanc.

- Ben oui, c'est tout. T'espérais quoi, qu'on trouve le sens de la vie ?

- Vous avez rien remarqué d'autre ? Raah, mais c'est pas vrai, bande de losers...

Je lui ai foutu un coup de basse qu'il a évité au dernier moment et sans problème.

- Mollo, Dannie, mollo... Un analyste garde son sang-froid, non ?

- Facile à dire quand tu brûles pas.

- Putain d'Karma, il avait prévu ça aussi.

J'ai pas relevé. J'aurais dû et je le sentais, mais pour moi il crânait, rien d'autre.


- Ton feu, c'est tes sentiments, pas vrai ? ca anesthésie les 3/4 de ton cerveau, non ?


Il m'a coupé le souffle. Comment il savait ?


- Même le meilleur des analystes a besoin d'une personne pour confronter ses hypothèses et ses arguments. Seul, il ne repose plus que sur sa propre conviction. 

- Tu commences à me soûler, le clown.

- Ta gueule et écoute. C'est pas parce que tu m'as eu une fois que je suis forcément incapable de te foutre une râclée.


Le regard de Sonia s'était pas réchauffé. Ca m'a fait l'écouter.


- T'as même pas remarqué que j't'ai appelé par ton surnom, tout à l'heure. Mais bref, on s'en fout. Sonia, une amie perdue de vue depuis des années, que tu retrouves justement grâce à la fin du monde. Ensuite, Solenne qui disparaît. Kepa qui rencontre un collègue. Seb qui foire son suicide. Mais tout ça vous le savez pas, je vous mets juste à la page pour gagner du temps.
Ce que je veux dire, c'est qu'avant de retrouver ta demoiselle, t'as des trucs à régler avec celle-là, assenna-t-il en désignant Sonia du menton.


Il nous a volé notre souffle à tous les deux.


- Vous étiez censés trouver une explication à tout ce bordel. Mettre tout ça en ordre. Mais vous avez rien fait !


Il avait pas l'air content. Et moi, avec mes super-pouvoirs et ma basse incassable, je me sentais sacrément con.


- Je voulais pas qu'il s'y mette. Quand il commence à penser, rien peut l'arrêter. Après il se torture tout seul avec ses hypothèses, il va trouver plein de trucs, avoir raison, puis douter d'avoir raison, avant de se reprendre la tête et de tout reprendre à zéro. Dan, c'est un malade, faut pas croire.


- Sympa. J'avoue que tout ça était vrai y'a deux ans. Mais depuis...

- Mais qu'est-ce que tu veux qu'il pense si on le transforme en bête sauvage qui raisonne plus que par association d'idées ? m'a coupé le bicolore en se dirigeant furieux vers Sonia. D'accord, c'est parfois utile, mais là il nous faut un truc plus complexe, merde !


- Dieu existe, ai-je lâché, les yeux dans le vague. Seule explication. Sonia et moi, on s'est retrouvés pour une raison.Son pouvoir la tient hors de danger. Le mien affronte ce danger. Mais si c'est ça, ça implique que Dieu est mysogyne. Or Il est supposé n'être qu'amour. Donc soit Dieu n'est pas Dieu, soit ces pouvoirs sont des expressions de quelque chose par rapport à nous-mêmes. Ou les deux à la fois.

- Et ben voilà ! Tu vois quand tu veux ! Au fait, dit-il tout bas en se rapprochant de moi, Sonia et Solenne se ressemblent pas mal, mais chuuut, c'est notre secreet...


La première mentionnée gardait le silence, la tête dans les mains, prostrée sur les briques rondes et larges de la rue piétonne.

Elle explosa d'un seul coup, moitié choquée, moitié hors d'elle. 

- Mais t'es qui, toi ? Et de quel droit tu nous dis ça ?

- Aucun, j'ai pas le droit. Mais en le faisant, ça ira plus vite. J'vais devoir y aller. Dannie, essaie d'appliquer ton raisonnement sur les monstres, pour voir ! me lança notre étrange pote avant de disparaître.



J'ai pris Sonia dans mes bras. Je suis loin d'être un héros, mais je crois que j'ai enfin compris.








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