Voici donc la suite de Freaks are back in town.
Dans laquelle on se bat et où Neto essaie d'être drôle.
Bonne lecture
Orjan
____________________________________________________________________________________________________________________
J'ai tapé tant que j'ai pu. Sa glace est une véritable armure et je brûle pas, moi. Je suis assez rapide pour pas craindre de mourir, mais en même temps, je contrôle absolument pas la débauche de lumières noires et blanches qui se manifestent quand je frappe.
Je jette un coup d'oeil à Dan. Le pic de glace ne dégèle pas. Merde.
Je me prends une baffe qui me fait voler. Chute douloureuse. 1-0. J'me relève. Remise en jeu.
Trouver une astuce. Vite. Une pluie de grêlons gros comme mon poing s'abattent sur ma gueule. Ca fait mal. Elle sourit.
Que ferait Humphrey Bogart face à une telle femme fatale ?
Il se comporterait comme un mufle, sauf si c'est Lauren Bacall. Encore que...
La fille ne parle toujours pas. Sa bouche a l'air gelée dans une attitude sardonic. J'aime pas ça.
Bon, je fais quoi alors ?
Quand on sait pas, on improvise. Je saute sur le côté pour éviter une boule de glace particulièrement énorme. M'explose par terre sur le côté et me relève en me massant le flanc. Elle rit, et pour la première fois depuis un moment qui me paraît comme une éternité, je ressens la peur me vriller les tripes au coeur de ces rues que je connaissais pourtant si bien. Je regarde le ciel noir qui semble avaler littéralement le peu d'espoir qui restait en moi.
Ma main en sueur s'aggripe avec véhémence à la poignée de mon sabre. Je me redresse complètement.
Même pas la force de lui sortir une connerie pour garder la face.
Une énorme boule de feu sortie de nulle part a percuté la fille de plein fouet, qui s'est écrasée au sol, inerte. La masse incandescente s'est développée et a révlé mon nouveau pote, accompagné de sa copine à 4 cordes.
Il lui manquait plus que le sourire Aquafresh pour que sa pose face "superhéris ténébreux et sarcastique torturé mais stylé de films pour adolescentes de 15 ans."
Pour l'impro, on repassera, mais pour le cliché, on est carrément bons, là .
- Mec, t'en fais limite trop, là . C'est pas comme ça que tu vas allonger de la minette.
Il a souri.
- Au moins, celle-là elle dort.
- T'as fait comment ?
- J'en sais rien. Je peux faire ça aussi.
Il a disparu dans une colonne de feu pour réapparaître derrière moi.
- Mais ça sert à rien, reprit-il. Je suis à la rue, vu comme tu m'as avoiné tout à l'heure. Deux fois de suite, en plus.
Ouais, n'empêche que sans lui, je serais peut-être pas en si bon état à l'heure qu'il est. Tiens, d'ailleurs...
- T'as vérifié son pouls ?
- Merde, non...
On s'est approchés doucement de son corps, desfois que...
Sa peau est glacée, mais son pouls régulier. Elle dormait.
Sonia.
- Au fait, qu'est-ce qui s'est passé avec Sonia ?
- Rien... Elle a craqué, c'est tout.
- Ouais... Normal en même temps. Tout est tellement bizarre depuis qu'on est là . Désolé pour tout à l'heure.
- Y'a pas de soucis, je comprends. J'aurais sans doute fait la même chose, t'as pas à t'excuser. Je dirais que t'es venu ici pour elle. Par contre je sais pas d'où. T'es un pote de l'espèce de clown ?
- J'sais pas de qui tu parles, répondis-je. Et puis j'ai pas de pote travelo.
Je lui ai raconté ce qui s'était passé pour moi après le concert. La fille, l'armurerie, le monde figé. Lui aussi m'a raconté. Sa copine bizarre, les monstres, la cafet, Sonia, le singe Free Hugs, le tram fantôme, et pour finir, Sonia qui se met à pleurer ici et s'endort.
Je trouve tout ça ironique et lui paye une clope. Il nous les allume en soufflant dessus.
- T'as l'air d'avoir été proche de Sonia pendant un moment.
Je sais pas quoi lui répondre. Un "Tais-toi et fume" serait malvenu. Et puis il m'a l'air sympa.
- Je suis un mec à but. Tu peux pas test.
- Oh si, a-t-il éclaté de rire.
Une belle brune est arrivée. Son regard a croisé celui de Dan, mais avant qu'ils aient pu faire le moindre pas l'un vers l'autre, un type au physique irréel s'est pointé avec un autre mec à ses côtés.
- Salut tout le monde ! Ca roule, vous vous en sortez ?
Le mec à côté de lui avait l'air blasé. L'espèce de démon en pantalon a rangé les trompettes.
- Mademoiselle-Messieurs, l'heure est grave.
Un autre mec nous a rejoints. Des cheveux noirs jusqu'au menton, un bouc, et un drôle de regard. Un T-Shirt Kill'Em All, aussi. Le bassiste et sa copine ont eu l'air super contents de le voir.
Je suppose que "une attitude sardonic." était voulue, mais vu que je suis là pour critiquer, hein, je vais pas me gêner.
"Ma main en sueur s'aggripe avec véhémence" admettons, mais ça agrippe mieux avec deux g et un seul p - blague sur l'odeur en accéléré.
Quant au "superhéris ténébreux et sarcastique", soit c'est un hérisson ténébreux et sarcastique et là je vais me marrer très fort - oui je trouve les hérissons ténébreux et sarcastiques, vachement marrants -, soit c'est un superhéros, auquel cas c'est moins drôle, mais moins "Qui veut la peau de roger rabbit", aussi.