Mercredi 30 mars 2011 à 17:59

Un concert d'In Veins, c'est toujours quelque chose. De grand, de puissant. De simple et si complexe à la fois. Leur musique te parle, te porte et devient tienne. Peu de paroles, souvent évasives mais déchirées par la voix éclatante de Marco, claviériste stylé qui ressemble à Chino Moreno jeune et pas gros. Et c'est pas la chemise rouge à carreaux qui me contredira.

Avant le concert, le groupe lâche qu'il n'est plus autant dans le trip «concerts» que d'habitude, trop plongés dans la composition de leur premier vrai album.*

Manu (batterie), complètement mojité, part même dans un délire «Rien à foutre, je rentre chez moi, j'ai sommeil. Faites un set acoustique».

Descente d'escaliers métalliques. Salle intimiste et yeux brillants. Welcome to Glasgow.

J'ai toujours trouvé un côté (post)apocalyptique à la musique d'In Veins. Le lieu de naissance des Mogwai se transforme à mes oreilles en une ville fantôme transcendantale à la Silent Hill. Magistral.

Ils ont le faya, le feu sacré, le Müspell, appelle ça comme tu veux. Une fois les amplis branchés, cordes sous tension et batterie rugissante, la fatigue n'est plus qu'un concept abstrait pour petits vieux chevrotants.

Mon année sans sommeil me semble lointaine, mais pour une obscure raison, je me lâche pas complètement pour autant.

Et pourtant il y a de quoi. Tous les a prioris qu'on peut avoir à l'écoute de leurs Eps fondent comme neige au soleil. Ils sont pas les prochains Archive ou Mogwai, et c'est justement ça qui les rend authentiques et crédibles. Leur musique s'envole et te prend avec elle sans te demander ton avis.

De toute façon que pourrait-on refuser à une si belle demoiselle ?

Chaque instrument a naturellement sa place, complète les autres qui le complètent lui même. Travail d'orfèvre, alchimystique mais immédiat.

Kevin (guitare) incarne la quintessence de leur obsession commune du détail. Le principe est pourtant simple : Que chacun kiffe chacune de ses parties sur chaque morceau. Fonctionnent toujours à l'unanimité, détail lourd de sens expliquant pas mal de choses : IV n'en fait jamais trop. Parfois trop peu, par contre. Ça reste leur principal défaut.

 

Après un Blurry Road revu et corrigé d'une ampleur dévastatrice – ou comment un morceau déjà très bon sur CD devient une église en live – ils envoient Crashed, qui - sans vouloir cracher sur ce morceau à riff qui tue - se retrouve trashé par Marco qui part en freestyle sur les parties vocales, mais bien.

Jérémie (basse) échange un regard «WTF dude ?» avec Manu (batterie), qui hausse les épaules et repart.

Le morceau est bancal, tangue d'équilibre précaire en tornades disto, vacille, se redresse, retombe, se rétablit.

Et le public prend son pied à deux mains dès ce soir.

Faire du post ou du progressif empêche pas de rester rock'n'roll. La prise de risque les connaît bien. Loin des couplets/refrain, habitués des routes brumeuses, ils les arpentent jusqu'au bout et en ramènent des merveilles. Bonus Track et No Name Sea en sont de bons exemples. La suivante encore plus.


- Vous nous l'avez demandée alors ou vous la fait.

- Profitez-en, c'est la dernière fois.

- Wah non !

- Bon ben une des dernières alors.

- Rah non !


Le souffle du vent me décolle du monde réel.

Touché, même si je suis probablement pas le seul à leur avoir demandé de la faire, je me prends un aller simple pour le 8ème ciel en passant par le centre de la Terre, le tout en moins de 5 minutes.

Les femmes actives overbookées qui ont à peine le temps de nous lire savent où aller maintenant.


Just Vision.

Sans elle je me serais peut-être jamais lancé dans la chonique, mais c'est une autre histoire.

Elle incarne à elle seule les forces et les faiblesses d'In Veins. Commence calme (1 minute d'intro), puis pète un bon coup, avant de se recalmer pour mieux repéter, un grand coup cette fois.

Le final pourrait paraître anecdotique et fait à l'arrache, surtout à côté du reste du morceau, mais à mon sens c'est surtout le signe que la pièce est inachevée. Elle durerait 8 minutes qu'on s'ennuierait pas une seule seconde ; au lieu de ça on a une sorte d'échantillon condensé de ce qu'elle pourrait (devrait ?) être, une pépite d'or au lieu d'un lingot.

Techniquement avatar de leur style, assemblage méticuleux de plans simples et efficaces formant un tout complet qui révèle sa complexité au fil des écoutes, cette pépite paraît pourtant toute petite comparée à ce qui va suivre.

J'en connais pas le titre, et ça m'étonnerait pas tant que ça d'apprendre qu'eux non plus. Qu'importe, leur compo la plus mature à ce jour commence à emplir doucement l'atmosphère. Une instru du niveau de Mai des SC**.

Ce morceau final de 6 minutes (8 selon la police, 12 selon les AAA***) nous transporte plus loin que jamais.

Plus haut, aussi. Avec une cohérence instrumentale à la Pink Floyd, les In Veins frappent fort et juste. Economie mais déploiement d'énergie brûlante sur salle enfiévrée.

Le public tout entier vibre avec eux. Les fréquences se complètent sans jamais se chevaucher. Du rarement vu en ce qui me concerne..

Après avoir lancé le morceau au piano, Marco quitte la scène pour regarder les autres depuis la fosse.

Le mot d'ordre tacite est l'unité. In Veins t'ouvre la porte de son univers avec une simplicité rare, surtout dans un style comme le leur, souvent taxé d'hermétique.

Une musique innocente et naïve, adulte et désabusée, aventureuse et flippée, déterminée et désintéressée, jouant sur les paradoxes, explosant quand il faut et jamais sans raison. Sensibilité touchante. Finalement toute personne capable d'émotions peut se retrouver dans un concert d'In Veins.

Je dis concert car c'est là qu'on trouve ce qui manquait cruellement aux 2 premiers Eps. Des couilles, bordel de merde. Des couilles à blinde. Des tripes aussi. Remplies au mojito pour le coup. Les Eps sont sages, le live sauvage.

Sauvage, réfléchi, sensible et tournoyant.

Ruptures de feeling rares, la plupart du temps rattrapées dans la seconde. Loin de décrédibiliser leurs morceaux, ou même de leur nuire, elles donnent une part d'imprévu, d'honnêteté aussi.

Le set était trop court et le chanteur trop bourré. 2 seuls points noirs majeurs. Le groupe assure comme une bête, y'a pas d'autre terme. Un batteur qui sait se faire discret autant que massacrer intelligemment ses fûts comme un mulet qui aurait lu et compris Nietzsche, un bassiste qui te sort des arpèges simples mais inventifs et qui sait où est sa place, quand faire front ou rester en arrière, 2 guitaristes (Kevin et Maxime) qui touchent autant leur manche que leurs effets - Maxime sacrifie au rituel de tout concert de post, le trifouillage de pedalboard à genoux, alors que je garde imprimée dans ma tête pour une obscure raison une image de Kevin tenant une sorte de solo rythmique à base de triolets en barré sur la 24ème case, le manche de sa Telecaster pointant vers le ciel comme si l'avenir du monde en dépendait ; au clavier comme à la voix, Marco amène ses parts de douceur, mélodie, émotion et puissance, les 4 côtés de la base d'In Veins, pyramide en devenir liant le ciel et la terre.

Si tu veux monter un groupe de prog et que tu vas les voir en concert, ce sera l'épreuve du feu. Tu en repartiras dégoûté ou boosté à fond. Pas de demi-mesure. Ils savent pas faire dans le tiède, préfèrent jouer sur les contrastes. Descends les voir et tu changes de monde. Pas d'artifices. Tu pourrais croire que les lumières vont être là que pour faire illusion, il en est rien, elles font partie intégrante du voyage, et si le public est un membre du groupe à part entière, alors le mec de la lumière aussi. Intéressant, bien qu'élémentaire, puisqu'il incarne la destination finale de l'alchimie d'In Veins.

 

Orjan.

 

 

 

 

 

 

    * Les EPs Someone Inside the Earth et Connected with Them sont toujours disponibles, notamment en version mp3 et pour pas cher sur iTunes (3 ou 4 € de mémoire)

 

 

 

 

*** Anti Acouphènes Associés.

 

 

Samedi 12 Mars, Boredom city, El Chicho, IN VEINS / RDV LIVE.

 

Myspace : http://www.myspace.com/inveinsmusic

(Vous y trouverez aussi les liens des albums)

 

Précedemment chroniqués ici : http://siko.cowblog.fr/acouphenes-post-orgasmes-3017147.html

 

In Veins sera à la demie finale du Tremplin Caudérock le Vendredi 15 Avril à 20h30 (Caudéran / La Pergola) et le Jeudi 28 Avril à la même heure au Festeenage (Bègles / BT59).

 

 

Mercredi 30 mars 2011 à 18:08

Dans sa demeure morte, il rêvait et attendait. Mais les In Veins l'ont réveillé pour notre plus grand plaisir. C'est au tour des Watchmen du blues de prendre place.

Il faut dire qu'une heure plus tôt, ils se fondaient dans la masse sans aucun problème. Epaisses lunettes rondes et manteau d'hiver noir pour Guillaume (chant/guitare et multi-instrumentiste depuis ses 12 ans, à l'origine du projet Rendez-Vous). Dans son costume d'intello-romantique timide, il aurait presque l'air puceau.

Kriss (guitare, back vocals et autres «whoo-hoo») arbore quant à lui un magnifique sourire fatigué qui se déclenche n'importe comment (et surtout n'importe quand), assorti à ses yeux à moitié fermés, le tout témoignant d'un actor studio intensif. Le polo vert délavé et les cheveux attachés sont de série.

Larry S (basse, backvocals) ressemble à un ado qui aurait grandi sans changer de fringues. Bon, en les lavant quand même sinon c'est dégueulasse. Il boit de la bière et nous en ramène pas contrairement à ce qu'il avait promis (de toute façon on avait qu'à en acheter plutôt que de vivre aux crochets des autres. Et puis c'est quoi ces manies de vouloir se faire offrir la place, hein ?)

Zan (batterie) s'est coupé les cheveux, ça se voit. Trop pour que ses fines lunettes rondes le fassent ressembler à Harry Potter, par contre. Hé oui, pour se faire des thunes aujourd'hui, faut écrire des bouquins sur le quai de la gare.

Mais l'argent, Rendez-Vous s'en fout. Tout ce qui les inquiète c'est de rembourser les frais de déplacement du groupe Toulousain Man Size qui a joué en premier.

Que j'ai pas écouté. Donc je pourrai pas dire que c'était de la soupe. Ou pas.

Bref, revenons à nos briscards de moins de 40 ans.

Les 4 pourraient facilement passer pour des gens ordinaires. Ce serait une grave erreur. Tout aussi humbles que les In Veins qui leur ont préalablement chauffé la salle au 8ème degré grâce à un set qui calme bien (voir la chronique), les RDV s'y amènent, transformés.

Regard concentré et bienveillant, visage en partie caché par cheveux détachés aussi noir que son T-shirt El Chicho, Kriss et sa Les Paul balancent riffs tranchants et mélodiques, colorés et entêtants, surprenants et attendus.

Sportif de l'extrême, Zan nous prouve derrière ses fûts que les superhéros à la retraite n'existent que dans les romans graphiques et les films adaptés.

A la richesse de son jeu, serais pas étonné qu'il ait passé des années dans le jazz ni que Méthode Agostini soit le livre de chevet de sa jeunesse.

Sa base terrienne est lée aux autres par Larry qui, sans en faire des tonnes nous démontre la polyvalence de son instrument. Mélodique et rythmique, jamais l'un sans l'autre. Peut-être même un solo ou deux, me souviens plus trop. En tous cas c'est pas avec lui qu'on peut dire que la basse s'entend pas. Non madame.

Face à la fosse, Guiom et sa Fender s'occupent de ramener de la demoiselle.

Pas de l'hystérique ni de la groupie, attention. Le public de ce soir n'est ni hype ni stupide.

Ah, on me signale à mon oreillette qu'à la prochaine tautologie je suis viré, que j'en ai déjà fait 2 et que la 3ème sera la bonne.

Oui, Diane, oui. D'accord.... ..... .... D'aaaaccord. Oui, moi aussi je te raccroche au nez, bisous bye, à la prochaine !

Guiom a laissé les lunettes au vestiaire et retourne les culottes des 4 premiers rangs par la puissance du son.

Moi aussi quand j'serai grand, j'veux être superhéros. Avoir le sourire et le garder complice même quand j'fais des pains. Les Rendez-Vous ont la classe la plus totale, hurlante et transpirante. Preuve vivante que le blues est finalement pas un style répétitif. Les chansons au goût de déjà-entendu se comptent sur les doigts d'une main dans une moufle.

Tant qu'on est dans les points noirs, les pointilleux psychorigides progressifophobes reprocheront au groupe la même chose qu'à In Veins : un anglais parfois approximatif sur quelques tournures grammaticales et deux-trois prononciations, et ce plus sur CD qu'en live, d'ailleurs.

Ouais, faut aller loin pour trouver des trucs à redire, mais rien à foutre, j'suis un warrior alors j'y vais.

Solos hendrixiens à faire headbanger Jimmy Page pendant un pogo avec Rory Gallagher, Kriss et Guiom s'en donnent à coeur joie.

Plaisir partagé par public en liesse. Ça bouge dans tous les sens, plus qu'avec In Veins. Normal en même temps.

Pourtant les deux groupes ont plus d'un point commun. Déjà, ils sont là où on les attend pas. Là où In Veins excelle dans les ambiances expérimentales inventives et profondes, RDV double la durée de ses morceaux en live en inventant le post-blues, si ça existe pas déjà.

Et encore une fois dans la soirée, ça part loin, très loin. On jongle sans cesse entre ciel et terre. Rendez-vous en est un mouvementé. Les guitares partent et reviennent sans cesse à leur source qu'est la section rythmique, elle même prenant les traits d'un enfant, et pas celui de «Maman j'ai raté l'avion», plutôt celui de Nietzsche.

Maturité. Encore un point commun avec IntraVeineuse.

Mélodies envolées sur base puissante décollante, long voyage vers la légende du blues.

J'aurai trouvé à mes pieds le pacte signé par Robert Johnson en 1933 avec le Diable que ça m'aurait pas étonné plus que ça... Mais ce cher Satan n'est qu'une métaphore du non moins cher désir des hommes de pouvoir choisir.

Et pour ce qui est des choix, RDV a fait les bons. Setlist équilibrée entre Stolen Memories* et leur nouvel album à paraître bientôt, son fort et agressif, bourrinage grungy maîtrisé. On rend ses lettres de noblesse au Rock, le sort de sa prostitution et l'emmène en taxi se refaire une jeunesse dans des salles intimistes. Les groupes de «rock indé de merde» peuvent aller se rhabiller tous en ensemble du haut d'un pont, on est ici dabs l'authenticité, la chaleur, la sueur et la moiteur. Bienfaitrices et purifiantes.

De temps à autre des pains déchirent l'atmosphère l'espace d'une seconde, éclairs sur la route pluvieuse du blues. Le feeling reprend ses droits dans l'instant.

Arrive Big King, à mon goût une de leurs meilleures compos. Riff bluesy au départ, couplets/refrains montant en puissance l'air de rien, breaks au groove destructeur propices aux dislocations des cervicales et lourd final grungy.

Que demande le peuple ? Du pain et des bonnes chansons ? On a surtout des secondes, ce soir.

Le nom du groupe prend tout son sens en live. Comme le groupe précédent, ils donnent tout sans compter à un public qui leur rend bien. C'est plus une salle de concert, c'est une étuve rouge sans merci.

Pas grand chose à redire de cette prestation à foutre la pêche et la banane à un neurasthénique dépressif.

Univers plus facilement abordable qu'In Veins, plus jumpant aussi, moins sérieux sur la plupart des morceaux, tendance à relativiser la difficulté dans la joie exprimée dans certains textes suivis par la musique.

Un style tout aussi punchy et intéressant que le groupe précédent, cela dit. Prenant et profond.

Chez les 2 on a affaire à des spectres musicaux très variés, même si les I.V travaillent le côté sombre plus que les Watchbluesmen, un certain optimisme rôde toujours dans le secteur.

Et ça, c'est youpi.

 

En conclusion, deux super sets intègres et loin des sentiers battus, par deux groupes uniques. Si vous trouvez pareil ailleurs, on vous rembourse la différence, ça nous fait plaisir.

Et moi je reste avec cette idée que la musique de Rendez-Vous est la BO-ficieuse de Californication.

 

Orjan.

 

 

Samedi 12 Mars, Boredom city, El Chicho, IN VEINS / RDV LIVE.

 

Précedemment chroniqués ici : http://siko.cowblog.fr/acouphenes-post-orgasmes-3017147.html et là : http://siko.cowblog.fr/dissidence-rock-3058529.html

 

 

* Album disponible pendant les concerts et ici : http://www.myspace.com/rendezvous33

 

Et un petit live : http://www.dailymotion.com/video/xhktxs_rdv-live-at-bikini_music

Next show to be :

Mardi 5 avril 20h00 à 21h30 - 1h de live + Itw en public à l'Antirouille (Rock & Chanson) dans le cadre des «Acoustiques» d'O2 Radio.

Lundi 20 février 2012 à 22:35

A COUNTRY FOR ROCKERS


Ah que wock'n'woll baby tonight





Le Blackroom. C'est ma première fois ici et je peux m'empêcher de penser à l'Amadeus en moins sophistiqué, mais avec une ambiance toute aussi classe. Après une longue journée entre pluie sur la gueule pendant la descente du cours de la Marne pour aller en répète et traversée de Boredom City dans la sueur de ladite répète, j'ai plus de jambes, plus de répondant, et 4 jours après j'ai plus de santé, d'où la tardivité de cette chro. Vous pouvez me jeter des CD de Bieber à la gueule, ça m'apprendra.


Arrive à temps pour les 4-5 derniers morceaux de Rave, qui finiront leur set sur une reprise d'Electic Six, Gay Bar, dédiée par Clément aux Riveredge.

Pour replacer le contexte, Clément était leur bassiste jusqu'à peu près l'année dernière. Depuis il a monté un nouveau projet, où il tend ses cordes vocales en groovant sur une guitare.


Rave est une groupe de fusion assez original, puisqu'à un rock/metal très lourd se mêlent des passages funky. Et ça envoie du steak, madame, malgré un bassiste débutant et un Clément qui n'aime pas les solos même s'il en met partout. Et heureusement, puisqu'ils viennent donner de la couleur à un ensemble qui serait terne sans eux. Gros manque de mélodie dans les riffs, mais c'est le style qui veut ça. Rave balance du gras et de la bonne humeur, et ça plaît. Clément fait deux-trois vannes, bouge le public, et tout le monde se marre. Pour un deuxième concert, c'est très bien. D'ici deux ans, ce seront de redoutables tueurs.

Mention spéciale pour Clément, après avoir été un bassiste basique mais efficace, il nous fait une reconversion réussie à la guitare et démontre déjà un potentiel pour affrimer un style spécial. Et ça, c'est rock'n'roll ma couille.

Après le délirastronomique Gay Bar, ils laissent la scène à Riveredge.

Ah, Riveredge. Mais Riveredge putain !

Aucun groupe ne respire la bière-pizza comme eux. Propres, apétissants, et pourtant délicieusement crades. 

Sweet Goodbye éclate au bout de quelques morceaux. Finis les échauffements, “shit just got real, here's the one deal”, dirait Alex, le chanteur-guitariste-Anglais-drôle-talentueux-sympa-beau gosse-humble-et-chiant de cumuler toutes ces qualités, t'es d'accord avec moi. Naturel en chant clair comme gueulé, il se permet même de grunter , sans s'arracher la gorge ni vomir dans le micro pour autant. Et puis il est grand, ce con. Et à l'aise avec son public. Un véritable enfoiré, donc.

Quand j'ai connu le groupe, c'est lui qui le portait tout seul. Là, tout a changé. C'est la frappe de Boris qui dirige tout le monde, Chris se tape pas mal de solos avec talent, du coup même s'il parle très fort on l'aime bien, et à la basse... Scotty putain.

C'est sa première fois ce soir, et pourtant j'ai rarement vu un bassiste aussi bon que lui. Dire qu'il n'a que 19 ans...


Globalement, il ne fait que des variations sur des pentas, mais hésite pas à se lâcher sur des descendes harmoniques absolument bandantes qui foutent la misère sociale à 80% des bassistes présents ce soir. Sans la pression de la première scène, il aurait été trop parfait, ce qui est un autre problème. Il est à lui tout seul une raison de les voir en live, même si sa présence scénique flirte avec mon niveau d'empathie.

0 absolu, ouais.

 

 

De leur côté, Chris et Alex se baladent pendant que leurs grattes se répondent, se complètent, et ça c'est beau putain.

Par contre ce dernier se ramasse comme une merde sur leur plus belle compo – et c'est pas peu dire, niveau ballades, ils valent amplement Scorpions -, qu'ils avaient pourtant annoncée de la meilleure façon possible. “Desfois on meurt le soir”, quand ton morceau s'appelle “I Died Tonight”, cest parfait !

 

 

Mais, au détour d'une descente de manche, c'est le drame. “On n'insiste jamais assez là-dessus, mais les pains, c'est quand même vraiment super dangeureux”, me dira-t-il plus tard, la tête dans une poubelle où il a atterri suite au vol plané conséquent à la perte de contrôle du manche de son instrument. C'est en héros fatigué, le dos courbé, avec des peaux de bananes et de yaourt dans les cheveux, mais la tête haute et l'oeil déterminé, qu'Alex remonte sur scène. / Après avoir bu pour oublier, Alex revient, héros fatigué au dos courbé, avec des peaux de bananes et de yaourt dans les cheveux, mais la tête haute et l'oeil déterminé.

"De toute façon c'est nul la guitare”, lâche-t-il avant d'écraser une casquette sur l'ecosystème qui se développe dans ses cheveux.

C'est l'heure de “She loves me not” de Papa Roach, que le groupe s'approprie tout en restant très proche du morceau original, sans oublier la partie rappée au flow de taré qui finit invariablement en bleubleubleuh avec un chanteur normal. Mais Alex n'est pas normal, il a des plantes mutantes sur la tête, alors tu respectes.

Malgré 2-3 morceaux chiants,Riveredge livre un set très équilibré et asserte un style mûr, inspiré par la scène post-grunge, de Staind à Alterbridge en passant par Three Days Grace, dont ils reprennent d'ailleurs un morceau, et évidemment les indétrônables Metallica, dont ils coverceptionnent leur reprise des Misfits, “Die, die, my darling”.

Plus que leur modernité et leurs influences néo, ils démontrent une tendance à l'expérimentation. Bien qu'encore faible, elle est présente, et rendue efficace par tout le travail de mise en place que démontrent leurs morceaux. Croyez que j'encule les mouches sans honte si vous voulez, mais un jour, le post-grunge sortira de sa sclérose, et ce sera grâce à Riveredge. Peut-être qu'ils vont se mettre aux accords de cinquième enrichis à la con, peut-être qu'ils vont agrémenter leur son de relents de screamo, peut-être qu'ils vont utiliser des nappes de son, peut-être même qu'ils vont jouer avec des ambiances et inventer le post-grunge progressif, j'en sais rien, mais en tout cas une chose est sûre, gardez ce nom en tête, un jour ils feront quelque chose de grand, même si c'est dans l'ignorance totale du public extérieur.

 

 

Orjan



RAVE + RIVEREDGE @ Blackroom, y'a pas longtemps.

Vendredi 6 juillet 2012 à 17:59

Pour des raisons de santé, cet article sort super en retard. Voyez-y donc un teaser du dossier Rock Français à paraître chez Happe:n






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Après une super rencontre sur BDC One dans l'émission Larsen Live, où le groupe s'est offert en acoustique et une deuxième claque à la découverte de leur premier album, «You need to know yourself», galette remplie à ras bord d'un rock progressif délicieux, entre complexité technique et simplicité du coeur, j'ai enfin eu l'occasion de les voir en live à L'Estran, aux côtés d'Here[in] et Id-Fix, pour une soirée massive.




Et ce soir y'a du skill mesdames et messieurs.

Ironiquement placés après les enfants pas si sages en forme de gendres idéaux d'Id-Fix, Weendo investit la scène avec sa puissance sonique stable et patiente. Leurs ambiances nous plongent en nous mêmes, et là, de deux choses l'une. Soit tu attrapes ta psyché et tu bondis avec eux rider leurs vagues éthérées jusqu'à ce que tes jambes lâchent, soit tu restes dans un coin et tu fais semblant d'apprécier.
Aussi subtile que se fasse leur musique, il n'y a pas de demi-mesure possible dans leur état d'esprit. Sans pour autant dégainer un optimisme aussi brûlant qu'un Mass Hysteria qui se mettrait au prog, Weendo prend le parti d'aborder chacun de leurs thèmes de manière positive, même les plus sombres (Betrayal). Détail important, on a jamais l'impression d'écouter toujours la même chose jouée différemment, principal écueil de ce style dans lequel pas mal de clones gravitent autour de quelques rares merveilles.


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Arborant ce soir un maquillage surprenant, oeuvre de Mary Ganter, ils sont à fond dans leur élément, et ça se sent. Weendo déchaîne les vagues sur fond d'émotions sincères et passe des tranches de vie au spectre du voyage intérieur. Intime.
Les bras grands ouverts, ils nous acceuillent dans leur univers, limpide et pourtant si tortueux. Si l'album s'écoute d'une traite, il peut s'avérer un peu moins évident de plonger dans leur musique en live. Et pourtant... ça en vaut terriblement le coup. Maturité, puissance et véracité transpirent dans leur son.


Techniquement, ils alignent les prouesses, notamment au niveau des rythmiques inversées qu'ils gèrent à merveille. Il doit y en avoir seulement deux ou trois dans tout le set, mais si bien placées qu'elles arrachent des sourires à chaque fois. Je parlerais pas du niveau du bassiste qui est proprement indécent, jamais vu un mec gérer autant sur une six cordes. Pour ce qui est des guitares avec leur accordage inventé à la maison, même chose. Déluge de mélodies qui laissent place à des pêches bien poignantes, on en redemande. La batterie est stable et carrée, avec juste ce qu'il faut de fioritures et remplissage pour être diablement efficace. Et, last but not least, Laeticia au chant et aux claviers gère les deux à merveille, et fait preuve d'un coffre impressionnant pour sa petite taille.


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Depuis Deborah d'Here[in], j'avais pas autant accroché sur une voix féminine. Vibrante et naturelle, loin des clichés forcés du progressif à chanteuse d'opéra qui met du chant lyrique partout même quand il y en a pas besoin, Laeticia pourrait bien être l'élément catalyste du groupe, capable de canaliser la puissance brute de ses 4 collègues et d'accélérer l'arrivée du feeling dans les morceaux, sans le modifier. Ce serait pourtant une erreur de passer à côté des 4 générateurs du groupe. Sur scène, ils font preuve d'un charisme alchimique, concentrés sur leurs instrus, parfois immobiles au milieu des tempêtes sonores qu'ils déclenchent. 


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Une fois les tornades retombées, les Weendo se révèlent sans surprise très proches de leur public, ils seront d'ailleurs les derniers à partir, après avoir partagé leur énergie positive avec tous ceux qui auront eu envie de discuter avec eux autour d'un verre, d'une clope, ou des deux. Partage et humilité, donc, mais aussi imitations des Inconnus, auxquelles Terence, un des deux guitaristes (celui que Mary a maquillé en Ramsès II), excelle tout particulièrement. Je les verrais bien nous faire un sketch entre deux morceaux dans un futur proche, une fois qu'ils auront bien explosé comme il faut sur la scène progressive.

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