Lundi 9 juin 2008 à 17:42

Où on retrouve le deuxième personnage qu'on avait laissé devant un fauteuil qui se retrournait. Bon, il a un peu pris la poussière, et vous l'avez sûrement oublié, depuis le temps, mais il s'agit de Sébastien, qu'on avait laissé à la fin du chapitre 6 avec un flingue dans la main.

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Le fauteuil me faisait face, d'un rouge éclatant de propreté. Il n'y avait rien d'autre dans la salle. Les murs étaient aussi rouges, mais paraissaient presque ternes par rapport à lui. Une étrange musique emplit la pièce. Douce et mélodieuse, triste et accaparante. Je me sentais seul comme jamais. C'était pourtant trop réel pour un rêve.

Plus la musique progressait, plus la solitude montait, dans une intensité émotionnelle insupportable. Je m'assis sur la chaise et remarquai une bosse dans ma poche.

Un flingue. Le flingue du malabar de la sécu. Je savais même plus pourquoi je l'avais ramassé.

Je me levai de la chaise et j'ai observé les murs, à la recherche d'une quelconque sortie cachée ou un truc du genre.

Rien. Pas la moindre fissure dans le mur. Une musique calme et belle emplit soudain la pièce, du genre que je ferais écouter à mes enfants si jamais un jour j'en avais.

Merde. J'vais finir par étouffer et mourir ici, si ça continue. Impossible que ce soit un rêve, tant ces notes magnifiques m'emplissent la tête, faisant couler les larmes d'elles-mêmes, depuis le fond de mon âme.

Le bonheur de la tristesse m'envahit. L'envie de ne plus être moi. Assez de ce personnage stupide qui me fait cavaler malgré moi n'importe où. "Sébastien, la seule chose qu'il sait faire, c'est la musique. Autant dire rien." C'est ce que pensent mes profs depuis le lycée, et ils se sont rarement gênés pour me le dire. Peut-être qu'au fond, ils avaient raison.


"Si tu cherches un abri inaccessible, dis-toi qu'il n'est pas loin... Et qu'on y brille...
 A ton étoile"

J'ai aucune sortie. Les issues de secours ne mènent nulle part.
Mais tant pis.

Je me suis rassis et j'ai contemplé le flingue dans ma main. Assez gros pour être lourd et assez lourd pour être chargé.

Je l'ai pointé sur ma tempe. J'ai appuyé sur la détente.

J'ai rencontré pour la première fois Solenne à 5 ans. On était voisins et on avait pris l'habitude de jouer ensemble. Un jour, j'avais cassé un de ses jouets sans le faire exprès, et elle avait pris ma défense en disant que c'était de sa faute. Elle s'est faite engueuler à ma place et ne m'en a jamais voulu. Au contraire, on est devenus inséparables : plus on grandissait et plus on était proches, comme deux frères et soeurs.
On ne s'était jamais posés la question de savoir qui était le grand, et qui était le petit, mais quand sont arrivées les années lycée, la question n'avait plus aucun sens. Je n'ai jamais été jaloux quand elle a eu un petit copain, peut-être parce que personne ne  la connaissaient aussi bien que moi. Elle était la seule personne pour qui j'avais vraiment de l'affection.
Quand mon père est mort, j'ai passé deux jours entiers à pleurer dans ses bras.

Mais il y avait ces rêves qui revenaient toujours, depuis si longtemps. Toujours la même fille, qui me rendait heureux l'espace d'une nuit. Je n'ai jamais vu son visage.
Inconsciemment, j'ai dû y poser celui de Solenne, la seule fille que je voyais régulièrement, et qui me connaissait par coeur alors que tous les autres m'ignoraient.

Je m'en foutais, de toute façon, ils m'intéressaient pas.

Plus tard, Solenne a rencontré Dan, alors qu'on cherchait des membres pour monter un groupe. C'est comme ça que s'est formé ma deuxième famille.
Je passais la moitié de la journée à la fac, l'autre moitié avec ma mère, et mes soirées avec eux.
Bien souvent, ma mère me pressait d'aller répéter, de pas perdre mon temps avec elle, tentant de me faire croire qu'elle allait bien et qu'elle n'avait pas besoin d'autant d'attention.

Tout ça allait bientôt être fini. Je quittais lâchement ce rêve par la seule issue possible. Je m'enfuyais en silence, hors d'haleine et hors d'atteinte.

Je vous aime, tous autant que vous êtes. Et vous allez me manquer.

Ce rêve...

Notre première répète, la première d'une longue série, puis les galères pour démarcher des concerts, qui, un par un, de plus en plus beaux, devenaient ma drogue, ma raison d'être.

Ce rêve... Toujours la même musique. Toujours la même chanson.

"As soon as you came here, all the beast waved away. They notice that you're warm, wait till you leave and come back for more..."

Je crois que c'est ça, les paroles de Deathblow. Elles tombent bien.

Je dis n'importe quoi. "I'm so tired... Sick."

Et voilà Fist. Hé ben. Je deviens fou.

Le tout en un millième de seconde pour voir un échantillon des principales choses qui m'ont amené ici.

La balle percute mon cerveau et je m'endors une dernière fois.


Les issues de secours ne mènent jamais nulle part.

Mardi 10 juin 2008 à 16:29

Où on retrouve le premier personnage, dans une situation un peu branlante.
Où on se tape une scène romantique niaiseuse à souhait. Où c'est quand même un peu "bataille" aussi.
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Le concert avait dégénéré. C'était peut-être prévisible, je sais pas. En tous cas, pour l'heure, je mettais mon manche à l'épreuve sur les Pink Babies.
Il allait peut-être se briser au prochain coup, je savais pas, et je m'en fichais.
Il avait quand même résisté au coup de l'escalier, alors bon...

Pour l'heure, je cassais du fils à papa aux côtés de Pierrot, Aurélien et Solenne, que j'essayais de protéger du mieux que je pouvais.

J'ai vaguement cru entendre un cri venant de la fosse. Je me suis retourné à temps pour éviter le poing d'un mec qui venait de monter sur scène. Je l'ai renvoyé d'où il était venu et j'ai tourné ma basse vers un autre type.

Je me suis arrêté, le temps de reprendre mon souffle, et j'ai croisé son regard.

Le temps s'est arrêté pendant que je me perdais dans ses yeux.
Putain, qu'est-ce que cette fille est magnifique...

J'ai détaché mes yeux des siens, mais le temps n'a pas repris son vol pour autant.

Tout autour de moi, le gens étaient tous figés.

Même ma Solenne.

Tous bloqués dans des postures plus ou moins ridicules, tous fixant droit devant eux d'un regard vide.

Seuls les yeux de ma belle brillaient encore, d'un éclat qui me semblait irréel, à côté de tous ces corps vides suspendus autour de nous.

J'ai cherché Aurélien et Pierrot.

Ils avaient disparu.


Et Sébastien ? Je l'avais perdu de vue au début de la baston.

Où était-il ?

Résumé de la situation : Le temps s'est arrêté et je suis le seul à pouvoir bouger. Sébastien, Pierrot et Aurélien ont disparu et les yeux de Solenne brillent encore plus que d'habitude. Et j'ai ma basse dans les mains.

Une chaleur agréable m'envahit. Je suis descendu de la scène et j'ai commencé à me promener un peu partout dans la salle.

Tout était calme, silencieux.
J'avais encore en tête la dernière chanson qu'on venait de jouer, Lenne & Paine. C'était un moment plutôt agréable, en fait. Si l'on exceptait que le temps s'était visiblement arrêté et que j'étais le seul à y échapper.

Bizarrement, je ne flippais pas.
Je ne réalisais pas encore ce qu'il se passait, qu'un truc de dingue était en train de se passer, qu'il fallait se bouger le cul.
Non, j'en avais rien à foutre. J'arrivais même pas à comprendre que ma Solenne serait peut-être toujours bloquée dans cette position.

Putain, mais que je suis con.

Je me suis mis à courir dans tous les sens, parmi les gens figés, dans la fosse, avant de remarquer quelques trucs.

Déjà, il y a des portes ouvertes et d'autres fermées. Si je ne peux pas ouvrir celles qui sont fermées, au moins je ne suis pas totalement prisonnier.

Ensuite, j'ai une basse dans les mains. Et j'avais complètement oublié ma discussion avec ma douce avant de monter sur scène.

C'était pas elle qui avait écrit dessus.

J'ai retourné mon instrument. De nouvelles lettres étaient apparues.

  LENNE
           
 


Ok, ma basse s'est trouvé un prénom, visiblement. J'suis plus à ça près.
Enchanté, mademoiselle.

Les battants de l'entrée sont fermés à clé. Bizarre, j'étais pourtant sûr qu'ils étaient tout le temps libres, pour permettre aux spectateurs de rentrer n'importe quand pendant le concert...

Bon, je suis parti dans la direction opposée, vers la porte de l'arrière-scène. Elle était fermée, mais la porte d'à côté était ouverte.

C'était la porte des chiottes.
Et merde.

Voilà pour le contenu des toilettes. Il y a une autre porte ouverte de l'autre côté de la scène, mais tant qu'à faire, j'essaie d'ouvrir celle-là.

Bloquée. Rah.

Un bon coup de basse dedans et le trou est suffisament large pour qu'on y passe tous les deux.

C'est la cuisine. Peut-être qu'il y a quelque chose de plus intéressant derrière l'autre porte ouverte, mais bon. Chaque chose en son temps...

Hé mais ! Y'a quelqu'un dans la cuisine !

C'est le petit Noir qui fait la bouffe.

- HEY !!!!
- AAH ! Tu m'as fait peur !

- Qu'est-ce que c'est que ce délire ??!!!
- Mais calme-toi ! Et ne la pointe pas sur moi.
- De quoi tu parles ?
- De ta guitare.

C'est pas une guitare, c'est une basse. Et j'avais même pas remarqué que j'étais prêt à lui en mettre un coup entre les dents.

- Qu'est-ce qui se passe ici ?
- Je croyais t'avoir prévenu : c'est la fin du monde.
- Non, c'est pas vrai...
- Si. N'aie pas peur.
- Hé, attends une minute... le mec dans l'appart, c'était toi ?
- Oups.
- C'était toi ? Mais t'es qui, à la fin ?
- Je te l'ai déjà dit. Je suis tout le monde et personne à la fois.
- Espèce de malade... Et t'existe pas, c'est ça ?!
- Mais si. Enfin, à ma façon...
- Haaaaaaaaaa... ma tête putain...
- Hé, ça va ?
- Ca irait mieux si tu m'expliquais ce qui se passe !

Il m'a tourné le dos, retournant à ses fourneaux.

Je suis resté planté là, ma basse dans la main, comme un con. Avec ma tête qui bourdonnait.

Après un moment de solitude, le môme se retourna vers moi avec un grand sourire et me tendit un kebab.

- Mange ! Tu as besoin de reprendre des forces.

J'ai posé ma basse sur une table (basse, elle aussi) et jai dévoré le kebab en trois secondes et demi. Délicieux.

- Merci. C'est vachement bon, tu mets quoi dedans ?
- Salade tomate mayo ! Rien de plus !

Il m'a fait un clin d'oeil.

- Bon, tu peux m'expliquer ce qui se passe maintenant ?
- J'ai essayé de te prévenir que le monde "réel" allait disparaître. Ce monde que tu connaissais n'était qu'une strate parmi tant d'autres. Et là, ce monde a disparu. Il n'existe plus. Les gens qui y vivaient sont maintenant dans d'autres strates. C'est la fin de rien, seulement de ton monde.
- Donc, je suis où, ici ?
- Dans l'entremonde. C'est un monde qui existe le temps que l'autre monde se vide des gens qui y vivaient.
- Ca veut dire quoi, ça ? Pourquoi ça s'est passé pendant le concert ? Qu'est-ce qui a fait que la fin du monde, c'était maintenant ? Où on est là ? Putain...

J'étais perdu. Les larmes commençaient à couler malgré moi. Je savais même pas pourquoi je pleurais.

- Tu sais, des mondes meurent tous les jours. Cependant, il y a des choses qu'on ne peut pas expliquer comme ça. Des choses qui ne devraient pas se produire, ou qui ne devraient pas pouvoir se produire. Mais elles se produisent quand même.

- Je comprends rien...

- Pour faire simple, c'est normal que ce monde-là ait disparu. Ce qui n'est pas normal, c'est...

- Ta gueule ! hurlai-je en me jetant sur le gamin pour le frapper.

C'était à peu près aussi puéril que stupide.

La gamin changea d'apparence. C'était maintenant le grand type en noir que j'avais vu chez moi deux jours auparavant. Il baissa légèrement son visage vers moi et me lâcha d'un ton sarcastique :

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Retrouver Solenne et les autres. C'est tout.

- Tu veux savoir ce qui est arrivé à ton monde ?

- Non, je m'en tape du moment que les autres vont bien.

- D'accord. Alors, j'te préviens, ça va pas être facile.

Il disparut.
D'un coup, sans effets spéciaux ni rien.



Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Qu'est-ce que je suis censé faire ?


Trouver des réponses. Et les trouver là où elles sont.

Je me suis posé sur un fauteuil-canapé aux allures de pouf, juste à côté de la table basse. Elle brillait légèrement, et je doute que ça soit lié aux lumières de la salle.

J'ai pris ma basse (car c'est d'elle que je parlais plus haut) et je me suis mis à  jouer un truc, machinalement. Une arpège complètement improvisée.
J'étais dans un monde où chaque détail me dépassait. J'étais dans un monde où le temps semblait s'être arrêté. J'étais dans un monde où la masse ne grouillait plus. J'étais dans un monde où chacun avait succombé à son vide. J'étais dans un monde où je n'avais plus ma place. J'étais dans un monde où la seule personne qui ait jamais vraiment compté pour moi était aussi immobile qu'une statue de sel.
J'étais dans un monde où les apparences ne comptaient plus. J'étais dans un monde où je n'avais pas encore de place.


J'ai pris ma basse par le manche, en sentant un flux de chaleur me passer dans le bras. C'était plutôt agréable.
Je suis sorti de la cuisine plus calmement que je n'y étais entré. La masse des gens, du public, de la sécurité et des Pink Babies étaient toujours là.

Je me suis précipité au milieu de la scène.
Elle était toujours là. J'ai plongé mes yeux dans les siens, peut-être pour la dernière fois. Le feu de mon bras gagnait mon corps tout entier. Je me sentais bien. J'ai passé ma main libre sur sa nuque et je l'ai embrassée. Peut-être pour la dernière fois.

Ou pas. Ses lèvres me répondaient.

MaSolenneestpasmortec'estl'plusbeaujourdemavie.

On s'est échangé quelques phrases silencieuses comme ça, avant qu'une larme ne tombe et finisse sa course dans nos lèvres.

Elle s'est lovée contre moi et s'est mise à pleurer doucement. Sa peau, d'ordinaire si chaude, était froide comme une inspectrice d'auto-école.

Pendant que je la réconfortais, je sentais la chaleur se déplacer vers elle, et mon feu intérieur redoubler d'intensité.

- Je t'aime....
- ... Moi aussi, je t'aime.

Après cette discussion digne des plus grands films d'auteur (même si elle est toujours plaisante à avoir...), l'idée me frappa qu'il fallait sortir d'ici.

- Bon, il faut sortir d'ici.

C'était elle qui avait dit ça. Une sensation bizarre m'envahit. Plus qu'une sensation de déjà-vu. Un truc encore plus intime.

- Hé, regarde ta basse !

Elle brûle. Mais je ne ressens pas la chaleur.

Enfin, si, mais pas comme une chaleur agressive.

- C'est quoi, ça ?
- J'en sais rien, c'est la première fois qu'elle me fait ça.
- Il faut toujours une première fois...
- Ben voyons, j'men doutais ! C'était inévitable que tu me la sortes.
- De quoi tu parles, p'tit coquin ?
- De cette vanne !

Je vous fais la scène. Deux amoureux stupides en train de se taquiner, avec une basse qui brûle dans la main d'un des deux, le tout sur une scène remplie par des gens figés comme des statues de cire.

Un bruit tonitruant nous a ramenés à la réalité. La porte du Krakatoa était ouverte.

Sa main trouva la mienne et on est descendus de la scène. En traversant la salle pour atteindre la porte, j'ai été pris d'un sentiment étrange. Comme si on traversait un labyrinthe d'illusions.
Et quand les illusions seraient dissipées, il ne resterait plus que la vérité.

- Hé...
- Quoi ?
- Regarde !

Dehors, il neigeait. Et il y avait aussi d'énormes monstres qui sautaient partout. Une posture simiesque, un visage allongé, des yeux perçants et de gros bras musclés terminés par des griffes.

- Ils sont bizarres, les singes, ici...
- Ouais... tu l'as dit.

J'ai lâché la main de Solenne, pris ma basse enflammée à deux mains et senti le feu gagner tout mon corps.

- Wah. C'est chaud.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Ben parce qu'ils sont trop nombreux.
- Ils nous ont vus, là ?
- Je sais pas... On dirait qu'si...
- Ca craint le feu, tu crois ?
- Chais pas, c'est l'occasion d'essayer, non ?

Le nom de ma basse brûlait dans son dos. Je me suis mis en garde comme j'ai pu et j'ai balancé de grands taquets dans les bestioles qui s'approchaient. Suivant comment je tapais, les flammes faisaient de grands cercles autour de moi, ou sillonnaient le sol recouvert par la neige.

- Hé, mais c'est mortel, ça !

J'en avais déjà tué deux, et j'étais en train d'en calmer un troisième. Quand je sentais que d'autres s'approchaient, je faisais tournoyer ma basse autour de moi, et le feu qui s'en dégageait repoussaient les singes qui reculaient en hurlant d'un air menaçant. Je n'avais pas peur. Le fait que j'étais capable de faire du feu tout seul y était sans doute pour beaucoup.


J'ai balancé deux coups de toutes mes forces dans la tronche d'un des babouins maousse costauds pour le finir. Il avait sûrement fait de la pub pour Omo quand il était plus jeune.

Je me suis retrourné vers Solenne.

Elle avait disparu.

Merde.

Et il y avait un énorme miasme noir à la place.

Re-merde.

Les monstres se sont calmés. Une étrange musique emplit la rue. J'aurais pas été plus étonné si Solenne était revenue en tenant un canard en laisse.

Le feu se calma, puis s'éteint, et les monstres se retirèrent, plus ou moins doucement, comme s'ils étaient dirigés par la musique. J'ai mis ma basse sur mon dos, bien serré la sangle pour pouvoir me déplacer facilement, et je me suis approché du miasme.

Et j'ai atterri dans un magasin de musique.






 

Vendredi 13 juin 2008 à 12:28

Avant d'en sortir, c'est une étape à subir
Avant d'en sortir, regardez ce film :





Vendredi 13 juin 2008 à 13:08


Un grand merci à Cowblog et ses bugs légendaires, ainsi qu'a ma soeur pour son tutorial sans faille.

Ma soeur dit : Je ne veux pas être un ravioli.


Je vous avais prévenus. Burn-FR, ça craint d'la fesse gauche quand même.

Vendredi 13 juin 2008 à 17:37

Enfin, dans un magasin de musique...

J'étais dans le débarras, mais c'était une pièce que je connaissais bien. Me demandez pas pourquoi ni comment, c'est pas vos affaires.
D'ailleurs, tant qu'on parle d'affaires, je portais des DVS, un vieux pantalon assez large et un t-shirt orange avec une chemise noire par-dessus.

La moitié de ces fringues s'étaient mariées avec la poubelle l'année dernière.

Premier choc.

Faudra qu'on m'explique...



J'ai entendu une voix qui me semblait être celle du grand type de tout à l'heure. Je ne savais pas d'où elle venait.

"Porte de réserve... Ca sonne bien, non ?"

J'ai éteint la lumière de la réserve et je suis sorti dans le magasin.

- Missieu señor Ledo, ji vous ai priparé votre chitarra bassa !

Gaspard s'était occupé de l'accueil, et de ma basse en prime. Je connais personne d'autre qui ait autant la classe en mélangeant les accents comme ça.

- Alors, je t'ai redressé l'manche, si je puis me permettre, et puis je l'ai huilé aussi. Ah oui, j'ai viré tes anciennes cordes, elles étaient complètement oxydées par endroits et je lui ai mis des GHS, elles sont pas mal, tu verras.

Ses blagues m'avaient manqué.

- Tu veux la tester ? reprit-il en me la tendant d'un air aguicheur (si si, c'est possible... Allez chez Prima cordes si vous me croyez pas.)

- Euh, ouais, bien sûr...

Où suis-je encore tombé ? Qu'est-ce qui s'est réellement passé quand on est sortis du Krakatoa ? Où étaient passés Pierrot, Aurélien et les autres ? Kéké et Kepa avaient-ils disparu eux aussi ?

Un sifflement strident me tira de ma séance de masturbation mentale. Merde, mon téléphone... Je l'ai sorti de ma poche pour l'éteindre.

Deuxième choc.

C'était le portable que j'avais deux ans auparavant. J'ai voyagé dans le temps ? Ce miasme... c'était ça qui m'avait amené ici ?


- Hé, chef, t'es sûr que ça va ?
- Ouais, ouais... excuse, c'est la fatigue... putains de partiels...
- Ah ouais, mais c'est un passage obligé avant de pouvoir s'éclater, tu sais !
- Bien sûr, ouais...
- Allez, laisse pas s'échapper le moment présent !
- T'as raison ! J'peux la mettre sur le Orange ?
- Bien sûr, fais comme chez moi !
- Cool, merci...
- T'inquiète, mon n'veu !

Gaspard m'a fait un clin d'oeil avant de retourner à la caisse.


La boîte à rythmes du magasin se mettait en marche progressivement. Les pas des clients, la pulsation de mon coeur, Gaspard qui tapait distraitement sur ses jambes ou sur le rebord du bureau, les voix des gens... tout cela s'imbriquait pour constituer une structure rythmique aussi imprévisible qu'implacable, qui avait le don de me vider l'esprit de toutes les pensées qui m'accaparaient.

De la musique avant toute chose, pour te vider de tes obsessions.


J'ai regardé le dos de ma basse avant de commencer à jouer. Pas la moindre inscription dessus. Pas d'autocollant, rien. De toute façon y'en a jamais eu.

Chez Prima, le côté où on teste les guitares et celui où on teste les basses sont séparés par un gigantesque mur d'amplis, agencés de façon à ce qu'on puisse jouer ensemble et s'entendre sans se voir.

Calé sur le rythme du magasin, je commençai a jouer, vidant mon esprit au gré des notes que ma basse m'inspirait.

Un arpège, en l'occurence. Les micros en position haute, ça rend vachement bien.


[Oui, je sais jamais si on dit un ou une arpège. On m'a fait remarquer très justement y'a pas longtemps qu'un arpège c'est masculin. Je m'en souviendrai jusqu'à la prochaine fois où j'oublierai. Cette phrase est très nulle mais très vraie. Vous êtes pas obligé de la lire. Mais c'est mieux si vous le faites quand même.]


- Hé, arrête de jouer comme un pédé ! T'as encore trop écouté Tool, toi ! me lança Gaspard depuis la caisse.


Le taquin. Bizarrement, ça me déconcentrait pas plus que ça.

Le guitariste qui jouait de l'autre côté du mur (d'amplis) sortit un autre arpège qui rendait magnifiquement bien sur le mien. Je l'ignorais, mais une connexion s'est faite à ce moment-là, et elle ne s'est toujours pas coupée depuis.
Une note résonna, longue, avec un trémolo d'enfer maîtrisé à l'extrême, faisant frissonner chaque centimètre carré de mon corps avant de s'évanouir, me laissant seul avec mon arpège improvisé.

Une variation, j'ai du changer de gamme, ou de mode, ou de je sais pas quoi. Toujours est-il que la guitare ne tarda pas à reprendre sa place à travers des bends d'une puissance et d'une justesse rares. Le gratteux doit avoir un sacré niveau. En plus d'un feeling de ouf.

Mon arpège se change en accords de puissance et les bends en rythmique imparable. Au bout d'un moment, je pars en clave, après un petit break de rigueur, il me suit en lâchant un solo dantesque, qui vient mourir sur l'arpège de début revenu me taquiner les doigts, puis les oreilles, avant de suivre le solo dans le silence.

Une alchimie parfaite, comme j'en avais jamais vécue auparavant. Une seconde de magie au coeur d'une minute ordinaire. Une heure d'orgasme au sein d'un jour comme les autres.

Ca c'était pour le troisième choc

J'ai pris ma basse et je me suis dirigé vers l'autre côté des amplis, histoire de remercier le responsable de ce moment unique.

- Tu déchires, mec !

Faudra que je perde cette habitude de parler aux gens sans forcément les avoir en face de moi.

Une belle brune aux yeux d'un vert étincelant se leva de son siège et me regarda d'un air taquin.

- J'ai l'air d'un mec ?

Je l'ai regardée de la tête aux pieds, en m'arrêtant un peu sur le milieu.

- Euh, non...

- Héhé, t'inquiète pas c'est pas grave ! Au fait, t'as un groupe ?

- Euh, non... enfin, je joue dans deux groupes, mais bon...

- Ouais, tu devais dépanner et après t'es resté, c'est ça ?

- Exactement ! Mais bon, je pourrais difficilement jouer avec eux un truc comme on vient de le faire là, quoi...

- Bah j'ai un groupe, moi aussi, et on est à la recherche d'un bassiste. Ca t'intéresse ?

- Ah mais carrément !

- Ecoute, on passe à la caisse et on en parle dehors, ok ?

- Bonne idée, ouais.


Le pragmatisme féminin est la neuvième merveille du monde. J'en suis à peu près sûr.


Je l'ai laissée passer devant moi et j'en ai profiter pour regarder autour (et pas les courbes parfaites de la demoiselle, non non, j'te vois venir. Coquin, va.).

Il me fallait un détail qui me prouve que j'étais dans le passé. Ou pas.
C'était réel, j'en étais sûr.

Déjà, il y avait mes fringues, qui dataient d'un an, et ensuite, mon téléphone, qui avait rendu l'âme (à qui elle appartient) au milieu de ma première année de fac.  J'avais aucune carte sur moi, pas de sac (j'ai horreur d'en porter quand je peux l'éviter), et un peu d'argent (bien obligé pour payer les réparations). Quand à l'intérieur du musicshop, il était désespérément habituel, sans rien qui puisse me permettre de dater précisément la scène.

Quoiqu'il en soit, j'étais au maximum en première année de fac. Peut-être encore au lycée.

J'ai mis mon cerveau sur off et j'ai suivi la fille le plus naturellement possible. Elle était en train de payer.

- Et voilà, miss ! Merci à toi et bonne journée !

- Merci, toi aussi, au revoir !

Je suis arrivé à la caisse au moment où elle sortait du magasin.

- J't'attends dehors, hein !

Elle m'adressa un grand sourire en fermant la porte.

- Hé ben, tu te fais pas chier, chef ! me souffla Gaspard.

- Déconne pas, je la connais même pas !

- On dirait pas, vu comment vous jouez ensemble...

- Bon, je te dois combien ?

- 30 €, comme d'hab' !

J'ai fouillé dans ma poche, trouvé la somme, payé, rangé ma basse, et remarqué que j'avais encore ma vieille housse, celle que j'avais gardée jusqu'à ce qu'on fasse le film Rouge. Voilà pour le quatrième choc

- Ok, merci Gaspard. Bonne soirée, bye !

- Merci, pareillement !

Avant que je parte, il me glissa un "Allez, file, elle t'attend !" avec un regard éloquent. Ben voyons...

- Blablabla... Tu dis n'importe quoi !

- Héhé ! Tu verras bien !

*slam*

Une fois dehors, j'ai eu une drôle de sensation de déjà-vu. Qui est cette fille ?

- Au fait, on s'est pas présentés !

- Ah oui, c'est vrai.

- Je m'appelle Solenne, enchantée !

Cinquième choc. Rendez une partie de sa mémoire à un amnésique et vous aurez une idée assez précise de l'état dans lequel j'étais.

- Dan. Tout le plaisir est pour moi.

- Héééé... Tu serais pas en fac d'anglais, par hasard ?

- Heu si.

- Tu connais pas un mec qui s'appelle Sébastien Andero ?

- Si, mais ça fait longtemps ! Je le connais depuis le lycée.

- Haha, il m'a parlé de toi. Tu crois aux coïncidences ?

- Non, je suis sûr que ça existe pas. C'est juste un moyen comme un autre de fuir les explications. Surtout quand ça nous coûte de les chercher.

- Pas bête... mais peut-être que le sens a été un peu exagéré au fil du temps, non ?

- Ouais, sûrement.

- Bon, je dois y aller. Je suis désolée, mais je vais devoir écourter cette discussion, à moins que tu veuilles à tout prix me raccompagner...

- Pourquoi pas ? Il est tôt et j'ai rien à faire.

- Héhé, cool ! En plus y'a personne à la maison, ce soir, tu pourras rester pour faire un boeuf, si tu veux !

- Heeeeeuuu... t'es sûre que ça dérange pas ?

- Certaine ! Et puis si on est amenés à jouer ensemble, autant qu'on apprenne à se connaître !

[Elle pense humainement ou musicalement ?]

- Hahaha... c'est vrai. Je te paierai bien un coup à boire avant de partir, mais j'ai plus de thunes, là en fait.

- C'est pas grave, t'inquiète pas !

- Tu rentres comment ?

- En bus. Il me dépose pas loin de chez moi, y'en a pour cinq minutes.

J'ai eu une deuxième sensation de déjà-vu. C'est vraiment étrange, ce truc. Je me suis senti seul... est-ce que j'étais en train de vivre un souvenir ?

J'ai suivi Solenne jusqu'a l'arrêt en discutant de choses et d'autres.

J'étais incapable de me rappeller de ce qui allait se passer après. Je savais que j'avais déjà vécu tout ça, mais impossible de me rappeller de la suite. Je me sentais comme un pantin sur des rails. Comme dans un train fantôme où le paysage glauque serait remplacé par un monochrome du monde réel.
Un monochrome de milliers de couleurs.



Allez, Dannie, débranche ton cerveau et vis le moment présent.



Tout en discutant avec elle, les souvenirs revenaient les uns après les autres. Je me sentais bizarre. A la fois si mal et tellement bien...
On marchait vers l'arrêt, et bizarrement, le bus y est arrivé en même temps que nous. Mon espèce de transe ne se calmait pas, et j'ai à peine remarqué la coïncidence.

Sans trop réfléchir, on s'est posé au milieu du bus, sur des sièges dos à l'espèce d'accordéon qui faisait le lien entre les deux parties du bus.

Des mômes écoutaient de la soupe à fond les bananes. Ca m'énervait autant que je m'en foutais. La chaleur de ma Solenne à mes côtés y était pour beaucoup, je l'avoue. Encore qu'elle n'était pas encore mienne à ce moment-là. Mais est-ce qu'on peut vraiment appartenir à quelqu'un ?

On s'est rapprochés doucement l'un de l'autre, inconsciemment sans doute.
Elle me parlait de la fac, qu'elle trouvait ça marrant que je sois dans la classe de Seb, et qu'elle soit dans la même classe que Pierrot, que j'avais rencontré par hasard au début de l'année.

Coïncidences, Deus Ex, ce genre de trucs... Là, c'était trop léger pour parler de Deus Ex. Et si c'était simplement le karma ou un truc comme ça ?


La porte du bus s'est ouverte et trois Africaines sont entrées. Un grand sourire plus blanc que la chemise du chauffeur, et 140 kilos de bonne humeur complètement assumées.
Elles se sont mises dans un coin, à papoter en riant, à côté d'une gamine de 16 ans qui les regarda de travers.

"La pauvre... déjà qu'elle doit avoir du mal avec ses deux kilos en trop..." me glissa une voix douce à l'oreille.
"C'est du masochisme..."
"Ouais, on dirait qu'elle se force à les regarder"
"Et à penser qu'elle devrait plutôt être fière d'elle"
"Ah, les p'tites bobos, elles sont marrantes..."


J'ai senti une espèce de chaleur entre Solenne et moi. Le genre de chaleur qui n'a rien à voir avec la température extérieure.
Mais cette chaleur s'est bientôt étendue à tout mon corps, jusqu'a me donner l'impression de s'étirer de tous les côtés.

Je me sentais bien...


Un gros fracas se fit entendre, suivi d'un bruit que j'aurais cru sorti de la gorge du chanteur de Cradle Of Filth.
Une gamine dans le fond venait de faire un malaise. Plusieurs de ses copines se sont écartées, dégoûtées, alors que les garçons la regardaient, livides.
L'un d'eux se leva et courut aussi vite qu'il put vers le chauffeur.

- Hé, arrêtez le bus ! Arrêtez le bus ! Elle est malade, faut appeller une ambulance !

- Mais je peux pas m'arrêter, là, moi ! T'es marrant !



Solenne se tourna vers moi.

"T'as senti ?"

(Une voix douce comme de la soie. Je fonds...)

"Ouais... c'était quoi ?"
"J'en sais rien... C'est nous qui avons fait ça ?"
"J'espère pas..."


La fille était tombée dans les pommes. Le bus s'est arrêté dès qu'il a pu et l'ambulance n'a pas tardé. En attendant, je réconfortais Solenne comme je pouvais, tout en me posant des tas de questions.

J'étais dans le passé, ou alors dans mon souvenir. Ou bien les deux. J'avais perdu pas mal de mes souvenirs postérieurs, et certains d'entre eux me revenaient au fur et à mesure.

La rue.
Les monstres bizarres en forme de singes.
Le Krakatoa.
La basse et le feu.
Solenne et le miasme.

C'était un souvenir, alors ? Mais pourquoi j'étais en train de le revivre, alors ? Il s'était passé quelque chose de particulier ce jour-là ou quoi ?

Ben oui. La rencontre avec Solenne, la drôle de sensation partagée dans le bus, la gamine qui vomit...

C'est quoi ce délire ?


- Bon, allez, viens, on va rentrer à pied.

On a pris nos instruments, puis la porte arrière du bus.
La gamine semblait dormir. Elle était un peu pâle, mais bon...

- J'espère que c'est pas grave...
- T'inquiète pas, elle va s'en remettre. Enfin j'espère.

On marchait dans une rue qui m'était aussi inconnue que familière. C'était une sensation assez étrange. Le soleil se couchait, comme s'il priait lourdement, en éclairant Solenne d'une lumière blanche. C'était vraiment magnifique.

- Elle devait juste être un peu bourrée, reprit-elle. Elle a pris l'apéro un peu tôt, et avec le soleil...
- T'as sûrement raison.
- C'est à gauche, là.
- T'es sûre que ça dérange pas ?
- Certaine, je t'ai dit !

Jusque-là, tout avait un goût de déjà-vu.
Ca s'est intensifié quand elle a ouvert la porte. Je me suis retrouvé dans un endroit que je connaissais par coeur avant même d'y avoir mis les pieds.

Conclusion : Je suis en train de revivre un souvenir.

D'un seul coup, tout s'est éclairé dans mon esprit : il s'est passé ce jour-là quelque chose en rapport avec ce qui se passe dans le présent.

Le délire dans le bus ? Le feeling de malade dans le magasin de musique ?

Tout en réfléchissant, je la suivis dans sa chambre et posai mon instrument à côté du sien, sur son lit.

- Hé, t'es sûr que ça va ? Tu fais une drôle de tête...
- Heu...  ça va aller...
- T'es sûr ? La salle de bains est là, si tu veux.
- Ok, merci.

J'ai suivi son conseil et la direction qu'elle me montrait pour aller m'asperger le visage d'eau fraîche.
J'ai regardé mon reflet dans le miroir.
C'est pas que je me trouve particulièrement beau ou quoi, d'ailleurs ce serait plutôt le contraire, mais je n'ai pas réussi à détacher mon regard de ce reflet.
Des mots me trituraient la gorge. Ils devaient sortir, ils voulaient sortir, comme une espèce de message de mon inconscient.

La vache, elle va vraiment me prendre pour un fou si elle entend ça...

"Elle te cache quelque chose, Dannie..."

Le reflet était instable, brouillé, au point que je ne me reconnaissais plus vraiment.


" Tes souvenirs... ne cherche pas à les retrouver tout de suite, Dannie. La clé est là, mais elle est ailleurs aussi à la fois."

[C'est complètement incohérent, ton truc ! D'où je sors des trucs pareils ?]


"La réalité est en marche."


[Ouais, d'accord, si tu veux mon pote... Mais là j'comprends pas trop. Voire pas du tout, en fait.]

Le reflet s'est déformé jusqu'à prendre l'apparence du grand type dont j'avais entendu la voix en arrivant dans la réserve.

D'un seul coup, j'ai eu peur. J'ai ressenti la même chaleur que dans le bus. La peur grandissait en moi, me dépassait, me toisait. Elle était là, partout dans cette salle de bains dans laquelle j'aurai pourtant de bons moments quelques mois plus tard. Le miroir ne me renvoyait plus mon reflet, le lavabo se moquait de moi, le sol tournait et glissait sous mes pieds.

La porte s'ouvrit largement.

- Ben dis donc, t'en mets du temps ! T'es pire qu'une...

C'était Solenne. Le seul repère dans ce bordel tourbillonnant venait d'ouvrir la porte. Je voyais trouble, mais je sentais que c'était elle. En même temps, il n'y avait que nous deux dans la maison.

- ...meuf...

Elle posa ses mains sur mes épaules et tout commença doucement à rentrer dans l'ordre.

- Hé ben, on dirait que toi aussi, t'as pris l'apéro avant de venir !
- J'suis désolé. Je sais pas ce qui m'est arrivé.


Un rush de souvenirs en plein dans la tête.

- Héééééé !!

J'ai entendu sa voix une dernière fois et je me suis retrouvé dans la grande rue vide du Krakatoa. Ma tête bourdonnait.

Une musique commença a se faire entendre. Au début, ce n'étaient que des grésillements, mais je reconnus bien vite l'intro de Fireal. Il neigeait toujours.

Je me suis rendu compte que j'avais toujours ma basse sur le dos et que j'étais face à un bar. La musique s'est mise a péter quand je suis rentré dedans.





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