A COUNTRY FOR ROCKERS
Ah que wock'n'woll baby tonight
Le Blackroom. C'est ma première fois ici et je peux m'empêcher de penser à l'Amadeus en moins sophistiqué, mais avec une ambiance toute aussi classe. Après une longue journée entre pluie sur la gueule pendant la descente du cours de la Marne pour aller en répète et traversée de Boredom City dans la sueur de ladite répète, j'ai plus de jambes, plus de répondant, et 4 jours après j'ai plus de santé, d'où la tardivité de cette chro. Vous pouvez me jeter des CD de Bieber à la gueule, ça m'apprendra.
Arrive à temps pour les 4-5 derniers morceaux de Rave, qui finiront leur set sur une reprise d'Electic Six, Gay Bar, dédiée par Clément aux Riveredge.
Pour replacer le contexte, Clément était leur bassiste jusqu'à peu près l'année dernière. Depuis il a monté un nouveau projet, où il tend ses cordes vocales en groovant sur une guitare.
Rave est une groupe de fusion assez original, puisqu'à un rock/metal très lourd se mêlent des passages funky. Et ça envoie du steak, madame, malgré un bassiste débutant et un Clément qui n'aime pas les solos même s'il en met partout. Et heureusement, puisqu'ils viennent donner de la couleur à un ensemble qui serait terne sans eux. Gros manque de mélodie dans les riffs, mais c'est le style qui veut ça. Rave balance du gras et de la bonne humeur, et ça plaît. Clément fait deux-trois vannes, bouge le public, et tout le monde se marre. Pour un deuxième concert, c'est très bien. D'ici deux ans, ce seront de redoutables tueurs.
Mention spéciale pour Clément, après avoir été un bassiste basique mais efficace, il nous fait une reconversion réussie à la guitare et démontre déjà un potentiel pour affrimer un style spécial. Et ça, c'est rock'n'roll ma couille.
Après le délirastronomique Gay Bar, ils laissent la scène à Riveredge.
Ah, Riveredge. Mais Riveredge putain !
Aucun groupe ne respire la bière-pizza comme eux. Propres, apétissants, et pourtant délicieusement crades.
Sweet Goodbye éclate au bout de quelques morceaux. Finis les échauffements, “shit just got real, here's the one deal”, dirait Alex, le chanteur-guitariste-Anglais-drôle-talentueux-sympa-beau gosse-humble-et-chiant de cumuler toutes ces qualités, t'es d'accord avec moi. Naturel en chant clair comme gueulé, il se permet même de grunter , sans s'arracher la gorge ni vomir dans le micro pour autant. Et puis il est grand, ce con. Et à l'aise avec son public. Un véritable enfoiré, donc.
Quand j'ai connu le groupe, c'est lui qui le portait tout seul. Là, tout a changé. C'est la frappe de Boris qui dirige tout le monde, Chris se tape pas mal de solos avec talent, du coup même s'il parle très fort on l'aime bien, et à la basse... Scotty putain.
C'est sa première fois ce soir, et pourtant j'ai rarement vu un bassiste aussi bon que lui. Dire qu'il n'a que 19 ans...
Globalement, il ne fait que des variations sur des pentas, mais hésite pas à se lâcher sur des descendes harmoniques absolument bandantes qui foutent la misère sociale à 80% des bassistes présents ce soir. Sans la pression de la première scène, il aurait été trop parfait, ce qui est un autre problème. Il est à lui tout seul une raison de les voir en live, même si sa présence scénique flirte avec mon niveau d'empathie.
0 absolu, ouais.
De leur côté, Chris et Alex se baladent pendant que leurs grattes se répondent, se complètent, et ça c'est beau putain.
Par contre ce dernier se ramasse comme une merde sur leur plus belle compo – et c'est pas peu dire, niveau ballades, ils valent amplement Scorpions -, qu'ils avaient pourtant annoncée de la meilleure façon possible. “Desfois on meurt le soir”, quand ton morceau s'appelle “I Died Tonight”, cest parfait !
Mais, au détour d'une descente de manche, c'est le drame. “On n'insiste jamais assez là-dessus, mais les pains, c'est quand même vraiment super dangeureux”, me dira-t-il plus tard, la tête dans une poubelle où il a atterri suite au vol plané conséquent à la perte de contrôle du manche de son instrument. C'est en héros fatigué, le dos courbé, avec des peaux de bananes et de yaourt dans les cheveux, mais la tête haute et l'oeil déterminé, qu'Alex remonte sur scène. / Après avoir bu pour oublier, Alex revient, héros fatigué au dos courbé, avec des peaux de bananes et de yaourt dans les cheveux, mais la tête haute et l'oeil déterminé.
"De toute façon c'est nul la guitare”, lâche-t-il avant d'écraser une casquette sur l'ecosystème qui se développe dans ses cheveux.
C'est l'heure de “She loves me not” de Papa Roach, que le groupe s'approprie tout en restant très proche du morceau original, sans oublier la partie rappée au flow de taré qui finit invariablement en bleubleubleuh avec un chanteur normal. Mais Alex n'est pas normal, il a des plantes mutantes sur la tête, alors tu respectes.
Malgré 2-3 morceaux chiants,Riveredge livre un set très équilibré et asserte un style mûr, inspiré par la scène post-grunge, de Staind à Alterbridge en passant par Three Days Grace, dont ils reprennent d'ailleurs un morceau, et évidemment les indétrônables Metallica, dont ils coverceptionnent leur reprise des Misfits, “Die, die, my darling”.
Plus que leur modernité et leurs influences néo, ils démontrent une tendance à l'expérimentation. Bien qu'encore faible, elle est présente, et rendue efficace par tout le travail de mise en place que démontrent leurs morceaux. Croyez que j'encule les mouches sans honte si vous voulez, mais un jour, le post-grunge sortira de sa sclérose, et ce sera grâce à Riveredge. Peut-être qu'ils vont se mettre aux accords de cinquième enrichis à la con, peut-être qu'ils vont agrémenter leur son de relents de screamo, peut-être qu'ils vont utiliser des nappes de son, peut-être même qu'ils vont jouer avec des ambiances et inventer le post-grunge progressif, j'en sais rien, mais en tout cas une chose est sûre, gardez ce nom en tête, un jour ils feront quelque chose de grand, même si c'est dans l'ignorance totale du public extérieur.
Orjan
RAVE + RIVEREDGE @ Blackroom, y'a pas longtemps.