Mardi 20 novembre 2012 à 18:42

http://themonroetransfer.bandcamp.com/album/trials

 

Frozen field, burning field va bien avec certaines scènes de ce chapitre outrageusement long qu'il m'a fallu une bonne semaine à remettre en place. Merci aux gens qui "likent" les chapitres et les partagent sur Facebook. Vous pouvez également rejoindre le groupe prévu à cet effet, et vous manifester dans les commentaires; c'est toujours mieux de savoir qui vous êtes. Bonne lecture !

Orjan.

                                                                                                                                                                           
                                                                                                                                                                    

________________________________________________________________________________________________________________ 





- Salut les enfants ! Vous faites pas trop de bêtises ?


Toujours à moitié à terre, les yeux levés vers lui, mon front s'est plissé sous la stupéfaction. Mon coeur balancait du sang dans tous les coins.


- Non parce que c'est pas ce qui se dit, là-haut.

- Emmène-nous là-bas ! a ordonné bien fort cette imbécile de Lola. Mais pourquoi je l'ai rejointe ? 

Sorel s'est marré. Si c'est bien comme ça qu'il s'appelle.

- Oui, en effet, c'est bien moi.


Oh putain.


- Il faut qu'on discute avant que vous fassiez une grosse erreur et que vous perdiez beaucoup de temps.

Pendant qu'il disait ça, j'ai entendu Lola concentrer discrètement une de ses boules dans son dos. Elle me préparait une diversion, et on aurait pas de deuxième chance. L'avant-dernière phrase de Sorel m'obligeait à y aller à l'instinct. 

Je me suis relevé du plus vite que j'ai pu et me suis précipité sur lui, sabre au clair. Il m'a contré d'une simple passe, bloquant d'abord mon arme puis la plaquant par terre d'un mouvement semi-circulaire. Avant que je puisse la relever pour contre-attaquer, il tendit son bras libre vers moi et ouvrit sa main. Le choc me propulsa en arrière, et je sentis la magie de Lola autour de moi, lancée en rafales, à contre-courant, comme une sorte de tir de couverture. J'ai planté mon sabre dans le sol et m'en suis servi d'axe de rotation pour me remettre sur mes pieds. La peur laissait place à la rage. J'ai chargé pendant qu'il s'amusait avec les sorts de Lola, les découpant ou les faisant disparaitre, un grand sourire barrant son visage en forme de masque.

Il a bloqué mes trois premières attaques, esquivé les deux suivantes, et encaissé les cinq d'après. Il m'a souri. Paisiblement.
J'ai compris, soupiré, arrêté.

Lola non, par contre. Il l'a bloquée avec un sceau à ondes noires.


- Bon, maintenant qu'on s'est bien amusés, c'est l'heure de la scène où je vous dissuade d'aller à Shell Haven, que vous finissez par m'écouter, puis rejoindre le groupe, puis refaire la même erreur, et ensuite on se retrouve devant les portes de la Cité, où je vous tue. Ca vous branche d'éviter ça ?


_________________________________________________________________________________________________________________


J'ai rouvert les yeux dans la rue, en pleine nuit. A l'absence de gens sur cette grande avenue, je sais que je suis bien dans le présent. Je commence à y voir beaucoup plus clair dans tout ce système.

Lenne non plus n'est pas là. Je sors une cigarette et l'allume du bout de mon doigt. Pouvoirs : check. Je commence à marcher en direction du bar. Les autres devraient être là-bas, à moins qu'ils soient partis en quête d'un endroit où dormir. Ma basse m'attend sur un monument qui prend pour le coup des allures de piédestal. Quelques monstres m'attendent autour. Ils se jettent sur moi pour me souhaiter la bienvenue. J'ai dû leur manquer. Maigres goules aux griffes acérées et aux bras tombants. Grandes. Noires. Yeesh.

Colonne de feu pour rejoindre ma basse. Je les fauche sur le retour et reprend ma route, ma compagne à quatre cordes sur l'épaule.



_________________________________________________________________________________________________________________



On était dans un drôle d'état quand on a poussé à nouveau la porte du bar. Lola ne disait plus rien, elle était froide comme une pierre.


- Vous avez été rapides, a lancé Neto. Hey, Solenne, je parie que tu savais pas qu'ils reviendraient.

- Je m'en doutais.

- C'est facile à dire après coup...

- Il faut qu'on vous raconte, lâchai-je, comme un poids sur mes épaules.

Lola protesta mollement d'un coup sur mon coude.

- Si vous êtes prêts, on peut y aller, a dit Solenne.

- Et Cliff Burton ?

- Il est mort.

Merci Sonia, c'était une intervention constructive.

- Je veux dire Feu-de-cheminée-man. 

- On avait compris, dit doucement Seb du coin où il s'était adossé les bras croisés.

- Il est toujours pas revenu et tout le monde s'en branle.

- T'as qu'à l'épouser.

- Merci Sonia, maintenant je sais quelle direction donner à ma vie.

- J'ai dit que je savais où il est, dit Solenne d'un ton dur.

- Mouais. Si tu veux mon avis, dans le genre louche, t'es pas mal toi.

- C'est pas parce que je le crie pas partout que je flippe pas pour lui.

- T'en sais quand même beaucoup sur ce qui se passe.

- C'est grâce à ma mère, je l'ai déjà dit.

- Justement, c'est toi qui le dis.

Elle allait répondre quand la porte s'est ouverte.

- Et ça, c'est moi qui le dis ?

- Yo. Je suis allé faire les courses.

Il a lancé des paquets de clopes à Sonia, Kepa et moi.

- Cool ! Tu gères, fougère !

- J'suis épuisé par contre.

- Nous aussi, a répondu sa miss. On comptait aller chercher un hôtel.

- Et m'attendre, c'était pas au programme ?

- Pas vraiment. Je savais que tu nous retrouverais. Faudra qu'on parle.

- Ah ça ouais, faudra qu'on parle, dit-il d'un ton cassant et vénère, une flamme roulant le long de son bras.

Seb s'est levé, a traversé le bar, ouvert la porte, et on est sortis.


_________________________________________________________________________________________________________________


Je les observe. Tous. J'espère qu'ils arriveront à tout arranger. A changer les choses. J'ai toujours pas trouvé ce que je cherche, mais en attendant, j'ai vu et appris nombre de choses. Il y a tant à faire, tant à voir, tant à comprendre. Des milliers d'univers, il paraît... J'espère pas. J'en ai déjà traversé des dizaines, et ça me suffit. 

Mais bordel, où est ma putain de gratte ?


_________________________________________________________________________________________________________________


On est entrés dans l'hôtel à coups de pied. C'est génial de pouvoir profiter de toutes les inventions de l'homme sans payer. Intérieur tapis rouge, murs ornés de dorures, tableaux riches, minibar gigantesque. 

Et juste nous. Ni réceptionniste-zombie, ni groom démoniaque pour nous souhaiter une bonne fin de soirée.

L'hôtel était à nous.

Dan et moi nous sommes dirigés comme un seul homme vers le bar.

- Ceux qui le veulent peuvent prendre l'apéro, a-t-il annoncé. 

- C'est la prod qui paye, rajoutai-je.

- Dan, arrête de jouer au leader, râla Sonia.

- L'écoute pas, c'est une frustrée. Et c'est pas près de changer.

Ca, j'aurais peut-être mieux fait de le garder pour moi.

- Tu croyais quand même pas qu'on allait dormir ensemble ? glaça-t-elle mon sang.

Fin du monde ou pas, y'a pas moyen. Et merde.

- T'as pas compris que je te déteste toujours ? C'est pas avec ce genre de vannes immatures que ça va s'arranger !

- Donc ça peut s'arranger !

- Ta gueule.

Elle s'est fortement barrée. Fortement, ça veut dire que les marches de l'escalier sur lesquelles claquaient chacun de ses pas étaient des morceaux de moi.

- Oh oui, piétine-moi ce qui me reste de dignité et ravale-moi l'ego par la face nord.


Un silence.

- Bon alors on le prend cet apéro ?


_________________________________________________________________________________________________________________


Je suis dans un endroit étrange. Une sorte de gigantesque bâtiment rouge. J'entends les gens parler. Certains semblent me regarder, ou en tous cas regarder à travers moi. Je flotte toujours, peux aller où je veux et me déplace avec beaucoup de fluidité. J'entends les gens parler de la fin du monde. Il y a une controverse, je le vois à la hauteur de leur longueur d'ondes. Je ne sais pas à quoi ils ressemblent, je vois juste des boules extrêmement brillantes et de taille variable. Plus d'ampleur que celles que j'avais vues jusque là. Probablement des âmes plus évoluées.

Je commence à discerner des mots, des images, des idées sous formes de sons qui font écho dans mon crâne et se traduisent progressivement. 


On va avoir un truc à faire.


_________________________________________________________________________________________________________________


Enfin un peu de repos.

On était là, tous dans le même état, affalés sur des fauteuils de grand standing, dans un décor digne d'un film de Kubrick.

Brillant.

J'ai posé deux-trois paquets de cigarettes sur la table. Lola, Kep et Neto se sont servis. Solenne nous a lancé un regard faussement désapprobateur. J'ai allumé leurs clopes en claquant des doigts et me sentant un peu con. Ca l'a fait sourire. Dieu que cette fille est géniale.


Kepa et Lola ont échangé un regard. Kepa avait les sourcils légèrement levés, comme s'il essayait de lui poser discrètement une question implicite. Celui de Lola était froid.

- Je vais pas rester longtemps, a prévenu Kepa. J'en peux plus.

- Un petit effort, tapette, le taquinai-je.

- J'vais te violer massivement sous la douche, tu verras qui c'est la tapette.

On s'est tous marré. Ca faisait un bien fou.

Lola nous a interrompus.

- Vous trouvez pas ça trop facile ?

On l'a tous regardée avec des yeux ronds. Elle s'est dirigée vers le minibar.

-D'accord, c'est la fin du monde. Mais on a encore l'électricité, les pressions à volonté, et...

Elle ouvrit le robinet.

- L'eau courante ! Ca vous paraît pas bizarre ?

- C'est normal, répondit Solenne. Y'a pas eu de catastrophe naturelle. Karma a décidé de déclencher la fin du monde. Il n'a rien détruit.

- A part nos vies.

- Je vous ai jamais vus aussi bien ensemble, toi et Kepa, lâchai-je.

Gros blanc. Oups.

- Tu sais pas de quoi tu parles.

Elle a tourné les talons et pris l'escalier à son tour.

- Bravo, me félicita Solenne. Je te rappelle qu'ils sont tous à cran.

- Pas toi ?

- Non, pas elle, fit Neto. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'elle en sait bien plus qu'elle le dit.


Ca fait seulement 32 chapitres que je le dis.


- Pourquoi je vous cacherais quoi que ce soit ? On est tous dans le même bâteau, répondit-elle calmement.

Démagogie, la base de la manipulation. S'en servir comme d'un arbre qui cache la forêt, et pour ça, garder bien précieusement les infos qui pourraient nuire à l'emprise sur le sujet.

- Et on a pas le choix, rajoutai-je.

Oui, il va falloir la jouer fine.

- On a toujours le choix, dit pensivement Kepa, les yeux plissés dans le vague et les coudes sur ses genoux.

- Putain mais ça avance pas ! explosa Neto. J'en peux plus de cette merde. On est manipulés par quelque chose ou quelqu'un qui a déclenché la fin du monde et nos espèces de pouvoirs de super-héros, là., Si Dieu existe, parce qu'on dirait bien qu'on en a la preuve, il peut faire ce qu'il veut, on est que des grains de poussière pour lui.

- Détrompe-toi, souffla doucement Solenne.

- Ca sert à rien de s'énerver, tempéra Kepa.

- Non, non... T'as raison. Si Dieu existe, sa volonté est toujours faite, on peut avoir que l'illusion de choisir. Ca sert à rien de croire ou de prier. Ca change rien.

Il pleurait presque, et pourtant il avait une attitude dure, dominatrice, et dégageait une aura puissante.

- Calme-toi...

Solenne restait douce mais semblait aussi troublée que nous. Les yeux plongés dans les tapis rougeoyants, je l'ai écoutée poursuivre.

- On sait que tout ça est arrivé pour une raison. Mais on sait aussi que celui qui a fait tout ça cherche à nous sauver de nous-mêmes. On n'a pas le droit d'en douter.

- Bien sûr que si ! On DOIT en douter ! S'il est si fort que ça, pourquoi il a pas fait de miracles dans le réel qu'on connaissait ? Pourquoi il a pas sonné à la porte d'une chaîne de télé pour dire "salut, je suis Dieu, j'existe, aimez-vous les uns les autres et donnez-moi du temps d'antenne" ?

C'était l'argumentation interrogative métaphysique par Kepa.

- Voilà, c'est exactement ça ! Il avait qu'à claquer des doigts pour changer les gens !

- Ca marche pas comme ça, Neto. Il y a des règles.

- Tu vois que tu en savais plus !

- J'ai pas pensé que ce serait utile de déballer tous ces trucs !

- Normalement, un dieu peut tout faire, a rétorqué mon ami philosophe, recadrant la conversation par la même occasion.

- C'est pas pour autant qu'il va le faire. Je pourrais me foutre à poil et vous faire une lapdance, c'est pas pour autant que je vais le faire. 

- Tu commences à être bourrée, là...

Oui, quand Solenne est bourrée, elle prend toujours des exemples de merde.


- Je vous fais pas de lapdance parce que d'un j'en ai pas envie, de deux, j'ai un code de conduite moral régi par des principes qui m'empêche de le faire, comme ça, devant vous trois. S'il y avait que Dan, à la limite...

J'ai souri, mais en étant bien conscient qu'elle ne flattait mon ego que pour mieux assurer son emprise sur moi. Cette idée me vrillait les tripes. J'ai repris de la bière/clope.

- Ce Dieu-là, ce Karma, a décidé de déclencher la fin du monde pour nous forcer à trouver nous-mêmes le sens de la vie. Partager, s'entraider, se comprendre, s'accepter, en un mot, s'aimer. 

- L'Amour... Toujours l'Amour... soupira Neto avec deux litres d'ironie dans la gorge. T'as raison, maintenant que tu le dis, il m'apparait très clairement que mon putain de destin était de retrouver la fille que j'aime pour qu'elle me foute son pied dans la gueule et me dise après deux trois scènes de vague complicité qu'elle me déteste toujours autant et indéfiniment.

- A toi de définir ce laps de temps. Tout peut changer, posa très sobrement Solenne.

Sobre, Neto ne l'était plus beaucoup. Je vous l'ai pas dit, trop plongé dans la contemplation de cet hôtel hypnotique, mais la pompe à pression avait chauffé, et les verres de notre ninja improbable étaient descendus à une vitesse très respectable.

"Tout peut changer". Avec elle, ça prend pas mal de sens... C'est là-dessus que mon énigmatique copine s'est levée. Elle m'a fait un clin d'oeil en partant vers l'escalier.

Génial, ça sent le jeu de piste et je suis pas d'humeur. Au point où on en est, je serais plus pour un interrogatoire musclé. Mec, même Neto est d'accord avec moi, elle en sait cent fois plus qu'elle ne le dit. En même temps, avoir lu le bouquin de sa mère, même en partie, me met de son côté, objectivement. Et merde...

Les plinthes en bois se foutent de ma gueule, une drôle de petite tornade joue gentiment avec mon ventre et le regard de Neto plaqué sur le mien me renvoie à mon relatif désarroi. Disons plutôt doute. C'est mon pote, le doute.


- C'est quoi, ton histoire avec Sonia ?

Changer de sujet. C'est bien ça. Espèce de lâche.

- Va te faire foutre. Ou va plutôt foutre ta copine, elle t'attend.

- Neto, poésie et romantisme torride.

En temps normal, je lui aurai explosé les gencives ou fait un rapprochement avec sa frustration. Mais je commence à penser qu'il sera mon seul allié dans pas longtemps.

- Ouais, t'as raison, j'peux bien te raconter. Au pire tu te foutras de ma gueule, au mieux tu comprendras pas.

- Sympa.

- C'est compliqué. Je l'ai rencontrée sur le net, y'a longtemps. J'étais encore qu'un ado à peine plus jeune que toi. On a jamais pu se voir, y'a toujours eu des impondérables à la con. Bière ?

- Ouais.

Il est allé en faire 8 et nous les a amenées 2 par 2. Pendant qu'il pressait, il me racontait son histoire à base de quête de soi, de complémentarité, et de la grande ironie de l'amour : Tant que tu ne t'es pas trouvé, tu es voué à passer à côté de ton âme soeur, même si tu l'as en face de toi. Tu peux même aller jusqu'à fuir cette personne. Il me disait qu'elle semblait incapable de ressentir par elle-même, vouée à se brancher sur les autres pour avoir l'illusion de vibrer à travers eux. Ce pattern m'évoque amèrement Solenne, quoique son hypocrisie ait pris une autre forme. Mais le résultat est le même : On ne sait plus ce qui est ni ce qui n'est pas.
Il y avait les contradictions, les fuites et les retours, et au final, aucun des deux qui ne comprenait vraiment ce qui se passait. Neto s'accrochait, persuadé qu'elle était la femme de sa vie. "Je le sentais dans mes tripes. C'était elle et personne d'autre." Elle s'en foutait. Elle supportait plus qu'il cherche à la mettre à jour, du coup son affection s'est transformée en haine. 

- Bordel, pourquoi le relationnel humain, dès que c'est intéressant, ça devient un merdier pas possible ?

- T'as donné la réponse tout à l'heure.

- Hein ?

Il a relevé les yeux vers moi.

- La quête de soi. C'est ça le but. Bordel, on arrête pas d'en parler depuis qu'on a retrouvé Soda. Les personnes les plus intéressantes sont celles qui ont le plus de potentiel, donc logiquement le plus de travail à faire sur elles. Techniquement, on est avant tout des âmes qui évoluent. 

- Du coup on est dépendant de l'évolution des autres.

- Je sais pas. Peut-être que ça marche autrement. Je pense à une histoire d'équilibre, dis-je sans trop y croire - merci Solenne.

Il a repris le fil de son histoire. Elle a fini par quitter sa vie sans vraie raison valable. Il a voulu faire son deuil et commença à mener une vie dissolue, dans l'espoir d'oublier et de toucher le fond dans le même mouvement. Il a tenu qu'un temps comme ça. Le spectre de Sonia s'est mis à hanter sa vie comme ses rêves, et il a fini par prendre la décision de la trouver, où qu'elle soit et à n'importe quel prix. C'est pour ça qu'il est venu au concert.

- Je m'attendais pas à la revoir après la fin du monde. Ca faisait plusieurs années que j'avais plus de nouvelles. 

- Tu la connais comment ? Une ex ?

- Non, on était très liés, mais plus comme frère et soeur de coeur, même si l'appellation peut paraître ridicule.

- Le ridicule tue pas, clama Neto en s'affalant sur son fauteuil bras et jambes écartés. Regarde-moi !

- Te complais pas là-dedans. Gâche pas tes chances. Le destin t'a permis de la retrouver, crache pas dans la main qu'il te tend.

Neto bourré s'est levé et m'a présenté la sienne.

- Merci, mec. 

Je l'ai serrée sans hésiter.

- Fais gaffe à vous.

- Ouais, chef. Comptez sur moi.

Il a pris l'escalier et s'est méchamment croûté sur les premières marches. 
Le plus drôle c'est quand même qu'on devrait avoir pour priorité de sauver nos fesses, pas de pouvoir toucher impunément celles de sa voisine. Mais nous on s'en fout, on est trop cools pour mourir.

Je suis allé l'aider. On se marrait tous les deux. 

- Maintenant c'est les jeunes qui aident les vieux à rentrer bourrés...

Son bras autour de mes épaules, à galérer pour avancer -on devait être qu'à deux verres de différence, même pas-, je me suis rendu compte qu'on sentait sacrément la sueur. 
On transpire mais on va pas aux chiottes même après 10 bières. Vive le nouveau monde.

J'ai ouvert une porte au pif avec le pied et balancé Neto sur le lit. Grande classe, le lit, au fait. Les mecs de la prod se sont pas foutus de nous. L'orga est nickel.

- Ca va aller, t'es sûr ?

- T'inquiète, j'ai pas un bide en plastic.

Je lui ai amené la poubelle de la salle de bains.

- Si tu vomis, vomis là-dedans.

- Ouais chef. Comptez sur moi.

- A demain.

- Ouais ch-ronfl...

- Bonne nuit mec.

 

 

Bon, maintenant c'est l'heure du jeu de piste. C'est parti.


Dans le genre film d'horreur de maître, le couloir est parfait. Je croiserais un môme en tricycle que ça m'étonnerait pas. Ma première rencontre s'est avérée être une chaussette. Par terre et qui sentait plutôt bon. Je me suis senti d'un coup vide. Triste et inconscient de l'être. Cette chaussette me semblait mener nulle part. Solenne me semble à son tour fade et vide de sens. Mon coeur ne se serre pas et je m'en frappe la tête contre le mur. Je titube, me cale contre le mur et soupire en m'allumant une clope. Ce non-ressenti est absurde. J'ai toujours aimé cette fille et de toute façon j'ai pas le temps de ne pas l'aimer, ni de mettre ces sentiments en doute. 
Une traînée de sang coule le long de mon nez, séparant mon visage en deux. Le message est clair, et il colle avec tout ce dont on nous rabat les oreilles depuis que ce gigantesque merdier a commencé. 


Mes sentiments ne sont rien à côté de ce qui est vraiment important. Le monde lui-même n'a aucune importance à côté de ce qu'on va faire. Ca me semble de plus en plus une évidence, tout porte vers l'Univers, quelque chose dont la grandeur nous avale tous, nous et nos petits sentiments étriqués et pathétiques. Sa magnificience nous éclatera tous en un milliard de petits morceaux, tous aussi vains que notre ensemble. Nous ne sommes rien. Nous ne...


- Salut Dan.

- WAAAAH SEB ! Qu'est-ce que tu fais là ? sursautai-je.

- J'ai entendu du bruit. Et je parle pas du choc de ta tête contre le mur. Tu n'as pas le droit de penser ça.

- Sinon quoi ? Tu m'envoies en taule ? 

- Dan, il y a une force noire qui croît en toi depuis que nous sommes arrivés dans ce monde. Si tu la laisses prendre le contrôle, elle te détruira.

- Arrête tes conneries, j'ai l'impression d'être dans un vieux film manichéen à la con !

Avec beaucoup de douceur et de fluidité, Seb m'attrapa par la gorge et me plaqua contre le mur.

- L'intelligence ouvre tous les chemins et la difficulté d'en choisir un. Si tu prends le mauvais par lâcheté, faiblesse ou facilité, tu vas te foutre en l'air et nous entraîner avec toi.

- Parce que maintenant t'es psy ET médium ? 

Sans déconner, c'est quoi cette scène, d'où elle sort ?

La voix grave de Seb sortait avec une puissance sourde de sa gorge barbue. Son bouc avait un air sentencieux.

- T'es pas le seul à cumuler les pouvoirs. Et contrairement à toi, je les utilise pas pour flatter mon ego.

- Hein ?

- Tu ne l'as pas encore fait, mais tu le feras, et il n'y a aucun moyen d'y remédier. Rien ni personne ne t'empêchera de faire cette erreur. Elle est presque déjà écrite.



- T'es qui et qu'est-ce que t'as fait à Seb ? 

Je l'a dégagé d'un coup de bras. Lenne est restée en bas. Brûler, vite, avant qu'il me balance sa lumière à la tronche. Balancer mes pieds comme si mes jambes étaient des ailes. En l'espace de dix secondes, c'est devenu épique. Il a déployé ses ailes d'ange en streetwear et m'a balancé un onde qui m'a propulsé contre le mur tout en me remplissant de joie.

Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Contre-attaquer, vite, retrouver la rage, se remplir de feu, frapper, fort, encore et encore.

Il me coupe la respiration et me repousse. Comme tout à l'heure mais en plus violent.

Je reviens à la charge à grands coups de kicks enflammés, il en évite environ un sur deux, je lui hurle que c'est pas lui, je brûle de plus en plus, je lui cale un combo à 5 coups dans la tronche, du genre que mon prof de Tae Kwon Do aurait apprécié s'il avait été dans le coin, mais Seb s'en fout, il encaisse trop bien, beaucoup trop bien pour que ça soit lui, et frappe beaucoup trop fort pour un ami qui veut simplement t'éviter de faire une connerie. Il m'éclate la tête contre le mur au sens propre, puis contre le sol et je me sens sale. Le feu tournoie autour de moi, formant un cocon protecteur, et je me retrouve à whirler partout avant même de m'en rendre compte. Le couloir tout entier prend feu, laissant à peine la place aux rayons de Seb pour trouer par leur lumière l'obscurité de la fumée ainsi crée. 

Je plonge dans les flammes, avec dans l'idée de m'en servir pour me rematérialiser ailleurs et prendre ainsi Seb par surprise, et



Sommes pas uniquement ce que nous croyons être, bien au contraire.

Ma clope s'est un peu consumée toute seule. Il est temps de partir. Je repenserai à tout ça en temps utile. La chaussette pointait vers le fond du couloir. La deuxième m'attend, en forme de flèche cette fois-ci. Et un soutien-gorge sur la porte. Evidemment.

J'ouvre la porte, les chaussettes dans la main, le soutif sur les épaules, et je me suis pris une culotte dans la gueule.


Ok donc ça c'est fait...


- T'as mis le temps...


_________________________________________________________________________________________________________________


1. C'est toi qui dis ça ? T'as pas une quinzaine de révélations supplémentaires à me faire, au fait ?
2. Ouais, je sais, la rocade était bouchée.
3. J'vais te mettre autre chose, tu vas comprendre la valeur de l'attente.
4. Tiens, c'est marrant, ça me rappelle une ex...
5. On a discuté avec Tortue-Ninja et je l'ai aidé à se coucher parce qu'il était trop bourré.
6. On a trouvé une radio où c'était l'heure du Monde de Monsieur Fred et il y avait une rediff de Signé Furax après. Me demande pas comment c'est possible.
7. Oui mais c'est toi d'abord.
8. N'importe quoi, j'ai fait aussi vite que j'ai pu.

_________________________________________________________________________________________________________________



Au lieu de ça, j'ai simplement posé ses sous-vêtements sur une chaise avant de finir par me décider à la regarder. A oser la regarder, comme un monstre, une nymphe, une ange, que trop de beauté aurait rendue dangeureuse pour des yeux humains. Le beau est toujours bizarre, disait un poète d'un autre siècle. Mon coeur battait à 225 noires par minutes.



Tension sexuelle bonsoir.


Jeudi 17 janvier 2013 à 19:36

 J'avais le dos collé à la porte. Il était là. Il me parlait, à la lueur blafarde de la lampe de chevet, tirant sur une cigarette qui ne se consumait pas, appuyé nonchalamment sur un bâton noir. 

Il était en costume sans cravate, chemise col ouvert et ses cheveux clairs encadraient son visage. Ca nous donnait un petit air de ressemblance assez perturbant. Son haut de forme était posé sur la table et il parlait calmement. 


- La situation est urgente, surtout pour moi, il disait. Ils me surveillent, ils savent sans doute que je suis là. Les strates permettent ça. Tu dois le comprendre.


J'en suis pourtant loin. Il continue.


- La raison de la fin du monde est pas celle que vous croyez. Mais si vous voulez changer les choses, il va falloir jouer le jeu. Aucun d'entre vous n'a le niveau pour le moment.

- Dis-moi ce que tu sais.

- Non. Ca vous mènerait d'une manière ou d'une autre à une mort certaine. Je ne peux pas t'expliquer pour le moment, mais il faut que tu me fasses confiance.

- Pourquoi je ferai ça ?

- Je t'ai déjà déçu ?

J'ai rapidement balayé la pièce du regard en me sentant responsable sans pouvoir l'expliquer. 
Je ne sais rien, je ne suis que Sébastien.



_________________________________________________________________________________________________________________



La fatigue nous a étalé tous les deux en même temps après un final thrust salvateur au niveau de notre intimité partagée.


And then I dreamt the strangest dream. En Anglais et sans sous-titres. Solenne et moi avions trente-cinq ans et étions heureux, avec un chat, un chien, des enfants. En ouvrant la fenêtre, on s'est retrouvés à contempler les vestiges d'une civilisation dévastée. Les murs de notre maison se sont craquelés, effondrés, avalés par le vide sous nos pieds. Seul restait le ciel et ce soleil aveuglant. Plus de trace des enfants. Le silence.

Les façades dévastées des immeubles cachaient les ruines qui servaient d'abris aux plus désespérés. Les courageux marchaient sans autre but que l'espoir d'un renouveau. La pluie s'est ajoutée au soleil de plomb, le vent soufflait, la terre tremblait, la main de Solenne serrait la mienne.
On a vu un homme étrange nous faire un signe. Il s'est mis à briller dans des lueurs orangées et s'est élevé vers le ciel jusqu'à finalement disparaître.

J'étais déjà debout quand je me suis réveillé. Troublant. Ebouriffage de cheveux. J'ai rebordé Solenne pour pas qu'elle prenne froid et suis allé à la fenêtre pour m'en griller une. Au bout de la quatrième bouffée je me suis étranglé.


- Yo.

Pierrot. Mon guitariste. Mon ami. Mon compagnon de galères au début de la fac. Barbe de trois jours, yeux brillants et cheveux en bataille noirs comme la nuit. Flottait en l'air de l'autre côté de la fenêtre. On est plus à ça près.


Je l'ai pris dans mes bras. 

- Mec. Tu nous as carrément manqué. 

- Vous aussi. Je vous observais. Faut qu'on parle.

Ce qu'il y a de bien avec Pierrot, c'est qu'il tergiverse pas. Il va toujours droit au but. Il prend pas des moyens détournés pour s'exprimer. Il est concis. Il allie la force du propos à la légèreté lexicale.

- On se retrouve en bas.

Je suis allé chercher ma veste, et la colonne de feu m'a propulsé par la fenêtre et déposé doucement dans la rue.

Pierrot m'a fait un thumb up en souriant. J'ai tiré sur ma clope et lui en ai passé une.

- T'étais où depuis tout ce temps ?

- Un peu partout. 

J'ai fouillé dans la poche intérieure de ma veste et lui ai rendu sa boîte AUSTRALIA.

- J'ai aussi ton casque au fait.

- Je sais. Je vous ai un peu suivis.

- J'ai cru te voir dans la strate infernale.

- Ouais. Je cherchais ma guitare et je me suis un peu paumé à un moment. Je l'ai toujours pas retrouvée, dit-il en souriant.


Note pour plus tard : Penser à demander à Solenne à quoi servent les artéfacts, on dirait bien qu'ils sont notre porte de sortie.



- T'as dit qu'il fallait qu'on parle. 

- Ouais. En fait c'est simple : Il FAUT que vous alliez dans les strates. Faites ce qu'a dit le mec rouge. C'est le seul moyen d'aller à l'endroit que vous devez atteindre. 

Je retire ce que j'ai dit sur Pierrot et sa clarté.

- J'suis convaincu, on part quand ?

- Je sais que c'est pas clair, mais quand je voyage, je perçois que des thèmes, pas de sons. J'entends des idées comme si elles étaient vivantes, mais elles ne me parlent pas. Suivant les strates, le temps s'écoule différemment, et ma perception est elle aussi modifiée. Ca devient assez dur de suivre les flux. Il y en a deux énormes, qui créent beaucoup d'interférences. Entre les deux, il y a plein d'âmes, enfin, je crois que c'est des âmes, qui se démènent comme elles peuvents. J'ai vu d'autres groupes de gens aussi. Je pense que la première chose à faire est d'ouvrir des ponts entre les strates. 


- Ca colle pas, l'Entremonde est censé avoir une durée limitée, et nous, on doit évoluer suffisamment pour avoir droit à un ticket pour une autre réalité. 



- Pas du tout. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais tout ça c'est des conneries.

J'ai froncé les sourcils et commencé à réfléchir en fixant un point aléatoire.

- A part maîtriser le temps et l'espace, tu as d'autres pouvoirs ?

- Je les maîtrise pas. Je joue avec leurs règles, plutôt. J'ai pas réellement de pouvoir offensif comme vous. 

- T'as l'air de t'en sortir mieux que nous en tous cas.

- Je fais ce que je peux. Mais tu sais comme moi que c'est pas toujours facile de gérer un groupe, pas vrai ?


J'ai souri. Crave... nos plus grandes galères ont aussi donné naissance à nos plus beaux moments.


- Tu as vu d'autres gens...

- Plein. T'as pas idée. L'humanité toute entière est là, dispersée dans un nombre astronomique de strates. C'est pas parce que vous ne voyez personne qu'il n'y a personne.

- J'en étais presque sûr. C'est cool d'avoir ta confirmation. 

- D'après ce que j'ai compris, on a été répartis par groupes. Les mêmes que quand on s'incarne pour une nouvelle vie. Mais c'est de la communication d'âme à âme, ou plutôt d'âme à origine, du coup je maîtrise pas trop et si ça se trouve j'interprète mal.

Pierrot qui parle de réincarnation et d'exprérience mystique. Je commence à me demander si je suis bien réveillé.

- On est tous liés de différentes façons. En progressant, on va recréer d'autres liens, plus ou moins forts, plus ou moins importants, et surtout consolider ceux qui sont primordiaux et indéfectibles. 


- On va sans doute discuter tous ensemble demain matin, voir ce qu'on fait. Tu viens avec nous ?

- Pas tant que j'aurai pas récupéré ma guitare. Elle me manque. Tous mes souvenirs sont avec elle.

- C'est pas comme si tu pouvais nous rejoindre quand tu veux.

- Voilà.


La brume nous enveloppait doucement. Les façades des bâtiments autour de nous étaient exactement les mêmes que dans mon rêve. Un frisson m'a parcouru lentement le bas du dos.


- Rappelle-toi : Vous DEVEZ aller dans les strates rassembler les morceaux, sans quoi vous êtes coincés ici.

- Les strates seraient la porte vers Shell Haven. Mais c'est absurde, ça colle avec rien de ce que Soda a dit...

- Qui c'est ?

- Le mec en rouge.

- Ah...

- C'est un démon.

- Ah.

- Il a rien à voir avec l'image qu'on s'en fait, rien à voir avec la conception démonique du folklore judéo-chrétien, rien à voir non plus avec les djinns arabes ou les incubes, encore qu'il en a deux-trois caractéristiques, assez effacées en fait, mais il serait plus proche de Hellboy, si on devait le comparer à quelque chose de connu.

- D'aaaccord, et tu penses que c'est fiable, un démon qui est plus proche d'un personnage de comics que de quoi que ce soit d'autre que l'homme ait pu imaginer pour remplir ses croyances ?

- Ben ouais, il est cool Hellboy. Enfin le truc c'est que Soda nous a interdits d'essayer d'atteindre Shell Haven, mais nous a encouragés à partir dans les strates.

- Et donc ? On s'en fout de Shell Haven ! 

- Au contraire, c'est eux qui ont déclenché la fin du monde et apparemment il y a pas mal de dysfonctionnements internes de leur côté.

- Intéressant. 

- Absolument.

- Continuons notre enquête chacun de notre côté, Sherlock. Si on se débrouille bien, on pourrait tirer ça au clair avant la fin de la semaine.

On s'est checkés et tapé la bise.

- A la prochaine ! me lança-t-il d'un geste de la main. 

Il disparut avant que j'aie pu dire quoi que ce soit. Je suis remonté de la même façon que j'étais descendu et me suis effondré dans le lit.
Avant de me rendormir, je me suis dit qu'il aurait été pertinent de bloquer les portes des autres chambres avec des chaises, surtout celle de Lola, au cas où elle tenterait de prendre le large faire des conneries.


Mais la flemme.



_________________________________________________________________________________________________________________


Je me suis réveillé avec à mes côtés une Solenne pensive. 

- Bonjour, me dit-elle doucement sans même me regarder, les yeux fixés sur le plafond.

- J'ai fait un rêve étrange, et après j'ai vu Pierrot.

- Moi aussi, sauf pour Pierrot. Le futur parfait qui se disloque et dévoile un monde en ruines, d'où émerge un type étrange qui s'envole en souriant.

Je me souvenais pas du sourire, mais pour le coup, elle m'a percuté les tripes avec ses mots. Tachycardie. Clope. L'éclat de la flamme sonne comme une caisse claire. Je me suis levé pour aller ouvrir la porte, avec un drôle de pressentiment qui avait élu domicile dans ma cage thoracique. Sûr qu'il allait se plaindre de l'état de la cave. Il me faisait pas marrer et je voulais m'en débarasser au plus vite.

- T'embête pas, elle est bloquée.

- C'est toi qui a fait ça ? 

J'ai trouvé le moyen de bâiller malgré tout en disant ça.

- Non. Je pense que les autres sont bloqués aussi.

- Et t'as pas pensé à balancer un big éclair de sa mère dans la porte ?

- Non.

J'ai soupiré. Je vais pas tenir longtemps avant de tout faire sortir.

- Je voulais pas te réveiller. Et puis si on est coincés ici, c'est pas pour rien.

Choisir, vite. Parler ou sortir. Parler ou sortir. Parler ou sortir.

- Il faut que tu me dises ce que tu sais. Pourquoi tu te comportes comme ça. Ta froideur générale à tendance à faire apparaître ta chaleur d'hier soir comme fausse, ou en tous cas bien suspecte. Pareil pour les fois où tu fais preuve de douceur. Ce contexte pervertit tout ton être et je te reconnais plus.

- Je t'ai déjà tout dit au bar. Il te faudra peut-être du temps pour l'assimiler, mais je ne te mens pas. La seule chose que je t'ai cachée, c'était que je savais pour la fin du monde. J'ai joué un rôle pour pas prendre le risque de te faire fuir, mais j'étais pas mal moi-même malgré ça. Je ne te parlais pas de mes peurs, de mes doutes, mais c'est tout.

- Et moi je me dis que tu me fais simplement écouter ce que j'ai envie d'entendre. Ton comportement va dans ce sens, en tous cas.

- Je ne peux pas t'empêcher de penser ce que tu veux. J'ai choisi d'avoir la foi et de renoncer à toute emprise sur ce monde, pour me laisser guider et voir ce qu'il a dans le ventre.

C'est les deux phrases les plus sages que j'aie jamais entendues. 

- On battra des records une prochaine fois, lâchai-je en explosant la porte d'un coup de pied brûlant.

Wack'n'woll.

- HEEEY ! rugis-je dans le couloir. VOUS M'ENTENDEZ ?

- OUAAAIS !

- TA GUEULEEEEE !

- T'ETAIS PAS BLOQUE, TOI ?

- SI, MAIS J'SUIS SORTI !

- MAIS VOS GUEULES, J'VEUX DORMIR !

Les portes sont vachement bruyantes, de nos jours.

- T'ES SÛR QU'ON PEUT DEFONCER LA PORTE ?

Kepa, je crois.

-TU TE FOUS DE MA GUEULE ?



BRAAAAAAAM.

- J'ai une pêche d'enfer, annonça Kepa d'un sourire en enjambant les débris.

On a aidé les filles à sortir. Solenne nous avait pas rejoints et Seb donnait pas signe de vie.

Kepa a défoncé la porte de la chambre de Neto avec son poing et s'est approché de Mr Gueule-de-bois.

- Dégage Nietzsche, j'veux dormir bordel !

Attrapé les draps et tiré d'un coup sec.

- Debout ! On a des trucs à faire.

- Réunion de crise, dis-je. Prenez une douche et retrouvez-moi en bas, on décidera de la suite.

Sonia et Neto ont soupiré en même temps mais pour des raisons différentes. Je suis sorti. Crochet par la chambre.

- J'ai entendu. Seb doit être dans le coin.

Je suis resté interdit quelques secondes en me rappellant de l'étrange scène d'hier soir, dans le couloir. 

- Tu sais, je pourrais avoir des doutes sur ta fidélité avec une phrase pareille.

- Sois pas ridicule, Danou.

- Grmbl.

Je suis descendu pour me calmer, en m'attrapant une deuxième cigarette au passage. Seb était là, assis sur le canapé portant encore les cendres d'hier soir.


- Bonjour Dan.


J'abandonne. Je suis vraiment pas fait pour être un leader.


_________________________________________________________________________________________________________________


Douche chaude. Sol est venue m'y rejoindre, comme pour se faire pardonner et/ou me réconforter. Par rapport à ses attitudes, mes doutes, mon incapacité à leader, mon impuissance malgré mes efforts, la méfiance qui devient une seconde nature, et par rapport aussi à

Elle m'a embrassé et les questions sont tombées dans le siphon.

_________________________________________________________________________________________________________________


Salle commune de l'hôtel. Lola avait fait deux ou trois litres de café.

- J'ai bien réfléchi, et il faut faire ce que dit Soda, a-t-elle commencé.

- C'est pas ce que tu disais il y a encore quelques heures, fit remarquer Neto.

- Donc tu penses plus que ça revient à nous aliéner du peu de liberté qu'il nous reste, a conclu Kepa.

- Voilà.

- C'est un retournement inattendu ! s'exclama Sonia. Maintenant je nous propose de laisser la parole à notre leader chéri d'amour élu démocratiquement, qui saura quoi faire parce qu'il a tout compris grâce à ses précieuses prises de têtes constructives.

Bam, dans ma gueule. Si elle continue comme ça, je saurai si c'est aussi la fin du monde en Chine.

- Dan, allez, un discours. Fais-nous rêver.

Ah... Café, clope, je suis paré. Et si ça tourne mal, j'ai ma basse pas loin.

- J'ai vu Pierrot hier.

Leurs yeux se sont tous illuminés. Même ceux de Solenne.

- Pour ceux qui le connaissent pas, Pierrot est notre ami et guitariste, et on était presque sans nouvelles de lui.

- Presque ? releva Solenne.

- Je l'ai vu dans la strate infernale d'hier.

- Développe ?

- Il a des pouvoirs de déplacement qui lui permettent de voyager entre les strates, de voler ou de se rendre invisible.
- Son truc, c'est de se déplacer dans les strates. Y vole, se rend invisible, ce genre de trucs. Et il a accès à toutes les strates. Ou les dimensions, je sais pas trop comment dire.

- En gros il nous a suivis.

- Voilà. Il sait ce qui se passe du coup, et il a bien insisté sur l'importance de jouer le jeu et d'accepter ce que Soda nous propose.

- J'en suis, a dit Seb plus fort que d'habitude.

Ses ailes éthérées se sont déployées.


- Quand Pierrot nous rejoindra, on aura deux demi-dieux parmi nous, c'est-à-dire des chances à peu près sérieuses d'arriver à faire ce qu'on veut. Si on se sépare, on finira tous par mourir à un moment ou un autre. On est arrivés ici ensemble, on repartira ensemble.

Neto s'est levé. Tout le monde l'a regardé.

- Juste pour dire que j'en suis aussi, avant que tu te mettes à citer Lost.

Il est parti chercher son sabre.

- Moi aussi, mais je veux changer la mise en scène.

Kepa aussi. Parfait.

Solenne dit toujours rien.

- La même, mais je veux pouvoir continuer à foutre des coups de pieds dans la gueule à Neto en toute impunité.

- Tout ce que tu voudras, souris-je.

- Attends, t'as oublié un truc.

Lola. Elle va encore me casser les couilles. Mon lance-flammes, vite.

- On a juste été tous enfermés dans nos chambres et tout le monde s'en branle.

- Ou tout le monde commence à s'habituer, dit doucement Solenne.

Je dois avouer que je l'avais pensé.

- C'est moi qui ai fait ça.

Seb est devenu le centre de l'attention.

- Pourquoi t'as fait ça ? T'es malade ou quoi ?

Lola et Neto quasi-en choeur. Ca change un peu. Seb garde un calme olympien.

- La vraie question, c'est comment, recentra Kepa. 

- C'est évident. Hier soir deux d'entre vous comptaient se barrer, ce qui aurait conduit à un bordel monstre pour les retrouver et les raisonner. Sans parler des risques.

Un temps.

- J'ai de bonnes raisons de vouloir tenter ce que nous propose Soda. Et je peux pas vous laisser faire n'importe quoi.

Bah le voilà, notre leader. C'est quand même bien branlé, cette histoire.

- Pour ce qui est du moyen, Pierre, je pense que c'est encore plus évident.

- Bloquer des portes par la pensée, c'est vraiment un pouvoir à la con, lâcha Neto, affalé dans un fauteuil, les yeux mi-clos et enveloppé dans son long manteau noir qui lui donnait un style étrange, mix improbable entre un gothique et un ninja, le tout narcoleptique, désabusé, et à l'ironie parfois foireuse. Le sabre appuyé sur son dossier aidait.

J'allais parler mais Seb m'a précédé.

- Je sais ce que tu vas dire, Dan. Et je vais refuser. Je suis pas un leader.

- Tu crois que c'en est un, lui ?

- Merci Sonia, moi aussi je t'aime beaucoup même si t'es encore pire depuis la fin du monde.

- Oui, je le crois. Il comprend mieux certaines choses que la plupart d'entre nous et ses plans sont bien.

- Ouais tu parles. Avancer et attendre le prochain truc bizarre, j'appelle pas ça un plan. Il s'en remet au hasard, c'est tout.

- Il sait ce qu'il fait. Et depuis quelques temps, on a la preuve qu'il y a pas de hasard.

- Mais tu vas arrêter de le sucer devant tout le monde, ouais ?

_________________________________________________________________________________________________________________

Here comes a new challenger !


_________________________________________________________________________________________________________________

 
 
Neto.

Suffers
Smokes cigarettes
Gets laid
Fights

Rating : Awesome.


- Et que pense la brune mystérieuse de tout ça ? a demandé Sonia.

- Je suis pour, ça me semble évident.

Elle fait un concours de calme avec Seb, c'est sûr. Je commence à me demander si elle couche pas avec. Si elle était sortie du lit cette nuit, je m'en serais rendu compte, c'est évident. Je suis un idiot parano. Respirer et se dégager ces pensées parasites de la tête.

Pour ça, j'ai ouvert la porte de l'hôtel de Stan avec impossibilité de la refermer. D'un coup de basse, ouais. Ca fait plaisir, vous suivez.

- Allez. Tous au bar. On trouvera un moyen de rentrer chez nous, je vous le promets.

Ils m'ont suivi en silence, enjambant les débris de bois encore brûlants.




Vendredi 15 février 2013 à 17:50

 

- Salut les jeunes, bien dormi ?

- Ta gueule.

Le choeur était joué par Sonia, Neto, Kepa, Lola et moi-même. On nous applaudit bien fort.


- Merci. Je comprends que vous y caliez pas grand-chose, mais bientôt tout va s'éclaicir, dit-il d'une voix très calme.


Un jour on lui sortira de quoi le démonter. Un jour...


- Avant que vous ne partiez faire face à vous-mêmes, il y a deux personnes que vous devez rencontrer.


Le bar s'est mis à trembler, l'atmosphère vagument délétère et au fond un peu complice s'est allégée, et le sol et le plafond se sont disloqués.

On a tous entonné la chanson de Space Mountain.

Neto a été le seul à trouver ça cool et Kep a attrapé sa dulcinée par le bras pour éviter qu'elle se barre après avoir tué Soda.

Deux magnifiques demoiselles sont apparues. Irréelles. Cheveux d'un blanc argent brillant pour l'une, noir d'ébène pour l'autre avec des reflets rouges d'une fluidité fascinante. Grands yeux gris-violets pour la première (si, si, c'est possible), rouge feu plus fins pour la deuxième. Un corps à faire profondément douter n'importe qui de la pertinence du concept de fidélité pour les deux.


- Je vous présente Blanche et Noire Samarcanda. Elles sont bonnes, hein ?

- Salut Soda.


La bouche de Noire s'est doucement étirée en un sourire tendre et de ses lèvres finement dessinées est sortie la plus belle voix que j'aie jamais entendue. Une mélodie d'un autre monde, une vibration à la pureté incomparable.

Les drôles de dames nous ont regardés avec paix et sagesse. Je me suis senti foutrement bien. Solenne m'a foutu un coup de coude et a pointé ses seins du doigt. Sympa.

Seb avait calé ses yeux dans les braises de Noire et semblait décidé à les y laisser pour les deux ou trois prochaines éternités.


- Voilà le groupe dont je vous ai parlé. Je voudrais que vous les guidiez le moment venu.


Elles ont acquiescé calmement. Bordel, Morticia est super bonne. On dirait Solenne devil-style. Deuxième coup de coude façon «Matte les miens plutôt».


- C'est qui les deux gothiques ?


Neto, ben... Neto, quoi.


- Noire est une damante et Blanche une banshee. Elles sont soeurs et bossent dans la gestion évenementielle. Les damantes sont là pour s'assurer que ce qui doit arriver arrive, et les banshees s'occupent d'éviter les collisions. En gros, que ce qui ne doit pas se produire ne se produise pas. 
Contingence, déterminisme, champ des possibles. Tout ça c'est elles.  Je voulais que vous les voyiez avant d'y aller. Comme ça, une fois de l'autre côté, vous pourrez me croire. Soyez attentifs.

- Okay donc on part dans l'inconnu pour guetter un Deus Ex.
- C'est lui, le leader ?

Noire est envoûtante, un truc de malade. Troisième coup de coude "Je sais que tu es à l'étroit dans ton slip mais j'ai une option sur toi". Prendre la parole ou dire «Aïe».


- Arrêtez avec ce mot.

- Ouais, c'est lui, lâcha nonchalamment Soda, pieds appuyés sur la table en se balançant sur sa chaise.

- Je l'imaginais plus carré, a dit Blanche.

- Il est parfait comme ça.

 

Euh ouais mais non quand même. Faut pas déconner.

- Solenne, arrête !
- Vos gueules les amoureux, on a un monde à sauver. Enfin si c'est ça le plan ultime.
- C'est lui, Neto ?


Dire qu'il m'appellait chef y'a encore quelques heures... On risque de pas tarder à se refoutre sur la gueule.


- Non, j'en ai eu marre de l'ambiance post-apo, j'ai vu de la lumière alors je suis rentré. De qui vous parlez ?


Elles ont ri. J'avais jamais entendu un rire comme ça. Il était diablement pur, avec un drôle d'effet éthéré, repiqué avec un delay.

Quatrième coup de coude. Prochain coup elle va me plaquer la tête dans son décolleté, c'est pas possible autrement.


Noire a reporté son regard sur Seb qui disait toujours rien.


- C'est le moment, dit-elle. Je compte sur toi.


Regard noir de ma muse. Maintenant c'est sûr, Solenne va m'émasculer dans la prochaine scène. Adieu, virilité... On s'est bien marrés. Même si parfois tu me cassais les c-

- Faudrait arrêter de me voir comme un leader. C'est Seb le chef maintenant. Il nous a à peu près sauvé la vie cette nuit.

Noire a encore souri et je me suis décalé discrètement de la trajectoire d'un hypothétique mom dolyo tchagui émanant des parfaites gambettes de ma dulcinée chérie d'amour.
J'ai remarqué une tension asymétrique de sa lèvre qui m'a instinctivement fait dire qu'elle avait quelque chose à cacher à propos de ce fameux blocage de portes. C'est son boulot, après tout. J'ai rejoint les autres en haut.

A l'étage-mezzanine, en face des portes, on s'est vite rendu compte que certaines portaient nos noms. Les trois démons nous regardaient avec bienveillance.

Sonia s'est plongée dans la contemplation de la rambarde en bois, garde-fou rationnel presque rassurant.

J'ai brûlé un coup et pointé Soda de ma basse.

- Je te fais confiance, mais c'est peut-être la dernière fois.

Réplique pourrie. Pourtant je flippe pas. J'ai l'impression de plus ressentir grand-chose de négatif depuis un moment.

- S'il se passe encore n'importe quoi, je me démerde pour revenir et j'te pourris la gueule.

Ça c'était peut-être déjà mieux. Neto m'a suivi.

- T'as intérêt à m'en laisser un bout, je supporte pas qu'on m'oblige à être libre.

- Hé ben enfin ils comprennent ! s'est soulagée Lola. Compte sur moi pour te finir quand t'auras étalé les deux autres.


Soda a ri, Neto a traité Lola de pute, Sonia a lancé une pièce en l'air en s'engouffrant dans l'ouverture de la porte. Sa pièce est retombée en tournant en équilibre sur la tranche à l'endroit d'où elle venait de disparaître.

- C'est vrai, a dit pensivement Blanche. La fin du monde était la seule solution.


La pièce est finalement retombée sur le côté du 1. J'ai roulé à Solenne la pelle de sa vie et j'ai claqué derrière moi la porte qui portait mon nom, quasi-certain d'atterir dans un bordel qui lui, n'en aurait pas.

 

Vendredi 15 février 2013 à 18:36

 Dans lequel Neto nous livre un résumé tout personnel des évènements. Dans lequel Mindfuck me, I'm famous. Et puis rajoute des frites, tiens, j'ai pas mangé à midi. Dans lequel on se rapproche doucement mais sûrement de la théorie du complot.


 

- Pourquoi tu m'aimes ?

- J'ai rien de mieux à faire.


J'ai dit ça machinalement, comme si quelqu'un venait de me le souffler. Mes souvenirs se clarifiaient lentement pendant que je fixais mon plafond branlant l'oeil vide. Les murs gris-bleu de mon appart me rappelaient à la réalité plus que sa voix.


- Je sais pas comment je dois le prendre.

- Ben prends-le bien.


Un silence. Courroucé et caché. Faut que j'arrête les filles sensibles, un jour ça va finir par leur faire du mal.


- Au moins je t'aime. C'est mieux que rien.

- Ouais, surtout venant du dieu de la baise.

 

Ouh. Ironie sarcasmatique. Pas au réveil, surtout pas. Et jamais après les changements de réalité cosmico-mystiques, c'est un principe de vie.


- Parce que pour moi c'est justement ça.

- Nooon, pas de jeux de mots foireux quand j'ai la tête dans le pâté, pitié...

- C'est la baise. Je te donne tout et tu t'en fous comme de ta première pipe.

- Hé, parle pas comme ça de mes premiers émois de 5ème !

- Putain d'égoïste, soupira-t-elle avec une grosse dose de véhémence.

 

Over. Là elle va partir et me laisser tranquille assez longtemps pour me permettre de faire le tri dans mes souvenirs, et accessoiremment j'aurai pas à me souvenir de son nom.

J'ai senti un truc. Puis un deuxième, physique cette fois-ci.

Ses mains de chaque côté de mon visage, je me suis rendu compte que je l'avais pas regardée depuis mon réveil.


Sofy.


Mon palpitant me fait défaut pendant plusieurs interminables secondes et creuse un vide brûlant dans ma poitrine. Bien fait pour ma gueule après avoir été un énorme salaud égocentrique avec cette fille que j'étais sans doute censé aimer depuis un moment, mais c'est différent
 depuis que je viens du futur.


- Aimer quelqu'un qui t'aime aussi, c'est de la branlette émotionnelle pour heureux imbéciles. Aimer quelqu'un qui en a rien à foutre de toi, ça, c'est de l'amour. Et je t'aime, Neto.


Wouh putain. Si ça c'est pas de la punchline de première classe, c'est elle qui paye le restau ce soir.

- Mais je me respecte aussi, sans quoi ce serait malsain. Et si tu me reparles encore une fois comme ça, je te broie ta virilité toute entière et ce sera la seule chose que je te laisserai.


Elle m'a embrassé avec passion et on s'est remis à faire ce qu'on sait faire de mieux.

 

_________________________________________________________________________________________________________________________________


Hé ben j'ai bien fait de payer ma tournée l'autre fois... Grâce à qui on a encore une scène de sexe gratuite ? Hé oui, c'est grâce à Bibi !

 


Non, non, narrateur. T'as eu ton quota de boobs pour la semaine, l'autre fois. Je raconterai rien.

 

 

Enfoiré. J'me casse. Putain d'ingrat.

 


Une heure plus tard.

____________________________________________________________________________________________________

Juste une heure plus tard ?

 


Ouais. Juste une heure plus tard. Et je raconterai toujours rien.

 

Rien ?! RIEN ?!

 

 

 

Voilà. Comme dans la chanson.

 

 

 

Putain j'me casse. Vraiment, cette fois.

 

 

C'est ça, on y croit tous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bon, ben on a l'air débarrassés de lui. En attendant qu'il revienne, voilà la suite.

 

 

Après cette heure de débauche, j'ai eu un putain de choc à la tête. Submergé de souvenirs et d'émotions d'une déferlante similaire à une machine à sous qui affiche un triple 7.

Il y avait aussi une autre fille, mais ma mémoire brumeuse accusait une sacrée gueule de bois dûe au décalage horaire salement burné qui m'infirmait le cerveau depuis mon retour dans le réel. Enfin, le passé quoi. C'est pareil de toute façon.


- J'te demande pardon, Sofy. Je manque à tous mes devoirs, en ce moment, à commencer par celui du sommeil.

Oh c'est bon ça. Ça va prendre, ça va prendre, c'est obligé.

- Alors pour toi, m'aimer c'est un devoir.


Et merde. Sûr que c'est une vengeance du narrateur. Mais à ce moment-là, ça veut dire qu'il est aussi le script. Ou qu'il est très pote avec le script, et à ce moment-là, le script est une enflure.

 

Je me suis levé et rhabillé.

- Je vais chercher des clopes. T'en veux ?


Ouais, je sais que je suis un lâche.

- Deux paquets, motherfucker.

Oh ouais, pour un peu je me prendrais presque pour Hank Moody aux prises avec les difficultés du scénario.


- Ça marche. J'en ai pour dix minutes, ça te laissera le temps de réfléchir à ce que je t'ai dit, si j'suis si important pour toi.

- Crève.

- Moi aussi j'te kiffe.

 

Elle a ri, finalement. M'a tendu ses bras pour un câlin, je lui ai fait un baisemain à la place.

Note pour plus tard. Ne jamais sortir en chemise, après avoir passé trop de temps dans un baisodrome pas aéré.


IL FAIT SUPER FROID PUTAIN.


Soleil éclatant + vent glaçant. J'ai dû laisser mes neurones de l'autre côté. Je me frictionne comme je peux en râlant à mi-voix. Je suis pas vraiment là, j'ai l'esprit ailleurs et les yeux à moitié fermés. Trop ailleurs pour pas regarder avant de traverser. Peut-être que c'est finalement les voyages dans le temps qui rendent con.

Un bon gros coup de klax m'a tiré les yeux hors des orbites. Au moins maintenant ils sont complètement ouverts. Et j'ai le cul par terre en plein milieu de la route. Je me relève vite fait pour croiser le regard d'une fille que j'étais pas censé connaître à ce moment-là.

- Vous allez bien, monsieur ?

Froide et timide, douce et distante.

- «Monsieur ?» J'ai l'air si vieux que ça ?

- Excusez-moi.


Est-ce que c'est vraiment elle ? Putain mais où j'en suis, bordel ? Quelle année ?

- Vous êtes sûr que ça va ?

- J'en sais rien, et vous ?

Elle s'est mise à rire.

- Vous êtes plutôt cool pour un type qui vient de se faire renverser.

Mes yeux ont bien failli ressortir une deuxième fois.

- Quoi ?

- Vous vous êtes pris un aller simple pour l'autre côté par un capot de Mercedes. Mais apparemment, votre vol n'est pas parti.

- Ça va, y'a pire...


Elle a souri.

- Ah, je crois que le voilà.

Un caucasien carré à la tronche d'acteur porno avançait vers moi depuis l'autre bout de la rue. Il émanait de lui un mélange de «J'suis désolé, vous êtes blessé ?» et de «Mais t'es complètement con de traverser comme ça sans regarder, espèce de pourriture de témoin de Jéhovah !», le tout saupoudré d'un généreux soupçon de «Mais il est où ce con ?»

 

[rajouter un paragraphe où Neto prend le temps de regarder la demoiselle.]


- Ça te dérangerait de me couvrir ?

- Pardon ?

 

Je lui ai montré le bureau de tabac du menton.


- Je rentre là-dedans et toi tu fais tout ce que tu peux pour l'éloigner. Invente un truc, n'importe quoi. Une fois qu'il s'est barré, tu viens me le dire. Okay ?

- Hum d'accord. Mais il faudra que je vous pose quelques questions.


Son sourire grandit et trahit un peu d'excitation derrière son calme. Pas de doute, c'est bien elle.


- Tout ce que tu veux, lançai-je avant de m'engouffrer chez le dealer de cancers.

Le miroir disait que mes yeux s'étaient refermés à moitié, comme si rien ne s'était passé et que ma vague douleur sacro-illiaque n'était qu'un bonus DVD des voyages dans le temps.

Il rajoutait que j'avais besoin d'une bonne coupe et de me raser. Je ressemblais à Kurt Cobain croisé avec Jim Morrisson. Du grunge psychédélique, ouais, et selon la fille calme et tranquille qui est très probablement elle, je devrais être tout aussi mort qu'eux.

Kurt et Jim en version européenne, s'il faut le préciser. Donc en bien moins sex. Je sais pas ce qu'elles me trouvent. Faudrait vraiment que je pense à faire un sondage, un jour.

- Monsieur ? ... Monsieur !

Buraliste me coupe dans ma passionnante discussion avec le miroir. Dommage, on allait arriver au passage où il me dit que j'ai de beaux yeux, je sais ?

Et puis qu'est-ce qu'il y a avec tous ces «Monsieur», c'est une conspiration ?


- Ouais, pardon. 4 paquets de Lucky, s'il vous plaît. Et mettez-moi deux demis aussi.

Je suis allé m'asseoir en ressassant tous les souvenirs qu'il me restait. Ou que j'avais récupérés. Je sais même pas en quelle année on est, et une flemme puissante m'empêche d'aller trouver ma réponse du côté des périodiques.

Et puis quel âge j'ai ? Je suis peut-être un loser qui cumule encore les plans cul à 30 ans, au lieu de se poser comme tout le monde. Si c'est le cas, ça veut dire que j'suis aussi mauvais en «tout le monde» qu'avant. Je suis donc resté le même, et ça, c'est bon signe.

En quelle année j'ai rencontré Anna, déjà ? Après avoir perdu Sonia, c'est sûr.

Pas étonnant que j'aie été aussi sec avec Sofy, tout à l'heure. Je m'en rappellais sans le savoir. L'inconscient...

- Merci.

J'ai pris une gorgée en sortant de quoi payer l'actif pour l'inertie, ma main libre sur mes pensées, évitant de regarder les jeunes filles autour dans les seins.

_________________________________________________________________________________________________________________________________

T'es irrécupérable, mec.

 

 

Je l'avais dit, ça aura pas duré longtemps. En parlant de ça, elle est où, Peut-Être Anna ? 'Tain, je suis vraiment pas fait pour attendre.

J'ai repris une gorgée. J'ai pas le souvenir d'avoir déjà été percuté par une voiture, ou même failli. D'ailleurs j'ai mal nulle part, à part au suçon que Sofy a cru bon de me faire de le bas du cou. Je relève mon col. La bière me fait trembler et envole mes pensées.


Avant la fin du monde, comment j'ai rencontré Anna ? A la fac, je crois. Et en ce moment, j'ai un taf suffisamment bien payé pour traîner avec 40 boules dans la poche sans lever le sourcil.

Faut que je retrouve mes carnets, vite.

Pour l'heure je suis coincé ici. Elle avait l'air d'avoir envie de continuer à me parler.

 

Range ton putain d'ego à la con et bois ta bière.

 

 

La porte s'est refermée au moment où j'ai reposé mon verre. La scène s'est ouverte sur la blonde la plus canon de ma génération. Enveloppée dans un manteau de mi-saison, elle m'a posé ses yeux d'ange dessus et j'ai pas pu décoller les miens de son visage. Jamais vu une finesse comme ça. Ou enfin si, puisque je la connais. Mais là je la connaissais plus. Enfin pas encore. Enfin vous avez compris.

Elle souriait.

Vient vers moi, s'installe. Je lui approche le deuxième verre d'un doigt, le dos toujours contre ma chaise.


- Il est parti ?

- Oui. Ne vous inquiétez pas.

- Hé, pas de «vous» avec moi ! Souris-je

- Pardon. J'ai... pas l'habitude. Et ce que vous m'avez demandé de faire était... excitant. Je me croyais dans un film.

- Mais on est dans un film ! Pourquoi tu crois que j'ai commandé une deuxième bière ? J'ai le sens de la mise en scène, moi, mademoiselle !

- Elle a ri doucement et m'a tendu sa main.

- Anna. Enchantée.


Mon coeur a fait une vrille carpée. Elle avait l'air sincère. Mais c'est elle bordel ! Je lui ai fait un baisemain par réflexe. Et merde. Mais c'est génial ! Enfin je crois.

- Tout le monde m'appelle Neto. Tout le plaisir est pour moi, mais on peut partager, si tu veux.

Encore un sourire.

- Partageons alors, Neto.

Je me suis recalé contre mon dossier.

- Je t'écoute.

- Pourquoi vous m'avez demandé de vous couvrir ?

 

Heu... 1) Parce que j'aime pas être emmerdé par une doublure bite quand je vais acheter des clopes pour deux. Les plans à              trois avec un mec, c'est hors de question.

 

    2) Parce que j'ai suffisamment d'ennuis avec les flics pour vouloir éviter de remplir un constat, même si ça peut me rapporter des thunes. «Dédommagement corporel» ils appellent ça, je crois.

    3) Parce que tu est magnifique et que c'était le meilleur moyen pour te draguer. Cet exemplaire de «Comment draguer efficacement dans les bars-tabac» que tu vois à côté du comptoir le confirme à la page 26.

 

    4) Parce que je suis un putain de gros lâche.

    5) Parce que j'ai apparemment déjà failli mourir une fois aujourd'hui et que j'ai pour principe de pas tenter le diable, si jamais il existe.

 

- Je sais pas, je l'ai senti comme ça.

- Vous êtes habile. Même si vous ne mentez pas, vous ne me dites pas la vérité. Vous êtes catholique ?

- Dieu m'en garde, j'ai déjà du mal à croire en l'homme...

Sourire.

- Et en vous ?

- J'en parle même pas.

- On dirait bien que j'ai ma réponse, sourit-elle encore une fois.

- J'ai déjà assez d'ennuis pour le moment.

- Votre vrai nom, qu'est-ce que c'est ?

- On s'en fout.


Elle est sacrément intéressée ou je m'y connais pas.


- Bien. Je pense que je vais y aller, se leva-t-elle.


Ah merde. Autant pour moi.


- Attends !


Je l'ai attrapé par le bras en priant pour que ma skill des yeux à moitié fermés mais déterminés fonctionne une fois de plus.


- T'as dit que j'avais été percuté par la Mercedes, mais j'en ai aucun souvenir, et j'ai mal nulle part.

- Je sais.


Je me suis recalé sur ma chaise et elle s'est rassise. Bingo.


- Je commence à penser que t'as pas mal de choses à me dire et que tes questions n'étaient qu'une façon de s'amuser un peu.

- Monsieur Neto, je vous demande pardon, mais on ne peut pas parler ici.

 

On dirait Catwoman timide qui joue dans Usual Suspects. Ne pas relever, surtout.


- Finis ton verre et on décolle.


La porte a claqué derrière nous.


- Je dois te dire beaucoup de choses, Lester.

 

J'ai avalé ma bouffée de travers et manqué de me brûler avec la clope. Dommage, ça aurait pu me réchauffer.


- On m'a pas appelé comme ça depuis des années.

- Je sais.

- Dis-moi ce que tu sais pas, ça ira plus vite.

- Je ne me souviens jamais si la 11ème décimale de Pi est un 8 ou un 9.

Parce qu'elle a de l'humour, en plus. C'est vraiment Anna ? 

- Qu'est-ce que c'est que tout ça ? Pourquoi tu m'as fait un plan aussi bizarre ?

- J'avais besoin d'être sûre que c'était le bon toi.

- Hein ?

- La bonne strate, si tu préfères.


Ça commence à m'énerver cette histoire. J'y voyais plus clair dans la ville fantôme. Me dis pas qu'en fait c'est Blanche ? Elles se ressemblent pas mal, en plus...


Elle a souri.


- Rentrons chez toi, tu vas attraper froid.

 

 


J'ai ouvert la porte de l'appart, laissé passer Anna, et elle s'est pris une culotte au visage.

A jeté son manteau sur une chaise à travers la porte de la cuisine et embrassé Sofy qui restait la bouche ouverte en attendant de trouver les mots pour formuler un râle à peu près civilisé et à la mesure de mon retard. L'a plaquée sur le lit et a commencé à jouer plus ou moins sauvagement avec elle.

Lever d'yeux au ciel dans un soupir de mon côté.


- Pourquoi faut toujours baiser avant de discuter ?


 

 

Vendredi 15 février 2013 à 18:47

Dans lequel j'ai à peine fait une mise en page décente et je me demande qui peut bien me lire (surtout si rapidement). Manifestez-vous dans les commentaires où je pars en génocide de phoques pour asserter ma rébellion contestataire envers le consumérisme et son emprise sur notre paysage socio-démographique, et après j'irai boire avec des Irlandais.


______________________________________________________________________________________________________





Tous les trois allongés sur le lit. Une belle musique post en fond sonore.

La vie.

- C'est la première fois que ça m'arrive, a dit Sofy. Je pensais pas que ça serait aussi bon.

- Te faire sauter dessus par une inconnue que ton mec a ramenée ou que ça finisse à trois dans le lit ?

- Les deux. Et t'es pas mon mec.


J'ai souri. Anna aussi.

- Même pas mal.

Petite pause. Je suis allé chercher une cigarette.

- Bon. Anna, ...

- Pas encore.

- Qu'est-ce qui se passe ?


J'allais lui répondre quand son téléphone a sonné. Elle s'est levée, nue, comme si j'avais besoin de me rappeller à quelle point elle est belle. Partie répondre dans la cuisine.


- Tu savais ? Fis-je avec un geste vers la direction qu'Anna avait prise.

- Oui.

Facile a dire maintenant que c'est fait. Pourtant ça fait son effet. Surtout si c'est Blanche. 

- Mais t'es qui, toi ?

- Pas encore, Lester. Plus tard, je te le promets.

J'ai râlé.


- Nous sommes en plein paradoxe.

- Ouais, merci, j'aurais eu du mal à passer à côté ! Normalement j'étais pas censé te rencontrer comme ça, ni te ramener chez moi après avoir manqué de me faire écraser, tu devais pas te taper Sofy avant que je te la présente, et sans déconner, c'est quoi ces manières ?

Murmurer en gueulant, c'est marrant. Vous devriez essayer.


- Calme-toi, Lester.

- Non ! Tu vas tout de suite me

 

Slurp. Rouler une pelle, ouais. C'était pas ce que je voulais, mais bon.


- Dire ce que je sais, oui.


Murmure d'une ange à mon oreille. C'est trop, je mérite pas.

- Elle va bientôt revenir.

- Et partira juste après.

- Ouais. Evidemment.


Les seins de Sofy se sont balancés un court moment après qu'elle ait fait irruption dans la chambre en claquant la porte. Si j'étais pas aussi obsédé par la curiosité qu'Anna avait excitée en moi, je lui aurais sauté dessus sans autre forme de procès. 


- C'est la merde, je dois y aller.


Elle s'est rhabillée en vitesse. Je lui demande ce qui se passe ?

 

Non, vaut mieux pas. De toute façon elle te le dira la prochaine fois.

 


Ah bon, si tu le dis, Narrateur.


- C'était un plaisir, mademoiselle. A bientôt, j'espère.

- Compte sur moi.


Anna a le truc pour faire d'un sourire un moment envoûtant et enchanteur.


- Fais attention à toi.

- Toi-même.

- A la prochaine.


Je suis allé la raccompagner. «Ca va pas du tout. J'aurai sûrement besoin de te parler.»

Et voilà, renvoyez les violons.

- Ouais, bien sûr. Passe à l'appart quand tu veux. Et excuse-moi pour tout à l'heure. Et pour toutes les fois où j'ai probablement été un connard.

Smoutch, schclac, switch.

Retour à la chambre. La couverture à ses pieds, Anna était en train de se masturber.

- NON MAIS SANS DECONNER ?!!

Elle me répondit d'un gémissement.

- Allez, arrête tes conneries et dis-moi tout, maintenant.

- Nous sommes dans une réalité alternative, dit-elle sans arrêter de se toucher. Tu as des choses à y accomplir, dont une plus importante que les autres. Une fois que tu l'auras faite, tu retourneras d'où tu es venu.

- Et c'est quoi ?

- Toi seul peux le savoir, Lester.

- D'où tu connais mon prénom ? Et tout le reste ? Même quand on était ensemble, je te l'avais jamais dit !


Elle gémit à nouveau. Je me suis subitment calmé en la regardant plonger ses doigts en elle d'une main et jouer avec son clitoris de l'autre. Ça avait quelque chose d'hypnotique.

Elle était omplètement nue. Sofy est vraiment pas la seule à avoir des boobs à tomber.


- Tu sais comment ça va entre Sonia et moi, en ce moment ?

- Je n'en ai aucune idée.

- Super. Et qu'est-ce que tu sais d'autre ?

- Je t'ai déjà tout dit, Neto.

Elle m'a appellé Neto. Sympa, l'attention.

- Il faut que tu dormes, maintenant.

J'ai explosé de rire, sans penser à lui demander ce qu'elle allait faire, ni en quelle année on était censés être.

- T'en as de bonnes, toi. J'vais à un concert avec le reste d'espoir que je viens de sortir du micro-ondes - et me demande pas où j'suis allé le chercher parce que j'en ai pas la moindre idée - sans savoir que ce soir-là, c'est Apocalypse Party, bordel. Ensuite de l'autre côté je me retrouve à jouer au ninja et à casser la gueule à des streumons gigantesques sans être capable de comprendre comment j'y arrive ni d'où ils sortent, je retrouve celle que j'avais jamais cessé d'aimer, elle me fout son pied dans la gueule et après ça il est question de Dieu qui s'appelle Karma et aurait décidé de déclencher la fin du monde pour que les gens fassent enfin ce qu'ils étaient supposés faire depuis le début. Et quand j'ai finalement décidé de suivre les autres dans ce truc de taré, je me retrouve dans un univers alternatif à la con dans lequel j'ai à peine plus de 20 ans et je t'ai déjà rencontrée.

J'y comprends rien.

- Au contraire.

 

BLACK ME OUT.

 

Comme si elle venait de lire ces mots, elle s'est levée, m'a pris dans ses bras et je me suis rappellé de rien.

 

 

Je me suis retrouvé en slip dans mon fauteuil, avec mon portable dans la main. J'ai reçu un SMS en pleine gueule. «Sonia», disait mon téléphone.

Putain le rêve. Vais pouvoir éviter toutes mes erreurs. Clope entre les lèvres, je suis allé me chercher une bière. «J'ai eu raison de lui faire confiance», me dis-je en essayant d'empêcher mon coeur d'exploser trop fort.


Coeur qui a loupé trois battements quand un «Neeeetoooo... Reviens au liiiit...» a retenti avec la douceur d'une tempête de plumes dans les murs de mon appart.


Et j'ai absolument aucune idée de qui c'est.

 

<< Page précédente | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | Page suivante >>

Créer un podcast